Le Spectacle de la nature, un « best-seller » du XVIIIe siècle

Du 2 au 31 mars 2020, dans le cadre du Livre ancien du mois, la bibliothèque Michel Foucault présente l’ouvrage Le Spectacle de la nature de l’abbé Pluche.

Portrait de l'abbé pluche gravé par Louis-Jacques Cathelin d'après Nicholas Blakey

Portrait de l’abbé pluche gravé par Louis-Jacques Cathelin d’après Nicholas Blakey

L’auteur

D’origine modeste, Noël-Antoine Pluche (1688-1761) se voua très tôt à l’éducation. À 22 ans, il devint professeur d’humanités au collège de Reims, sa ville natale, puis, inquiété pour ses sympathies jansénistes, il se réfugia en Normandie où il devint le précepteur des enfants d’une riche famille anglaise installée à Rouen. De retour à Paris, il dispensa des cours d’histoire et de géographie mais renonça vite à l’enseignement pour se consacrer pleinement à la rédaction de son projet : l’écriture d’une vaste synthèse sur l’histoire naturelle à destination des plus jeunes, Le Spectacle de la nature. Lire la suite

Buffon et Réaumur : deux approches opposées de la nature

Le mardi 4 février à 12h et le mercredi 5 février à 18h au Fonds ancien, une Heure du Livre ancien aura pour thème Buffon et Réaumur, deux approches opposées de l’histoire naturelle en France au XVIIIe siècle.

Portrait du naturaliste Georges Louis Leclerc, comte de Buffon, par François-Hubert Drouais, 1761 / Portrait de René-Antoine Ferchault de Réaumur, par Jules Pizzetta, 1893

Portrait du naturaliste Georges Louis Leclerc, comte de Buffon, par François-Hubert Drouais, 1761 / Portrait de René-Antoine Ferchault de Réaumur, par  Jules Pizzetta, 1893

Les ouvrages Histoire naturelle générale et particulière (1749-1789) de Buffon et Mémoires pour servir à l’histoire des insectes (1734-1742) de Réaumur peuvent être considérés comme deux approches contradictoires de l’histoire naturelle et, d’un point de vue rétrospectif, comme l’illustration des valeurs que les sociétés occidentales attribuent à la nature.

Commençons par Réaumur. Sa contribution à l’histoire naturelle s’effectue par l’étude des insectes. Ses Mémoires forment pour la première fois une véritable investigation entomologique alors que les insectes sont encore dénigrés au XVIIIe siècle, perçus comme des bêtes insignifiantes, des « excréments de la terre ». Il faut dire que son « insectologie » se conforme à une approche religieuse prisée à cette époque : la physique théologique, dont les ouvrages glorifient le Créateur comme l’auteur d’une nature parfaite et admirable dont la moindre manifestation (tels les insectes) mérite adoration et louanges. De fait, si Réaumur aborde les insectes par la recherche expérimentale de leur utilité pour le bien commun, il ne cesse jamais de s’émerveiller devant ces petites créatures divines tout en ne cédant pas – en bon cartésien qui se méfie des lieux communs sur la nature, popularisés par les Anciens – à la tentation de raconter des « histoires » (fables, légendes etc.). Son approche de la nature paraît ainsi, de façon étonnante, en phase avec les naturalistes modernes qui ne s’intéressent pas qu’aux « grands » faits de nature mais à tous, avec curiosité et sans distinction. Cette approche de la nature, objective, attentive et ouverte, est demeurée minoritaire dans notre culture. Lire la suite