XVIIIe et XIXe siècles: le vibrato selon les flûtistes allemands

Si J.J.Quantz, aborde la notion de flattement1 dans son traité2 en 1752 , il note également qu’il est possible d’ « améliorer la sonorité de la flûte par un rapide mouvement de la poitrine ou bien par le mouvement de fluctuation des lèvres ». Il propose donc bien ici deux façons d’animer une note, un vibrato du diaphragme ou des lèvres… Ce vibrato des lèvres sera évoqué par plusieurs flûtistes ce qui, pour un musicien du XXIème siècle révèle une pratique musicale assez surprenante, et presque incongrue: le vibrato des lèvres n’est en effet plus utilisé de nos jours.

J.G.Tromlitz (1725-1805), célèbre flûtiste allemand, affirme en 1791 dans son ouvrage Ausführlicher und gründlicher Unterricht die Flöte zu Spielen ( Leipzig, 1791) ne cache pas son aversion pour le vibrato, et conseille à ses lecteurs de se garder de réaliser un flattement par la poitrine (diaphragme), par crainte de prendre l’habitude de vibrer, ce qui résulterait selon lui à une interprétation très douteuse.. (traduction de l’allemand par « miserable execution »).

A.B. Fürstenau (1792-1852), flûtiste et compositeur allemand, écrit en 1834 : « le vibrato est une imitation de la voix qui chante, qui révèle les passions intérieures. A la flûte, ceci peut se produire par une altération rapide de la pression des poumons ou bien faisant trembler la mâchoire en soufflant »3: ici encore, l’auteur fait la distinction entre deux types de vibrato: vibrato de diaphragme ou de mâchoire.

On voit donc dans ces quelques témoignages des flûtistes des XVIII-XIXe siècle qu’il n’y avait pas de réelle homogénéité dans les pratiques, mais que la question du vibrato était source de débat. Le rapport au chant est également une notion importante, qui sera l’objet d’un prochain article..

1Flattement: ornement d’une note longue , compromis entre le tremblement et le vibrato, exécuté digitalement.

2 Quantz J.J. Essai d’une méthode pour apprendre à jouer de la flûte traversière,  Aug. Zurfluh 1752

3Fürstenau A.B Die Kunst des Flötenspiels, op.42, Leipzig: Breitkof & Härtel 1826

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