Traité des fortifications, ou Architecture militaire

Du 4 au 30 janvier 2021, dans le cadre du Livre ancien du mois, la bibliothèque Michel Foucault présente le Traité des fortifications de Georges Fournier.

La fortification enseignée par les jésuites

Qu’un jésuite soit à l’origine d’un traité sur la fortification n’est pas si étonnant qu’il pourrait paraître.

Georges Fournier (1595-1652), géographe, hydrographe, mathématicien, était membre de la Compagnie de Jésus. Il enseigna les mathématiques pendant plusieurs années, notamment au prestigieux collège jésuite de La Flèche. Rappelons que les mathématiques occupaient une place importante dans le ratio studiorum des collèges jésuites.

Les mathématiques pures étaient alors distinguées des mathématiques mixtes qui comprenaient l’optique, la mécanique, l’acoustique, l’astronomie, etc. Parmi ces mathématiques appliquées se trouvait aussi la fortification.

L’enseignement dans les collèges jésuites se voulait particulièrement adapté aux besoins des élèves, issus de la noblesse et future élite du Royaume. L’art de la fortification s’avérait essentiel à l’instruction de ces jeunes hommes appelés à servir leur roi, particulièrement dans le contexte de guerres quasi permanentes qui ravageaient l’Europe au XVIIe siècle. La première parution, en 1648, du traité de Fournier coïncida précisément avec la fin de la Guerre de Trente Ans. Lire la suite

Psychologie : des ressources accessibles à distance

Par ces temps de confinement, voici, pour la psychologie, quelques pistes de ressources en ligne, en particulier celles dont l’accès est exceptionnellement et gracieusement élargi par les éditeurs en raison de la crise sanitaire.

♦ En préambule, petit rappel, pour vos recherches dans Odébu (l’outil de recherche dans les ressources documentaires des BU de Poitiers) : pensez à sélectionner le filtre « Texte intégral en ligne » pour n’obtenir que des ressources accessibles en ligne. Vous pouvez également affiner vos résultats en cochant « Livre / eBook‌ ». Vous retrouverez ainsi, entre autres, les ebooks acquis chez nos principaux fournisseurs pour la psychologie, Dawsonera et Cairn, dont la liste des plus récemment acquis se trouve dans le tableau des derniers achats en psychologie.

♦ Jusqu’au 30 avril, Cairn donne accès à l’intégralité des ouvrages de son catalogue y compris les collections Que sais-je ? et Découvertes. Soit une offre de plus de 2860 titres en psychologie. Pour cela, vous devez obligatoirement vous rendre directement sur la plate-forme Cairn. Vous y trouverez ainsi manuels et essais publiés par les éditeurs Dunod, Erès, Armand Colin, De Boeck supérieur, PUF, etc., parmi lesquels :  Le bilan avec le Wisc-V et ses outils complémentaires / D. Bachelier, G. Cognet, Médiations numériques : jeux vidéo et jeux de transfert / sous la direction de M. Haza, Neuropsychologie de l’enfant et de l’adolescent : troubles développementaux et de l’apprentissage / F. Lussier, E. Chevrier, L. Gascon. Lire la suite

Art de la verrerie

Du 6 au 31 janvier 2020, le livre ancien du mois consacré à l’Art de la verrerie, une compilation d’ouvrages de Neri, Merrett, Kunckel et divers auteurs allemands, est présenté à la bibliothèque Michel Foucault. 

 

Une compilation sur la verrerie

Le baron d’Holbach (1723-1789) est à l’origine de ce recueil dont il a choisi, assemblé et traduit les œuvres en français. Philosophe et scientifique, il est l’auteur de plusieurs centaines d’articles pour l’Encyclopédie, dans les domaines, entre autres, de la chimie, la métallurgie et la minéralogie.

D’origine allemande, mais d’expression française et ayant vécu presque toute son existence à Paris, il a traduit plusieurs ouvrages de l’allemand et de l’anglais en français, comme dans le cas présent.

La page de titre annonce Art de la verrerie, de Neri, Merret et Kunckel auquel on a ajouté…, et suit une liste de six titres d’auteurs allemands, Johann Christian Orschall, Johann Friedrich Henckel, Christoph Grummet et Carl-Friedrich Zimmermann.

L’Art de la verrerie d’Antonio Neri est le titre principal du livre dont il constitue la première et majeure partie. Les noms de Christopher Merrett et Johann Kunckel y sont associés en tant que traducteurs et commentateurs de l’œuvre.

L’ensemble de l’ouvrage aborde tous les aspects de la verrerie, la fabrication du verre, du cristal, des verres colorés, l’imitation des pierres précieuses ainsi que la réalisation des porcelaines en Chine et en Saxe.

Art de la verrerie, de Neri, Merret et Kunckel

Paru en 1612, L’arte vetraria distinta in libri sette d’Antonio Neri fut le premier ouvrage imprimé entièrement et spécifiquement consacré à la fabrication du verre et à ses procédés de coloration. Considéré comme le traité le plus complet sur la question, il devint la référence des maîtres verriers à travers l’Europe et sa popularité perdura jusqu’au milieu du XVIIIe siècle.

Son auteur, Antonio Neri (1576-1614), était un prêtre toscan, alchimiste et verrier. Après son ordination, il partit s’exercer à l’art de la verrerie dans les ateliers de Florence (1601-1602), de Pise (1602), puis d’Anvers (entre 1604 et 1611).

On peut juger de l’intérêt manifeste porté à cet ouvrage aux traductions en plusieurs langues qu’il suscita et aux notes abondantes rédigées par les traducteurs Merrett et Kunckel.

Christopher Merrett‎ (1614-1695), médecin et physicien, en fit d’abord une traduction en anglais (1662), puis en latin (1668). Toutes les traductions ultérieures, en allemand par Johann Kunckel (1679), en français par d’Holbach (1752), furent établies à partir de celles de Merrett.

Johann Kunckel von Löwenstern (1630?-1703), célèbre chimiste, enrichit sa traduction d’importantes observations à la fois sur le texte de Neri et sur les notes de Merrett. Il y ajouta aussi un recueil d’expériences et de procédés qui forme une seconde partie à l’ouvrage de Néri.

Verrerie et alchimie

Alchimiste lui-même, Neri dédicaça son ouvrage à Antoine de Médicis, fils présumé de François Ier de Médicis, qui comme son père et son grand-père Cosme Ier pratiquait l’alchimie.

Neri écrivit plusieurs traités d’alchimie restés manuscrits malgré son intention, comme il le déclarait dans la préface de l’Art de la verrerie, « de publier d’autres opérations chimiques et spagiriques ». Sans doute sa mort, survenue deux ans après la parution de son seul titre imprimé, ne lui en laissa pas le temps.

De nombreuses relations et interactions existaient entre les deux domaines de recherches de Neri. Le travail de l’alchimiste et celui du verrier comportaient certaines similitudes ; les deux s’employaient à la transformation de la matière, travaillaient avec les métaux (utilisation du cuivre, de l’or pour colorer le verre), œuvrant pour ce faire avec le feu et utilisant fours et fourneaux (qui constituent le sujet de la plupart des planches contenues dans le livre). En outre l’alchimiste utilisait des objets de verre qu’il pouvait être amené à fabriquer lui-même pour répondre au mieux aux spécificités de ses travaux et de ses expériences.

Verriers et alchimistes réalisaient des opérations chimiques selon une même démarche expérimentale. La tradition alchimique aurait même favorisé le développement des sciences expérimentales.

Secrets et recettes

Comme l’alchimie, l’art de la verrerie avait ses mystères et l’ouvrage de Neri se place dans la tradition des livres de secrets et des livres de recettes. Neri assurait dès le titre que son ouvrage enseignait des « segretti bellissimi ». Kunckel dans son sommaire évoquait des « secrets utiles et curieux ». Mais de quels secrets s’agissait-il ? De ces savoir-faire transmis d’ordinaire sous forme orale ou manuscrite, au sein des ateliers, de maître verrier à apprenti, de génération en génération. Le traité de Neri est un témoignage précieux, parce qu’imprimé, par lequel son auteur voulait rendre public les résultats de ses expériences et recherches pour le bénéfice d’un large public.

Avec un souci de clarté et d’intelligibilité, il y décrivit, de manière très détaillée, circonstanciée, mais simplement, les procédés qu’il avait lui-même expérimentés. Neri assurait même que, si le lecteur suivait à la lettre ses recettes, la réussite était assurée, mais qu’en cas d’échec la responsabilité de l’auteur ne pouvait être engagée.

Kunckel expérimenta toutes les recettes de Neri, qu’il améliora, corrigea, voire contesta. Ainsi ce traité technique a diffusé un savoir-faire pratique, éprouvé par l’expérimentation, démarche scientifique qui fut l’un des fondements de la science moderne.

À lire également :

Maitte, Corine « Migrer et livrer ses secrets ? Secrets et transmission technique », dans Les chemins de verre : Les migrations des verriers d’Altare et de Venise (XVIe-XIXe siècles). Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2009

Engle, Paul « Antonio Neri : alchemist, glassmaker, priest »

 

Le Gentilhomme cultivateur, ou Corps complet d’agriculture

Du 1er au 30 mars 2019, le livre ancien du mois consacré au Gentilhomme cultivateur de Jean-Baptiste Dupuy-Demportes, est présenté à la bibliothèque Michel Foucault.

Jean-Baptiste Dupuy-Demportes (17..-1770), critique littéraire et auteur dramatique, traduisit de l’anglais, en marge de sa production littéraire, un ouvrage sur l’art vétérinaire équin, Le Gentilhomme maréchal, et un traité d’agriculture, Le Gentilhomme cultivateur.

Paru en 1756, A compleat body of husbandry de l’agronome anglais Thomas Hale (17..-1763), avait rencontré un grand succès en Angleterre. Dès 1760, dans L’Ami des hommes, Mirabeau en publiait un extrait traduit des six premiers livres et louait l’intérêt de cet ouvrage « si utile dans son propre pays, qu’un grand nombre de paroisses en tiennent un exemplaire enchaîné sur un pupitre dans la sacristie pour l’usage des habitants ». Ceci donna l’idée à Dupuy-Demportes d’en faire une traduction intégrale et complétée par des extraits d’autres auteurs contemporains. Lire la suite

Le Cours d’architecture de d’Aviler

Du 5 au 30 novembre 2018, à la bibliothèque Michel Foucault, le livre ancien du mois est consacré au Cours d’architecture d’Augustin-Charles d’Aviler.

Augustin-Charles d’Aviler (1653-1701), architecte du roi

D’Aviler fut formé dans les toutes nouvelles institutions grâce auxquelles, pour la première fois, l’architecture devenait la matière d’un enseignement.

Il fit partie des premiers élèves de l’Académie royale d’architecture créée, en 1671, par Colbert. Il y suivit, de 1672 à 1674, le cours de François Blondel, professeur et premier directeur de l’Académie, auteur du Cours d’architecture enseigné à l’Académie royale d’architecture, ouvrage dont s’inspira d’Aviler. Lire la suite

Flore médicale

Du 1er au 22 juin 2018, dans le hall de la BU Lettres, le Livre ancien du mois est consacré à la Flore médicale, écrite par Chaumeton, Poiret et Chamberet. L’ouvrage est habituellement conservé au Fonds ancien.

Flore médicale / décrite par MM. Chaumeton, Poiret, Chamberet ; peinte par Mme E. P. et par J. Turpin. – Paris : C. L. F. Panckoucke, 1828-1832 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, MED 573-01)

 

La Flore médicale est la flore du Dictionnaire des sciences médicales, ouvrage en soixante tomes, publié de 1812 à 1822 par le même éditeur, Charles-Louis-Fleury Joseph Panckoucke. Elle traite de chacune des 350 plantes qui font l’objet d’une entrée dans le Dictionnaire, dont elle adopte le classement alphabétique. Avec ses planches et sa description botanique plus développée, elle complète le Dictionnaire qui insiste davantage sur les aspects thérapeutiques des plantes, également abordés dans la Flore. Les souscripteurs du Dictionnaire bénéficiaient d’un tarif préférentiel pour l’acquisition de la Flore dont la première édition parut sous forme de livraisons de 1814 à 1820. Les deux titres connurent un très grand succès. Lire la suite

Une monumentale histoire de Paris

Du 2 au 30 novembre 2017, dans le hall de la BU Lettres, le Livre ancien du mois est consacré à l’Histoire de la ville de Paris, écrite par Michel Félibien, augmentée et mise à jour par Guy-Alexis Lobineau. L’ouvrage est habituellement conservé au Fonds ancien.

Histoire de la ville de Paris / Michel Félibien ; revue, augmentée et mise à jour par Guy-Alexis Lobineau. – Paris : Guillaume Desprez ; Jean Desessartz, 1725 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, Folio 469-01)

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L’enseignement jésuite de la philosophie au XVIIIᵉ siècle : le manuel de Berthold Hauser

Du 2 au 31 mai 2017, le Livre ancien du mois est consacré au manuel de philosophie du jésuite Bethold Hauser, Elementa philosophiae ad rationis et experientiae ductum conscripta atque usibus scholasticis accomodata, dont les tomes consacrés à la physique sont abondamment illustrés.

Elementa philosophiae ad rationis et experientiae ductum conscripta atque usibus scholasticis accomodata / Berthold Hauser. - Augsbourg ; Innsbruck : Joseph Wolff, 1755-1764 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, JP 506-6)

Elementa philosophiae ad rationis et experientiae ductum conscripta atque usibus scholasticis accomodata / Berthold Hauser. – Augsbourg ; Innsbruck : Joseph Wolff, 1755-1764 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, JP 506-6)


Berthold Hauser (1713-1762)

L’auteur, dont on sait peu de choses, naquit en 1713 à Wildberg en Allemagne (Bavière). Il entra dans la Compagnie de Jésus en 1729. A partir de 1749 il enseigna la philosophie (l’éthique) à Ingolstadt et, de 1751 jusqu’à sa mort, les mathématiques à l’Université de Dillingen. Enseigner à la fois la philosophie et les mathématiques était alors chose fréquente.

Elementa philosophiae fut le seul ouvrage – mais il est d’importance – qu’il écrivit. Cette somme, composée de huit tomes volumineux, est un manuel de philosophie. Synthèse des savoirs dispensés par ce professeur, imprimée de 1755 à 1764, les deux derniers tomes étant parus après sa mort, l’œuvre revêt un caractère testamentaire.

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Une vie de voyages en Orient : Jean-Baptiste Tavernier, voyageur et négociant du XVIIᵉ siècle

Du 1er au 21 décembre 2016, le Livre ancien du mois est consacré aux Six voyages de Jean-Baptiste Tavernier en Turquie, en Perse, et aux Indes, récits de 40 ans de voyages d’un négociant de produits de grand luxe du XVIIe siècle

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Les six voyages en Turquie, en Perse, et aux Indes / Jean-Baptiste Tavernier. – Paris : Pierre Ribou, 1713 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, 81168-01)

« Venu au monde avec le désir de voyager »
Jean-Baptiste Tavernier (1605-1689) prit goût aux voyages très tôt, aux côtés d’un père graveur, imprimeur et marchand de cartes géographiques. Il commença à voyager très jeune et à 22 ans il avait déjà parcouru l’Europe. De 1631 à 1668, il effectua six voyages en Perse, en Turquie et en Inde, empruntant différents itinéraires qui le menèrent à Ispahan, Alep, Constantinople, Agra, Golconde, Goa, etc. Au cours de ses 40 années de voyages, Tavernier parcourut plus de 60 000 lieues, soit 240 000 km. Il fut à cette période le voyageur qui séjourna le plus longuement en Orient.
Au terme de son sixième voyage, Tavernier était devenu riche et célèbre. Anobli par Louis XIV en 1669, il aurait pu finir ses jours dans sa baronnie d’Aubonne ; au lieu de quoi il entreprit en 1689, âgé de 84 ans, de se rendre en Perse en passant par la Russie, voie nouvelle pour lui. Mais son ultime voyage prit fin à Moscou où il mourut la même année. Lire la suite

Observations sur la physique, sur l’histoire naturelle et sur les arts : une revue scientifique au XVIIIᵉ siècle

Du 3 mai au 1er juillet 2016, les Petites Vitrines du Fonds Ancien sont consacrées à une revue scientifique du XVIIIe siècle, les Observations sur la physique, sur l’histoire naturelle et sur les arts

Naissance et multiplication des journaux savants et scientifiques, XVIIe-XVIIIe siècle

Au XVIIe siècle s’amorçait en Europe une période d’essor des publications périodiques savantes, notamment avec la parution en 1665 des deux premières revues savantes, le Journal des savants à Paris et les Philosophical transactions à Londres. Le XVIIIe siècle se caractérisa à la fois par une accélération croissante des parutions de nouveaux titres et par une spécialisation accrue. Les journaux scientifiques spécialisés firent leur apparition dans le dernier tiers du XVIIIe siècle. Les Observations sur la physique, sur l’histoire naturelle et sur les arts en furent le premier exemple.

Des Observations sur l’histoire naturelle, sur la physique… au Journal de physique

La revue parut, avec quelques interruptions, du milieu du XVIIIe siècle jusqu’au premier quart du XIXe siècle. Plusieurs auteurs, Gautier d’Agoty, Toussaint, Rozier et La Métherie, se sont succédés à la tête du journal dont le titre connut diverses variantes. En 1752, Gautier d’Agoty créa les Observations sur l’histoire naturelle, sur la physique et sur la peinture avec des planches imprimées en couleurs.
Sous la direction de l’abbé Rozier le titre, légèrement modifié, devint Observations sur la physique, sur l’histoire naturelle et sur les arts. Enfin à partir de 1794 et jusqu’à son arrêt définitif en 1823, la revue fut intitulée Journal de physique, de chimie, d’histoire naturelle et des arts

Observations sur l’histoire naturelle, sur la physique et sur la peinture avec des planches imprimées en couleurs / Gautier d’Agoty. – Paris : 1754 (BNF – Gallica)

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