J’apprends dans Le
Nouvel Obs qu’un sellier charentais (Forestier, 27 personnes employées) implanté à Segonzac projette de relocaliser dans une prison charentaise une activité préalablement
délocalisée en Inde (activité délocalisée employant 8 personnes). La prison est située à Bédenac, à une soixantaine de kilomètres des usines du sellier.
Raison invoquée par les responsables : “En Inde, nous avions des problèmes de copie, de surconsommation de cuir, de confiance en général”. Les prisonniers français
ont été formés, et “produisent un travail à la tâche de qualité, pour des coûts proches de ceux enregistrés en Inde”. “Tout se passe dans la plus grande confiance car nos ouvriers de la prison
ont accès à tous les outils de sellier, dont certains sont tranchants comme des rasoirs”.
Petite histoire intéressante, qui n’est pas sans rappeler celle de Nathan, qui avait
relocalisé en 1993, après avoir découvert que son sous-traitant chinois plagiait ses produits pour les redistribuer en France.
On peut conceptualiser facilement, via la théorie de l’agence (voir ici, chapitre 1 pour la théorie, bien sûr!) :
le recours à un sous-traitant lointain pose un problème d’asymétrie d’information (le sous-traitant en sait plus que moi sur ce qu’il fait), il en profite pour adopter un comportement
opportuniste. La théorie recommande alors de mettre en place des systèmes d’incitation/contrôle pour éviter ces problèmes, mais, en l’occurrence, on peut considérer qu’ils seraient soit
innefficaces, soit trop coûteux. D’où la relocalisation, l’activité de surveillance/contrôle étant plus facile et moins coûteuse à proximité… d’autant plus quand l’activité est relocalisée dans
une prison (sachant que, aux dernières nouvelles, Michael Scofield n’est pas à Bédenac).
Sur le sujet des relocalisations, voir ici (quelques histoires de
relocalisation), là (le cas de l’entreprise Samas) et là (poids statistique des relocalisations).