La virtualisation du réseau permet la montée rapide en charge de travail en mettant en route plusieurs machines virtuelles (VM) et les services réseaux associés (commutation logique, routage logique, pare-feu logique, équilibrage de charge logique, VPN logique, accélération WAN, compression d’entête, …) pour chaque charge de travail.
Les avantages de la virtualisation sont les suivants :
- amélioration de l’efficacité des serveurs ;
- gestion des charges de travail grâce au déploiement de VM et des services réseaux;
- gain des performances du réseau et flexibilité;
- déplacement de VM
- équilibrage de charge
- agilité de l’infrastructure réseau
- Réduction du temps de déploiement : Time To Market
- Chaînage de service en déployant les VMs par application
I – La virtualisation du réseau
La virtualisation consiste à déployer plusieurs machines virtuelles sur un serveur physique. Afin de pouvoir partager les ressources matérielles (CPU, cartes réseaux, ….), il est nécessaire d’installer un logiciel de virtualisation appelé hyperviseur. Chaque machine virtuelle dispose de son propre système d’exploitation. Les pilotes et les périphériques sont stockés dans un domaine de l’hyperviseur accessible à chaque VM, les VMs utilisent des périphériques virtuels.
Un hyperviseur de type paravirtualisation nommé bare-metal ou type 1 s’exécute directement sur le serveur physique.
La gestion des VM et la sécurité est un point critique : les règles de pare-feu doivent être modifiées (rajoutées ou supprimées) à chaque fois qu’une nouvelle VM est rajoutée ou supprimée. Les premières solutions déployées pour les Datacenters permettent l’automatisation du provisionnement (provisionning) en fonction de l’ajout, la suppression ou la modification de VM.
Ainsi, lorsque le client exprime un besoin, par exemple mettre à jour des données sur son site web hébergé au niveau d’un Datacenter, cette charge de travail peut nécessiter la collecte et la fusion de données, des calculs, un stockage et une mise en forme spécifique des résultats à travers un tableur. L’hébergeur peut ainsi activer plusieurs VM (ou container) sur un seul serveur ou sur plusieurs serveurs. Dans ce cas il est nécessaire que les serveurs communiquent les uns avec les autres, on parle de communication est/ouest afin de répondre à la requête du client (communication nord/sud).
Au niveau du serveur physique, les VM sont isolées les unes des autres. L’isolation de VM non chaînées garantie qu’aucun échange ne peut s’effectuer entre les deux VM. Cependant, l’échange de données entre les VMs est possible via un routage mais cela nécessite l’établissement de règles de sécurité : les règles du pare-feu entre chaque VM doivent être définies par rapport aux applications hébergées sur la VM. La micro-segmentation qui consiste à mettre en réseau plusieurs VM pour une charge de travail donnée peut être sécurisée par des pare-feux virtuels.
Dans le cas d’architecture réseau traditionnel, le trafic des charges de travail doit passer par un point de contrôle unique comme par exemple un pare-feu physique avec des règles établies pour tous les types d’application. Cette architecture, nommée hairpinning, créée un goulot d’étranglement ce qui rend donc cette architecture inefficace lorsque les charges de travail ne nécessitent pas les mêmes traitements. Son avantage est la stabilité du réseau et son prix.
Grace au déploiement du réseau virtuel :
- la charge de travail est indépendante du réseau physique, c’est-à-dire de la configuration de VLAN, de la liste de contrôle d’accès, des règles de pare-feu. La micro-segmentation permet le transfert de données entre VMs isolées via un routage logiciel et un pare-feu logiciel ;
- plusieurs charges de travail peuvent co-exister sur le même réseau physique et sur les mêmes entités, permet ainsi de partitionner virtuellement plusieurs services (slicing network).
L’automatisation permet de mettre en route ou d’éteindre l’ensemble des VM concernés et de provisionner les politiques adéquates des pare-feux pour chaque charge de travail.
L’orchestration permet de configurer toutes les charges de travail sur les serveurs physiques (planification des VMs en fonction des serveurs physiques existants et gestion des réseaux virtuels en fonction des capacités physiques réelles de la couche de transport).
II – Network Functions Virtualization
Jusqu’à présent, nous avons vu que la virtualisation permettaient de déplacer vers des serveurs banalisés :
- les équipements de traitement de réseau (pare-feu, dpi, accélérateur WAN, équilibrage de charge, …)
- les équipements de fonction réseau (commutateur, routeur)
- les serveurs de stockage et serveur cache
Figure 1 : Virtualisation de fonctions réseaux
D’autres fonctions réseaux sont également virtualisables :
- les entités du réseau mobiles : HSS, HLR, MME, SGW, PGW, SGSN, GGSN
- les réseaux d’accès : BTS, BSC, NB, RNC, eNB
L’approche NFV a été initiée par l’organisme ETSI dans l’objectif de virtualiser les services et fonctions du réseau et de gérer les VMs en fonction des demandes des utilisateurs. Nous définirons l’architecture NFV dans un prochain article.
III – NFV/SDN
On distingue :
- la virtualisation du réseau consistant à virtualiser sur des pools de ressources des applications (calcul, stockage et service réseau –DHCP – DNS – Parefeu logiciel – équilibrage de charge) et à gérer au niveau de l’hyperviseur les fonctions réseaux logiciel et la sécurité logicielle;
- le NFV qui exploite les fonctions de la virtualisation en gérant et orchestrant les fonctions de virtualisation par un contrôleur. Le NFV est une architecture de virtualisation s’appuyant sur l’infrastructure physique (NFVI) sur laquelle tourne plusieurs VM. La gestion des ressources physiques du serveur (CPU, RAM, accès réseau, disques virtuels, switchs/routeurs virtuels, …), et la durée de vie des VMs sont contrôlés par une couche de gestion et d’orchestration NFV nommé MANO (Management and Orchestration) et qui est piloté par le système BSS/OSS de l’opérateur
- le SDN consistant à séparer le plan de contrôle et le plan de données en centralisant au niveau d’un contrôleur l’intelligence de l’infrastructure matérielle. L’objectif est de provisionner automatiquement les fonctions du réseau de transport
Le concept de SDN (Software Defined Networking) repose sur un découplage entre le plan de commutation local aux équipements réseaux et le plan de contrôle. Le NFV peut s’appuyer sur le SDN en autorisant une gestion centralisée du réseau. La conséquence majeure est que le réseau devient programmable et peut être couplé aux applications métiers des usagers.
L’approche NFV propose d’extraire les fonctions réseaux des équipements dédiés et de les faire fonctionner dans un environnement virtualisé. Pour les opérateurs réseau, l’approche NFV constitue une opportunité de proposer des services de manière plus agile, capable de fonctionner à des échelles extrêmement importantes, mais surtout de manière plus rapide en exploitant les propriétés intrinsèques à la virtualisation. Ainsi, la virtualisation du réseau et de la sécurité permet de gérer des commutateurs virtuels et routeurs virtuels à la charge de l’hyperviseur, ainsi que la sécurité (pare-feu logique, VPN logique et équilibrage de charge logique). On parle de réseau Overlay car les VMs et les services exploitent le réseau physique sous-jacent (cf.http://blogs.univ-poitiers.fr/f-launay/2018/01/15/principe-du-sdn-dans-une-architecture-reseau-classique/ ).
Ainsi, le contrôleur SDN est utilisé
- pour programmer l’infrastructure réseau virtuel afin de définir les règles de routages et de sous-réseaux pouvant être utilisées pour interconnecter des fonctions réseaux virtualisés (VNF) : SDN Overlay ;
- par une fonction réseau virtualisée afin de traduire la fonctionnalité réseau virtualisée attendue à la configuration physique du réseau. Le contrôleur SDN est donc une fonction VNF dans l’infrastructure NFV.
A titre d’exemple, l’un des avantages du SDN/NFV est le chaînage de service dynamique virtuel (traffic steering and chaining service) défini par une politique de flux. Lorsque l’utilisateur souhaite accéder à un service, le contrôleur SDN défini un ensemble de fonction réseaux à déployer. Le rôle du NFV est alors de gérer les VMs à mettre en œuvre et le contrôleur SDN gère le routage des flux.
Nous étudierons le SFC – Service Function Chaining dans le prochain article
Les deux technologies SDN/NFV réduisent ainsi l’OPEX (un seul environnement, automatisation des taches, …) et le CAPEX (remplacement du matériel devient une mise à jour logicielle).