Imprimer à Poitiers à l’époque moderne

Coûtumier general / Joseph Boucheul.- Poitiers : Jacques Faulcon, 1727 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, Folio 3)

Le lundi 15 mai à 18h et le vendredi 19 mai à 12h, l’Heure du Livre ancien (une présentation d’une heure qui permet de découvrir des ouvrages anciens sur table plutôt que sous vitrine) aura pour thème Imprimer à l’époque moderne.

Les débuts de l’imprimerie à Poitiers

C’est à Mayence que Gutenberg, vers 1454, met au point la technique de l’impression typographique. Celle-ci se diffuse en France à partir de 1470, année durant laquelle une presse est installée à la Sorbonne. Poitiers est l’une des premières villes françaises à l’accueillir, après Angers, mais avant Bordeaux, Nantes, Tours ou Limoges. Ce sont surtout de grandes villes marchandes Lire la suite

L’enseignement jésuite de la philosophie au XVIIIᵉ siècle : le manuel de Berthold Hauser

Du 2 au 31 mai 2017, le Livre ancien du mois est consacré au manuel de philosophie du jésuite Bethold Hauser, Elementa philosophiae ad rationis et experientiae ductum conscripta atque usibus scholasticis accomodata, dont les tomes consacrés à la physique sont abondamment illustrés.

Elementa philosophiae ad rationis et experientiae ductum conscripta atque usibus scholasticis accomodata / Berthold Hauser. - Augsbourg ; Innsbruck : Joseph Wolff, 1755-1764 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, JP 506-6)

Elementa philosophiae ad rationis et experientiae ductum conscripta atque usibus scholasticis accomodata / Berthold Hauser. – Augsbourg ; Innsbruck : Joseph Wolff, 1755-1764 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, JP 506-6)


Berthold Hauser (1713-1762)

L’auteur, dont on sait peu de choses, naquit en 1713 à Wildberg en Allemagne (Bavière). Il entra dans la Compagnie de Jésus en 1729. A partir de 1749 il enseigna la philosophie (l’éthique) à Ingolstadt et, de 1751 jusqu’à sa mort, les mathématiques à l’Université de Dillingen. Enseigner à la fois la philosophie et les mathématiques était alors chose fréquente.

Elementa philosophiae fut le seul ouvrage – mais il est d’importance – qu’il écrivit. Cette somme, composée de huit tomes volumineux, est un manuel de philosophie. Synthèse des savoirs dispensés par ce professeur, imprimée de 1755 à 1764, les deux derniers tomes étant parus après sa mort, l’œuvre revêt un caractère testamentaire.

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Le cri du sage

Les élèves de première année du BTS Maintenance des systèmes éoliens du Lycée Raoul Mortier de Montmorillon sont venus visiter le Fonds ancien le 22 mars dernier. Ils ont découvert quelques livres écrits par des femmes, parmi lesquels se trouve Le cri du sage, d’Olympe de Gouges.

Olympe de Gouges

Olympe de Gouges, de son vrai nom Marie Gouze, écrivain et dramaturge, est née en 1748 à Montauban. Elle est mariée à Louis Aubry en 1765 à 17 ans. Partie pour Paris avec son fils après la mort de son mari, elle se lance dans la politique et devient l’une des premières femmes féministes ; elle publie des écrits politiques :

C’est aussi l’auteur de pièces de théâtre :

En 1792, elle rejoint le parti des Girondins qui s’oppose à Louis XVI, mais elle propose d’aider Malesherbes à le défendre durant son procès. Elle est guillotinée en 1793 après la chute de son parti face à Robespierre et aux Montagnards. La même année, toute activité politique, jusque là tolérée au sein des clubs, est interdite aux femmes. Lire la suite

L’histoire des imaginations extravagantes de Monsieur Oufle de Laurent Bordelon ou comment la lecture peut rendre fou

Du 3 au 29 avril 2017, dans le hall de la BU Lettres, le Livre ancien du mois est consacré à L’histoire des imaginations extravagantes de Monsieur Oufle de Laurent Bordelon.
Le Fonds ancien possède le tome 1 de la première édition (1710) et la version abrégée de 1789.

Après une soirée bien arrosée en période de carnaval, M. Oufle trouve un costume d’ours dans la chambre de son fils Sansugue. Il décide de le revêtir afin de faire une plaisanterie à sa femme. Celle-ci étant encore occupée avec sa camériste, il patiente en relisant la Démonomanie de Jean Bodin et notamment le passage consacré aux loups-garous. Il s’endort.
* Dans : Histoire de Monsieur Oufle / Laurent Bordelon ; retouchée et réduite par M. G. [Charles-Georges-Thomas Garnier].- Amsterdam [i.e. Paris] ; Paris [Gaspard-Joseph Cuchet], 1789
(Voyages imaginaires, songes, visions, et romans cabalistiques ; 36)
(Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, FD 1511-36)

L’auteur : Laurent Bordelon (1653-1730)

Né à Bourges, il y obtint le titre de docteur en théologie, dans une faculté tenue par les jésuites. Il s’installa à Paris, comme précepteur dans une famille de hauts magistrats, et devint chapelain à Saint-Eustache. À ce polygraphe prolifique, versant à ses débuts surtout dans le théâtre, on peut « seulement » attribuer une quarantaine d’œuvres. En effet, il signait rarement ses écrits. L’Histoire des imaginations extravagantes de Monsieur Oufle fut ainsi publiée anonymement. Entre 1708 et 1713, l’abbé divulgua quatre autres romans dénonçant la crédulité populaire. Il aimait également reprendre les sujets à la mode.

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Qu’est-ce qu’une marque d’imprimeur-libraire ? (2)

In LXIX. Psalmos seu Hymnos prophetæ Davidis priores, & in sanctum Jesu Christi Evangelium secundum Matthæum… Commentaria / Mathias Bredenbach. – Cologne : Héritiers de Johann Quentel & Gerwin Calenius, 1560 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, XVIg 1372)

Marque, devise, enseigne et nom : des relations complexes

Pour se faire connaître et marquer leurs œuvres de leur empreinte, tout en disant quelque chose d’eux-mêmes et de leur travail, les libraires avaient plusieurs moyens à leur disposition. Ils avaient parfois recours au cadre qui entourait la marque et qui pouvait reprendre certains éléments de la symbolique pour l’enrichir. Mais ils utilisaient surtout la devise, l’enseigne et la marque.

La devise était le plus souvent en latin. Elle pouvait être une citation biblique, un emprunt à un auteur de l’Antiquité ou à une œuvre plus contemporains. C’étaient quelques mots dont il est souvent difficile de saisir le sens, tant le petit nombre de termes polysémiques employés permet d’hypothèses. Elle devait charmer le lecteur et montrer la qualité de l’imprimeur ou du libraire, chargé de diffuser le savoir. Lire la suite

Qu’est-ce qu’une marque d’imprimeur-libraire ? (1)

Lucerna inquisitorum hæreticae pravitatis / Bernardo da Como. - Venise : Marco Antonio Zaltieri, 1596 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, XVI 795)

Lucerna inquisitorum hæreticae pravitatis / Bernardo da Como. – Venise : Marco Antonio Zaltieri, 1596 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, XVI 795)

La prochaine Heure du Livre ancien, programmée au Fonds ancien les lundi 10 avril à 18h et vendredi 14 avril à 12h, sera consacrée aux marques d’imprimeurs-libraires. De quoi s’agit-il ?

Du colophon à la page de titre

Les marques de libraires et d’imprimeurs apparurent peu après l’invention de l’imprimerie. Placées sous le titre ou à la fin du livre, elles pouvaient être un simple signe analogue à celui que les imprimeurs mettaient sur les ballots de livre qu’ils expédiaient ou évoquer l’enseigne de l’imprimeur. Les premiers éléments de l’adresse, comme les lieu et date de l’impression, le nom de l’imprimeur-libraire, commencèrent à apparaître sous cette marque, sur la page de titre, à l’extrême fin du XVe siècle, alors qu’ils étaient jusque là placés à la fin de l’ouvrage, au colophon, selon l’usage en cours dans les manuscrits. Les marques permettaient de bien identifier l’imprimeur-libraire et les imprimés qu’il réalisaient. C’était également un moyen de lutter contre la contrefaçon. Elles se transmettaient souvent pour tout ou partie aux héritiers. Lire la suite

Histoire d’une Flore française de Lamarck

Flore françoise / Jean-Baptiste de Monet de Lamarck.- Paris : Imprimerie royale, 1778 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, MED 2420)

Flore françoise / Jean-Baptiste de Monet de Lamarck.- Paris : Imprimerie royale, 1778 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, MED 2420)

Connu pour être le fondateur du transformisme, Jean-Baptiste de Monet de Lamarck (1744-1829), professeur de zoologie au Muséum d’histoire naturelle et membre de l’Académie des sciences, était aussi un grand botaniste. Il rédigea en 1778 la Flore française, qui donne des méthodes d’identification des plantes de France à l’aide de clés dichotomiques. Cet ouvrage comprend trois tomes de textes (tome 1, tome 2 et tome 3), dans lesquels ont été insérés huit planches gravées sur cuivre (dont vous pouvez admirer ci-contre un exemple) par Étienne Fessard (1714-1777 ?), graveur du Roi, et un tableau dépliant.

Ce document du Fonds ancien est exposé à la BU Médecine-Pharmacie du 3 au 30 avril. Une présentation (une « Petite pause méridienne avec… », qui, en 30 minutes, permet de découvrir un ouvrage sur table plutôt que sous vitrine) est proposée le 11 avril à 13h (inscription : karine.furcy@univ-poitiers.fr). Lire la suite

Une édition de la Géographie de Strabon du XVIe siècle

Rerum geographicarum commentarii libris XVII contenti / Strabon.- Basel : Heinrich Petri, 1571 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, XVIg 1760)

Rerum geographicarum commentarii libris XVII contenti / Strabon.- Basel : Heinrich Petri, 1571 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, XVIg 1760)

Du 3 au 29 avril, la BU Michel Foucault expose un livre du Fonds ancien, le Rerum geographicarum commentarii libris XVII, de Strabon (1571). Une présentation du livre sera proposée le mercredi 5 avril à 12h (inscription : yvan.hochet@univ-poitiers.fr).

Qui est Strabon ?

Né vers 60 av. J. C. en Cappadoce, dans une famille grecque (ou devenue grecque), Strabon se forme auprès de grands maîtres et voyage pour cela. Pur stoïcien, il s’intéresse à la géographie comme philosophe, critique, homme de lettres.

Il écrit une continuation de l’histoire générale de Polybe, malheureusement entièrement perdue. Dans sa Géographie, qui a échappé à la destruction à l’exception d’un livre, il veut résumer ce qui a été écrit avant lui et ajouter à ces connaissances des descriptions d’antiquités, de mœurs, de pays. Pour collecter les informations nécessaires, il lit (il semble avoir une grande bibliothèque et montre une très bonne connaissance des textes) et il voyage beaucoup (toutefois peut-être moins que ce qu’il avance).

Peu diffusée dans l’Antiquité, sa Géographie est très appréciée des Byzantins. Mais le Moyen Âge n’a transmis que des variantes d’un unique manuscrit incomplet. La grande œuvre de Strabon est ensuite de nombreuses fois rééditée à l’époque moderne, après la première impression, faite à Rome, vers 1469-1470. On peut entre autres consulter en ligne une édition bâloise de 1539. Lire la suite

Naviguer au Siècle des Lumières

Essay sur la marine et sur le commerce / André-François Boureau-Deslandes.- Vers 1743 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, ms. 44)

Essay sur la marine et sur le commerce / André-François Boureau-Deslandes.- Vers 1743 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, ms. 44)

Le 18e siècle voit les Européens poursuivre leur découverte et leur conquête du monde. Si les Anglais ont assurément la domination sur les mers, des flottes venant d’autres royaumes parcourent les mers du globe. Certains poursuivent l’exploration de terres mal connues : dans l’hémisphère sud, James Cook, de 1772 à 1775, essaie de s’approcher du pôle. D’autres font du commerce : on connaît bien sûr le fameux commerce triangulaire, très lucratif ; l’Angleterre essaie quant à elle de capter les échanges avec ses colonies à son avantage, les obligeant à faire transiter leurs productions par les îles britanniques, ce qui est une des cause de la guerre d’indépendance américaine. D’autres encore combattent en mer ; ce sont, au 18e siècle, le plus souvent les britanniques qui ont le dessus, mais la France remporte quelques victoires. Certains, plus simplement, pêchent : cette activité est menée le long des cotes et ne nécessite pas l’utilisation de grands bateaux. N’oublions pas, pour terminer notre rapide présentation des différentes modes de navigation sur mer, de citer les corsaires, autorisés par leur pays, et les pirates, des bandits sur mer, qu’il ne faut pas confondre.

Quels sont les bateaux qui permettent de faire ces différents voyages, au court ou au long cours ? C’est ce que se propose de montrer la prochaine Heure du Livre ancien qui aura lieu au Fonds ancien le vendredi 17 mars à 12h (inscription : anne-sophie.durozoy@univ-poitiers.fr ; 05 49 45 32 91).

Lors de cette séance, des documents variés, permettant d’aborder les différents aspects de la navigation, seront présentés :

  • des ouvrages techniques, en particulier l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert
  • un dictionnaire des termes techniques, celui de Nicolas Aubin
  • des traités liant marine et commerce, comme un manuscrit qui est une copie d’un traité de François Boureau-Deslandes, paru en 1743, dont vous pouvez déjà admirer une illustration (voir ci-dessus)
  • des synthèses de connaissances utiles aux élites des Lumières, comme La science des personnes de cour et sa Suite
  • des textes juridiques, comme des ordonnances et des actes royaux

Pour en savoir plus…

  • sur le commerce entre la couronne anglaise et ses colonies, vous pouvez consulter les expositions virtuelles mises en ligne par le Service commun de la documentation, L’État de l’Irlande, en particulier la partie sur le protectionnisme, et La glorieuse révolution (à venir).
  • sur la découverte du monde par les Européens au 18e siècle, vous pouvez regarder l’exposition virtuelle mise en ligne par le Service commun de la documentation Traversées : récits de voyages des Lumières.
  • sur les voies fluviales et le commerce triangulaire des ports de notre ancienne région Poitou-Charentes, vous pouvez parcourir l’exposition virtuelle Escales en Poitou-Charentes, organisée par le Centre du livre et de la lecture Poitou-Charentes.
  • sur les instruments utiles à la navigation et les cartes, vous pouvez lire le catalogue de l’exposition organisée durant l’hiver 2016-2017 par la Médiathèque de Chambéry, Agrandir le monde.

André Levret, un obstétricien du XVIIIe siècle

Suite des observations sur les causes et les accidens de plusieurs accouchemens laborieux / André Levret.- Paris : François Delaguette, 1751 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, MED 2002/02)

Au Fonds ancien, sous la cote MED 2002, sont réunies deux œuvres d’André Levret, l’un des plus grands accoucheurs de son temps.

Les Observations sur les causes et les accidents de plusieurs accouchements laborieux, publiées pour la première fois en 1751, sont présentes, dans ce recueil, dans leur édition de 1762 (la troisième). Leur est jointe la Suite des observations sur les causes et les accidents de plusieurs accouchements laborieux, de 1751, qui est une réponse à la critique faite par le Journal des Savants des Observations. Les nombreuses rééditions (trois, jusqu’en 1770) Lire la suite