Au milieu de XXe siècle, l’école Française de cor se caractérise par une grande utilisation du vibrato.
Lucien Thévet (1914-2007) en est l’un de ses plus grands représentants.
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Sonnerie de Siegfried/ R.Wagner (enregistré en 1955, cor: Lucien Thévet)
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Sonnerie de Siegfried/ R.Wagner (enregistré en 1981, Pierre Boulez conductor, Bayreuth festival orchestra, Fanfare: Fritz Hübner)
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Sicilienne/ J.S.Bach « quatuor du cor de Paris » 1st :Lucien Thévet, 2nd: Jean Tournier, 3rd: Georges Barboteu,4th: Xavier Delvarde.(enregistré en 1955) . On notera à l’écoute de cet enregistrement, que les quatre musiciens ont synchronisé leurs vibrato.
Biographie:
Lucien Thévet, né à Beauvais le 3 juin 1914 fut initié très tôt à la musique et aux cuivres en particulier. Son père très bon musicien amateur, jouait du cornet, de la trompette et possédait également un bugle et un alto mi bémol. À l’âge de six ans, Lucien Thévet souffle déjà dans tous ces instruments et son père lui donne ses premières leçons de cornet à piston. À treize ans il se produit en public dans les sociétés locales, interprétant avec son père, des polkas pour deux cornets, genre très à la mode à l’époque.
Son père trouvant les bons cornistes rares, lui conseille l’étude du cor et Lucien Thévet prend ses premières leçons avec Raymond Carlier. Raymond Carlier excellent musicien, compositeur, pianiste, violoniste et tromboniste est également un très bon professeur. Peu de temps après Lucien Thévet joue en soliste une fantaisie sur Guillaume Tell, accompagné par l’ Harmonie de Beauvais. Aguerri à jouer en public, et devant le succès remporté, Lucien Thévet décide de poursuivre l’étude du cor et de se présenter au conservatoire de Paris . Il entre au Conservatoire de Paris en 1933.
Jusqu’à son entrée au conservatoire Lucien Thévet n’a jamais travaillé avec un corniste et sa connaissance du répertoire du cor et de ses possibilités est assez limitée. Il travaille alors avec Fernand Reine professeur au conservatoire, puis avec Édouard Vuillermoz qui succède à Reine en janvier 1934. Lucien Thévet passe quatre ans au conservatoire, tout en travaillant aux usines Renault à Billancourt (pendant un an et demi). À cette époque, les élèves ne bénéficiaient d’aucun avantage social : il n’y avait ni bourse, ni cantine. Chacun devait se débrouiller pour gagner sa vie. Ensuite c’est le service militaire à la musique du 46° R I.
En 1934 il obtient un 1er accessit au Conservatoire avec Le Prélude, Lied et Rondo de J. Clergue (le directeur Henri Rabaud trouvant le morceau trop facile y avait ajouté « La Sonnerie de Siegfried ». En 1936, il se voit décerner un 2e Prix avec la pièce en Ré de Büsser. En mai 1937 Lucien Thévet entre à l’Orchestre Radio Symphonique de Paris comme cor solo. En juin de cette même année, il obtient son Premier Prix au conservatoire avec « La Chasse de Saint Hubert » de Büsser.
En octobre 1938, il entre comme cor solo à la société des concerts du conservatoire en remplacement de René Reumont démissionnaire. Il occupera ce poste jusqu’en 1967, année où cet orchestre est devenu l’Orchestre de Paris. En 1941, il entre à l’Opéra de Paris – 2e soliste puis 1er soliste en 1954.
Jusqu’à la fin de 1938, Lucien Thévet joue du cor en fa à 3 pistons. À cette époque, il opte pour le cor en si bémol et fa, mis au point chez Selmer par Edouard Vuillermoz. En 1950 Lucien Thévet deviendra à son tour conseiller technique de la maison Selmer et mettra au point un nouveau modèle mis sur le marché en 1964.
Parallèlement à ces activités, Lucien Thévet se produit très souvent en soliste. Il donne 120 concerts pour les Jeunesses Musicales de France interprétant notamment la Sonate de Beethoven, la Villanelle, La Chasse de Saint Hubert et le Trio de Brahms. Il présente le Cor sous un aspect méconnu à l’époque et contribue ainsi au rayonnement de cet instrument. Il joue avec orchestre 35 fois les concerti de Mozart et de nombreuses œuvres dont certaines lui sont dédiées.
Il donne lors de sa première audition en France avec orchestre, La Sérénade pour cor, ténor et cordes de Britten (en 1945), le second concerto de Strauss (en 1950), le concerto de Tomasi (en 1955 ), le concerto de Pierre Max Dubois (en 1957), le concerto de Passani (en 1969), et de nombreuses autres œuvres de : Saint-Saëns, Passani, Paul Le Flem, Claude Pascal, Francaix, Chabrier, Poulenc, Dondeyne, Landowski, Samazeuilh, etc… contribuant ainsi à faire connaitre les compositeurs français contemporains.
Lucien Thévet a effectué de nombreux enregistrements parmi lesquels on peut citer : le 3e concerto de Mozart avec l’Orchestre de chambre Oubradous (Pathé Marconi), le trio de Brahms, La Villanelle, La Sonnerie de Siegfried, des caprices de Gallay (Decca), la sonate pour trompette, cor et trombone de Poulenc, l’élégie de Poulenc avec le compositeur au piano (Vega), un enregistrement du 1er concerto brandebourgeois de Bach sous la direction de Casals, un autre sous la direction de Klemperer ; sept enregistrements différents de la pavane pour une infante défunte, etc…
Ces enregistrements ont malheureusement été retirés du catalogue avec l’apparition de la stéréophonie
Professeur à l’École Normale de Musique de Paris jusqu’en 1969, Professeur au Conservatoire Municipal du 19e arrondissement, Professeur au Conservatoire National de Région de Versailles depuis 1948, Lucien Thévet s’est intéressé à l’enseignement du cor et à publié quantité d’ouvrages : une méthode, des études, des exercices déchiffrages, des exercices à changement de ton, des exercices rythmiques pour ensembles et la révision des six cahiers des études et caprices de Gallay. Il est décédé en 2007.
Thévet (au milieu) à la salle Pleyel en 2002