La Perse vue de France au Siècle des Lumières

Voyages en Perse, et autres lieux de l'Orient / Jean Chardin.- Paris : André Cailleau, 1723 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, Up 40)

Voyages en Perse, et autres lieux de l’Orient / Jean Chardin.- Paris : André Cailleau, 1723 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, Up 40)

Jusqu’au 30 septembre, à la BU Michel Foucault, dans le cadre d’une manifestation organisée par Les Clés de Notre-Dame et intitulée « La Perse à Poitiers », sont exposés quelques ouvrages montrant l’intérêt, voire la fascination, de la France pour la Perse à la fin du XVIIe siècle et au XVIIIe siècle.

Les premiers contacts entre la France et la Perse, devenue « Iran » en 1934, sont établis au Moyen Âge. Mais c’est sous Louis XIV, grâce à Colbert, que de vrais liens politiques et commerciaux sont établis. La création de la Compagnie des Indes orientales (pour les régions à l’est du Cap de Bonne-Espérance) permet d’envoyer en 1665 une mission auprès du shah de Perse, qui veut bien signer un traité de commerce. Mais aucune suite n’est d’abord donnée à son offre, malgré les efforts de Colbert, puis de Pontchartrain. Une nouvelle ambassade est envoyée par la France en 1705. En 1708, un traité de commerce, portant sur les douanes, est négocié. En 1714, à la fin de la Guerre de succession d’Espagne, la Perse envoie un ambassadeur pour essayer de réveiller les relations avec la France. Ce personnage inspire Montesquieu pour ses Lettres persanes et Voltaire pour Zadig. Après d’habiles négociations de part et d’autre, un nouveau traité est signé en 1715. Mais la France ne souhaite pas s’investir militairement et, au retour de l’ambassadeur après une longue absence, des changements ont eu lieu en Perse. En 1794, Agha Mohammad Khan Kadjar, fondateur d’une nouvelle dynastie qui règne jusqu’en 1925, monte sur le trône. La Perse subit une agression russe, mais la France, après avoir hésité, ne vient pas en aide à la Perse. Lire la suite

De riches gravures polysémiques

Emblemata / André Alciat - Paris : Jérôme de Marnef et Veuve Guillaume Cavellat, 1583 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, XVI 688)

Emblemata / André Alciat – Paris : Jérôme de Marnef et Veuve Guillaume Cavellat, 1583 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, XVI 688)

Lundi 24 septembre à 18h et jeudi 27 septembre à 12h, au Fonds ancien, Pierre Martin (Maître de conférences à l’UFR Lettres et langues de l’Université de Poitiers) anime une Heure du Livre ancien consacrée aux livres d’emblèmes. L’entrée est libre et gratuite, mais il est nécessaire s’inscrire (05 49 45 32 91 ou FondsAncien@univ-poitiers.fr). 

Selon la sixième édition du Dictionnaire dit de Trévoux (Paris, 1771), l’emblème, toujours composé d’une image et d’un texte, est « un symbole fait pour instruire et qui regarde en général tout le monde ». Il a deux valeurs principales : comme un miroir qui reflète les qualités, mais aussi les faiblesses de celui qui le regarde, il a une fonction morale et, comme une médaille qui réunit, de manière organisée et souvent frappante, sur un petit espace plusieurs symboles ou informations, il a un rôle mnémotechnique. Lire la suite

D’étonnants ex-libris découverts au Fonds ancien (3/3)

Photo d’Auguste Dubois (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien)

Difficile de dire ce qui surprit le plus les bibliothécaires du Fonds ancien : découvrir les ex-libris superposés de Madame Sabatier et d’Alfred Mosselman, son amant, ou faire cette trouvaille au sein du Fonds Dubois !

Auguste Dubois (1866-1935)

L’enseignant à l’origine du Fonds Dubois

Chargé de cours à la Faculté de droit de Lille en 1896, Émile Marie Félix Auguste Dubois enseigna à la Faculté de Poitiers à partir de 1899, comme chargé de cours d’économie politique, puis, entre 1908 et 1935, comme professeur d’histoire des doctrines économiques et économie politique. À son décès, il légua sa bibliothèque de travail –  plus de six mille ouvrages et brochures – à l’Université de Poitiers, où elle constitue aujourd’hui le noyau du Fonds Dubois, conservé au Fonds ancien.

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D’étonnants ex-libris découverts au Fonds ancien (2/3)

Une collection de récits de voyages imaginaires abritant deux ex-libris superposés, de personnes ayant entretenu une relation amoureuse pendant une dizaine d’années, tel est le genre de découverte que l’on peut faire au Fonds ancien !

Les 17 premiers volumes (sur 36) des Voyages imaginaires, songes, visions, et romans cabalistiques / [éd. par Charles-Georges-Thomas Garnier].- Amsterdam [i.e. Paris], 1787-1789 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, FD 1511)

 

Cette collection, ce sont les 36 volumes des Voyages imaginaires, songes, visions, et romans cabalistiques, publiés entre 1787 et 1789, et les ex-libris, celui d’Alfred Mosselman, objet d’un précédent billet, et de Madame Sabatier, évoquée dans celui-ci.

Un troisième billet est consacré à Auguste Dubois, entré en possession de ces exemplaires, légués après son décès à l’Université de Poitiers, où il enseignait.

 Aglaé Joséphine‎ Savatier, dite Apollonie Sabatier (1822-1890), Madame Sabatier ou la Présidente

L’égérie des artistes et des écrivains Lire la suite

D’étonnants ex-libris découverts au Fonds ancien (1/3)

Quelle n’a pas été la surprise des bibliothécaires découvrant deux ex-libris superposés, celui de Madame Sabatier et dessous, visible par transparence, celui d’Alfred Mosselman, son amant !

Ex-libris de Madame Sabatier et d’Alfred Mosselman au tome 23 des Voyages imaginaires, songes, visions, et romans cabalistiques / [éd. par Charles-Georges-Thomas Garnier].- Amsterdam [i.e. Paris], 1787-1789 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, FD 1511-23)

 

 Ces ex-libris ont été trouvés sur la garde collée d’ouvrages parus entre 1787 et 1789 dans la collection Voyages imaginaires, songes, visions, et romans cabalistiques. Les trente-six volumes qui constituent cet ensemble portent tous ces deux ex-libris, à l’exception du quatorzième, où ils ont visiblement été ôtés.

Ces exemplaires sont parvenus entre les mains d’Auguste Dubois qui à sa mort, en 1935, les légua, ainsi que le reste de sa bibliothèque, à l’Université de Poitiers, où il enseignait. Ils sont à présent conservés au Fonds ancien.

Alfred‎ Mosselman‎ (1810-1867)

L’homme

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De l’écriture cunéiforme à l’invention de l’imprimerie

Contrat archaïque sumérien concernant la vente d’un champ et d’une maison Shuruppak, inscription pré-cunéiforme, 2600 av. J.-C. Paris, Musée du Louvre

Marie Godard, en L1 à l’UFR de Lettres et Langues à l’Université de Poitiers, a fait un stage de deux semaines au Fonds ancien. Elle nous propose un parcours historique, de la naissance de l’écriture à la fin du XVe siècle…

La Mésopotamie, berceau de l’écriture

Au cours du septième millénaire avant notre ère, les mésopotamiens utilisent des jetons en argile (calculi) Lire la suite

Flore médicale

Du 1er au 22 juin 2018, dans le hall de la BU Lettres, le Livre ancien du mois est consacré à la Flore médicale, écrite par Chaumeton, Poiret et Chamberet. L’ouvrage est habituellement conservé au Fonds ancien.

Flore médicale / décrite par MM. Chaumeton, Poiret, Chamberet ; peinte par Mme E. P. et par J. Turpin. – Paris : C. L. F. Panckoucke, 1828-1832 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, MED 573-01)

 

La Flore médicale est la flore du Dictionnaire des sciences médicales, ouvrage en soixante tomes, publié de 1812 à 1822 par le même éditeur, Charles-Louis-Fleury Joseph Panckoucke. Elle traite de chacune des 350 plantes qui font l’objet d’une entrée dans le Dictionnaire, dont elle adopte le classement alphabétique. Avec ses planches et sa description botanique plus développée, elle complète le Dictionnaire qui insiste davantage sur les aspects thérapeutiques des plantes, également abordés dans la Flore. Les souscripteurs du Dictionnaire bénéficiaient d’un tarif préférentiel pour l’acquisition de la Flore dont la première édition parut sous forme de livraisons de 1814 à 1820. Les deux titres connurent un très grand succès. Lire la suite

Gustave Doré illustre la Divine Comédie (2/2)

Ce billet complète celui du 9 mai 2018, consacré à Dante Alighieri et la Comédie, ainsi qu’à leur influence jusque vers les années 1860.

Gustave Doré (1832-1883) et La Divine Comédie

Quand, en 1861, Gustave Doré publia L’Enfer de Dante, il avait déjà illustré Rabelais (1854), les Contes drolatiques de Balzac (1855), Le Juif errant (1856) et fourni des caricatures lithographiques au Journal pour rire (1847-1850).

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Gustave Doré illustre La Divine Comédie (1/2)

Du 2 au 31 mai 2018, dans le hall de la BU Lettres, le Livre ancien du mois est consacré à La Divine Comédie de Dante, illustrée par Gustave Doré. Elle est habituellement conservée au Fonds ancien.

Dante Alighieri (1265-1321) et la Comédie

Perdu dans une forêt obscure (celle de l’erreur, du péché ?) le Jeudi Saint de l’an 1300, Dante doit traverser, vivant, l’Enfer et le Purgatoire, guidé par le poète Virgile. Il accède finalement au Paradis, sous la conduite de Béatrice, la femme aimée, qui siège parmi les bienheureux, près de Dieu. Telle est sommairement la trame de La Divine Comédie, l’ouvrage le plus célèbre de Dante Alighieri et sans doute de la littérature italienne. Le florentin appelait son œuvre, aux styles mêlés, en langue vernaculaire et au dénouement heureux, Comedia (ou Commedia). Boccace, le plus illustre de ses biographes, la qualifia de « divina », épithète intégrée au titre dans la seconde moitié du XVIsiècle. Lire la suite

Jan Swammerdam, entre science et mysticisme

Du 3 au 30 avril 2018, dans le hall de la BU Lettres, le Livre ancien du mois est consacré à l’Histoire naturelle des insectesœuvre principale de Jan Swammerdam, naturaliste du XVIIe.

Histoire naturelle des insectes, traduite du Biblia Naturæ de Jean Swammerdam dans Collection académique par une Société de Gens de Lettres, Dijon : Desventes, 1758 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, M 270701-5)

L’auteur

Jan Swammerdam est né à Amsterdam en 1637. Enfant, il fut marqué par le cabinet de curiosités naturelles que possédait son père. Aussi, après une thèse de médecine, il consacra son existence à l’étude des animaux, et plus particulièrement des insectes, au grand désespoir de son père apothicaire qui espérait le voir exercer la médecine.

Vers l’âge de 20 ans, Swammerdam commença à disséquer des insectes. Lire la suite