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JEANNE DANS LE TEMPS

Jeanne d’Arc est sans doute l’une des figures féminines les plus représentées en France. Son destin exceptionnel en fait une icône nationale française. Elle est à la fois protectrice de la France et Sainte canonisée par Benoît XV en 1920.

La connaissance de la vie de Jeanne d’Arc repose presque intégralement sur les dossiers constitués lors de sa condamnation en 1431 et sa réhabilitation en 1456. Les nombreux paradoxes relevant de son histoire peuvent être expliqués par le décalage entre les dires d’une simple paysanne, les retranscriptions des hommes de lois et des religieux lors de son procès, mais aussi les interprétations de mauvaises foi de ses ennemis.

Les encyclopédistes des Lumières la considèrent comme une « simplette » manipulable, alors qu’elle reçoit les plus ferventes louanges du catholicisme. Elle est aussi raillée par les Classiques, plus particulièrement par Voltaire dans La Pucelle d’Orléans en 1762.

Jeanne retrouve ses lettres de noblesse parmi des littérateurs romantiques, tels-que Schiller ou Southey, en tant que modèle de résistance face à l’envahisseur. Le patriotisme moderne, qui s’exprime tout au long du XIXe siècle, stimule l’accaparement de la figure johannique par les différents régimes politiques qui se succèdent. Napoléon Ier rétablit la fête de Jeanne d’Arc en 1803. Bien que n’étant pas impliquée dans le culte Napoléonien arrêté par décret le 16 février 1806, Jeanne semble être déjà perçue comme une figure unificatrice de la Nation française sous le Consulat puis sous l’Empire. Son ambivalence symbolique semble en effet parfaitement servir le régime Napléonien, en partie fondé sur l’admiration du génie militaire de l’empereur, dans un contexte où la France est de nouveau liée à l’Eglise depuis la signature du Concordat en 1802. Enfin, elle incarne aussi le volontarisme face à « La Perfide Albion » dans un contexte profondément anglophobe.

Sous la Restauration, elle relie le Trône et l’Eglise et symbolise la protection de la royauté, par l’aide qu’elle à apporté à Charles VII. La IIIe République marque un nouveau temps fort de la récupération politique de la figure Johannique. Les anti-cléricaux et les cléricaux se la disputent. Les uns y voient la figure d’une innocente victime du clergé, tandis-que les autres semblent déjà y voir la figure d’une Sainte. Dès 1869 Monseigneur Dupanloup, évêque d’Orléans, demande officiellement la canonisation de Jeanne. La défaite de Sedan en 1870 alimente un contexte germanophobe venant renforcer sa symbolique nationale. Reconnue Vénérable en 1896, elle est canonisée durant l’entre-deux guerre par le pape Benoit XV.

L’APPROCHE DU BLOG

Jeanne d’Arc « se transforme au gré des passions françaises […] et son histoire se mue en mythe », d’après Julie Deramond. Les différents utilisations de son images et sa légende furent l’objet d’une activité scientifique intense, à travers, notamment, les travaux de Maurice Agulhon, Colette Beaune, Jean-Patrice Boudet, Olivier Bouzy ou encore Xavier Hélary. Encore récemment, Julie Déramond proposait une thèse synthétisant les différentes manières dont la Pucelle d’Orléans put être représentée aux XIXe et XXe siècles.

La question des représentations de Jeanne d’Arc est complexe. Elle recoupe la quasi-intégralité des approches épistémologiques liées au sciences historiques. De ce fait, le présent blog concentre sa problématique sur la fête de Jeanne d’Arc donnée à Orléans en 1855 (la question des sources est abordée dans l’article « Généralités sur la célébration »).

Pour autant, il s’agit de ne pas circonscrire la réflexion. L’élaboration de ce blog a été l’occasion d’une recherche documentaire mettant au jour de nombreuses œuvres musicales et picturales. Inspirés par l’historiographie récente, les auteurs proposent donc quelques articles « Au delà du sujet » et mettent à disposition un corpus d’étude qui n’a pas encore été l’objet de réflexion scientifique autour des questions de représentation.

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FREMIET EMMANUEL, bronze doré, 1899, Paris, Place des Pyramides

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REAL DEL SARTE, bronze, 1929, Poitiers, devant le palais de justice