Gestion de l’itinérance (Part 2) : la mobilité des UE

Part 2 : Gestion de la mobilité

II-1) – La signalisation


Le réseau GSM et 3G s’appuie sur l’architecture traditionnelle de la téléphonie commuté et exploite le protocole de signalisation SS7 (cf. http://mooc-ipad-formation.eu).
Ainsi, la gestion de la mobilité, la gestion de la localisation et de l’authentification étaient pris en charge par le protocole MAP (Mobile Application Part).

Ce protocole décrit les messages transmis entre les différents équipements du réseau de l’opérateur Home (HPLMN) et l’opérateur visité (VPLMN). Lors d’une première phase de migration vers l’IP, la signalisation SS7 initialement transportée sur des liens traditionnels TDM comme le E1/T1 est dorénavant encapsulée sur l’IP via le protocole SIGTRAN.

Mais, le réseau LTE n’utilise pas le protocole de signalisation SS7 : Diameter a été préféré et remplace le protocole MAP en supportant toutes ses fonctionnalités.

Le protocole DIAMETER a été adapté pour le LTE afin de gérer la gestion de mobilité des UE au sein du LTE mais le protocole doit également assurer l’interconnexion entre le LTE et les réseaux 2G/3G (DIAMETER to MAP). Pour échanger des données de signalisation, DIAMETER utilise des AVPs (Attribute Variable Pair) afin d’encapsuler les données en provenance d’applications reconnues.

Sur le tableau suivant, en guise d’exemple, nous donnons la traduction des messages MAP/DIAMETER.

diameter_map

II-2) L’architecture du réseau LTE

Pour comprendre la gestion de la mobilité sur le réseau LTE, il est nécessaire de revenir sur l’architecture du réseau en insistant (en rouge) sur la partie roaming (cf. article précédent).

LTE_roamingLes interfaces en rouges sont exploitées lors du roaming, nous allons les détailler pour plus de clarté :

  • Gestion de la mobilité :

L’interface S6a permet de transférer des données d’authentification et de localisation entre le MME et le HSS via Diameter afin d’autoriser ou non l’accès d’un utilisateur au réseau LTE.
En général, l’authentification est réalisée en respectant le protocole AAA lequel réalise trois fonctions : l’authentification, l’autorisation, et la traçabilité (en anglais : Authentication, Authorization, Accounting/Auditing)
L’interface S6d autorise les échanges d’informations relatives au protocole AAA entre le SGSN et HSS sur (over) DIAMETER.

  • Policy Control and Charging

L’interface S9 transfère la politique de contrôle de la QoS et les informations de taxation entre le HPCRF (Home Policy and Charging Rules Functionality) et le PCRF (Policy and Charging Rules Function) du V-PLMN toujours sur Diameter (cf. architecture SAE/LTE)
Le PCRF supervise les flux sur le réseau LTE : Il peut détecter les types de flux et de services (DPI : Deep packet Inspector) et met en relation la taxation adaptée (abonnement, calendrier) sur ce type de flux.

  • GTP Traffic

Le flux de données est transporté via un tunnel entre le SGW et le PGW sur l’interface S8. On retrouve le même fonctionnement en 2G et 3G, entre le SGSN et le GGSN.

II-3) Mise à jour de la localisation

Lorsqu’un utilisateur authentifié est en déplacement, le premier message reçu par le cœur de réseau est un message de Mise à Jour de la localisation (Location Update), quel que soit le protocole MAP ou DIAMETER utilisé.

Cependant, dans le cas

  • GSM MAP; le message ISD (Insert Subscriber Data) transporte le profil complet de l’abonné et si l’information complète ne peut être transmise dans un seul message ISD, le V_PLMN demande la transmission des informations complémentaires via d’autres messages ISD.

En 2G/3G, le protocole INAP/CAMEL est utilisé chaque fois qu’un utilisateur est en itinérance sur un autre réseau. LTE ne supporte pas le protocole CAMEL, il n’existe pas de traduction de message INAP vers le protocole DIAMETER

  • Pour DIAMETER, le LUA (Location Update Answer) transporte le profil de l’abonné. Ainsi, le DIAMETER ISD n’est utilisé que lorsque le H-PLMN demande un changement dans le profil de l’abonné.

Sur les figures ci-dessous, nous illustrons la partie Location Update via le protocole MAP (figure de gauche) et via le protocole Diameter (figure de droite)

Loc_Update_MAP_Diameter

II-4) Contrôle de la politique de QoS et facturation en temps réel

Dans le précédent article, nous avions vu deux techniques de routage de trafic, soit via le P-GW du réseau visité (Local Breakout) soit via le P-GW du réseau home (Home Routing).

Dans le premier cas, il est nécessaire de définir un accord pour échanger les informations de contrôle d’appel via l’interface Gy entre les deux PLMN. Ainsi, le PDN du V-PLMN peut interagir directement avec le système de tarification (charging system) du H-PLMN.

II-4.1) Home Routing

Basons-nous sur l’architecture du LTE, en focalisant notre attention sur les équipements impliqués lors du roaming. Sur la figure suivante, le V-PCRF communique avec le H-PCRF via l’interface S9 mais la facturation en temps réel (Real Time Charging) n’est pas transmise sur l’interface S9, mais via l’interface Gy selon le protocole DIAMETER RFC 3588.

Chaging_system_HPLMN

Concernant le roaming 2G/3G vers la 4G (on parle de roaming INTER-RAT), il faut savoir que le PCEF n’est pas pris en charge sur le réseau 2G/3G, ce qui pose un souci de QoS lors d’un roaming inter-RAT. En effet, dans le cas du réseau 2G ou 3G, le GGSN était dédié aux données et la QoS était spécifiée par la création d’un PDP context, la téléphonie était géré par le MSC, les SMS par le SMSC, et les services avancés par CAMEL.

II-4.2) Local Breakout

La procédure est légèrement différente, puisque c’est le PCEF du réseau visité qui transmet les informations de facturation en temps réel au H-PLMN. Les mêmes interfaces que précédemment sont utilisées.

Chaging_system_PLMNs

Diameter : La panne d’Orange?

Les explications techniques d’Orange

Après avoir émis des hypothèses élémentaires (lors d’un précédent article) sur des raisons de la panne, nous avons eu quelques éléments de réponses ces derniers jours.

La première communication portait sur l’évocation de panne logicielle. Une panne logicielle ne permet pas de positionner le moindre problème, il ne s’agit qu’un argumentaire commercial pour rassurer les investisseurs et les clients : L’opérateur souhaite communiquer sur le fait que son réseau est correctement dimensionné et que le problème peut se résoudre sans aucun investissement supplémentaire et qu’en même temps la panne (logicielle) est arrivée sans pouvoir anticiper (sans alarme sur son réseau de supervision, alors qu’une panne matérielle peut être rapidement identifiée). C’est un peu comme si je vous disais que votre voiture à une panne logicielle, ce n’est ni une pièce mécanique, ni un problème électrique, c’est presque comme si c’était un soft qu’il « faudrait remettre à jour ».Rassurant non? Pas convaincant.

Seulement, on est curieux et on ne pouvait pas se contenter de cette explication. Sur RTL, le PDG d’Orange a détaillé la cause de ce problème :

 » La panne est lié à un «dysfonctionnement logiciel» dans des équipements gérant «la signalisation des appels.

Cet incident inédit par son ampleur est «lié à un dysfonctionnement logiciel ayant affecté un type d’équipement très particulier qui a eu cet effet très important parce que c’est un équipement du coeur de réseau», selon M. Richard. Il écarte toute idée de saturation du réseau mobile d’Orange due à un trafic trop important. »

 

Avant d’expliquer cette réponse, selon les sources indépendantes, il semble juste d’affirmer que  le réseau d’Orange est suffisamment dimensionné à ce jour pour gérer le trafic de tous ses utilisateurs malgré l’augmentation régulière de ce trafic (1).

 

Dysfonctionnement logiciel» dans des équipements gérant «la signalisation des appels

Le réseau mobile se divise en plusieurs sous réseaux :

  • BSS : le sous système radio constitué de la partie visible du réseau  pour l’utilisateur (Téléphone, carte SIM, Antennes relais – station de base) et d’un controleur (BSC ou RNC)
  • NSS : Sous sytème réseaux ou coeur réseau (CN) est composé de commutateur circuit pour la voix (MSC) et de commutateur paquet (SGSN) pour les données et des passerelles (GMSC/GGSN)

Pour revoir les éléments du réseau, je vous invite à consulter la page traitant de l’évolution technique de la 2G à la 4G ou à récupérer ma présentation pour Les journées du Numériques – 5 juillet 2012.

 

Les MSCs dans le coeur réseau ont/avaient pour rôle

  • l’interconnexion avec les autres réseaux (réseau téléphonique classique par exemple)
  • la coordination des appels
  • le choix du routage et de la communtation

GSM_R99.jpg

 

Depuis cette première configuration, la release R4 a été proposée comme amélioration du réseau GSM et 3G. L’objectif est de faire évoluer le rôle du MSC en deux sous partie, un commutateur matériel soumis au contrôle d’un serveur.

 

GSM_R4.jpg

 

Ce concept est développé dans les articles traitant du NGN. Il peut y avoir une panne logicielle sur les MCS-S (Serveur de MCS nommé softswitch) seulement si tel est le cas la panne reste régionale et non nationale.

 

En effet, pour bien comprendre le principe prenons l’exemple du réseau ferroviaire avec des TGV (3G+, H+), des TER (GSM, GPRS). Le guidage des trains (commutation) s’effectue via l’aiguillage des voies. Supposons un contrôleur sur chaque aiguilleur, on est dans la configuration ou le MSC fait le routage. Centralisons maintenant la commande des aiguilleurs sur un PC central, le PC ne fait que commander les aiguilleurs. C’est le rôle du MSC-S.

 

Vous achetez votre billet, un billet electronique. Le contrôleur arrive et supposons que l’accès à la base de données n’est plus accessible, le contrôleur ne peut plus vérifier votre billet. Pourtant l’aiguillage fonctionne, on vous dirige vers le bon endroit mais votre ticket n’étant pas validé, on vous refuse l’accès au train. Si le HLR ou le AuC n’est pas accessible, le réseau refuse votre mobile.

 

Reprenons maintenant les propos du PDG Stephane RICHARD

 » La panne est lié à un «dysfonctionnement logiciel» dans des équipements gérant «la signalisation des appels.

Cet incident inédit par son ampleur est «lié à un dysfonctionnement logiciel ayant affecté un type d’équipement très particulier qui a eu cet effet très important parce que c’est un équipement du coeur de réseau», selon M. Richard. Il écarte toute idée de saturation du réseau mobile d’Orange due à un trafic trop important. »

Les équipements gérant la signalisation des appels (c’est à dire informe le réseau que vous souhaitez passer un appel sont le BSC (accès radio), le MSC, le VLR (HLR local), le HLR et des éléments du réseau intelligent (IN CAMEL).

Nous éliminons le problème du BSC (local et situé dans le sous système radio), du MSC (régional), le VLR (associé au MSC) et le centre AuC associé au HLR. Ce dernier (AuC) ne gère pas la signalisation. Il semblerait donc qu’on s’achemine sur un problème logiciel avec le HLR? Il s’agit effectivement d’un équipement particulier du coeur du réseau (CN).

En fait, je ne vous ai pas tout dit ici. Si on reprend le précédent article, je parlais aussi de la taxation (repensez au controleur). Dans le réseau, il existe un équipement chargé de la taxation et de la QoS.

 

Diameter

Après réflexion, il est fort à parier que la panne vient de ce serveur et l’évolution du réseau vers la 4G. Diameter est non seulement chargé de la gestion de la taxation et de la QoS mais est aussi le remplacement de la fonction MAP, c’est à dire de la gestion de la mobilité par un réseau IP. Dans ce cas, il est nécessaire de mettre en place une évolution des protocoles SS7/MAP vers Diameter (panne logicielle ou incompatibilité logicielle)? Ce petit paragraphe nécessite des explications

Un autre chapitre sera prochainement dédié à Diameter, un élément clé vous l’aurez compris dans l’évolution du réseau NGN.

 

(1) Rapport de l’ARCEP :

Les clients des opérateurs mobiles affichent, ce premier trimestre 2012, des niveaux de consommation en forte progression : +5,2 % en un an pour la  » voix « , un taux rarement atteint depuis 2007, +30,6 % pour le volume de SMS et +73,4 % pour le volume de données. Cette tendance est soutenue par une croissance annuelle des forfaits mobiles  » voix-data  » (+7,0 % en un an) très dynamique, progressant de trois points en un trimestre. Le nombre de clients des services sur réseaux mobiles en France (cartes SIM en service) s’élève ainsi à 69,5 millions à fin mars 2012 (+4,0 millions de cartes), soit un taux de pénétration de 106,5 % en augmentation de six points en un an.