L’hommage à Paris par un féru d’histoire, Albert Robida (1848-1926)

Du 1er au 26 février 2021, à la bibliothèque Michel Foucault, le livre du mois du Fonds ancien est consacré au Coeur de Paris d’Albert Robida.

Plantation du May dans la cour du palais, XVIe siècle (Le cœur de Paris / A. Robida.- Paris : Librairie illustrée, [1896 ?] ; Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, M 9451)

L’auteur

Dessinateur, caricaturiste et romancier, Albert Robida est né le 14 mai 1848 à Compiègne. Il commence sa carrière en 1866 comme dessinateur au Journal amusant et travaille dans plusieurs journaux avant de fonder en 1880 La Caricature, qu’il dirige jusqu’en 1892.

Il parcourt l’Europe de 1875 à 1879 et en tire une série de croquis, dite série des vieilles villes. Il illustre également des classiques de la littérature comme Les contes des mille et une nuits, les œuvres de François Villon, Rabelais, Cervantès, Shakespeare, Swift, Balzac, etc.

Albert Robida écrit et dessine aussi pour la jeunesse. Ses ouvrages les plus connus sont La tour enchantée (1880), Le voyage de Monsieur Dumollet (1883) et Les mésaventures de Jean-Paul Choppart (1926).

Son œuvre la plus marquante auprès du public est sans aucun doute sa trilogie d’anticipation, Le vingtième siècle (1883), La guerre au vingtième siècle (1887), Le vingtième siècle. La vie électrique (1890).

Albert Robida a un fils, l’architecte Camille Robida (1880-1938).

L’œuvre

Albert Robida raconte l’histoire de l’île de la Cité autour de deux monuments emblématiques, Le Palais et Notre-Dame. Plusieurs chapitres sont ainsi consacrés au Palais (Le Palais au Parlement, le Palais au XVIe siècle, la Basoche au Palais, le Parlement de la Fronde (1648-1649), La Révolution, etc.)

Notre-Dame fait aussi l’objet d’une chronologie, du chapitre intitulé saint Louis au départ pour la Croisade à celui sur les incendies de la Commune en 1871.

Albert Robida poursuit ensuite son récit avec une traversée des îles Saint-Louis et des ponts de Paris. Il décrit enfin, à travers de nombreuses anecdotes, les petites rues de la Cité, qui sont le « cœur » même de Paris.

L’ouvrage d’Albert Robida est abondamment illustré par de magnifiques eaux fortes et lithographies, qu’elles soient en noir et blanc ou en couleur.

L’eau-forte est un procédé de gravure en creux ou taille-douce sur une plaque métallique avec un mordant chimique. L’artiste utilisant l’eau-forte est nommé aquafortiste. Le principe est simple : sur une plaque de métal préalablement recouverte d’un vernis à graver, l’artiste dessine un motif à la pointe métallique. La plaque est ensuite positionnée dans un bain d’acide qui « mord » les zones à découvert et laisse intactes les parties protégées. Après nettoyage du vernis, la plaque est encrée et mise sous presse.

Quant à la lithographie, c’est une technique d’impression à plat qui permet la création et la reproduction en de multiples exemplaires d’un tracé exécuté à l’encre ou au crayon sur une pierre calcaire.

L’abside et le terrain Notre-Dame au XVIIe siècle (Le cœur de Paris / A. Robida.- Paris : Librairie illustrée, [1896 ?] ; Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, M 9451)

En conclusion

Avec Le cœur de Paris, Albert Robida plonge le lecteur dans l’intimité parisienne à travers les siècles et offre un hommage à la fois humain et patrimonial à la capitale française.

Pour aller plus loin : 

Voyages très extraordinaires dans le Paris d’Albert Robida : [exposition, Paris, Bibliothèque historique de la Ville de Paris, 14 septembre-30 décembre 2005] / sous la direction de Roger Jouan.- Paris : Paris bibliothèques, 2005
 
Le vingtième siècle / texte et dessins par A. Robida.- Paris : Georges Decaux, 1883
 

 
 
 

Le trou de l’enfer

Du 1er au 30 septembre 2020, à la bibliothèque Michel Foucault, le livre du mois du Fonds ancien est consacré au roman Le trou de l’enfer d’Alexandre Dumas (1802-1870).

Le Trou de l'Enfer / Alexandre Dumas.- Paris : A. Cadot, 1851 (Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, FAM 1852)

Le trou de l’enfer / Alexandre Dumas.- Paris : A. Cadot, 1851 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, FAM 1852)

L’auteur

Alexandre Dumas (1802-1870) est un écrivain français né à Villers-Cotterêts (Aisne) et mort à Puys, près de Dieppe (Seine-Maritime).

Il est l’enfant d’un père général, Thomas Alexandre Davy de La Pailleterie, dit Dumas, premier général d’origine afro-antillaise de l’armée française, et d’une mère aubergiste. Il perd son père à l’âge de 4 ans. A 20 ans, il part s’installer à Paris où, dès 1822, il fréquente assidument les théâtres parisiens.

Il rédige quelques pièces et publie des textes dans des journaux. Il se fait ainsi connaître grâce au roman-feuilleton. Mais c’est en mars 1844, avec la parution des Trois Mousquetaires, qu’il connaît son premier succès. Succès confirmé deux ans plus tard avec un autre roman de cape et d’épée, Le comte de Monte-Cristo. Ces deux romans ont été écrits en collaboration avec Auguste Maquet (1813-1888).

En 1844, Alexandre Dumas, fortuné mais extrêmement dépensier, acquiert un ancien vignoble au Port-Marly et charge l’architecte Hippolyte Durand (1801-1882) de lui construire le château de Monte-Cristo.

En 1846, il fonde son propre théâtre, Le Théâtre Historique. Poursuivi par la justice pour impayés, couvert de dettes, Alexandre Dumas est contraint de mettre en vente son château et son théâtre et s’exile en Belgique dès 1851. À partir de 1857, Auguste Maquet engage une procédure contre Dumas sur la propriété des livres écrits en collaboration.

Alexandre Dumas  continue cependant  à écrire de manière frénétique pendant des années. En 1870, il est victime d’un accident vasculaire cérébral qui le laisse à moitié paralysé. Il décède à l’âge de 68 ans, laissant derrière lui deux fils, Alexandre Dumas (1824-1895) et Henry Bauër (1851-1915).

Alexandre Dumas a écrit de nombreux ouvrages, La tour de Nesle (1832), Les trois mousquetaires (1844), Le comte de Monte-Cristo (1846), La dame de Monsoreau (1846), La tulipe noire (1850).

L’œuvre

Deux étudiants, Julius d’Hermelindfeld et Samuel Gelb, suite à un violent orage près d’un gouffre appelé le trou de l’enfer, trouvent refuge chez un pasteur et sa fille, Christiane.

Christiane sympathise vite avec Julius mais éprouve des sentiments plus mitigés pour Samuel qui la poursuit de ses assiduités. Après quelques mois de fréquentation, Christiane et Julius se marient, ce qui provoque la jalousie de Samuel.

Le fils né de l’union de Christiane et Julius tombe malade et, en l’absence de son mari, Christiane demande de l’aide à Samuel pour le soigner. Ce dernier accepte mais exige en retour de passer une nuit avec elle. Peu après, Christiane tombe enceinte et accouche d’une petite fille. Entre-temps, son fils meurt et Samuel récupère sa fille sans la prévenir.

Désespérée, Christiane se jette dans le trou de l’enfer.

L’ouvrage du Fonds ancien est une édition de 1851 en 4 volumes sans illustration.

En conclusion

Le trou de l’enfer est un roman avec de nombreux rebondissements mêlant surnaturel et mystère (philtre d’amour, poisons, passages secrets, etc.). Le personnage de Samuel est machiavélique et effrayant, manipulateur et mauvais, c’est l’incarnation même du Mal.

Alexandre Dumas montre dans ce roman une écriture plus sombre, un ton pessimiste que l’on ne retrouve pas dans ses autres écrits.

L’éditeur Phébus publie souvent des romans rarement réédités, n’hésitant pas à adopter le texte paru en feuilletons dans les journaux lorsqu’il est plus complet que celui des éditions originales. C’est le cas pour Le trou de l’enfer suivi de Dieu dispose (1008 p., 2008), édités d’après les feuilletons parus dans le journal fondé par Victor Hugo (1802-1885), L’Événement, en 1850 et 1851.

Portait d’Alexandre Dumas, daté de 1894, par Maurice Leloir et Jules Huyot (Les Trois Mousquetaires, Paris : Calmann Lévy, p. iii ; Wikimedia Commons)

Portait d’Alexandre Dumas, daté de 1894, par Maurice Leloir et Jules Huyot (Les Trois Mousquetaires, Paris : Calmann Lévy, p. iii ; Wikimedia Commons)

 

Pour aller plus loin :

Alexandre Dumas le Grand : biographie / Daniel Zimmermann.-Paris : Julliard, 1993

Alexandre Dumas : dictionnaire / Claude Schopp.- Paris : CNRS, 2010

Alexandre Dumas : une lecture de l’histoire / sous la direction de Michel Arrous.- Paris : Maisonneuve & Larose, 2003

Dumas, le comte noir / Tom Reiss.- Paris : Flammarion, 2013

Histoire de la cuisine / Alexandre Dumas.- Paris : P. Waleffe, 1967

Le Feuilletoniste : répertoire de lectures du soir

 

 

 

 

 

Le Feuilletoniste : répertoire de lectures du soir

Du 4 au 22 novembre 2019, à la bibliothèque Michel Foucault, le livre ancien du mois est consacré au Feuilletoniste.

Le Feuilletoniste.- Paris : P. Amic l’ainé, 1844 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, M 275915)

 

Histoire du roman-feuilleton

Le roman-feuilleton naît en Angleterre au 18e siècle grâce à Daniel Defoe (1660-1731) et son Robinson Crusoé.

En France, il se développe dans les années 1836-1842 avec l’apparition d’une presse populaire bon marché. Jusque-là, les journaux étaient principalement consacrés à la critique littéraire, théâtrale, musicale ou artistique. Ils coûtent encore très cher, l’abonnement annuel pour un grand quotidien parisien est de 80 francs (un employé de bureau gagne alors de 1000 à 2000 francs par an). La diffusion du roman-feuilleton permet d’abaisser le coût de l’abonnement en augmentant la clientèle. Lire la suite

Voyage pittoresque à travers la Russie et l’Asie

Du 1er au 28 février 2019, à la bibliothèque Michel Foucault, le livre du mois du Fonds ancien est consacré aux Costumes civils de tous les peuples de Sylvain Maréchal (1750-1803).

Costumes civils de tous les peuples / Sylvain Maréchal.- Paris et Guigamp : B. Jollivet, 1838

Costumes civils de tous les peuples / Sylvain Maréchal.- Paris et Guingamp : B. Jollivet, 1838

 

L’auteur

Pierre Sylvain Maréchal (1750-1803) est un écrivain, poète et pamphlétaire français.

En 1771, à l’âge de 20 ans, il publie son premier ouvrage en vers, Bergeries, et obtient un poste à la Bibliothèque Mazarine à Paris.

Grand admirateur de Rousseau, Voltaire ou Diderot, Sylvain Maréchal aborde pour la première fois le problème de l’inégalité sociale dans son ouvrage Le Livre de tous les âges (1779).

En 1780, il publie anonymement un ouvrage athée, Fragmens d’un poème moral sur Dieu. Suite à la publication du Livre échappé au déluge (1784), où il expose son point de vue sur la religion, la morale et la société, il perd son poste à la Bibliothèque Mazarine. Lire la suite

Le sort de ce livre est entre vos mains

Du 1er au 31 octobre 2018, à la bibliothèque Michel Foucault, le livre du mois du Fonds ancien est consacré à La cartomancie ancienne et nouvelle ou Traité complet de l’art de tirer les cartes par Arthur Halbert d’Angers (17..-18..)

 

Diseuse de bonne aventure

 

L’auteur

Dans l’ouvrage Typographes et gens de lettres de Décembre-Alonnier (1864), le polygraphe et chansonnier Arthur Halbert d’Angers ou Albert d’Angers (17..-18..), est présenté ainsi : « Écrivain et poète, il est d’une fécondité prodigieuse et peut être appelé l’Alexandre Dumas de ce genre de littérature. Sa réputation est venue de la singularité de son nom qui le fit rechercher par les éditeurs de livres de colportage qui lui confièrent l’exécution de traités des songes, de magie, etc., qui, ornés de la signature d’Halbert d’Angers, pouvaient passer aux yeux des bonnes gens pour être l’œuvre d’un descendant du grand Albert… Il étudia d’abord la médecine. Après l’étude de la machine humaine, il passa à celle de l’horlogerie ; puis s’adonna à l’arquebuserie. Il fit aussi de la gravure. »

Halbert d’Angers a publié de nombreux ouvrages :

  •  Le chansonnier des amis de la gaîté (1851)
  •  Le chansonnier de la Guinguette ou Les délices des buveurs (1851)
  •  Les amours de Béranger : chansonnier nouveau (1856)
  •  Le favori des dames, chansonnier des villes et des campagnes (1857)
  •  Les échos de la gaité française, recueil de chansons, chansonnettes, romances anciennes et modernes (1858)
  •  Refrains joyeux : chansons nouvelles (1858)
  •  Trésor des chansons joyeuses et populaires, anciennes et nouvelles (1860)
  •  Le bon vivant ou La joie du foyer, choix des meilleurs chansons (1878)

L’œuvre

L’ouvrage du Fonds ancien énumère tous les systèmes connus pour interpréter les cartes (système français, égyptien, tarots…). Il détaille aussi les principes de lecture et d’interprétation des horoscopes, de la chiromancie (art d’interpréter les lignes et signes de la main), de la physiognomonie, de la phrénologie (étude du caractère d’un individu d’après la forme de son crâne), etc.

Chiromancie

Selon Halbert d’Angers, ce fut Etteilla seul qui mit au point la manière française de tirer les cartes. Jean-Baptiste Alliette (1738-1791), plus connu sous le nom d’Etteila (anagramme de Alliette), est l’auteur de livres sur l’art et le tarot divinatoire. Il inventa deux jeux divinatoires, le Grand Etteilla, ou tarots égyptiens de 78 cartes, et le Petit Oracle des dames, ou Petit Etteilla. Son Etteilla, ou Manière de se récréer avec un jeu de cartes (Amsterdam et Paris, 1770) est le plus ancien traité de cartomancie en Occident ; c’est grâce à cet ouvrage qu’Halbert d’Angers a été connu comme le premier « tireur de cartes » professionnel. Etteilla publia quelques années après, en 1772, un recueil astrologique (Le zodiaque mystérieux, ou Les oracles d’Etteilla).

Cartomancie

Halbert d’Angers décrit avec minutie et grandiloquence les deux jeux de tarots inventés par Etteilla. L’emphase est de mise dans de savoureux portraits intitulés « Horoscopes des hommes » et sous-titrés « Voyons le portrait de mon mari ». Octobre (le scorpion) sera ainsi « méchant en sa jeunesse, ce qui lui causera des ennemis… c’est pourquoi il sera pauvre. Il fera plusieurs voyages comme vagabond, il sera impitoyable, prendra une femme avec difficulté et aura du bien par adresse ; à la fin il sera en danger d’être tué ». De courts chapitres sont ensuite consacrés à la « physiognomonie ou l’art de juger des inclinations par l’inspection des traits de la figure », au « pronostic du docteur Melchisedech sur la destinée de chaque personne », à « l’alectromatie ou divination par le moyen d’un coq ». Halbert d’Angers termine son ouvrage comme il l’a commencé avec une adresse « aux jeunes personnes dans les pensionnats, les couvents, les réunions pour connaître le nom d’une personne bien chère, ou celle que l’on doit haïr », à travers deux méthodes « L’oracle des petits papiers » et « L’oracle de Vulcain ».

L’ouvrage est volontairement destiné, comme le précise l’avis, aux femmes : « Le sort de ce livre est entre les mains des dames ; ainsi, il est bien juste de leur dédier un ouvrage qui n’a pour but que d’interroger le sort sur ses secrets… Puisque l’amour et la tendresse ont fait naître la Cartomancie, ce devait nécessairement être chez le beau sexe qu’elle devait avoir accès».

La présente édition est ornée de nombreuses gravures sur bois dont le dessin exact des mains de l’Empereur Napoléon et de Joséphine de Beauharnais.

 

Lignes de la main

En conclusion

Au cours du XIXe siècle, de nombreux titres d’ouvrages, se voulant populaires ou non, se sont vendus par colportage. Parmi ces livres et ces opuscules bon marché édités en nombre, se trouvaient des guides pratiques de divination ordinaire, souvent associés à d’autres moyens de prédire l’avenir (marc de café, tarots, astrologie, etc.).

Halbert d’Angers livre ainsi une approche complète de ces différentes méthodes de divination. Et, comme il l’affirme dans un autre ouvrage paru en 1857, L’oracle des dames et des demoiselles, « le temps de l’incrédulité est passé. Des choses si merveilleuses ont été produites de nos jours par les savants qui s’occupent des sciences occultes, qu’en présence de ces prodiges si souvent renouvelés le doute n’est plus permis, et l’on sent que l’esprit humain est encore loin d’avoir atteint l’élévation et la perfection auxquelles il doit parvenir. »

 

Pour aller plus loin :

 

 

Retrouvez votre âme d’enfant à travers l’Histoire des jouets

Du 4 au 30 décembre 2017, dans le hall de la BU Lettres, le livre du mois du Fonds ancien est consacré à l’Histoire des jouets du bibliothécaire et historien français Henry-René d’Allemagne (1863-1950).

Histoire des jouets / Henry-René d'Allemagne. Paris : Librairie Hachette, 1902

Histoire des jouets / Henry-René d’Allemagne. Paris : Librairie Hachette, 1902

L’auteur

Conservateur à la bibliothèque de l’Arsenal (Paris), érudit et collectionneur, Henry-René d’Allemagne (1863-1950) s’est passionné toute sa vie pour les arts décoratifs.

Intéressé par l’histoire de la serrurerie, qu’il aborde dans le cadre de sa thèse d’École des Chartes, Henry-René d’Allemagne intègre comme apprenti de 1885 à 1890 l’atelier d’un des plus célèbres serruriers d’art de son époque, Pierre Boulenger, connu pour la réalisation des ferrures de la porte centrale de Notre-Dame de Paris. Lire la suite

Comme un dernier parfum d’été dans les cours fleuries de l’Île de Ré

Du 4 au 30 septembre 2017, dans le hall de la BU Lettres, le livre du mois du Fonds ancien est consacré aux Cours fleuries et maisons blanches de l’Île de Ré du peintre Louis Suire (1899-1987).

La Couarde

Cours fleuries et maisons blanches de l’île de Ré / texte et illustrations de Louis Suire.- La Rochelle : La Rose des vents, 1962 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, 12131)

L’auteur

Né en 1899 à Cognac, Louis Suire a développé son attrait pour le dessin et la peinture grâce au peintre Louis Napoléon Giraudeau qui fut son professeur de dessin au lycée de La Rochelle. Il devint ensuite élève de l’École nationale des Beaux-Arts avant de s’installer à Paris où il fréquenta l’Académie Julian.

Il se lia alors d’amitié avec Paul Signac, peintre paysagiste, Albert Marquet, peintre post-impressionniste, et André Dunoyer de Sergonzac, peintre, graveur et illustrateur. En 1919, il fit sa première exposition de peintures.

En 1923, il épousa son amour d’enfance, Hélène, et leur fils, Claude, naquit en 1924. Si Louis Suire commença à peindre les divers aspects de l’Île de Ré, ce n’est que cinq ans plus tard, en 1929, que le couple Suire acheta une maison dans l’île, dans le village des Portes-en-Ré. Cette île servit d’inspiration à l’œuvre abondante du peintre et sa maison devint très vite son atelier.

Peintre de paysages, Louis Suire réalisa aussi des portraits et des natures mortes.

En 1937, il fonda à La Rochelle la maison d’édition « La Rose des Vents », principalement consacrée au régionalisme, d’où sortirent de nombreux livres qu’il illustra d’aquarelles à la main ou reproduites au pochoir.

Son emprisonnement durant deux ans dans un camp de travail en Allemagne n’entama pas son envie de découvrir de nouveaux domaines.

Tour à tour conférencier, écrivain régionaliste, auteur-illustrateur, musicien, Louis Suire continua de s’inspirer de l’île de Ré dans ses peintures.

Il s’est éteint en 1987, la même année que sa femme Hélène.

Ars-en-Ré

Cours fleuries et maisons blanches de l’île de Ré / texte et illustrations de Louis Suire.- La Rochelle : La Rose des vents, 1962 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, 12131)

L’œuvre

« Aujourd’hui, j’ai essayé seulement de célébrer le charme des cours fleuries si particulières au pays de Ré et des rues blanches qui séduisent tous ceux qui sont épris de beautés simples », a écrit Louis Suire en avant-propos de son livre.

Publié en 1962, cet ouvrage n’est pas une description du paysage et des monuments de l’Île de Ré telle que l’avait faite Louis Suire en 1952 dans L’Île de Ré d’autrefois et d’aujourd’hui.

Les descriptions des villages de l’Île de Ré comme Loix, Saint-Martin-de-Ré ou le Bois se mêlent aux évocations des lieux les plus emblématiques de l’île tels que le Fier d’Ars ou le Bois de Trousse-Chemise. Des recettes de cuisine locale, comme la mouclade ou les croquettes de moules, précèdent des contes locaux que l’on raconte l’hiver au coin du feu (La pêche du diable, La chercheuse d’épaves, etc.).

« Ce texte, bien imparfait et incomplet, est surtout un prétexte à images colorées où j’ai essayé de traduire la lumière et l’ambiance de cette petite île, pointe extrême de l’Europe au milieu de l’océan, un des bouts du monde… selon l’expression même d’Eugène Fromentin », nous livre encore Louis Suire.

Ars-en-Ré

Cours fleuries et maisons blanches de l’île de Ré / texte et illustrations de Louis Suire.- La Rochelle : La Rose des vents, 1962 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, 12131)

Postérité et influence

La famille Suire a fait des Portes-en-Ré son port d’attache et la maison-atelier est devenue celle de son fils Claude Suire puis de son petit-fils Olivier Suire-Verley. « Mon père était professeur de dessin. J’ai toujours vécu dans le milieu de la peinture, chez nous il y avait des tableaux partout. Le virus familial m’a rattrapé », raconte Claude Suire.

Quant à Olivier Suire-Verley, il expose tous les deux ans aux États-Unis à l’invitation de la Addison Art Gallery, galerie située à Cap Cod sur la côte Est. « Quand on fait de la peinture, on ne s’attend pas à cela. Un Rétais de la Rivière à Broadway, il y a quand même un grand pas à franchir ».

Et même à Broadway, la magie de la mer, celle de l’Île de Ré opère. Comme son père et son grand-père, Olivier Suire-Verley touche le cœur des hommes en peignant leur soif d’évasion et de voyages.

Vous pouvez aussi consulter un autre très bel ouvrage de Louis Suire au service du Fonds ancien, Le charme de la Rochelle et images d’Aunis

La magie des fleurs de Grandville à Walt Disney

Du 5 au 30 juin 2017, dans le hall de la BU Lettres, le livre du mois du Fonds ancien est consacré aux Fleurs animées du caricaturiste Grandville (1803-1847).

Fleurs animées

Les fleurs animées
par J.-J. Grandville ; texte par Taxile Delord
Paris : Gabriel de Gonet, 1847 (Poitiers, Bibliothèque Universitaire, Fonds ancien, M 9376)

L’œuvre
Les Fleurs animées sont publiées en 83 livraisons entre février 1846 et janvier 1847. Le volume présenté ici est complété en fin d’ouvrage par la Botanique des dames et  l’Horticulture des dames du comte Foelix (pseudonyme de Louis-François Raban, 1795-1870, romancier, publiciste et pamphlétaire). Lire la suite

Des peines de cœur d’une chatte anglaise au Voyage d’un lion d’Afrique à Paris : les merveilleux animaux de Grandville

Du 3 au 31 janvier 2017, dans le hall de la BU Lettres, le livre du mois du Fonds ancien est consacré aux Scènes de la vie privée et publique des animaux du caricaturiste Grandville (1803-1847).

Scènes de la vie publique et privée des animaux,

Scènes de la vie publique et privée des animaux,
Vignettes par Grandville. Etudes de mœurs contemporaines publiées sous la direction de M. P.-J. Stahl
Paris : J. Hetzel et Paulin, 1842. (Poitiers, Bibliothèque universitaire, Fonds ancien, M 9358)

L’auteur
Né à Nancy en 1803, Grandville commence sa carrière comme apprenti miniaturiste dans l’atelier de son père, puis dans celui d’un miniaturiste parisien. En 1829, il connaît le succès grâce aux Métamorphoses du jour et se tourne vers la caricature animale dont il fera sa spécialité jusqu’à la fin de sa vie. En 1830, Grandville commence à travailler pour la presse satirique en publiant dans différents journaux comme La Silhouette, La Caricature ou le Charivari. En 1835, il abandonne la caricature politique en raison de la censure imposée aux journaux d’opposition. Lire la suite