Sainte-Cécile, métamorphoses d’un thème musical est un ouvrage écrit par Albert Pomme de Mirimonde, traitant du thème de l’iconographie musicale de la Sainte martyre. Sainte-Cécile incarne la patronne des musiciens, et des faiseurs d’instruments de musique.
Ecole ROMAINE du XVIIe siècle, suiveur d’Artemisia
GENTILESCHI, Sainte-Cécile.
source de l’image : http://catalogue.drouot.com/ref-drouot/lot-ventes-aux-encheres-drouot.jsp?id=1932080
Albert Pomme de Mirimonde (1897-1985) était un haut magistrat, collectionneur d’art, passionné d’histoire de l’art et un critique d’art français. Albert Pomme de Mirimonde, auteur très peu connu, a écrit de nombreux ouvrages sur les thématiques de l’iconographie musicale et des instruments de musique. Florence Gétreau définit l’iconographie musicale en ces termes :
« Il s’agit de l’étude des représentations figurées de la musique dans les arts visuels, quelle qu’en soit la technique ».
Le récit de la vie de sainte-Cécile est relaté dans la Légende dorée de Jacques de Voragine. Il s’agit d’une jeune vierge romaine issue d’une famille noble. Cécile veut rester vierge pour servir Dieu. Or, ses parents la marient de force. Vivant sous l’empereur Alexandre Sévère, Sainte-Cécile, très pieuse, est persécutée à cause de sa foi puis condamnée à être décapitée après un supplice de 3 jours. Cette jeune martyre a converti un grand nombre de fidèles à la religion catholique, et a demandé au pape Urbain de consacrer sa maison pour qu’elle devienne une Église afin d’accueillir des fidèles. Sa légende se transmet de siècle en siècle.
Comment cette jeune martyre est-elle devenue la patronne des musiciens ? Le choix d’un ou d’une sainte n’est pas le fruit du hasard. Au début de la Renaissance, il est d’usage de trouver un patronage pour chaque corps de métier. Cécile a été choisie pour représenter la patronne des musiciens car durant la cérémonie de son mariage, elle « unissait … le son des instruments à sa voix pour chanter les louanges de Dieu » dans son cœur pour que son corps et son cœur demeurent purs.
L’iconographie de Sainte-Cécile jouant d’un instrument de musique apparaît vers le XVe siècle, et l’orgue devient son attribut. La représentation de l’orgue est due à la mauvaise traduction du terme organis. L’expression d’origine était in corde suo organis. Or, l’usage n’a retenu qu’organis. De ce fait, Sainte-Cécile est représentée avec son orgue. Il symbolise la prière que l’Église adresse à Dieu. Au XVIe siècle, le thème de Sainte-Cécile accompagnée des anges jouant d’un instrument est un thème très prisé des peintres d’Italie et de Flandre. Les représentations de Sainte-Cécile jouant de la musique traduisent à la fois son culte et la théorie de l’art sonore. Les peintres la montrent jouant du clavecin, du virginal, de l’épinette, et du clavicorde.
Guido Reni (1575-1642), Sainte Cécile, 1606, huile sur toile, 96 x 76 cm, Pasadena.
Oeuvre commandée par le cardinal Paolo Sfondrato.
http://www.artliste.com/guido-reni/sainte-cecile-110.html
Aux XVIe-XVIIe siècles, apparaît l’image de Sainte-Cécile jouant du luth qui est l’instrument roi à ces époques. Elisabeth Burwell a écrit un ouvrage intitulé Lute Tutor, v. 1665 pour affirmer que les « anges sachant en jouer avaient été admis à assister à la naissance du Sauveur ». Cependant, Sainte-Cécile luthiste est rarement peinte car cet instrument est perçu comme aphrodisiaque par l’Église. Il en est de même pour le violon ainsi que les percussions.
L’ouvrage d’Albert Pomme de Mirimonde est intéressant pour plusieurs raisons. Il s’agit d’une sorte de catalogue monographique qui peut s’adresser à tous les lecteurs. En effet, son style est clair et concis. De plus, les illustrations accompagnées de commentaires succincts mettent en scène les
différentes étapes de la vie de la jeune sainte martyre en commençant par son mariage en passant par son martyr et se terminant par son ascension. L’auteur joue sur la relation étroite entre les images et le texte.
Les artistes n’hésitent pas à multiplier les représentations de la sainte martyre chantant parmi des anges, jouant des instruments de musique (orgue, clavecin, épinette, clavicorde, luth et harpe) et en compagnie d’autres saintes martyres.
Sainte-Cécile
Dans l’ouvrage, nous notons que les références historiques et hagiographiques sont incomplètes et voire inexactes. L’auteur se focalise davantage sur l’aspect iconographique musicale et il accorde une place minime à la chronologie et au contexte historique. Il en est de même pour les références des tableaux (dimensions, dates, techniques et lieu de conservation). Enfin, la bibliographie demeure peu étoffée pour un sujet de cette ampleur.
Après une brève lecture critique, nous pouvons dire qu’Albert Pomme de Mirimonde, l’auteur de Sainte-Cécile, métamorphoses d’un thème musical (1974), nous fait découvrir l’histoire de la Sainte martyre, Cécile, qui est très peu connue dans l’hagiographie. L’ouvrage dispose d’un riche répertoire iconographique musical qui a été très précieux pour notre étude. Néanmoins, ce livre ne peut constituer une source littéraire sûre pour des spécialistes en raison de certaines lacunes citées précédemment.
Phuong Tran