Buffon et Réaumur : deux approches opposées de la nature

Le mardi 4 février à 12h et le mercredi 5 février à 18h au Fonds ancien, une Heure du Livre ancien aura pour thème Buffon et Réaumur, deux approches opposées de l’histoire naturelle en France au XVIIIe siècle.

Portrait du naturaliste Georges Louis Leclerc, comte de Buffon, par François-Hubert Drouais, 1761 / Portrait de René-Antoine Ferchault de Réaumur, par Jules Pizzetta, 1893

Portrait du naturaliste Georges Louis Leclerc, comte de Buffon, par François-Hubert Drouais, 1761 / Portrait de René-Antoine Ferchault de Réaumur, par  Jules Pizzetta, 1893

Les ouvrages Histoire naturelle générale et particulière (1749-1789) de Buffon et Mémoires pour servir à l’histoire des insectes (1734-1742) de Réaumur peuvent être considérés comme deux approches contradictoires de l’histoire naturelle et, d’un point de vue rétrospectif, comme l’illustration des valeurs que les sociétés occidentales attribuent à la nature.

Commençons par Réaumur. Sa contribution à l’histoire naturelle s’effectue par l’étude des insectes. Ses Mémoires forment pour la première fois une véritable investigation entomologique alors que les insectes sont encore dénigrés au XVIIIe siècle, perçus comme des bêtes insignifiantes, des « excréments de la terre ». Il faut dire que son « insectologie » se conforme à une approche religieuse prisée à cette époque : la physique théologique, dont les ouvrages glorifient le Créateur comme l’auteur d’une nature parfaite et admirable dont la moindre manifestation (tels les insectes) mérite adoration et louanges. De fait, si Réaumur aborde les insectes par la recherche expérimentale de leur utilité pour le bien commun, il ne cesse jamais de s’émerveiller devant ces petites créatures divines tout en ne cédant pas – en bon cartésien qui se méfie des lieux communs sur la nature, popularisés par les Anciens – à la tentation de raconter des « histoires » (fables, légendes etc.). Son approche de la nature paraît ainsi, de façon étonnante, en phase avec les naturalistes modernes qui ne s’intéressent pas qu’aux « grands » faits de nature mais à tous, avec curiosité et sans distinction. Cette approche de la nature, objective, attentive et ouverte, est demeurée minoritaire dans notre culture. Lire la suite

Marcello Malpighi ou les débuts de l’anatomie microscopique

Du 7 au 31 janvier 2019, la bibliothèque Michel Foucault accueille les œuvres complètes, Opera Omnia, de Marcello Malpighi, naturaliste et médecin italien du XVIIe siècle.
Cette manifestation s’inscrit dans le cadre du Livre ancien du mois : chaque mois, sauf en juillet-août et excepté événement de plus grande ampleur, un ouvrage du Fonds ancien est exposé, accompagné d’un commentaire.

Une petite présentation commentée (30 min) aura lieu mardi 15 janvier à 12h.
Pour s’inscrire : FondsAncien@univ-poitiers.fr ou 05 49 45 32 91.

Opera omnia / Marcello Malpighi.- Londres‎ : Robert Littlebury, 1686-1687 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, Kg 4)


L’auteur

Marcello Malpighi est né en 1628 à Crevalcore, en Italie. Fils d’une famille de paysans plutôt aisés, Malpighi partit étudier la philosophie à l’âge de 17 ans, puis la médecine à l’Université de Bologne. Il obtint son diplôme de docteur en médecine et en philosophie en 1653 et accepta, 3 ans plus tard, une chaire de médecine à Pise. En 1659, il revint à Bologne où il enseigna la médecine théorique et pratique, puis fut élu en 1662 à la première chaire de médecine à l’Université de Messine. Lire la suite

Jan Swammerdam, entre science et mysticisme

Du 3 au 30 avril 2018, dans le hall de la BU Lettres, le Livre ancien du mois est consacré à l’Histoire naturelle des insectesœuvre principale de Jan Swammerdam, naturaliste du XVIIe.

Histoire naturelle des insectes, traduite du Biblia Naturæ de Jean Swammerdam dans Collection académique par une Société de Gens de Lettres, Dijon : Desventes, 1758 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, M 270701-5)

L’auteur

Jan Swammerdam est né à Amsterdam en 1637. Enfant, il fut marqué par le cabinet de curiosités naturelles que possédait son père. Aussi, après une thèse de médecine, il consacra son existence à l’étude des animaux, et plus particulièrement des insectes, au grand désespoir de son père apothicaire qui espérait le voir exercer la médecine.

Vers l’âge de 20 ans, Swammerdam commença à disséquer des insectes. Lire la suite

Réaumur, auteur d’une grande œuvre sur les petites bêtes

Pour qui s’intéresse aux insectes, le service du Fonds Ancien conserve les 6 tomes des « Mémoires pour servir à l’histoire des insectes » de Réaumur qui, avec Linné, constitue la plus grande figure de l’entomologie du XVIIIe siècle.

Réaumur, page de titre des « Mémoires… », tome 1 (Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien, M 5038)

En quoi cette œuvre « monumentale » est-elle digne d’intérêt ? Parce qu’avant Réaumur, la science des insectes (qui ne s’appelait pas encore « entomologie ») avait suivi trois grandes voies incomplètes ou défectueuses. Lire la suite