Prêts en Bulles # 6

Il y a quelques semaines disparaissait Jirō Taniguchi, l’un des plus grands auteurs japonais de mangas. Ce genre apparu en France en 1978 a réellement conquis l’hexagone avec la saga futuriste Akira imaginée par Katsuhiro Otomo, douze ans plus tard. Puis sont arrivées les créations graphiques de J. Taniguchi. Celui qui a permis une vision inédite du manga a toujours été surpris par la ferveur qu’il dégageait auprès du public français. Une belle histoire qui a débuté en 1995 avec L’Homme qui marche, et qui ne s’est jamais essoufflée. C’est une œuvre remplie de délicatesse, de poésie et de rêverie que laisse en héritage un mangaka passionné par la bande dessinée européenne. Parmi ces quelques titres, la BU Lettres vous propose un voyage des plus apaisants.

Elle s’appelait Tomoji / J. Taniguchi : couverture. Ed. Rue de Sevres (source : Decitre.fr).

 

  • Notre avisTaniguchi s’inspire ici de la vie de Tomoji Uchida, célèbre pour avoir créé un temple bouddhiste (Tokyo). L’auteur, en narrant la jeunesse de Tomoji, en profite pour dépeindre un Japon moins connu, car pauvre et met l’accent sur les conditions de vie précaires. C’est là tout l’intérêt de l’histoire : découvrir cette période appelée l’ère Taishō (1913-1926), où la population se cantonnait à une vie rudimentaire. L’auteur distille quelques indices qui expliqueraient la raison pour laquelle Tomoji se serait dirigée vers le bouddhisme (notamment par de dures épreuves à traverser). Le trait épuré de Taniguchi accompagne harmonieusement ce portrait. Tout en délicatesse, il donne à ses personnages cette humilité qu’il affectionne tant. Avec cette particularité qu’il utilise pour la première fois, un personnage féminin au centre de l’histoire. Comme souvent, une fois l’oeuvre terminée, on a cette agréable sensation d’avoir été transportés.

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Prêts en Bulles # 3

Toujours dans l’intention de valoriser la collection grandissante de bandes-dessinées présentes à la Bibliothèque de Lettres, ce nouvel épisode met en exergue des œuvres intégrales. Une édition qui regroupe plusieurs tomes en un seul volume qui, de surcroît, renferme une histoire close, est une belle opportunité de faire (re)découvrir de séduisantes séries. Que ce soit avec ces romans graphiques percutants comme Black Hole jusqu’à des plus récents mais non moins réussis à l’instar de Amère Russie, la BUL vous présente quelques coups de cœur disponibles dans nos rayons.

La Licorne/ Gabella et Jean (éditions Delcourt). Source : Decitre.fr

La Licorne/ Gabella et Jean (éditions Delcourt). Source : Decitre.fr

 

  • Notre avis : c’est en pleine période de la Renaissance que se déroule cette aventure. Le corps humain est au centre de toutes les attentions. C’est une véritable plongée dans l’histoire de la médecine pour cette Intégrale de La Licorne. Teintée de fantastique avec la présence des Primordiaux, cette série brille autour d’Ambroise Paré et consorts qui nous entraînent dans une intrigue addictive et complexe dont le dessin est considérablement bonifié par Anthony Jean. Mathieu Gabella scénarise ici une quête humaine des plus réussies.

 

Amère Russie/ Ducoudray et Anlor (éditions Bamboo). Source : Decitre.fr

Amère Russie/ Ducoudray et Anlor (éditions Bamboo). Source : Decitre.fr

 

  • Notre avis : c’est en 1994 que la Russie tente de reprendre le contrôle de la Tchétchénie. Durant deux ans de conflits sanglants, les civils tentent de survivre tant bien que mal. Aurélien Ducoudray imagine une femme russe, Ekaterina, dont le courage et une sacrée force de caractère sont visibles dès le début du récit. Privée de son fils parti se battre contre l’ennemi, elle apprend son emprisonnement. Une solution se présente à elle pour le délivrer : aller elle-même le chercher. Commence alors une épopée périlleuse où, accompagnée de sa précieuse chienne Milyi, Ekaterina ne reculera devant rien. Une histoire profondément humaine servie par le trait éblouissant d’Anlor. En atteste cette édition en fac-similé N&B, qui permet un peu plus de s’imprégner d’un récit graphique aussi original que prenant.

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Le Justicier et la ménagère. Représentations des corps féminins et des corps masculins dans les westerns hollywoodiens des années 1950

John Ford, La prisonnière du désert, 1956

John Ford, La prisonnière du désert, 1956

Winchester en main, galopant vers l’Ouest, le cowboy est sans nul doute le mythe cinématographique hollywoodien des années 1950 qui se rapproche le plus de la figure contemporaine du super-héros. En quête de liberté et de justice, le cowboy hollywoodien – du simple cultivateur (Robert Mitchum dans Rivière sans retour), au shérif (Gary Cooper dans Le train sifflera trois fois) en passant par la figure du militaire (John Wayne dans Les Cavaliers, dans Rio Grande ou encore dans La Prisonnière du Désert) – est la figure archétypale de l’homme viril. Démarche affirmée, tireur d’élite – aussi bien au fusil qu’au colt –, boxeur à l’occasion, les personnages principaux des westerns sont des exemples moraux. Lire la suite