Vibrer. Mais comment?

A la lecture des nombreux écrits théoriques des XVIIIe et XIXe siècles traitant de la flûte traversière, on dénombre principalement six différents procédés techniques de vibrato.

Deux d’entre eux sont des vibratos digitaux: le Flattement (cf article « Flatter l’oreille.. ») et le Martellement (ou Schwebungen): cette notion a été abordée par Charles Delusse dans l ‘Art de la flûte traversière (1761), puis par Ribock en 1782. Chose intéressante, Delusse n’évoque pas une fois le flattement, mais donne des techniques totalement inédites à l’époque (tremblement flexible, martellement); Le Martellement est assez proche du Flattement, mais en observant les tablatures respectives on constate que le martellement demande d’ouvrir davantage les trous que de les boucher, et quand les trous sont fermés ils ne le sont jamais partiellement. Le résultat sonore est assez distinct: le Martellement laisse entendre plus de variété (mouvements ascendants et descendants) que le Flattement (toujours descendants).

Delusse (1720-1774) est également le premier auteur du XVIIe siècle à décrire le vibrato de poitrine de manière positive: « il prête beaucoup à la mélodie, lorsqu’on l’emploie à propos. Il ne se fait que par un mouvement actif des poumons en soufflant ces syllabes Hou, hou, hou, etc… »

Le vibrato de poitrine (ou de diaphragme) ,évoqué dans de nombreux écrits du XIXe siècle, implique une modulation de la pression de l’air soufflé dans l’instrument. Dans la 1ère moitié du XIXe siècle, il coexiste avec le flattement de façon égale, pour le supplanter par la suite. Nicholson évoque l’imitation de la cloche dans ses écrits : « Vibration on the flute ought to resemble that of a Bell or a Glass »  » (;;;)Pulsations of a bell, which will be found to be slow at first, and as the sound gradually diminishes, so will the vibrations increase in rapidity« .

Enfin  les trois autres techniques utilisent le changement d’angle de direction de l’air vers l’embouchure: le vibrato de mâchoire, le tremblement flexible (vibrato par la rotation du pouce gauche, décrit uniquement par Delusse), et l’ébranlement de flûte (mouvement horizontal de la main droite pour modifier la direction de l’air et apporter une ondulation au son)

Quelle que soit la technique utilisée, les sources historiques s’accordent toutes sur l’aspect ornemental du vibrato, utilisé pour exprimer une émotion particulière.. Fürstenau insiste sur la dimension dramatique et empreinte de pathos véhiculée par le vibrato de poitrine, qui donne toute sa dimension au pic émotionnel d’une phrase musicale; L’essence-même de l’esthétique romantique, en somme..

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