L’héraldique dans le livre ancien

Recherches historiques et genealogiques des grands d’Espagne / Jacques Guillaume Imhof.- Amsterdam : Zacharias Chatelain, 1707 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, 49460)

La couleur dans l’héraldique

Depuis leur apparition au milieu du XIIe siècle, les armoiries sont toujours en couleur. Les plus connues, celles des grandes familles par exemple, pouvaient être restituées de mémoire en couleur à partir d’une image en noir et blanc ; mais ce n’était pas le cas pour la plupart des armes : sans indication sur la couleur, il y avait des risques d’erreurs de lecture.

Dans les livres d’histoire ou de généalogie se trouvaient beaucoup d’armoiries. Or le livre ancien était presque toujours en noir et blanc parce que la couleur, ne pouvant être produite en série dans le livre de manière simple, devait être ajoutée à la main, parfois à l’aide d’un pochoir, ce qui était fastidieux.

Histoire dogmatique de la religion sous la loy naturelle.- Paris : Florentin Delaulne ; Nancy : Dominique Gaydon, 1712-1714 (Poitiers, Bibliothèques universitaires , Fonds ancien, m 7122)

Un code mis au point au XVIIe siècle

Pour éviter cette étape de mise en couleur longue et pouvant engendrer bien des erreurs, un code fut mis en place au XVIIsiècle, après des tâtonnements qui avaient conduit à utiliser des lettres, des signes typographiques ou des figures. Ce système nécessitait de pouvoir produire des traits fins et précis, ce qui devint possible avec la diffusion de la gravure sur cuivre au XVIIsiècle.

Iter extaticum coeleste / Athanasius Kircher.- Würzburg, Nürnberg : Johann Andreas Endter & les héritiers de Wolfgang Endter, 1671 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, 71963)

Les hachures, guillochures et points apparurent d’abord pour des armoiries figurées sur des cartes géographiques, mais la codification employée était alors toujours propre à une ville ou à un atelier. Vers 1630, le père jésuite Silvestro da Petra Santa, probablement le compilateur et non l’inventeur de ce code, présenta un système de hachures héraldiques qui finit par l’emporter. A chaque couleur correspondait un sens : horizontal pour l’azur (bleu), vertical pour le gueules (rouge), vertical et horizontal pour le sable (noir),  descendant de gauche à droite pour le sinople (vert) et de droite à gauche pour le pourpre (violet). De plus, les pointillés remplaçaient l’or et on figurait l’argent par une surface vide.

Diffusion

Très simple et efficace, ce système fut peu à peu diffusé et utilisé dans toute l’Europe, en France d’abord puis ailleurs, en particulier grâce à des ouvrages comme celui du père Claude-François Ménestrier (BM de Lyon) à la fin du XVIIe siècle. Il pouvait servir dans le livre (gravure) et sur le livre (reliure) ; il fut également utilisé pour la pierre et le métal, qui pouvaient pourtant être aisément colorés.

Dell’imprese pastorali / Carlo Labia.- Venezia : Nicolò Pezzana, 1685 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, FAM 1410)

Les lundi 23 mai à 18h et vendredi 27 mai à 12h, lors d’une Heure du Livre ancien au Service du Livre ancien, Laurent Hablot présentera l’héraldique à l’époque moderne.

Entrée libre sur inscription préalable.

Pour aller plus loin

Claude-François Ménestrier : les jésuites et le monde des images [Colloque international d’octobre 2005 à Grenoble] / sous la direction de Gérard Sabatier.- Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, DL 2009.- 1 vol. (335 p.-[32] p. de pl.) : ill. en noir et en coul., couv. ill. en coul. ; 24 cm + 1 CD audio.- (La Pierre et l’écrit, 1248-9166)

Jeux de cartes et jeux de l’oie héraldiques aux XVIIe et XVIIIe siècles : une pédagogie ludique en France sous l’Ancien Régime / Philippe Palasi ; préf. de Michel Pastoureau.- Paris : Picard, 2000.- 300 p. : ill. en noir et en coul., jaquette ill. en coul. ; 28 x 23 cm

Noir : histoire d’une couleur / Michel Pastoureau.- Paris : Seuil, 2008.- 1 vol. (210 p.) : ill. en noir et en coul. ; 25 cm

Carl von Linné (1707-1778)

Carl von Linné (voir la base biographique de la BIUS) était le fils d’un pasteur suédois, lui-même botaniste amateur. Il commença son parcours universitaire en Suède, où les études de médecine étaient peu développées, puis alla aux Pays-Bas ; il voyagea également en Angleterre et en France pour rencontrer d’autres botanistes.

Il était à la fois médecin et naturaliste. Il fut le Premier médecin du roi de Suède à partir de 1739 et obtint successivement le chaire de médecine et celle de botanique à l’Université d’Uppsala.

Abrégé du Système de la nature, de Linné, histoire des mammaires ou des quadrupèdes et cétacées / Jean Emmanuel Gilibert.- Lyon : Chez l’éditeur, 1805 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Service du Livre ancien, 71327)

Le Systema naturae

Grâce à plusieurs missions scientifiques, Linné observa plus de 7000 espèces de plantes, ce qui lui permit d’établir un nouveau système Lire la suite

Une nouvelle exposition virtuelle : Histoire de l’enfance

Oeuvres complettes. Nouvelle édition / Jean-Jacques Rousseau.– Paris : Bélin, Caille, Grégoire, Volland, 1793 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, Jp 419)

L’histoire de l’enfance est un objet de recherche relativement récent. L’ouvrage pionnier, incontournable mais très controversé, est celui de Philippe Ariès, L’Enfant et la vie familiale sous l’Ancien régime, paru en 1960, qui souligne le tournant que représente la période allant de la fin du XVIIIsiècle au début du XIXsiècle. Après ce livre, beaucoup de travaux ont été consacrés à la famille, à l’obstétrique et à l’éducation. En 1996 en Italie et en 1998 en France, Egle Becchi et Dominique Julia font paraître une Histoire de l’enfance en Occident, un ouvrage de référence particulièrement utile.

Jusqu’au 19 mars 2016, dans le Hall de la BU Droit-Lettres de l’Université de Poitiers, l’exposition « Regards sur l’enfance (XVIe-XXsiècle) » analysait les relations entre l’enfant et l’adulte en Europe occidentale pendant l’époque moderne et au début de l’époque contemporaine. Comment les parents, Lire la suite

Le catalogue de l’exposition « Animal et imaginaires »

AfficheQuatre après l’exposition « Animal & imaginaires : du sphinx à la chimère », qui eut lieu durant l’hiver 2012 à la Bibliothèque universitaire Droit-Lettres, le catalogue est enfin en ligne !

Déjà, l’Antiquité décrit des animaux imaginaires, qu’elle considère toutefois comme bien réels. Le Moyen Âge fait de même. Au seuil de l’époque moderne, l’homme commence à étudier avec une approche critique les savoirs hérités des Anciens et réserve peu à peu au seul monde de la création littéraire et artistique la description et l’utilisation d’animaux imaginaires. Le monde contemporain procède de la même façon, mais, encore au XXIsiècle, les animaux créés de toutes pièces par l’ingénieur et le scientifique sont bien eux aussi des bêtes en partie nées de l’imagination des hommes.

Ce catalogue invite à découvrir l’histoire et les emplois d’animaux inventés : la licorne ; le Phénix, un oiseau immortel ; le borametz, mi-mouton, mi-courge ; de nombreux dragons, tels que la Grand’goule, l’hydre de Lerne ou la guivre ; des êtres hybrides mi-hommes, mi-animaux, comme Mélusine, familière du Poitou, ou les Cynocéphales, hommes à tête de chien qui vivent dans des contrées lointaines. Lire la suite

Une histoire de contrefaçon

Govard Bidloo (1649-1713)

William Cowper, The anatomy of human bodies.- Oxford : Smith, 1698 (BIUS / Medica@)

Bidloo obtint son doctorat en 1688 et fut chirurgien à Amsterdam, puis chirurgien militaire. Il occupa la Chaire d’anatomie à La Haye et enseigna l’anatomie et la chirurgie à Leyde. Républicain dans sa jeunesse, il devient Orangiste, comme beaucoup d’intellectuels, quand Guillaume III devint Stathouder ; il fut un de ses médecins personnels et, en 1690, devint le surintendant général de tous les hôpitaux civils et militaires de Hollande, puis, en 1692, de ceux d’Angleterre.

Lui qui était l’un des plus grands anatomistes de son temps Lire la suite

Papier et livre ancien

XVIg 1828-02enu de Chine, le papier fut utilisé en Espagne dès le IXe siècle, mais il fut vraiment introduit tardivement en Occident. Il fut produit en Espagne au XIIe siècle et en Italie au XIIIe siècle, puis il se répandit en France au XIVe siècle. La pénurie de matière première, de chiffons, en fit dans les premiers temps un produit cher (mais moins prestigieux que le parchemin).

Matières premières et modes de production

XVIg 1828-01 (P)_001our produire le papier, on utilisait les moulins ; les grands centres de production étaient donc placés à proximité des centres drapiers de production de toile, qui eux aussi utilisaient des moulins. Le lin et le chanvre, qui remplacèrent peu à peu la laine dans l’habillement, donnèrent certaines des matières premières du papier, de même que les chiffons et les cordes. La laine, elle, n’était pas utilisée pour fabriquer le papier.

M 5425(L)_001e chanvre et de lin, puis le coton également, étaient battus avec des maillets (remplacés par des cylindres à la fin du XVIIe siècle), actionnés par des moulins ; ensuite, le mélange reposait et pourrissait pendant quelques jours, avant d’être chauffé. La pâte était mise dans des formes, des cadres de bois supportant un treillage métallique (avec vergeures, pontuseaux, filigrane). Puis les feuilles étaient enlevées et mises sur du feutre, pressées à plusieurs reprises dans une presse pour en extraire l’eau et séchées à l’air libre. Elles étaient enfin encollées et lissées, puis poncées. Lire la suite

L’Irlande à Poitiers !

Une nouvelle exposition virtuelle

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Irelands excise by the lords, iustices, and councell there.- London : F. Leach for Michaell Sparke Senior and Iunior, 1643 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, FD 2209)

En lien avec la question d’agrégation d’anglais de 2016 – la Grande Famine en Irlande (1845-1851) est un des deux sujets de Civilisation -, une exposition virtuelle (en anglais et en français) consacrée aux questions économiques et politiques en Irlande de 1640 à 1830 vient d’être mise en ligne ! Elle est le fruit du travail de trois services et laboratoires de l’Université de Poitiers : le laboratoire MIMMOC (Mémoires, Identités, Marginalités dans le Monde Occidental Contemporain), I-Médias et le Service du Livre ancien ; le Master esDoc s’est chargé de la traduction. Lire la suite

Joseph Pitton de Tournefort, botaniste du XVIIe siècle

Né en 1656, Tournefort est considéré comme le plus grand botaniste du XVIIe siècle. Élève des Jésuites, il étudia de manière approfondie le grec et le latin ; il découvrit également la physique, la chimie, la botanique et la médecine. Mais, cadet de la famille, il devait devenir prêtre et entra au séminaire. A la mort de son père, il changea d’orientation et étudia la médecine, la chimie et l’anatomie. Élève à Montpellier de Pierre Magnol, il compléta sa formation par de nombreux voyages, en Provence, Dauphiné et Savoie avec le Père Plumier, dans les Pyrénées orientales et en Espagne.

Le Jardin du Roi

Gallica / bnf.fr

Institutiones rei herbariae / Joseph Pitton de Tournefort.- Paris, 1700 (Gallica bnf.fr / Bibliothèque nationale de France)

En 1683, à l’âge de 27 ans, il devint le suppléant de Fagon au Jardin du Roi (Museum d’histoire naturelle aujourd’hui), où il faisait des démonstrations de botanique ; il mena de nombreuses excursions dans les campagnes de l’Île-de-France, accompagné de ses étudiants, à qui il proposait ainsi un enseignement pratique. Il poursuivit en parallèle ses voyages, durant lesquels il herborisait (Midi de la France, Espagne, Portugal, Angleterre). Il enseigna également au Collège royal (futur Collège de France). Lire la suite

Images européennes de l’Asie (16e-18e s.)

Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, sup. folio 25

Description… de l’empire de la Chine et de la Tartarie chinoise / J. B. du Halde.- Paris : P. G. Le Mercier, 1735

Dès l’époque romaine, la Chine était connue des Européens, sous le nom de Sères, ou pays de la soie. Pourtant, elle fut mentionnée dans des récits de voyages seulement à partir du XIIIe siècle, époque de la domination mongole sur une grande partie du continent eurasien. Les premiers récits furent rédigés par des missionnaires chrétiens, mais ce fut seulement après la parution du Livre des merveilles du monde, du marchand vénitien Marco Polo, que la Chine commença à fasciner des générations de lecteurs. Après une période de deux siècles durant laquelle il était impossible de parcourir les routes terrestres entre l’Europe et l’Asie, la Chine fut redécouverte par les navigateurs européens au début du XVIe siècle. Ce pays fut de mieux en mieux connu grâce à des récits de marchands, de missionnaires et d’ambassadeurs.

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Les livres juridiques anciens étaient-ils illustrés ?

Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, XVI 941

Volumen praeclarissimum ac imprimis omnibus jurisperitis pernecessarium ac utilissimum.- Venise, 1556

Diversité du droit

A l’époque moderne, le livre juridique a une place importante dans le paysage éditorial. Sont publiées des ouvrages de droit romain et de droit canon, les coutumes, la législation royale, des recueils de jurisprudence et de la doctrine, etc. Les ouvrages de base de l’étude du droit, notamment les traités rédigés à l’initiative de Justinien, sont abondamment publiés ; ils ne demandent pas à l’imprimeur-libraire de prendre un risque important : certes, il s’agit de volumes de taille importante, mais ils font partie des livres que tout juriste doit consulter.

A l’époque moderne, les pays et les villes se spécialisent ; au 15e siècle, l’Italie publie le droit romain et l’aire germanique le droit canon ; au 16e siècle, Paris et Lyon dominent l’édition juridique en France. Des formats différents sont choisis pour chaque type d’ouvrages, selon qu’il s’agit de documents à toujours emporter avec soi ou à consulter ponctuellement pour des vérifications. Lire la suite