
J’en avais parlé à plusieurs reprises au moment du CPE, les politiques ne savent pas ce qu’est un taux de chômage. Quand on leur dit que le taux de chômage des jeunes est de 23%, ils en déduisent que 23% des jeunes sont au chômage. Ségolène Royal a fait l’erreur hier après-midi (le PS réduit donc le score : 4-3 pour l’UMP, mais j’ai dû rater des buts…):
(…) Il est insupportable à ceux qui vivent de leur travail et il est dramatique pour ceux qui n’arrivent pas à en vivre. C’est ce cri de colère que j’entends monter de la France qui travaille et de celle qui aimerait travailler. Colère contre les délocalisations qui dévorent l’emploi. Colère contre le fait que 23% des jeunes sont sans emploi, que l’âge du premier emploi n’en finit pas de reculer et que la précarité des contrats se généralise (…) (discours trouvé ici)
Ce sont 23% (en fait 22,3% fin 2005) des jeunes actifs qui sont au chômage. Et si ce taux est élevé, c’est plus en raison d’un dénominateur faible (population active jeune de faible taille) que d’un numérateur (chômeurs jeunes) élevé. Si la population active jeune (au passage, je vous rappelle que "jeune", ça commence à 15 ans et ça finit à 24 ans) est de faible taille, c’est parce que la plupart des jeunes sont en étude (et un étudiant, un prof de fac peut vous le dire, c’est pas très actif). La proportion de jeunes au chômage (rapport entre le nombre de jeunes chômeurs et la population totale jeune) est un indicateur plus intéressant pour cette tranche d’âge. Elle est, en France, fin 2005, de 8,2%.
L’Insee publie les chiffres pour ces deux indicateurs. Quand on compare les pays de l’UE25, on s’aperçoit que la France a un taux de chômage des jeunes plus élevé que la moyenne mais une proportion de jeunes au chômage plus faible. Globalement, la corrélation entre les deux indicateurs est assez bonne (R²=0,61 d’après mes calculs).