Les dirigeants d’entreprises sont-ils les mieux placés pour parler d’entreprise et d’économie?



Lorsqu’il s’agit de parler d’entreprise, les médias invitent souvent des chefs d’entreprises, à commencer par la "patronne des patrons", à savoir Laurence Parisot. Ce fut encore le cas lundi 6 février 2007 sur les ondes de France Inter. Non seulement on invite les responsables à s’exprimer sur l’entreprise, mais aussi, plus généralement, sur le fonctionnement du système économique et sur ce que devraient être les politiques économiques. A tel point que Laurence Parisot se propose de faire un exercice de pédagogie économique devant un aéropage de grands patrons, ou de commenter sur son blog les propositions de certains politiques (ici par exemple). A tel point, également, que certains responsables d’entreprise dénoncent la façon dont l’économie est enseignée dans les lycées, et se proposent de définir très précisément l’enseignement idéal
(Pierre Bilger, par exemple – voir ma réponse sur mon blog et nos échanges dans les commentaires de son billet).

D’où deux questions : les dirigeants d’entreprises sont-ils les mieux placés pour nous dire ce qu’est une bonne entreprise? Sont-ils également bien placés pour nous dire ce qu’est une bonne politique économique ou un bon enseignement d’économie? Quelques éléments de réflexion…

Les dirigeants d’entreprises sont-ils bien placés pour parler de l’entreprise?

Que les dirigeants soient interrogés pour parler d’entreprises, rien de choquant : ils sont à l’évidence bien placés pour pouvoir le faire. Le problème est que les médias ont tendance à réduire la figure éminement collective de l’entreprise à son seul dirigeant. Or, une entreprise est un collectif d’acteurs.

Concentrons-nous sur la figure dominante du capitalisme : les sociétés de capitaux (sociétés anonymes et sociétés anonymes à responsabilité limitée pour l’essentiel) qui assurent en France environ 80% de la création de richesses et d’emplois. Celles-ci se caractérisent par une dissociation entre les actionnaires, détenteurs du capital social de l’entreprise et les dirigeants, qui assurent au quotidien la gestion de l’entreprise. A minima, il n’y a donc pas qu’un collectif d’acteurs, mais deux : le collectif des actionnaires, d’une part, le collectif des dirigeants, d’autre part. Les objectifs de ces deux collectifs d’acteurs ne sont pas nécessairement les mêmes : des études réalisés dès les années 1960  (Williamson, 1963, "Managerial Discretion and Business Behavior", American Economic Rreview par exemple) montrent que si les actionnaires ont un objectif de profit, les dirigeants ont comme objectifs prioritaires i) l’obtention de hauts revenus, ii) un besoin de sécurité, iii)  un objectif de domination (statut, prestige, pouvoir) et iv) un objectif de compétences (le classement est hiérarchisé du plus au moins important). Et l’on sait, suite aux scandales Enron-Andersen, Parmalat, Worldcom, Vivendi, etc… que certains dirigeants, qui ont une meilleure information sur ce qui est fait dans l’entreprise, et qui disposent d’un pouvoir de décision délégué par les actionnaires, en profitent parfois pour atteindre leurs objectifs propres, ce qui conduit à léser les actionnaires.

Toute la question de la gouvernance d’entreprise, telle qu’elle s’exprime en tout cas dans les rapports nationaux et internationaux, et telle qu’elle est mise en oeuvre dans les pays (loi Sarbanes-Oxley aux Etats-Unis, loi de sécurité financière en France, …), a pour objet de faire en sorte que cette divergence d’objectifs ne lèse pas les intérêts des actionnaires, considérés comme les vrais propriétaires de l’entreprise. Si l’on en reste à cette vision qualifiée de shareholder de la gouvernance d’entreprise, il conviendrait d’interroger dans les médias les représentants de ces deux collectifs…

On se doit aussi d’élargir l’analyse de la gouvernance d’entreprise, en prenant acte du fait que d’autres acteurs sont parties prenantes de l’entreprise (on passe alors à une vision qualifiée de stakeholder de la gouvernance d’entreprise) : le collectif des salariés (autres que les dirigeants), d’abord et le collectif des clients-fournisseurs, ensuite  (voire l’ensemble des acteurs, potentiellement lésés par les externalités négatives que génèrent les entreprises ou au contraire bénéficiaires des externalités positives dont elles sont à l’orgine). On aboutit dès lors à une représentation plus complexe de l’entreprise, où quatre grands collectifs d’acteurs sont en interaction, les relations entre ces collectifs pouvant être qualifiées de rapports sociaux fondamentaux : rapport financier entre actionnaires et dirigeants, rapport salarial entre dirigeants et autres salariés, rapport marchand entre l’entreprise et ses clients-fournisseurs :

Selon ce schéma, l’entreprise est vue comme un système de coopération entre des acteurs porteurs de ressources, chacune des parties prenantes cospécialisant progressivement une partie de ses ressources lors du développement de l’activité. Qui, dès lors, doit parler de l’entreprise ? Qu’il s’agisse de parler d’un point particulier (rôle et place du salarié, du dirigeant, de l’actionnaire, etc…) ou qu’il s’agisse de parler de l’entreprise dans son ensemble, on se doit d’interroger, en toute logique, l’ensemble des parties prenantes.

Ajoutons que même un tel exercice (qu’on pourrait qualifier d’exercice de démocratie participative) n’est pas pleinement satisfaisant : on comprend bien que chacun des acteurs interrogés a une vision partielle et biaisée de l’entreprise, qu’il cherchera à défendre ses intérêts particuliers, au détriment, parfois, de l’intérêt général. Par exemple, demander à un dirigeant ce qu’il pense  de la légitimité du niveau de rémunération des dirigeants est quelque peu sujet à caution. Pour faire image (image politiquement incorrecte, je le concède, je vois d’ici les commentaires), faut-il attendre de Pétain une analyse objective du régime de Vichy?

Thesmar et Landier tiennent des propos approchants dans leur dernier ouvrage :

Comment comprendre (…) que de grands capitaines d’industrie, a priori bien placés pour nous informer sur le sujet, se plaignent de manière aussi récurrente de la tyrannie des marchés? Il serait en fait aussi absurde de s’en étonner que d’être surpris d’entendre un automobiliste récriminer contre les limites de vitesse ou des étudiants de se plaindre de la dureté, de l’inutilité ou de l’aléa des examens qu’on leur impose. (p. 21-22, souligné par moi).

D’où la nécessité d’interroger de manière complémentaire des experts, non partie prenante de l’entreprise. Je pense bien sûr à des économistes, gestionnaires, sociologues, historiens, juristes… spécialistes de la question. Curieusement, on les entends assez peu. Et lorsqu’on interroge un économiste, on se tourne plutôt vers des macro-économistes, rarement vers des spécialistes de l’économie de l’entreprise…

D’où la nécessité, également, que les politiques, porteurs théoriquement de l’intérêt général, se saisissent de la question, en proposant aux électeurs leur vision du monde et en son sein, compte tenu de l’importance des entreprises dans le processus de création de richesses et d’emplois, leur vision de l’entreprise. Dans cette perspective, on ne peut que déplorer la méconnaissance que la plupart des politiques ont de l’entité entreprise (méconnaissance particulièrement forte en France, ce que j’attribuerai notamment à un problème de formation économique quelque peu monolithique de nos élites).

Les dirigeants d’entreprises sont-ils bien placés pour parler d’économie?

Les dirigeants ne parlent pas seulement de l’entreprise, ils se risquent souvent à parler de l’économie en général. Là encore, que chacun participe au débat, rien de plus naturel. La mode est, on le sait, aux citoyens experts. Qu’une partie de la population, en l’occurrence les dirigeants, soit considérée comme plus légitime, et soit donc plus souvent interrogée qu’à son tour, sur ce que devrait être une bonne politique économique, cela me semble moins naturel. Bien sûr, là encore, leur responsabilité n’est que très partielle : elle résulte plutôt de la tendance des médias à s’en référer trop exclusivement à leur analyse, et à la tendance des politiques à déserter le terrain (Cf. par exemple cet article des Echos). Que les dirigeants occupent l’espace qu’on leur laisse est parfaitement rationnel.

On peut cependant parfois s’interroger sur la pertinence de leurs propos…  Focalisons-nous d’abord sur la leçon d’économie de Laurence Parisot. Elle commence par nous montrer que le taux de croissance de la France, par rapport à celui des Etats-Unis et du Royaume-Uni, était significativement supérieur pendant les années soixante-soixante dix, l’écart s’étant ensuite réduit, puis la relation s’étant inversée, sur les périodes plus récentes. Elle dresse donc un constat, mais un constat d’emblée biaisé : pourquoi comparer la France au Royaume-Uni et aux Etats-Unis? Pourquoi pas à l’Allemagne, au Japon, ou d’autres pays encore? Passons.

Deuxième temps, un graphique montrant la croissance du poids des prélèvements obligatoires dans l’économie française sur la même période. Pourquoi cet indicateur? On ne le saura pas. Laurence Parisot fait un lien implicite, qui visiblement n’a plus à être démontré, entre la "dégradation" (il y aurait beaucoup à en dire, mais là n’est pas le propos) des performances françaises et la montée de ces prélèvements. Exercice plutôt curieux, puisque n’importe quelle courbe d’allure croissante pourrait faire l’affaire. La montée de la part des travailleurs pauvres par exemple. Le nombre d’automobiles par habitant. L’évolution de l’activité solaire, pourquoi pas…

Plus loin elle récidive avec un exercice du même genre, en comparant le nombre d’heures travaillées de quelques pays. Elle montre notamment que ce nombre est supérieur en Suède, en insistant sur le fait que la Suède est prise comme modèle par les politiques. Mais là encore, pourquoi ces pays et pas d’autres? Si elle avait retenu le Danemark dans son échantillon (autre pays souvent pris en exemple, plus souvent que la Suède, peut-être), elle aurait constaté que le nombre d’heures travaillées y est inférieur à ce que l’on observe en France (cf. ce billet, deuxième tableau)… De plus : quelle lien peut-on faire entre le nombre d’heures travaillées et la croissance? Rien sur le sujet.

Des biais évidents de sélection, donc ; des tentatives très approximatives de corrélation sans aucune réflexion sur les liens de causalité, également : rien qui ressemble de près ou de loin à un exercice de pédagogie économique. A moins de considérer que la pédagogie consiste à montrer ce qu’il convient de ne pas faire…

On peut se dire que les dirigeants français ne sont peut-être pas de bons exemples. On peut alors s’en remettre au meilleur d’entre les meilleurs : Bill Gates. Celui-ci déclara lors d’une conférence à Hanoï "with the internet having connected the world together, someone’s opportunity is not determined by geography" (trouvé via Econoclaste). Proposition qui semble frappée du coin du bon sens… mais qui est largement démentie par tous les économistes s’intéressant à la géographie des activités (voir par exemple ce document (en), ou ce que j’avais dit, sur une thématique approchante, de l’effet TGV) : la géographie n’est pas morte avec l’internet, elle semble au contraire compter de plus en plus, mais sous des formes renouvelées…

Conclusion? Les dirigeants (certains d’entre eux, en tout cas, et pas les moins influents) sont parfois de mauvais économistes. Mais qu’ils se rassurent : la réciproque est au moins aussi vraie.

Histoires de relocalisation…



L’entreprise Samas a décidé de relocaliser en France la fabrication de mobilier de bureau préalablement délocalisée en Chine. Motifs essentiels invoqués par les responsables : la hausse des coûts de transport, des délais de transport trop longs, la difficulté de se coordonner efficacement avec les clients, localisés pour l’essentiel sur le continent européen. Ces éléments de coût font plus que compenser les gains liés au différentiel de salaire entre la France et la Chine.

 Cette « affaire » Samas a remis sur le devant de la scène la question des relocalisations d’entreprise : et si, finalement, on s’était trompé ? Si, finalement, une cohorte de plus en plus importante d’entreprises s’étant engagées en Chine (plus généralement dans les pays en développement), décidait de revenir en France (plus généralement dans les pays développés) ? Ne pourrions-nous pas échapper à la désindustrialisation de notre économie qu’on nous annonce inéluctable ?

 Certes, les exemples de relocalisation [1] ne manquent pas. Petit tour d’horizon…

L’entreprise Nathan (source : Les Echos, « Une hirondelle ne fait pas le printemps », 18 mars 1996, p. 50)

Nathan avait décidé de délocaliser la production de jeux à Hong-Kong. Conséquence : suppression de 22 emplois en Bretagne. En 1993, Nathan fait demi-tour, en relocalisant la production dans le Finistère, à Loguivy. Deux raisons à cela.

Un premier élément d’explication tient au comportement opportuniste du partenaire chinois : celui-ci a plagié les produits Nathan pour les redistribuer en France, évidemment à moindre prix. Une belle illustration de la théorie de l’Agence, qui montre la difficulté de contrôler à distance les comportements des partenaires (ce n’est pas toujours vrai : l’entreprise Willy Betz (ces camions jaunes que vous croisez sûrement si vous empruntez les autoroutes françaises) contrôle très bien le comportement de ses chauffeurs via la mise en place d’un système informatisé de suivi de sa flotte…).

Un deuxième élément d’explication relève des coûts de la coordination à distance : en 1996, Joëlle Poirier, alors directrice générale des jeux Nathan, expliquait que la délocalisation « imposait de passer commande un an à l’avance » et les délais de transport « atteignaient un mois ». Bref, difficile de suivre efficacement l’évolution de la demande… Problème de réactivité, donc.

 L’entreprise Jeanneau-Benneteau (source : Les Echos, « Une hirondelle ne fait pas le printemps », 18 mars 1996, p. 50)

Histoire assez similaire : l’entreprise Jeanneau, fabricant de bateaux de plaisance, décide de délocaliser 30% de sa production en Pologne, en raison d’un coût de la main d’œuvre huit fois inférieur. Demi-tour, en raison « de gros problèmes de qualité et d’image ». Bruno Cathelinais, directeur général de Bénéteau, déclarait en 1996 « nous avons déjà ramené la fabrication de trois produits en France, et le reste suivra dans les prochaines années ».

 Les entreprises Mobidel et Texim (Source : Libération, « un tee-shirt c’est sept minutes en Inde et deux minutes en Europe », 20 février 1997, p. 27)

80% de la production de ces deux entreprises textiles avaient été délocalisées en Inde, afin de bénéficier d’un coût du travail favorable. Francis Leclaire, PDG des deux entreprises, a décidé de relocaliser la fabrication en France, en comptant sur la réorganisation du processus et sur son automatisation. En Asie, dit-il, « l’outil de travail n’est pas toujours des plus performants. La productivité des ouvrières n’est pas non plus la même. Un certain nombre de tâches se font par exemple à la main et la qualité n’est pas toujours au rendez-vous. D’où un taux de perte relativement élevé ». Il cite également le problème des délais de transport, des taxes d’importation et des quotas européens.

 L’entreprise Atol (source : Les Echos, « Atol rapatrie de Chine dans le Jura la fabrication de ses lunettes Ushuaïa », 28 octobre 2005, p. 20 et Valeurs Actuelles, « Atol voit plus près » n° 3659, 12 Janvier 2007)

L’entreprise Oxibis-Exalto est un lunettier installé à Morbier (Jura). Atol distribuait déjà les modèles des marques Oxibis (milieu de gamme) et Exalto (haut de gamme). Les lunettes Ushuaïa, également distribuées par Atol, étaient jusqu’alors fabriquées en Chine. Atol a décidé de relocaliser en partie la fabrication en France, en se tournant vers Oxibis-Exalto, afin de gagner en qualité, en créativité et en réactivité : « Nous misons aujourd’hui tout sur le made in France qui nous permet d’avoir une qualité et un design irréprochables ainsi que des couleurs que l’on ne trouvait pas en Chine » (Philippe Peyrard, directeur général délégué in Valeurs Actuelles). Plus loin il ajoute « Nous avons aussi choisi le site de Beaune pour son emplacement géographique qui nous permettra d’offrir de nouveaux services : nos magasins pourront ainsi passer commande jusqu’à 20 heures à l’unité bourguignonne en étant assurés que leurs clients auront leurs lunettes dès le lendemain matin, quelle que soit leur localisation en France ». La fabrication en Chine impliquait de prévoir des délais de livraison de trois à quatre mois…

L’entreprise Aquaprod (Source : La Croix, « Qu’est-ce qu’une relocalisation », 4 janvier 2007 (bref article) et surtout Pénard T., 2006, support de cours disponible en ligne)

L’entreprise Aquaprod est un fabricant français de cabines de douche, qui emploie 300 personnes. Elle a délocalisé sa production en Roumanie en 2002, puis a décidé de relocaliser près de Nantes en 2005. Motifs invoqués : les délais de livraison trop long, les problèmes de communication avec des équipes lointaines, la hausse des coûts de transport côté roumain. Et les gains attendus, côté français d’un accroissement de la productivité (sous-tendue par l’acquisition d’une machine spécifique) et d’une plus grande réactivité ; ainsi que d’un positionnement sur le haut de gamme.

 Des entreprises de Rhône-Alpes (Source : Chanteau J.-P., 2001, L’entreprise nomade : localisation et mobilité des activités productives, L’Harmattan).

Jean-Pierre Chanteau a recensé en 1993 sept cas de relocalisation en Rhône-Alpes et un seul cas en 1997. Les entreprises recensées appartiennent à des secteurs variés (textile, mécanique, pharmacie, jouets, matériel de construction), reviennent de pays différents (Ile Maurice, Maroc, Italie, Japon, …), et relocalisent pour des motifs différents, avec une raison nouvelle par rapport aux cas précédents : confrontées à une baisse d’activité, des entreprises rapatrient de l’activité sur un site sous-employé.

 Des entreprises allemandes (Source : Mouhoud El Mouhoub, 1992, Changement technique et division internationale du travail, Economica)

Dans son ouvrage, Mouhoud évoque le cas d’entreprises du textile-habillement et de l’électronique. Grundig, notamment, qui avait délocalisé à Taïwan sa production de TV, hi-fi et autres produits de l’électronique grand public en 1977, a relocalisé en Allemagne en 1983. 850 emplois supprimés sur Taïwan. Idem pour Siemens, déménagement à Mauritius en 1977, raptriement en Allemagne en 1981, 1000 emplois supprimés.

Une des raisons essentielles de ces rapatriements est l’évolution technologique : les compétences présentes dans les pays ayant bénéficié dans un premier temps de la délocalisation ne sont pas suffisantes pour fabriquer efficacement les biens dont les caractéristiques ont évolué en raison des innovations introduites par les entreprises.

 Quelques cas de relocalisation existent donc bel et bien. Il convient cependant de ne pas les surmédiatiser : de la même façon que les citoyens ou les médias ont tendance à exagérer (doux euphémisme) le poids des délocalisations vers les pays en développement, je crains qu’ils n’en viennent à placer des espoirs peu fondés dans le processus inverse de relocalisation, car dans l’ensemble des emplois créés en France, ces derniers ne pèsent que très peu. Chanteau semble confirmer ce point dans un article récent du Monde : "On peut estimer à environ une cinquantaine le nombre de relocalisations par an en France… sur deux millions d’entreprises françaises".

 Ceci ne signifie pas qu’il n’y a aucun enseignement à en tirer : ces différents exemples montrent la complexité des déterminants à la base de l’avantage concurrentiel des firmes. Le coût du travail, la productivité, la qualité des biens, les coûts de transport, les délais de transport, la capacité d’innovation, la réactivité, les besoins d’interaction clients-fournisseurs, etc … sont autant d’éléments que les entreprises devraient prendre en compte afin de déterminer une localisation « optimale ». Je ne suis pas sûr que toutes intègrent dans leur réflexion l’ensemble de ces déterminants…


[1] Une relocalisation peut être définie comme le retour dans un pays développé d’une activité préalablement délocalisée dans un pays en développement. Une définition plus restrictive limiterait les délocalisations au retour d’un établissement sur son emplacement initial. Une définition plus large désignerait par le terme de relocalisation le déménagement à l’international d’un établissement affilié à une entreprise d’un autre pays (Chanteau, 2001, p. 165).

Audience du blog

Bientôt un an de blog (date anniversaire : le 10 février prochain). Petit point rapide sur l’audience, qui continue à progresser (ce qui n’est pas une fin en soi, je précise) :


Mois Visiteurs uniques Pages vues
février 216 1077
mars 3218 15837
avril 4750 25594
mai 6953 39556
juin 6343 30019
juillet 4904 24145
août 5858 30246
septembre 10771 57882
octobre 11753 78999
novembre 15444 104554
décembre 17022 100694
janvier 24185 132264
Total 111417 640867


En moyenne, il y a donc eu, sur le dernier mois, 780 visiteurs et 4 267 pages vues par jour.

J’ai quelques éléments sur des requêtes Google un peu loufoques ayant amené certains visiteurs sur mon blog :
* bouba regarde la pêche
* bouba le clown sur la une
* bouba : au bout de mes rêves
* la star bouba (n’en jetez plus…)

Celle-ci n’est pas mal non plus :
* les trois quarts des bacheliers ne savent pas l’orthographe

Ou encore :
* poisson compatible avec poisson rouge
* évolution du maillot de bains de 1875 à  aujourd’hui
* emploi du temps des bonnes au 19ème siècle
* gazelle en Poitou

La palme pour celle-ci :
* soutien gorge clignotant

Ce visiteur n’a pas dû trouver ce qu’il cherchait…

Pour finir, un petit comparatif de mon audience et de celle d’Alain Lambert, dont je parle de temps en temps :



Conclusion : vive l’économie!

Où sont passés les programmes économiques des candidats? épisode 2



Retour sur un billet vieux d’une semaine : dimanche dernier, j’ai tapé quelques requêtes sous Google, histoire de voir si on trouvait souvent dans les pages consacrées à Bayrou, Royal et Sarkozy, les termes "programme économique". Petit billet sans conséquence, qui ne brille pas par sa profondeur d’analyse… d’où ma surprise de le trouver sur le site du Monde (en bas à droite, dans la rubrique "Vu sur le web"). Devant le succès rencontré (400 visiteurs du Monde sont venus se perdre ici durant la semaine pour lire ce billet), et comme on est dimanche, je récidive…

Cette fois, j’ai réduis les requêtes au couple infernal Ségolène Royal/Nicolas Sarkozy. J’ai tapé plusieurs mots clés, dont certains suggérés en commentaire du précédent billet. A chaque fois, j’associe le mot clé au nom d’un des deux candidats. Je divise le score par le nombre total de pages consacrées au candidat. Enfin, je divise le ratio ainsi calculé de Sarkozy par celui obtenu pour Royal : si l’indice obtenu est égal à 100, cela signifie que l’item se retrouve dans les mêmes proportions dans les pages Sarkozy que dans les pages Royal. S’il est supérieur à 100, on a surreprésentation chez Sarkozy. S’il est inférieur à 100, surreprésentation côté Royal. Résultats des courses :

item Ratio Sarkozy/Royal
démocratie participative 85
environnement 94
recherche 95
économie 101
culture 102
sécurité 110
démocratie 113
social 113
dette publique 124
programme économique 163
répression 181

Les items "démocratie participative" et "répression" m’ont servi de test. Résultats conformes aux attentes. On notera le bon score de Sarkozy sur les items social, dette publique et programme économique, et les bons scores de Royal sur les items Environnement et Recherche.

Avertissement pour les commentateurs ronchons : ce type d’exercice a tout un ensemble de limites. Si, par exemple, le score de l’item X associé au candidat Y est élevé, ce peut être parce que :
* Y en parle beaucoup
* les médias en parlent beaucoup (même si Y n’en parle pas beaucoup)
* les partisans de Y en parlent beaucoup (même si Y n’en parle pas beaucoup)
* les adversaires de Y en parlent beaucoup (pour dénoncer ce que Y en dit)
etc…

Ces stats ne mesurent donc pas ce que disent les candidats, mais les items associés fréquemment aux candidats, ce qui n’est pas sans intérêt, me semble-t-il (je fais du Magritte, en quelque sorte…). Et puis, de toute façon, on est dimanche, ca m’amuse, et ca permettra au Monde d’actualiser sa rubrique "Vu sur le Web"…

Actualité poitevine

Je participe à une conférence sur les délocalisations mardi prochain à Poitiers. L’occasion de revenir, notamment, sur les cas Aubade et Samas, en compagnie d’Olivier Coussi (coordinateur régional d’Ouest Atlantique), de Jean-Luc Hannequin (Directeur délégué à la stratégie et l’innovation de la CCI de Rennes), Pascal Lecamp (directeur régional Poitou-Charentes du commerce extérieur) et de Christian Marcon et Nicolas Moinet (Maîtres de Conférences à l’ICOMTEC).



Le programme un peu plus détaillé est ici. L’entrée est libre mais le nombre de places est limité. Si vous êtes intéressés, envoyez un mail à Nicolas Moinet (nicolas.moinet@wanadoo.fr).