Travailler plus pour gagner plus, épisode 134



On connaît la rengaine de Nicolas Sarkozy, par exemple ici :

"Il faut poser la question de l’augmentation des salaires dans notre pays parce que toute ma stratégie économique est fondée là dessus. Le premier problème économique des Français, c’est une question de pouvoir d’achat, il faut donner du pouvoir d’achat aux Français, pour donner de la croissance et pour cela il faut permettre aux gens de travailler plus. Il faut savoir qu’un salarié qui travaillerait quatre heures de plus pourrait gagner 15 % de plus. L’erreur des 35 heures a été une erreur considérable qui a conduit les Français à une rigueur salariale qui a pesé sur la croissance de la France." (source : l’interview de Nicolas Sarkozy dans l’emission « A vous de juger » sur France 2. 30/11/2006)


Discours bien assimilé par les politiques UMP, j’ai pu en juger sur France 3 l’autre jour (On a pu en juger également avec la réponse de Barnier à France Europe Express il y a quelques temps)… Les délocalisations? la faute aux 35 heures. La baisse du pouvoir d’achat? la faute aux 35 heures. Le problème des retraites? la faute aux 35 heures. L’Allemagne plus forte que la France? La faute aux 35 heures. La grippe aviaire? La faute aux 35 heures. etc.

On a donc un enchaînement assez simple : i) les 35 heures font que les gens travaillent moins. Si on leur permet de travailler plus, ils gagneront plus, ii) ce supplément de revenu sera dépensé, iii) ces dépenses de consommation alimenteront la croissance économique, iv) ce qui incitera à créer plus d’emplois et donc v) à réduire le chômage. THE cercle vertueux.

 Il y a plusieurs problèmes avec cet enchaînement. L’un d’eux, et non des moindres, consiste à croire que les salariés peuvent choisir le nombre d’heures de travail. Il faut n’avoir jamais mis les pieds dans une grande surface ou dans une usine pour croire cela (Jules en a parlé dans l’un de ses billets). Un deuxième problème, et c’est sur ce point que je souhaite insister ici,  résulte du fait que Nicolas Sarkozy considère qu’en France on ne travaille pas assez à cause des 35 heures. Les choses sont beaucoup moins simples (je ne suis pas le premier à le dire, voir par exemple cet article de Denis Clerc)…

 Partons de l’indicateur habituellement utilisé pour dire des choses un peu intéressante sur le niveau de vie d’une population, à savoir le PIB par habitant (oui, je sais, il a plein de défaut, ce n’est pas l’essentiel ici).

 Première décomposition

(1) PIB/HAB = PIB/L * L/HAB

PIB : Produit intérieur brut

HAB : nombre d’habitants

L : nombre d’actifs occupés

Le niveau de vie de la population dépend de la productivité apparente du travail (PIB/L) et du rapport entre actifs occupés et population totale (L/HAB).

 Deuxième décomposition

Il s’agit de décomposer le deuxième rapport (L/HAB) comme suit :

L/HAB = L/PA * PA/HAB

 PA : population active, qui est égale à la somme des actifs occupés (L) et des chômeurs (CHO)

Or, le rapport L/PA est le complément à 1 du taux de chômage. En effet :

PA  = L + CHO

On divise doucement de chaque côté par PA :

PA/PA = L/PA + CHO/PA

On reconnaît, bouche bée, le taux de chômage (CHO/PA) qu’on va noter u (comme unemployment, ce qui montre au passage une certaine maîtrise de la langue de Shakespeare) :

1 = L/PA + u

On fait passer u de l’autre côté, et on a bien :

L/PA = 1 – u

On reporte tout ça dans la première relation :

(2) PIB/HAB = PIB/L * (1-u) * PA/HAB


Troisième décomposition, sur PIB/L, afin d’intégrer les heures travaillées (h) :

PIB/L = PIB/h * h/L

PIB/h est la productivité horaire du travail et h/L est le nombre d’heures travaillées par salarié, en moyenne.

On remet ça dans la relation (2) et on passe à (3) :

(3) PIB/HAB = PIB/h * h/L * (1-u) * PA/HAB

 

Quatrième décomposition

On va distinguer, juste pour le plaisir, entre les salariés à temps plein (L1) qui travaillent en moyenne h1 heures et les salariés à temps partiel (L2) qui travaillent en moyenne h2 heures (avec logiquement h2<h1) . D’où la nouvelle relation :

(4) PIB/HAB = PIB/h * (h1*L1 + h2*L2)/L * (1-u) * PA/HAB

 

Cinquième décomposition (la dernière !)

On s’attaque cette fois au rapport PA/HAB, en introduisant un nouveau terme, la population en âge de travailler (PEAT), autrement dit les personnes entre 15 et 64 ans :

PA/HAB = PA/PEAT * PEAT/HAB

PA/PEAT est le rapport entre la population active et la population en âge de travailler, autrement dit le taux d’activité. Notons le ta. PEAT/HAB est la part de la population en âge de travailler. C’est le complément à 1 de la part de la population qui n’est pas en âge de travailler. Notons cette dernière pneat (personnes non en âge de travailler). On introduit ça dans (4) et on obtient la décomposition finale :

(5) PIB/HAB = PIB/h * (h1L1 + h2L2)/L * (1-u) * ta * (1-pneat)

 
Bon, c’est un peu compliqué, d’accord, mais, désolé, le niveau de vie et son évolution dépendent de beaucoup de choses. En réduisant le problème à la question des 35 heures, autrement dit à l’un des éléments affectant le petit h1 de la relation on a tendance à occulter tout le reste… Alors que, on le voit, il y a bien d’autres choses qui jouent, et sur lesquelles il faut agir :

* PIB/h : la productivité horaire. Comme rappelé dans un billet précédent, ce n’est pas une erreur historique de dire qu’on peut gagner plus sans travailler plus, c’est au contraire une régularité historique, qui résulte précisément de la capacité des pays à gagner en productivité, autrement dit à produire plus de richesses avec autant de ressources. On peut s’interroger sur les moyens de faire gagner les entreprises en productivité : effort d’investissement des entreprises, investissement en formation initiale et continue, effort d’innovation technologique et organisationnelle, investissement en capital public, etc, etc, etc… Une part importante du débat économique devrait porter sur cette question, on en reste plutôt à des généralités me semble-t-il,

* h2L2/L : le temps partiel. On sait que le temps partiel subi n’est pas des moindres en France, il est encore plus élevé dans d’autres pays (Pays-Bas notamment). Pour faire monter le niveau de vie, on peut s’interroger sur les moyens de réduire ce temps partiel subi, qui affecte notamment les femmes… Ceci conduirait à réduire L2 en augmentant L1, donc à monter le temps total travaillé sans pour cela recourir à des heures supplémentaires (pour info, 17% des salariés travaillent à temps partiel, en moyenne 23 heures par semaine – voir ce document Dares pour des compléments sur le temps partiel en France),

* u : le taux de chômage, relié négativement au PIB par habitant. La mécanique implacable de l’UMP consistant à croire que monter h1 va conduire à faire baisser u (et donc monter PIB/HAB) est un peu rapide. Elle consiste en effet à supposer que le supplément de revenu octroyé aux salariés via les heures supplémentaires se traduira mécaniquement par un accroissement de la production nationale puis de l’emploi : tout dépend du contenu en emploi de cette croissance ; tout dépend aussi des biens que les ménages souhaitent acheter, s’ils sont fabriqués en France ou au contraire importés. Se pose donc la question de la capacité d’innovation et d’adaptation à la demande (nationale et mondiale) des entreprises localisées en France. De plus, le problème du chômage ne se réduit pas à un problème de croissance : se pose le problème de l’employabilité des personnes. Certaines ont du mal à changer d’activité car elles n’ont pas les connaissances minimales requises (voir ce billet). Ou encore, autre point largement occulté dans les débats : certaines personnes au chômage ont une mobilité spatiale très réduite, ce qui conduit à des désajustements entre des territoires pourvoyeurs d’emplois mais qui ne trouve pas preneurs, et d’autres territoires avec un chômage élevé (voir cet article pour des mesures et analyses de la mobilité des salariés). C’est une des raisons importantes du chômage, qui n’a rien à voir avec le coût du travail, les compétences, ou la prétendue fainéantise ou mauvaise volonté des chômeurs dénoncée par exemple par François Fillon. Je n’ai pas entendu un seul candidat évoquer cette question de la mobilité spatiale.

* ta : il y a deux choses ici. Le fait que le rapport peut être faible en raison du poids des jeunes inactifs de 15 à 24 ans. Ils sont en âge de travailler, mais inactifs, la plupart pour des raisons de poursuite d’étude. On ne peut guère souhaiter que les jeunes interrompent leurs études pour travailler, mais on pourrait réfléchir à proposer aux jeunes en étude du travail en lien avec celles-ci, ce qui faciliterait en passant leur entrée sur le marché du travail. Ca se fait dans d’autres pays, au Danemark par exemple, et ça marche plutôt bien. L’autre composante, à l’autre bout de la chaîne, correspond aux personnes disons entre 50 et 64 ans, qui sont en âge de travailler, elles-aussi, mais qui sont exclues du marché du travail (pré-retraites par exemple). On pourrait s’interroger sur les moyens de réduire cette part… sachant qu’il y a problème en France : le taux d’emploi est un des plus faible de l’Europe à 15 (63,1% en 2005) ; l’emploi des séniors est faible (38% des 55-64 ans sont en emploi, contre 44% dans l’UE15 en moyenne) ; les séniors français sont ceux qui sortent le plus tôt du marché du travail (âge moyen de sortie : 58,5 ans – Pour des compléments sur l’emploi des seniors, voir ce document Dares) ;  l’emploi des jeunes aussi (30% des 15-24 ans contre 40% en moyenne dans l’UE15), et concerne peu les étudiants (en France, 1/4 des étudiants de 22 ans travaillent mais essentiellement dans des petits boulots sans lien avec leur étude, contre 2/3 au Danemark, avec des emplois mieux liés à leur formation),

 * 1-pneat, enfin. On notera en passant que l’allongement de l’espérance de vie réduit automatiquement (1-pneat) donc le niveau de vie moyen. Pour faire monter ce ratio, on peut repousser l’âge de la retraite au-delà de 60 ans. Mais les personnes entre 50 et 60 ans ont déjà des problèmes de maintien sur le marché du travail,  repousser l’âge de la retraite ne résoudra pas cette question. Autre possibilité pour agir sur le ratio : autoriser le travail des enfants (0-15 ans). Ca se discute. On peut aussi réduire autoritairement l’espérance de vie, mais ce n’est pas très politiquement correct non plus.

23 commentaires sur “Travailler plus pour gagner plus, épisode 134

  1. Merci pour ces explications limpides!Cela soulève donc la question de savoir si nos politiques publiques sur ces autres leviers doivent être modifiées, et pas seulement la loi sur les 35h :- PIB/h : sait-on planifier l’amélioration de la productivité horaire (secteurs public et privé confondus)?- h2L2/L : quid des h1L1/L du célibataire sans enfants qui préfèrerait travailler plus que 35h, n’est-ce pas aussi du temps partiel subi?- u : il y a tant d’effets négatifs (réels ou supposés) des politiques actuelles sur le taux de chômage (SMIC, trappes à pauvreté, désincitation fiscale, code du travail) qu’on se demande si elles ont un quelconque effet positif.- ta et pneat : nos politiques publiques actuelles incitent les jeunes comme les seniors à sortir du marché du travail. La solution est-elle de rajouter des politiques publiques nouvelles pour compenser les effets négatifs des anciennes, ou bien de supprimer certaines des politiques existantes?Après quelques décennies d’interventionnisme public, le résultat sur le front de l’emploi n’est pas brillant. Il est donc légitime qu’un candidat propose moins d’intervention et choisisse pour cela une mesure symbolique comme les 35h. Il est tout aussi légitime que d’autres candidats proposent plus d’interventions publiques mieux conçues, et ne se focalisent pas sur les 35h. Les électeurs décideront. Ce que je regrette personnellement, c’est que la question du plus ou moins d’intervention publique soit aussi PEU abordée dans la campagne, et uniquement de façon détournée.

  2. Je vais être plus concret :VW Belgique vient de décider de passer de 32h/semaine à 38h pour sauver environ 2 300 emplois sur les 4 500 emplois que comptent  l’usine de Bruxelles.Les salariés ont voté à 75 % OuiRetraite en Belgique 65 ansDanemark : 67PS : Relire la fable de La Fontaine : le Laboureur et ses enfants

  3. Juste une remarque>>Mais les personnes entre 50 et 60 ans ont déjà des problèmes de maintien sur le marché du travail,  repousser l’âge de la retraite ne résoudra pas cette question.Ha bon ? C’est sûr ?Le chômage dans cette période de la vie est plus lié au fait que l’employé n’est pas un investissement aussi rentable qu’un jeune, du fait de sa proche retraite.Ce facteur est plus grand que la diminution physique ou le manque de formation (qui est contrebalancé par l’expérience).Sinon, peut-on raisonner sur la baisse du coût du travail qu’induirait la défiscalisation des heures sup, ainsi que la moins forte pression (heures sup mieux payées et moins cher = joie pour les 2 parties, moins de stress et plus de motivation) ?

  4. Cher olivier,merci pour ces explications que je partage totalement.Néammoins, j ai un petit reproche à faire sur la technique de décomposition utilisée, pour lequel j ai une très lointaine aversion qui remonte à la fac (avec des "démonstrations" directement héritées d un vieux cours de R. Barre  sur la productivité), méthode que je tiens pour suspecte.En effet, décomposer PIB/H avec L, est pertinent (il y a une causalité) mais ne prouve rien en soi : on peut décomposer avec n importe quelle variable !Imaginons que je remplace la variable L par C (consommation annuelle de carottes).On peut parfaitement écrire :PIB/HAB = PIB/carottes * carottes/HABcarottes/HAB = carottes/conso totale annuelle (ie. CTA)* conso totale annuelle (ie. CTA)/HABConso totale annuelle = carottes + le reste de mes légumes (R)Donc,  1= carottes/CTA + R/CTAd où C/CTA=1-R/CTAet PIB/HAB=PIB/C * (1-R/CTA)* CTA/HABetc…ESt ce pour autant que j ai démontré que la richesse nationale dépendait (au sens de causalité) de notre consommation de carottes ?Cordialement, et merci d avance de m éclairer sur cette vieille énigme personnelle.PS : pb avec les accents !

  5. Vous avez absolument raison sur ce point, il est d’ailleurs intéressant de se rendre compte que lors des entretiens avec les journalistes (dont plusieurs ont de bonnes bases en économie), ils se contentent d’opiner de "sous-chef", sans lui réponder, sans que personne ne semble se rendre compte de la sottise contenue dans ses propos. De plus depuis 2002, durant un débat opposant Nicolas sarkozy et le professeur Dominique Strauss-Khan, ce dernier avait bien montré l’ineptie de ces concepts  http://www.dailymotion.com/video/xmfeq_dsksarko-3-extraits&nbsp; à voir absolument

  6. Sarkozy me fait riredans un monde de spéculation généralisée, quiconque veut accéder au logement (locatif ou propriété) a vu le coût exploser en cinq ans (un presque doublement pour la propriété, plus de 25% pour la location). Le cout moyen d\\\’accès au logement est passé de 2,5 années de travail à 4,5 années. En l\\\’occurrence, c\\\’est travailler plus pour ne pas sombrer.Autrement, la meilleure solution reste encore de posséder du capital pour gagner plus.Et l\\\’explosion du marché immobilier n\\\’est pas due aux 35 hreures (ou alors faut m\\\’expliquer).Rogel

  7. > Comme rappelé dans un billet précédent, ce n’est pas une erreur historique de dire qu’on peut gagner plus sans travailler plus, c’est au contraire une régularité historique, qui résulte précisément de la capacité des pays à gagner en productivité, autrement dit à produire plus de richesses avec autant de ressources.Ce qui est incroyable, c’est qu’autant de gens ne connaissent même pas ce concept pourtant central et parfaitement vérifiable au quotidien qu’est la productivité. C’est comme si les gens se permettaient d’intervenir dans des discussions en physique sans même connaître un détail comme la gravitation universelle.On note aussi cette capacité extraordinaire- des grouillots des partis politiques (en l’occurence, les groupies du Duce à l’UMP)- et des journalistesà laisser passer une énormité comme "on n’a jamais vu quelqu’un gagner plus en travaillant moins".Je propose qu’on se cotise pour offrir à Sarkozy, au choix:- le Que sais-je d’introduction à l’économiehttp://www.puf.com/Book.aspx?book_id=004573– "Déchiffrer l’économie" de Denis Clerchttp://www.amazon.fr/Déchiffrer-léconomie-Denis-Clerc/dp/2707141356– l’inscription à un cours du soir au CNAM :-)laurent > PS : pb avec les accents !Pas qu’avec les accents. Impossible de poster avec FireFox. J’ai dû lancer Internet Explorer pour ça :-/

  8. Sans vouloir faire d’auto-promo, j’avais proposé, il y a quelque temps, une décomposition similaire, qui intégrait la répartition de la VA entre capital et travail (c’était en réponse à un de vos billets 🙂 )http://www.optimum-blog.net/post/2006/09/02/Temps-de-travail-et-salaire-%3A-les-equations

  9. Il me semble un peu rapide d’envisager des causalités sur l’unique base d’une identité comptable (même obtenue sur la base d’une décomposition très didactique).Bonne continuation

  10. Dans la première équation, si L est le nombre d’actifs qui se délcarent prêts à voter Sarko il semble que cela fonctionne aussi; effrayant 😉

  11. Sur le sujet des heures travaillées, quelques statistiques UK-France ici :http://guerby.org/blog/index.php/2007/02/27/151-heures-travaillees"en 2005 il y avait 904.10 millions d’heures effectivement travaillées par semaine en France et 911.90 millions au UK, soit un écart de moins de 1%. Pour référence, le chômage en 2005 est de 9.5% en France et 4.7% au UK (a population très proches), donc un bon facteur deux sur la mesure du chômage a "travail égal"


  12. Situation actuelle. Soit un salaire horaire net de 100 (1). L’heure normale est payée 80, les caisses de prévoyance et de solidarité reçoivent 60 qui représentent une rémunération potentielle et différée sous forme de retraite, assurance maladie, chômage, etc. Le coût du travail pour l’employeur est 140.
    Soit un salaire horaire net de 100 (1). L’heure normale est payée 80, les caisses de prévoyance et de solidarité reçoivent 60 qui représentent une rémunération potentielle et différée sous forme de retraite, assurance maladie, chômage, etc. Le coût du travail pour l’employeur est 140.
    L’heure Sarkozy. De la 36ème à la 40ème (2), serait payée 80+10% soit 88 au salarié, et ne coûterait que 88 à l’employeur, vu que les caisses ne recevraient rien.
    De la 36 à la 40 (2), serait payée 80+10% soit 88 au salarié, et ne coûterait que 88 à l’employeur, vu que les caisses ne recevraient rien.
    L’heure supplémentaire Sarkozy coûterait donc 37% de moins à l’employeur que l’heure normale.
    Le salarié percevrait quant à lui, 8 de plus immédiatement en compensation de la perte de 60 au titre de sa rémunération différée. Mauvais calcul. "Travailler plus pour gagner plus" ? Ce slogan est une supercherie ! La baisse de rémunération effective est de … 37% ! Si notre travailleur est prévoyant, il lui en coûtera beaucoup plus que les 8 unités supplémentaires net versées par heure auprès de caisses complémentaires pour compenser la perte des 60 unités acquises au titre de l’heure normale. "Travailler plus pour gagner moins" donc.
    Mais les conséquences vont au delà de ce simple constat navrant.

    Quel impact sur la croissance ? Quelles sont les entreprises qui créeraient des emplois grâce à cette mesure ? Pour commencer, remarquons tout de suite que 7 salariés travaillant 40 heures, font le même travail que 8 à 35 heures, et pour un coût inférieur de 5% (3).
    Quelles sont les entreprises qui créeraient des emplois grâce à cette mesure ? Pour commencer, remarquons tout de suite que 7 salariés travaillant 40 heures, font le même travail que 8 à 35 heures, et pour un coût inférieur de 5% (3).
    De sorte que, si beaucoup de chefs d’entreprises verront dans cette mesure une aubaine, ce n’est pas pour autant qu’ils augmenteront leur productivité en rapport. Pour compenser une perte d’emplois de 15%, il faudrait 15% de croissance. Si l’on admet que ce recours aux heures supplémentaires permettrait à la moitié des entreprises, ce qui est optimiste, d’accroître leurs production c’est 30% de croissance qu’elles devraient faire, pour seulement éviter d’aggraver les difficultés sociales. Il y a fort à parier que cet objectif irréaliste ne sera pas atteint, et donc génèrera de nouveaux chômeurs, d’anciens cotisants. N. Sarkozy parle de courage ? Facile en faisant assumer les risques aux autres.

    Quid des cadres ? Les cadres on le sait, ne sont pas soumis au régime des heures supplémentaires. Il est à craindre que dans ce contexte, les entreprises préfèreraient recourir dans la mesure du possible à des non cadres – dont le travail au delà de 35 heures serait on l’a vu, assimilable à du travail au noir – qu’à des cadres dont le salaire est à 100% soumis à cotisations. La prochaine étape logique serait d’exonérer de prélèvements obligatoires une part de ce salaire avec l’accord des cadres puisqu’on leur permettra en échange de payer moins d’impôts sur ces revenus ! Amère ’victoire’ pour les cadres.
    Les cadres on le sait, ne sont pas soumis au régime des heures supplémentaires. Il est à craindre que dans ce contexte, les entreprises préfèreraient recourir dans la mesure du possible à des non cadres – dont le travail au delà de 35 heures serait on l’a vu, assimilable à du travail au noir – qu’à des cadres dont le salaire est à 100% soumis à cotisations. La prochaine étape logique serait d’exonérer de prélèvements obligatoires une part de ce salaire avec l’accord des cadres puisqu’on leur permettra en échange de payer moins d’impôts sur ces revenus ! Amère ’victoire’ pour les cadres.
    Comment justifier que certains contribuables auraient le droit de soustraire une part de leur salaire à leur déclaration de revenus, car c’est de cela qu’il s’agit ? Comment empêcher la généralisation d’un tel processus ? Ce qui vaut pour les cadres, vaut aussi pour les artisans, pour tous ceux qui ne sont pas payés à l’heure mais à la tâche, par contrat… La généralisation de cette mesure à tous les contribuables reviendrait à instaurer une ’progressivité négative’ de l’IR ! Un artifice aussi compliqué qu’inique, aboutissant à faire payer plein pot les revenus moyens voire faible et peu les revenus supérieurs.
    , car c’est de cela qu’il s’agit ? Comment empêcher la généralisation d’un tel processus ? Ce qui vaut pour les cadres, vaut aussi pour les artisans, pour tous ceux qui ne sont pas payés à l’heure mais à la tâche, par contrat… La généralisation de cette mesure à tous les contribuables reviendrait à instaurer une ’progressivité négative’ de l’IR ! Un artifice aussi compliqué qu’inique, aboutissant à faire payer plein pot les revenus moyens voire faible et peu les revenus supérieurs.
    Effet de seuil et motivation des RMIstes. Nicolas Sarkozy soutient que les minima sociaux sont si élevés qu’ils encouragent les profiteurs du système à ’feignasser’ (si je puis me permettre cet oxymoron marrant). Sa réforme dont il est question ici ne permettra pas d’augmenter les bas salaires, au contraire, de sorte que l’écart entre RMI et ’Smic 35 heures’ risque de se réduire encore. Ce n’est pas lui faire un procès d’intention que de dire qu’il est évident que, sur sa lancée et pour être logique avec lui-même, pour répondre à cette question il lui suffira de réduire les minima sociaux.
    . Nicolas Sarkozy soutient que les minima sociaux sont si élevés qu’ils encouragent les profiteurs du système à ’feignasser’ (si je puis me permettre cet oxymoron marrant). Sa réforme dont il est question ici ne permettra pas d’augmenter les bas salaires, au contraire, de sorte que l’écart entre RMI et ’Smic 35 heures’ risque de se réduire encore. Ce n’est pas lui faire un procès d’intention que de dire qu’il est évident que, sur sa lancée et pour être logique avec lui-même, pour répondre à cette question il lui suffira de réduire les minima sociaux.
    Ainsi, avec un simple slogan populaire (travailler plus pour gagner plus), Sarkozy s’il était élu pourrait anéantir notre modèle social en deux temps trois mouvements, avec la bénédiction de son électorat populaire. Cette proposition est une proposition de dupes, gagnant deux fois pour l’entreprise, perdant deux fois pour le salarié.

  13. Je ne me souviens pas d’avoir jamais ri ou souri pendant un cours d’économie politique.Il me semble avoir lu quelque part, peut-être même ici, que le nombre d’heures travaillées, (h1+h2)/L donc, était en France l’un des plus hauts d’Europe.

  14. Bonjour,Cela fait quelques temps que je suis intrigué par les statistiques de la durée du travail en France. D’après le tableau suivant : http://travail-chomage.site.voila.fr/emploi/duree_trav_g1.htm, on apprend qu’en 2005, la durée moyenne du travail pour un temps plein en France est de 39h. Et ce depuis 3 ans. Dans ces conditions, chaque salarié à temps plein travaille en moyenne 4 heures supplémentaires chaque semaine.Toujours d’après le site précité, notre durée moyenne du travail serait à comparer avec les 37h hebdomadaires travaillées au Royaume-Uni, 35h en Espagne, 37h aux Pays-Bas… Etc.Les démonstrations présentées sur ce site vous semblent-elles justes ? Si oui, pourquoi proposer aux français de travailler plus (sous la forme d’heures supplémentaires ?), alors que nous travaillons déjà plus que la plupart de nos partenaires ?Enfin, si nous devions vraiment travailler plus, ne serait-il pas souhaitable de proposer ce surcroît de travail :1/ aux chomeurs,2/ aux travailleurs à temps partiel ?Merci d’avance pour vos éclaircissements sur le sujet.

  15. Antoine T > J’aurais tendance à croire une référence comme Eurostat… Mais j’aimerais dépasser le stade de la croyance, pour celui de la compréhension. Ainsi, si les chiffres avancés par le site http://travail-chomage.site.voila.fr/emploi/duree_travail.htm sont faux, j’aimerais comprendre en quoi : quel segment de la démonstration est erronné ? En quoi les comparaisons proposées sont trompeuses ?Pourquoi pour la Grande Bretagne arrive t’on d’un côté à 42,7 h travaillées (en 2004) et de l’autre à 37h (en 2005) pour un temps plein ?

  16. Je pense que le site travail-chomage mélange temps plein et temps partiel pour ses moyennes en GB, et leur durée y est plus courte (plus peut-être des définitions différentes selon les institutions statistique).Depuis Eurostat (avec, je pense, méthode de comptage homogène)  (http://epp.eurostat.ec.europa.eu/portal/page?_pageid=1073,46870091&_dad=portal&_schema=PORTAL&p_product_code=CCB22288 et http://epp.eurostat.ec.europa.eu/portal/page?_pageid=1073,46870091&_dad=portal&_schema=PORTAL&p_product_code=CCB21776) on a : Temps plein : – FR : 41.0 h- GB :  43.1 hTemps partiel : – FR : 23,1 h- GB : 18,6 hA priori il s’agit de la "semaine-type", pas d’une moyenne annualisée

  17. Merci pour votre réponse.Il semble que cette explication ne soit pas suffisante. En effet, toujours d’après le site "travail-chomage", les français ont droit à une semaine de congés payés et 3 jours fériés de plus que les Anglais. Ce qui donne respectivement 45,4 et 47 semaines travaillées. Et donc :
    en France : 39,0 h x 45,4 = 1 770,6 heures annuelles,
    en Angleterre : 37,2 h x 47 = 1 748,4 heures annuelles
    (il s’agit toujours ici des seuls travailleurs à temps plein : http://travail-chomage.site.voila.fr/britan/32h.htm )Y aurait-il d’autres biais qui pourraient expliquer la différence de résultat ?

  18. Revenons sur terre, pour un salarié non cadre, augmenter le nombre d’heures travaillées augmente le salaire net en fin de mois ( table de multiplication, niveau école primaire, je fait des feuilles de paye chaque mois). Pour une entreprise  pouvoir faire faire des heures supplémentaires à ces salariés est souvent une bonne solution pour augmenter la production.En augmentant un peu les heures travaillées et donc les revenus que les salariés tirent de leur travail, NS ne veut pas détruire le système social français.

  19. "En augmentant un peu les heures travaillées et donc les revenus que les salariés tirent de leur travail, NS ne veut pas détruire le système social français"Qu’il le veuille ou pas, sa proposition va dans le sens de la destruction car elle diminuera le financement (il y a aura moins de cotisations directes de la part des employeurs). Libre à vous de revenir sur terre mais alors présentez les faits, tous les faits.De plus, vous qui faites des heures de payes tous les mois, vous devez donc savoir qu’il y a des millions d’heures sup non payés tous les mois. Alors pourquoi le deviendraient elles subitement en 2007 ?Parceque bien sur, en 2007 nous revenons sur terre ? c’est cela !!!

  20. Vous etes l’Alfred P. Sloan du PIB.Ces decompositions, tres pedagogiques, montrent bien tous les leviers que l’on peut actionner et les choix de societes differents correspondants que l’on peut faire.  On peut avoir une societe d’hyper productifs travaillant peu mais intensement (avec les problemes en terme d’accident de travail et de stress, etc.), coutant relativement cher et partageant , solidarite oblige, avec ceux qui ne peuvent etre aussi productifs.  La productivité etant crée, je suppose, par une intensité capitalistique plus grande, une selection des pedaleurs consistant a ne garder que ceux avec une capacité a pédaler vite sans tomber de vélo, capacité hors de portée de tous.  Ceux qui ne pedalent pas vite, vont au bistro et boivent leur revenu de substitution, leurs enfants perdent pied dans la course de rat que devient l’education, leur seul avenir c’est le bistro comme papa, ou alors de faire exploser leur colere lorsqu’il s’apercoivent qu’ils sont relegués sur les bas cotés.  Les pedaleurs arriveront plus ou moins a se proteger des pires mefaits de la desocialisation en se retranchant dans leur petit quartier bien selectif.  Il faut ajouter aussi que le fort taux de prelevement (sans compter la progressivite) sur les actifs necessaires pour "faire societe" est un puissant de-incitatif du travail lorsque vous arrivez dans la tranche 55+.  A mon avis a cet age la le probleme de l’offre devient presque plus important que le probleme de demande.  De plus une fois que vous etes retraité vous allez eviter les prelevements necessaires a faire marcher la machine en allant vous bronzer au Maroc ou en Belgique.On peut avoir une société ou la productivite sera plus une productivite organisationnelle avec plus d’emplois individuellement moins productifs, moins payés peut etre, mais avec moins de prelevements car moins necessaires pour supporter les inactifs, et donc un revenu net plus eleve, plus de socialisation par le travail, plus d’espoir de s’en tirer meme en n’etant que le meilleur hamburger flipper de son quartier, etc.  Avec moins d’angoisse du chomage car trouver du boulot n’est pas un probleme majeur, etc. etc.  Bien sur la retraite ne pourra pas etre aussi belle et aussi jeune, mais entre du revenu maintenant et du revenu demain, entre du stress maintenant compense par la vacuite de la retraite jeune demain il y a peut etre des choix pas si difficiles a faire.J’ose esperer que la notion Sarkoziste de travailler plus releve plus du choix social que de l’economie.

  21. Bonjour,j’aurais une question en ce qui concerne ce billet…Qu’un est-il de la productivite en fonction des flux de capitaux (exogenes, endogenes )…?Merci

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