Prêts en Bulles # 4

Dans le but de faire écho aux très intéressantes dernières Rencontres Michel Foucault, In Fine Le dernier jour des vivants, la BU Lettres a choisi d’extraire plusieurs documents relatant ce sujet quelque peu sensible. Concernant le neuvième Art, voici une liste – non exhaustive – de titres disponibles. La mort inspire indéniablement les artistes. Lorsqu’elle est traitée dans la bande-dessinée, ses auteurs la rendent plus vivante que jamais…

Couverture BD YO-YO Post Mortem ; Tome 1 / LE COZ G. : Ed. Sandawe.com (source : Decitre.fr)

Couverture BD YO-YO Post Mortem ; Tome 1 / LE COZ G. : Ed. Sandawe.com (source : Decitre.fr)

  • Notre avisvoilà presque 2 ans, nous avions mis en avant ce premier « tombe » imaginé par Gilles Le Coz. C’est l’âme de J.P Gratin qui est à l’honneur ! Tout juste enterré suite à un cancer des poumons (sous-entendu), le voilà à peine en mode « RIP » que James Bône « toque » à sa tombe. C’est de façon aussi brutale que l’auteur, annonce la couleur… S’en suit l’ultime voyage de Gratin, accompagné de son morbide accompagnateur, jusqu’à la destination finale où un choix lui sera proposé… Fort de son succès, le « tombe » 2 est prévu pour mars 2017. Une autre belle occasion pour mourir de rire !

Mon ami Dahmer/ Derf Backderf (éditions ça et là). Source : Decitre.fr

Mon ami Dahmer/ Derf Backderf (éditions ça et là). Source : Decitre.fr

  • Notre avisGlaçant ! c’est certainement le sentiment premier qui se dégage à la fin de ce roman graphique. John « Derf » Backderf, raconte ses années lycées. Rien de très original en soi excepté pour l’un de ses camarades. Backderf côtoyait un certain Dahmer. Sans être un ami, il n’en restait pas moins une espèce d’attraction. Cet ado, celui qu’on a tous connu. Complètement paumé, exclu de la société, mais qui arrive tout de même à se faire une place souvent de triste manière, au sein d’un groupe, en étant un phénomène de foire… Mais comment peut-on un instant imaginer qu’un gamin mal dans sa peau (certes, avec un comportement très étrange) puisse en arriver à de telles futures atrocités ?… L’auteur livre le portrait de Dahmer, un copain de classe pas encore devenu le véritable tueur en série surnommé « le cannibale de Milwaukee ». La mort n’est pas réellement présente, mais elle rôde… on la sent à chaque instant.
Hôtel Particulier/ Guillaume Sorel (éditions Casterman). Source : Decitre.fr

Hôtel Particulier/ Guillaume Sorel (éditions Casterman). Source : Decitre.fr

  • Notre avis : Dans cet Hôtel Particulier nous suivons l’âme errante d’Emilie qui met fin à ses jours au début de l’histoire. Durant toute l’intrigue, on se rend compte que ce n’est pas anodin si Emilie visite chaque appartement de l’immeuble. Elle cherche quelque chose. Qu’elle n’a pu trouver de son vivant et qui lui permettrait de partir définitivement… en paix… Un soupçon de voyeurisme, certes, mais qui se justifie pour suivre la quête de la défunte. Une œuvre profondément envoûtante, délivrée exclusivement par Guillaume Sorel (illustrateur du très réussi, Les derniers jours de Stefan Zweig). Son dessin aussi particulier que l’intrigue n’en reste pas moins accrocheur. Un très bon moment de lecture nourri par de belles strophes empruntées à Baudelaire ou Rimbaud, pour ne citer qu’eux.
Monsieur Mardi-Gras Descendres/Eric Liberge (éditions Dupuis). Source : Decitre.fr

Monsieur Mardi-Gras Descendres/Eric Liberge (éditions Dupuis). Source : Decitre.fr

Le Facteur Cratophane/Eric Liberge (éditions Dupuis). Source : Decitre.fr

Le Facteur Cratophane/Eric Liberge (éditions Dupuis). Source : Decitre.fr

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • Notre avisnotre tour d’horizon sur les BD où la mort est une cause, conséquence voire actrice des événements, se termine par ces deux recueils signés Eric Liberge. Ce dernier, en matière de représentation de la mort n’est pas loin d’être le maître en la matière. Avec le prologue (sorti plus de dix ans….. après (!) Monsieur Mardi-Gras Descendres), intitulé Le Facteur Cratophane, l’auteur a fait plaisir à de nombreux lecteurs en reprenant son trait si idoine à la beauté noire du décor et de ses occupants. Nous sommes au beau milieu du purgatoire. Où des squelettes errent inlassablement et jamais nous n’avions eu, en bande-dessinée, autant l’impression qu’être dépourvu de toute chair pouvait rendre aussi vivant. Une véritable communauté se crée dans cette cité mortuaire. Au-delà d’une riche histoire complexe et prenante, ces deux œuvres complètes d’E. Liberge sonnent comme un chef-d’œuvre ne serait-ce que pas leurs rendus graphiques. Si on accepte de s’immerger dans cet entre deux mondes, il est fort probable que l’on n’en ressorte pas indemne.

Si on ajoute ces trois titres tels que Lydie (Zidrou et Lafebre aux éd. Dargaud) qui fait « revivre » un bébé mort-né pour apaiser le déni de sa maman. Tout comme ce diptyque poignant qu’est Où sont passés les grands jours ? (Jim et Tefenkgi aux éd. Bamboo) dont le sujet réside autour d’un jeune homme décédé mais qui occupe une place très importante autour ses amis. Ou enfin ce bouleversant témoignage de  Rodéric Valambois dans son autobiographie, Mal de mère (éd. Soleil). Un enfant de neuf ans qui assiste, impuissant, à l’issue fatale de sa maman. Un sentiment commun se dégage au travers de toutes ces œuvres. La mort, aussi absurde, inattendue ou malheureuse soit-elle, rappelle à chaque protagoniste qu’elle est inévitable et qu’il n’a pas d’autres choix que de l’accepter, voire de la subir. À lui d’apprendre à vivre avec…

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