
L’attention se focalise très fort en ce moment sur la question du financement des programmes de nos politiques, les médias piochant abondamment dans les résultats de l’exercice de comptabilité effectué par Débat 2007, développé à l’initiative de Michel Pébereau, auteur d’un rapport sur la dette qui l’a rendu un peu monomaniaque, dirons-nous. Les économistes ne sont pas des comptables, pour preuve ces différents articles/billets sur le sujet de la dette et/ou du financement des programmes :
* Fitoussi et Aghion dans un article pour le Figaro de janvier 2006* Fitoussi tout seul en 2004* Salanié sur son blog récemment* Askenazy aussi, sur le blog qu’il vient d’ouvrir* Econoclaste, encore, ici et là
Avec des avis assez convergents sur l’intérêt limité des exercices de chiffrage, surtout quand on refuse de prendre en compte les effets attendus des politiques en termes de croissance. Le programme UMP est évalué à 50 milliards d’euros, celui du PS a 63 milliards, so what? Aucun intérêt si on ne quantifie pas dans le même temps les effets attendus en termes de création de richesse et d’emploi.
Bien sûr, la prise en compte de ces effets attendus transforme l’exercice, puisqu’on introduit de l’incertitude parfois radicale. Il ne s’agit plus seulement d’évaluer les dépenses liées à chaque mesure, mais aussi d’évaluer les recettes attendues de la mise en oeuvre des dépenses, recettes attendues qui peuvent survenir à moyen-long terme, surtout si l’on met en oeuvre des politiques structurelles (politique d’éducation, de recherche, politique industrielle, politique de la ville, …), ce qui est pour le moins souhaitable. N’en déplaise à un ex-premier ministre, la politique ne consiste pas à gérer l’Etat comme "un bon père de famille". Si on se refuse à transformer l’exercice pour cause d’incertitude, on ne parle plus d’économie ni de politique, juste de comptes d’apothicaire.
Petite précision : un compte d’apothicaire est un calcul long et compliqué n’ayant qu’un intérêt limité.