Les Modes de transmission
2.3 LTE et MIMO
2.3.1 Chaîne de transmission dans le sens descendant.
La couche physique du LTE se décompose en sous-bloc afin de répartir les flux d’informations issues de la couche MAC en bloc de transport jusqu’au mappage OFDM transmis sur chaque antenne.
Le synoptique de la chaine de transmission est décrite à la figure 2.10.
Figure 2.10. Chaîne de transmission MIMO
Afin de détailler le rôle de la chaîne, nous allons séparer l’étude en trois sous-parties :
- Description de la chaîne entre les mots de code (codeword) aux couches spatiales
- Description de la matrice de Précodage et association avec les modes de transmissions
- Affectation aux ressources spectrales : Association du signal de référence au port d’antenne.
2.3.1.1 Chaîne de transmission du mot de code aux couches spatiales
A chaque TTI, la couche MAC délivre un ou deux bloc de transport (de taille TBS)
Un code CRC (cyclic redundancy check) de 24 bits est rajouté au transport bloc. L’objectif est de détecter une erreur de transmission. Le code CRC est le reste de la division euclidienne du transport block par le générateur G exprimé par l’équation suivante.
La séquence binaire est ensuite segmentée en bloc de codage. Un CRC de 8, 16 ou 24 bits est rajouté à chaque bloc de codage avant d’être codé par un turbo-code ou un code convolutif. Le Turbo code utilise deux entrelaceurs dont la taille minimum est de 40 bits et la taille maximum est de 6144 bits (la norme propose 188 tailles différentes). Les codes bloc ont donc une taille comprise entre 40 bits et 6144 bits.
Le turbo code a un rendement de 1/3, le signal est ensuite poinçonné ou répété afin d’adapter la taille du flux de bits de sortie au débit désiré.
Le flux de bits ainsi obtenu se nomme codeword ou mot de code.
Figure 2.11. Couche Physique LTE
Le mot de code est ensuite embrouillé par une séquence pseudo-aléatoire de Gold (scrambling) et modulé suivant la modulation QAM définie par la couche MAC. La séquence de Gold est calculée en fonction de l’identité de la cellule, et avec l’identifiant RNTI de l’UE pour les canaux PDSCH, PUSCH et PUCCH. Ainsi, le récepteur peut séparer les mots de code provenant de cellules différentes dans le sens descendant et les mots de code provenant d’UE différent dans le sens montant et d’un même UE dans le cadre du MIMO.
Les mots de blocs embrouillés et modulé sont issus de la segmentation du bloc de transport ou des blocs de transport et constituent les sources d’entrées du bloc MIMO. On numérote par 0 et 1 les mots de code issus des blocs de transport.
En R.8, dans le sens descendant, les mots de code peuvent être transmis sur 1, 2 ou 4 antennes physiques. Dans le cas d’un retour d’information, l’eNb utilise l’information du rang de la matrice de propagation (RI) pour définir le nombre de couches spatiales utilisable par l’UE. Le nombre de couches spatiales est inférieur ou égale au RI. Le bloc Layer Mapper a pour objectif d’associer le ou les mots de codes au nombre de couches spatiales. Le nombre de couche spatiale est donc de 1, 2 ou 4 pour la R.8 et jusqu’à 8 antennes à partir de la R.10.
La figure 2.7 est un exemple de mise en correspondance de deux codewords vers 4 couches spatiales. Cependant, les différentes combinaisons résumées dans la table 2.7 existent.
Table 2.7. Associations entre mots de code et couches spatiales pour le sens descendant
SM : Spatial Multiplexing et DT : Diversity Transmission
2.3.1.2 Les matrices de précodage et les modes de transmission en DL
Après avoir disposé les mots de codes sur les différentes couches spatiales, chaque couche spatiale est précodée par des coefficients complexes en fonction du mode de transmission (TM) et transmis vers des ports d’antennes. Nous reviendrons sur la notion de port d’antenne ultérieurement et sur l’association entre les ports d’antennes et les antennes physiques.
Le traitement du signal consiste à convertir L couches spatiales vers N ports d’antennes en multipliant les symboles d’entrées par des coefficients complexes (matrice de précodage de taille N x L).
Le précodage s’appuie sur une matrice extraite d’un livre de code (codebook). Le livre de code est connu par l’UE et l’eNb et dans le cas de l’estimation du CSI avec retour vers l’émetteur, l’UE informe l’eNb de la matrice de codage la plus adaptée parmi la liste définie dans le livre de code. L’UE renvoie le numéro de la ligne correspondant à la matrice et cette information est portée par le PMI.
Dans le sens descendant, 10 modes de transmission ont été définis :
- TM1 à TM7 ont été définis dans la R.8.
- TM8 a été défini dans la R.9
- TM9 a été défini dans la R.10
- TM10 a été défini dans la R.11
- TM9 a évolué dans la R.13 pour gérer les UE dédiés aux objets connectés.
TM1 : Single Transmission antenna.
Dans le cas de la transmission SISO, une seule antenne est utilisée à l’émission et une seule en réception.
TM2 : Transmit Diversity
La diversité de transmission utilise :
- pour deux antennes d’émission : le codage SFBC (Space Frequency Block Coding). Il s’agit du codage Alamouti exploité en fréquence et non en temps (ce qui le différencie du STBC). La figure 2.4 illustre le code Alamouti en temps, on retranscrit le code dans le domaine fréquentiel :
En écrivant :
Alors, on obtient :
La matrice de précodage est donc (cf. section 6.3.4.3 3GPP TS 36.211) :
- Pour 4 antennes d’émission : le codage FSTD (Frequency Switched Transmit Diversity) : 4 symboles sont découpés en 2 paires, chaque paire est transmise sur deux antennes comme le SFBC sur des RB différents (frequency switched). Chaque ligne de la matrice correspond un port d’antenne :
est le code en temporel. Lorsqu’on retranscrit en fréquentielle, on obtient :
Se référer à la section 6.3.4.3 3GPP TS 36.211
Les canaux PDSCH, PDCCH et PBCH utilisent la diversité de transmission.
TM 3 – Open loop spatial multiplexing with CDD (Cyclic Delay Diversity)
Le multiplexage spatial en boucle ouverte se base sur le choix d’une matrice de précodage au niveau de l’émetteur sans connaissance de l’estimation du canal. En général, ce mode est choisi lorsque l’UE se déplace rapidement (scénario de haute mobilité) et le temps de calcul de l’estimation du canal (PMI) est supérieur au temps de cohérence du canal. Le RI est néanmoins transmis à l’eNb mais pas le PMI.
Ce mode supporte le multiplexage spatial de 2 ou 4 couches transmises simultanément sur 2 ou 4 antennes. La matrice de précodage utilisée en émission est connue par le récepteur et se calcule par le produit de trois matrices : Une matrice de taille N x L et deux matrices carrées D et U de taille L x L : D.U
La matrice W distribue le signal provenant de chaque couche vers les P ports d’antennes, la matrice D permet d’avoir un décalage alors que la matrice U distribue l’énergie sur chacun des ports d’antennes.
Avec :
Table 2.8. Bibliothèque de matrices de précodage pour deux ports d’antennes
Afin de connaitre la position des colonnes constituant la matrice de précodage W, on se réfère à la spécification TS 36.211 Table 6.3.4.2.3-2 (cf. table 2.9).
Table 2. 9. Bibliothèque Tableau de codes pour la transmission sur 4 antennes en DL
Pour l’index 0 et pour deux couches spatiales, la matrice de précodage est constituée de la colonne 1 et de la colonne 4 de la matrice w0, laquelle se calcule à partir du vecteur u0.
Pour le mode de transmission TM3, 4 antennes, l’index est 12, 13, 14 et 15.
Les matrices D et U sont définies dans la spécification 3GPP TS 36.211 (Table 6.3.4.2.2-1) :
Table 2.10. Matrice de précodage : Matrices U et D
CDD représente la diversité temporelle : Un bloc est retransmis avec un retard spécifique constant représenté par U
TM3 : Transmit Diversity
Le TM3 nécessite uniquement l’information RI. Le PMI n’est pas transmis. Dans le cas où le rang de la matrice est unitaire, le mode TM3 est utilisé pour la diversité d’émission
Dans ce cas, la matrice de précodage est identique à la matrice de précodage du mode TM2
TM 4 – Multiplexage spatiale en boucle fermée (CSI transmis à l’émetteur)
Ce mode supporte le multiplexage spatiale SU-MIMO jusqu’à 4 couches spatiales multiplexées jusqu’à 4 antennes. L’estimation du CSI est réalisée à partir du CRS ce qui signifie que le retour de l’UE n’exploite pas de pilote dédié à l’UE.
La matrice de précodage s’appuie
- Sur la table xx.8 pour un utilisateur transmettant un ou deux couches spatiales sur 2 ports d’antennes.
- Sur la table xx.9 pour un utilisateur transmettant une à 4 couches spatiales sur 4 ports d’antennes.
Dans le TM4, les mêmes ressources temps fréquentielles sur les différentes antennes sont transmises vers un seul UE
TM 5 – MU-MIMO
Ce mode est similaire au TM4, il supporte la fonction de multiplexage spatial en boucle fermée de deux utilisateurs (MIMO 2×2) ou de 4 utilisateurs (MIMO 4×4). La matrice de précodage est extraite à partir des mêmes tables.
Dans le TM5, les ressources temps fréquentielles sur les différentes antennes sont transmises vers plusieurs UE
TM6 : Multiplexage spatial en boule fermé en utilisant qu’une seule couche de transmission.
Ce mode est un cas particulier du TM4 pour lequel le rang de la matrice (RI) est 1. L’UE estime le canal et retourne l’index PMI de la matrice de précodage la plus adaptée.
Dans le cas de deux antennes, la matrice de précodage est définie par la table xx.8 (1ère colonne) et par la table xx.9 (1ère colonne) dans le cas de 4 antennes.
TM7 : Faisceau de voie (Beamforming)
Le mode TM7 peut être vu comme le mode TM6 en boucle ouverte. Le faisceau de voie est dédié vers un UE, l’estimation du canal s’appuie de la part de l’UE sur le signal de reference UE-specific RS. Ainsi, les données et l’UE-RS sont précodés par la même matrice.
TM8 : Faisceau de voie sur deux couches
La R.8 a spécifié le beamforming sur une seule couche (TM7). La R.9 a specifié le beam-forming sur 2 couches. Ainsi, le TM8 permet de combiné le beamforming avec un multiplexage spatial pour un ou plusieurs utilisateurs. L’utilisation de deux couches permet également de faire du SU-MIMO ou du MU-MIMO.
TM9 : Faisceau de voie sur deux couches
La R.10 a spécifié le TM.9 pour étendre les configurations du MIMO sur 8 antennes. Ainsi, le SU-MIMO et le MU-MIMO sont définies dans le TM9 (comme une extension du TM4 et du TM8)
Pour pouvoir exploiter 4 antennes supplémentaires, la R.10 propose 8 signaux de références nommés CSI-RS et de nouvelles matrices de précodage calculées à partir des mots de codes existants : W=W1W2 ou :
- W1 est une matrice de précodage diagonale large bande permettant de définir la sélection de voies
- W2 change la phase du signal sur chaque polarisation de l’antenne
TM 10
Le TM10 est similaire au TM9 mais les antennes utilisées peuvent être sur des eNb différents. Le TM10 supporte la technologie COMP
xx.3.1.3 Les matrices de précodage et les modes de transmission en UL
La R.8 et la R.9 ne spécifient pas la possibilité de faire du MIMO sur le sens montant.
A partir de la R.10, les UE supportent le MIMO jusqu’à 4 couches, il n’existe donc que deux modes de transmission en Uplink :
TM1 : SISO
TM2 : Closed loop spatial Multiplexing
2.3.2 Les mappage sur les éléments de ressources
Le dernier bloc de la chaîne de transmission correspond à l’association entre les ports d’antennes et les antennes physiques.
Les ports d’antennes sont des entités logiques qui se définissent par les signaux de références qu’ils transportent. La table xx.11 fait l’association du port d’antenne et du signal de référence.
Table 2. 11. Association Signaux de références et port d’antenne pour le DL
Signaux de références CRS
Dans le chapitre sur la structure de la trame radio LTE, nous avons vu que les signaux de références CRS sont insérés dans chaque bloc de ressource (RB) émis par la station de base. L’UE doit estimer toute la bande du canal à partir de la connaissance du CRS et même en cas de forte mobilité (120 km/h à 250 km/h).
Les signaux de références CRS sont insérés dans tous les RB de la bande avec un motif répétitif.
Pour un préfixe cyclique normal, le mappage est effectué sur le premier et cinquième symbole OFDM de chaque slot pour les ports d’antennes 0 et 1 et sur le deuxième symbole OFDM pour les ports d’antennes 2 et 3.
Au niveau fréquentiel, les CRS sont espacés de 6 sous porteuses sur chaque port d’antenne et peut prendre une position parmi les 6 positions possibles. La position en fréquence du CRS dépend de l’identité physique PCI de la cellule.
De plus, les éléments de ressource utilisés pour le port d’antenne p0 ne doivent pas être utilisés pour le port d’antenne p1, et vice versa pour éviter les interférences entre antenne.
Ainsi, la figure 2.13 présente le mapping dans le cas du préfixe normal (7 symboles par slot) pour une, deux et 4 antennes
Figure 2. 13. Mappage des CRS dans les ports d’antennes
L’allocation de ressources des données transmises est signalée dans le canal physique PDCCH par l’information .
La table 2.12 propose une synthèse entre le TM et les ports d’antennes.
Table 2. 12. Correspondance entre le TM et les ports d’antennes