La sécurité des réseaux mobiles – Part 4

Les précédents articles sur le même sujet :

La sécurité sur les réseaux de mobiles – Part 1

La sécurité sur les réseaux de mobiles – Part 2

La sécurité sur les réseaux de mobiles – Part 3

II-2) La sécurité sur le réseau 4G

Le réseau en 4G est en réseau en tout IP, et par conséquent, plus sensible sur la sécurité IP. Au niveau de l’accès radioélectrique, la station de base 4G, nommé eNB, rassemble le contrôleur RNC avec la station de base.

Ainsi, le protocole PDCP se situe au niveau de l’eNB. Le chiffrement et l’intégrité sont réalisés par l’eNB en 4G.

Les algorithmes de chiffrement et d’intégrité ont été partiellement redéfinis dans le cas des réseaux de quatrième génération. Ils s’appuient sur deux algorithmes, respectivement fondés sur Snow 3G et AES.

Ainsi, deux standards ont été proposés pour la 4G :

  • chiffrement : Algorithme EEA (EPS Encryption Algorithm) ;
  • intégrité : Algorithme EIA (EPS Integrity Algorithm).

A partir de l’algorithme SNOW3G [6], la 3GPP propose les algorithmes 128-EEA1/128-EIA1.

A partir de l’algorithme AES (Advanced Encryption Standard), la 3GPP propose les algorithmes 128-EEA2/128-EIA2.

A partir de l’algorithme ZUC [7], la 3GPP propose les algorithmes 128-EEA3/128-EIA3.

Tableau 1 : La méthode de chiffrement et la complexité

Les clés de chiffrement et d’intégrité sont calculées à partir de la clé Ki privée et du numéro aléatoire (aléa RAND) fournit au mobile pour l’authentification. Nous allons donc revenir sur la procédure d’authentification en 4G.

Figure 12 : La procédure d’authentification 4G

Se référer aux articles :

La figure 12 présente la procédure d’attachement avec le calcul des clés et les algorithmes associés :

Figure 13 : Procédure d’authentification 4G [8]

Comme en 3G (se référer à la figure 6), le jeton d’authentification contient trois champs :

  • le numéro de séquence SQN embrouillé avec la clé d’anonymat A;
  • la valeur du champ d’authentification AMF ;
  • la signature MAC du message.

La signature est calculée par l’algorithme f1.

Les clés Ck, IK, AK et le résultat d’authentification du mobile RES sont calculés par les algorithmes f2, f3, f4 et f5. La spécification [9] fournit les algorithmes en langage de programmation C.

Figure 14 : le calcul des clés pour la procédure d’authentification en 4G

La carte USIM contient la clé privé Ki. La valeur AMF est fourni avec le vecteur AUTN. OP est une valeur codée sur 128 bits qui est définie par l’opérateur nominal. La clé peut être publique ou secrète. La clé OPc est dérivée de la clé OP à partir de la clé Ki. La clé OPc est stockée dans la carte UICC.

La carte UICC stocke la valeur SQN (cette valeur change à chaque authentification).

Figure 15 : L’algorithme MILENAGE [9]

A l’issu de la phase d’authentification, à partir de la clé privée Ki et de l’aléa RAND :

  • L’entité HSS dérive les clés CK et IK;
  • l’entité HSS dérive la clé KASME à partir de Ck et Ik;
  • l’entité MME dérive les clés KNASenc, KNASInt, KeNB à partir de la clé KASME;
  • l’entité eNB dérive les clés Kupint, Kupenc, kRRCint, KRRCenc.

Les clés de chiffrements utilisées sont :

  • KNASenc pour le chiffrement des messages NAS (UE <-> MME) ;
  • Kupenc pour le chiffrement des messages de données sur l’interface radioélectrique ;
  • KRRCenc pour le chiffrement des messages de contrôle (signalisation) sur l’interface radioélectriques.

Les clés d’intégrités utilisées sont :

  • KNASint pour la signature MAC des messages NAS (UE <-> MME) ;
  • KRRCint pour la signature des messages de contrôle (signalisation) sur l’interface radioélectriques ;
  • Optionnellement (non mis en œuvre en 4G et optionnel en 5G), Kupint pour la signature des messages de données.

La fonction USIM sur la carte UICC réalise l’étape 1 (dérive les clés CK et IK ). Le mobile dérive toutes les autres clés (étapes 2 à 4).

Figure 16 : Le calcul des clés en 4G

Si le mobile fait une procédure d’accès sur le réseau WiFi, le cœur de réseau 4G réalise une nouvelle procédure d’authentification par la méthode EAP-AKA. Celle-ci est décrite en section 3.

Les deux faiblesses de la méthode d’authentification EPS-AKA sont :

  • la transmission en clair de l’identité IMSI. Même si un identifiant temporaire GUTI (Globally Unique Temporary Identity) est ensuite utilisé pour cacher l’identité IMSI sur l’interface radioélectrique LTE, cette identifiant n’est pas modifié assez fréquemment, et l’identité est prédictible. De plus, un réseau pirate peut demander au mobile de retransmettre son identité IMSI en clair ;
  • le réseau nominal fournit au réseau visité le vecteur d’authentification. Il délègue la décision d’authentification au réseau visité.

 

La sécurité sur les réseaux de mobiles – Part 1

Merci à Tony Boucheau pour la relecture de l’article

 Introduction

A l’exception des appels d’urgence, le client mobile n’a accès à aucun des services offerts par le cœur de réseau mobile tant que celui-ci n’est pas authentifié.

Les échanges liés au processus d’authentification sont relayés par le point d’accès vers le serveur d’authentification. Le point d’accès est en général une station de base 2G/3G/4G/5G. Toutefois, le point d’accès WiFi est également vu comme une passerelle radioélectrique permettant de connecter l’utilisateur mobile au cœur de réseau 5G.

Une fois le client authentifié, le point d’accès laisse passer le trafic. Afin de garantir le secret des informations échangées, les données sont chiffrées et un contrôle d’intégrité par une signature MAC (Message Authentication Code) permet de vérifier l’authenticité de l’émetteur.

Le chiffrement est mis en place entre les acteurs de la transaction ce qui garantit que la session devient inintelligible aux autres personnes. Enfin, pour se prémunir des attaques de type Man in the Middle (IMSI Catcher), l’intégrité des données permet de vérifier que les données de signalisation échangées n’ont pas été altérées (de manière fortuite ou intentionnelle). Le chiffrement et l’intégrité sont réalisés au niveau du terminal et :

  • si le point d’accès est une station de base 4G ou 5G, celle-ci apporte un chiffrement sur le trafic de données et sur le trafic de signalisation ainsi qu’un contrôle d’intégrité sur la signalisation. Optionnellement, pour le réseau 5G, le contrôle d’intégrité peut aussi s’appliquer sur le trafic des données. Les clés de chiffrement et d’intégrité sont dérivées à partir d’une clé secrète et à partir des paramètres échangés lors du processus d’authentification ;
  • si le point d’accès est une station de base 2G, le chiffrement est réalisé au niveau de la station de base pour les communications téléphoniques et au niveau du SGSN pour les sessions IP ;
  • si le point d’accès est une station de base 3G, le chiffrement est réalisé au niveau du contrôleur RNC ;
  • si le point d’accès est un point WiFi, un tunnel est mis en œuvre entre le mobile et une entité de passerelle WAG (Wireless Access Gateway). Cette entité se nomme ePDG (evolved Packet Data Gateway) pour le réseau 4G et N3IWF pour le réseau 5G.

 

Le processus d’authentification a pour objectif de vérifier l’identité d’un client (aussi nommé pair ou supplicant). Le protocole d’authentification spécifie le format des messages échangés (requêtes/réponses) entre le client et l’authentificateur. En se basant sur l’identité présumée du client, l’authentificateur transmet au client un défi (un challenge). A partir du défi, le client calcule sa réponse qu’il transmet à l’authentificateur. Cette réponse permettra à l’authentificateur soit d’authentifier le client soit de démasquer un usurpateur d’identité.

L’architecture d’authentification est composée d’un point d’accès, d’un authentificateur et d’un serveur d’authentification. Dans le cas des réseaux de mobiles, l’authentificateur et le serveur d’authentification sont deux entités distinctes : le serveur d’authentification correspond à l’entité HSS pour les réseaux de mobiles 4G ou à l’entité UDM pour les réseaux de mobiles 5G. Le serveur d’authentification (HSS/UDM) est situé en back-end de l’authentificateur. La fonction d’authentificateur est gérée par l’entité MME en 4G ou par la fonction AMF en 5G.

Les étapes d’authentification sont les suivantes :

  • L’authentificateur reçoit une demande d’identification de la part d’un client comprenant l’identité du client. Cette requête peut être initiée par le client ou par l’authentificateur. A partir de cette demande d’identification, l’authentificateur transmet un défi au client ;
  • Le client calcule la réponse au défi et transmet la réponse à l’authentificateur ;
  • L’authentificateur contrôle la réponse en comparant la réponse du client à la réponse attendue.

L’authentificateur interroge le serveur d’authentification en lui fournissant l’identité du client. Le serveur d’authentification vérifie l’existence de l’identité du client, et le cas échéant génère un défi. Le client peut supporter plusieurs méthodes d’authentification. Le défi est choisi selon la méthode d’authentification supportée par le client. Le défi et la réponse sont transmises à l’authentificateur.

Pour les réseaux de mobiles, le client est la carte UICC et les méthodes d’authentifications sont définies dans l’application USIM (et dans l’application ISIM pour l’authentification avec le réseau IMS).

La carte UICC contient une identité IMSI unique et une clé d’authentification Ki. Ces deux informations sont stockées au niveau du serveur d’authentification.