Réunion à Bercy entre les 4 opérateurs : Le numéro illico

Mardi matin, 8h30 les 4 opérateurs étaient attendus à Bercy pour discuter avec Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin, des emplois (nationaux) que devraient générer la téléphonie mobile alors que SFR et Bouygues Télécom annoncent des suppression après l’arrivée de Free.

Martin Bouygues a profité de cette rencontre pour rappeler que le contrat d’Itinérance entre Free et Orange Mobile doit être limité dans le temps. Ce contrat est de toute manière actif jusqu’en 2018 et ni Free (représenté par Cyril Poidatz, président d’Illiad), ni Orange ne souhaite un avenant à ce contrat.
Ce contrat d’Itinérance était obligatoire pour qu’un 4ème opérateur puisse arriver sur le marché, et Bouygues aurait aussi pu faire une offre commerciale. Seul Orange avait répondu. Free déploye son réseau 3G/4G (compatible avec les standard 2G) et ne souhaitera plus à terme financer l’infrastructure d’Orange par un contrat d’Itinérance. Enfin, Free a des obligations envers le régulateur ARCEP, dont notamment couvrir au moins 75% de la population en 2017. Autant de bonnes raisons qui justifient une fin de contrat d’Itinérance 2G/3G en 2018. Quant à la mise en place d’un contrat d’Itinérance 4G, Free pourrait s’appuyer sur SFR (proposition ARCEP), mais …il semblerait que Free ait répondu à la demande de Stéphane Richard pour la mutualisation d’équipement 4G, il sera alors possible de voir une autre forme de contrat entre Orange et Free?

A la sortie de la réunion, le PDG d’Orange, M Stephane Richard, reconnaissait que le marché de la téléphonie mobile était sain avant l’arrivée de Free. Il faut comprendre par là que la téléphonie mobile générait assez de revenue pour les 3 opérateurs sans se préoccuper des besoins du public, c’est à dire des offres low-cost. Free a ainsi bouleversé les offres commerciales et le gâteau est à partager entre 4 opérateurs.

Les objectifs de cette rencontre étaient le retour de l’emploi via les activités de la téléphonie mobiles, ce qui tend donc de la part du gouvernement de satisfaire aux exigences des opérateurs (actuellement SFR et Bouygues prévoient un plan de licenciement portant sur 1000 emplois d’ici la fin de l’année) :

  • Relocalisation des Télé-opérateurs en France. Le gouvernement propose de créer un « numéro illico » qui garantirait une réponse en moins de 60 secondes et dont les téléconseillers seraient localisés en France. Ce rapport estime que ce numéro pourrait être facturé 60 centimes la minute au maximum (les hotlines payantes facturaient auparavant 34 centimes la minute avant la loi Chatel. Depuis 2008, la communication était facturée au prix d’un appel local). Les opérateurs qui mettraient en place ce numéro s’engageraient à « consacrer 60% des revenus de ces numéros à la rémunération des agents »
  • Retour sur une autre partie de la loi Chatel permettant à un client de s’acquitter d’un quart de son forfait lorsque celui-ci quitte son opérateur au bout de 12 mois alors qu’il avait souscrit à un contrat de 24 mois.

 

 

Stratégie d’Orange – Interview de Stéphane Richard

Je reprends ici l’interview du PDG de France Télécom Orange réalisé par le Journal Investir. L’interview complet est ici.

Au cours de cet interview on apprend :

1 – Le PDG d’Orange a rencontré la société Apple pour définir un accord commercial de l’Iphone 5, celui-ci devrait être 4G en Europe. La rencontre a déjà eu lieu à Cuppertino, ce qui démend l’article d’Investir, car le magazine Challenge avait déjà noté la venue du PDG pour négocier l’exclusivité (cf article).

2 – Le réseau 4G

Le 22 mars, on apprend que le réseau 4G-LTE démarré à Marseille et sera opérationnel en juin 2012. Au total les dix principales agglomérations de l’Hexagone seront couvertes d’ici à l’été 2013. Le lancement des offres globales 4G est prévu début 2013.

FT-Orange investit en France environ 600 millions d’euros par an dans le réseau mobile et bien plus encore dans les années à venir pour la fibre optique. La somme de 600 millions d’euros sera progressivement réaffectée vers la 4G, ce qui contredit l’estimation du cout de l’installation de la 4G selon ZTE (qui avait estimé à 400 Millions d’Euros un réseau 4G en France).

Au niveau du marché par orange, le PDG nous informe :

« Le marché français est en train d’évoluer par rapport au modèle connu ces 15 dernières années, dominé par des abonnements avec engagement en échange de terminaux subventionnés par les opérateurs. Les coûts commerciaux, qui visent à l’acquisition et la fidélisation des clients, représentent un lourd investissement à l’échelle du groupe dont l’essentiel est constitué des subventions pour les terminaux. Dans ce modèle, les opérateurs dépensent beaucoup d’argent pour proposer des terminaux à un prix accessible. Or, Free a mis en avant un modèle sans subvention, sans engagement, sans terminal et sans boutique, appelé sim-only/web-only. Ce type de contrats devrait prendre une part de plus en plus importante du marché. Free pense même que ce sera 100% du marché. Ceci est peu probable au regard de ce qu’il se passe au Royaume-Uni, pays où la part des contrats Sim-Only est la plus importante. Outre-Manche, ils ne représentent que 10% à 15% du marché total et il n’y a pas de raison pour que cela soit très  différent en France.

Pour les opérateurs traditionnels, la montée en puissance des contrats sim-only va donc  mécaniquement engendrer des économies sur les coûts de subvention des téléphones. La perte de clients et la baisse des tarifs devraient être en partie compensées par cette baisse des subventions, au moins un certain temps. En France, le renouvellement du téléphone se fait en moyenne tous les 21 mois. Certains clients recherchent des abonnements pour obtenir un terminal. On devrait encore constater ce phénomène lorsque l’iPhone 5 sortira, les clients se tourneront vers les forfaits subventionnés tout simplement parce que certains ne veulent pas payer 700 ou 800€ pour se l’offrir. »