L’éducation au Royaume-Uni en quelques chiffres.
Après l’émission sur France Culture Cultures Mondes – dont la présentation est reproduite ici, voici quelques compléments d’information concernant l’éducation en Grande-Bretagne aujourd’hui.
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This is England (3/4) – Another brick in the wall: sur les bancs de l’école
01.05.2013 – 11:00
Free school, School Academies, augmentation des frais d’entrée à l’université, augmentation des cotisations aux retraites des professeurs… Ces dernières années, le monde de l’éducation connaît d’importantes transformations ce qui n’est pas sans provoquer la colère. A l’origine de ce climat une série de réformes dans le financement et le fonctionnement de l’enseignement. Dans le supérieur le triplement des droits d’inscriptions à la rentrée 2012 mit les étudiants dans la rue, même dans la vénérable université d’Oxford.
Dans le secondaire, la réforme du système de retraite des enseignants (et des fonctionnaires) a provoqué la plus importante grève du secteur public depuis une quarantaine d’années. Les professeurs, estimant ne pas avoir été entendus, promettent d’ailleurs de remettre ça dès le mois de juin, et restent mobilisés. Quels points communs entre ces mobilisations, ces grèves ?
A priori les problématiques de l’enseignement supérieur et du secondaire sont assez distinctes, mais un point commun revient dans les slogans de ces manifestants: ils disent craindre une forme de privatisation du système d’enseignement. Le sujet n’est pas nouveau en Grande-Bretagne, fonds publics et privés sont mobilisés pour le financement des universités. Dans le secondaire depuis Tony Blair, des « sponsors » privés participent au financement des Academies: ces établissements mixtes représentent aujourd’hui plus de la moitié des lycées. Impossible d’aborder ce débat sans évoquer aussi les fameuses « free schools ». Ces établissements financés par l’Etat sont gérés par des organismes privés, des associations, parfois aussi des groupes religieux qui destinent leurs enfants à une morale communautaire stricte. Quel bilan peut-on dresser de ces free schools deux ans après leur lancement ?
Au-delà des particularités de chacun de ces dossiers, le système éducatif anglais, dans son ensemble, serait-il en train de laisser toute la place au secteur privé? Ce virage est-il une tendance lourde? Ce système est-il de plus en plus inégalitaire, comme de nombreux observateurs le disent? Est-il entrain de devenir est outil de ségrégation sociale?
Invité(s) :
Bertrand Venard, professeur à Audencia – écoles de management à Nantes, research membre of common room au Kellogg College de l’Université d’Oxford, research fellow à l’université de Pennsylvanie.
Susan Finding, professeur des universités en études anglophones à l’UFR Lettres et Langues, Université de Poitiers, directrice du MIMMOC .
Gino Raymond, professeur de « Modern French Studies » à l’Université de Bristol
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Nombre d’élèves : Angleterre 8.2m, Écosse : 0.8m, pays de Galles : 0.5m, Irlande du nord : 0.3m
Nombre d’écoles au Royaume-Uni : 33892
- 3, 326 écoles maternelles
- 21, 968 écoles primaires
- 4176 écoles secondaires
- 1416 écoles spécialisées
- 2611 écoles privées payantes
En Angleterre, en 2012, il y avait:
4,217,000 élèves dans les écoles primaires financées par l’état (gratuites),
3,234,875 élèves dans les écoles secondaires financées par l’état (gratuites),
91,590 élèves dans des écoles publiques spécialisées pour enfants ayant des besoins éducatifs spécifiques (SEN),
13,475 élèves dans des unités spéciales pour enfants exclus des écoles,
39,470 élèves dans des écoles financées par l’état (maintained et direct grant),
577,445 élèves dans les écoles privées payantes (independent) de tous niveaux, soit 7% des élèves en Angleterre.
Ecoles par catégorie | 423 Maintained | 1 Direct grant | 424 Total | 16,818 State-funded Primary | 3,268 State-funded secondary | 967 State-funded special | 72 Non maintained | 1,039 Total | 403 Pupil referral units | 2,420 Independent (payantes) | 24,372 All schools |
Nombre d’élèves | 39,395 | 70 | 39,470 | 4,217,000 | 3,234,875 | 91,590 | 4,325 | 95,915 | 13,495 | 577,445 | 8,178,200 |
En janvier 2012, 1,556 academies en Angleterre, (écoles independentes financées par l’état dont les free schools) avec 1,164,700 élèves soit 38.5% des élèves du secondaire.
Source : statistiques officielles du ministère de l’éducation britannique.
Nombre obligatoire de jours/an de scolarité : 190/an
Scolarité obligatoire : 5 ans à 16 ans. Les 17-18 sont dorénavant obligés d’être en scolarisation/formation/apprentissage, un des fléaux du système éducatif britannique étant le nombre élevé de jeunes de 16 à 21 sans insertion, pour lesquels l’accronyme NEET a été inventé (Not in education, employment or training).
Pourcentage d’une classe d’âge dans l’enseignement supérieur : 50% (chiffre qui confirme ce qui précède). Ou, autrement dit, pourcentage obtenant l’équivalent du baccalauréat (2 matières aux ‘A’ levels) : 52.8% (Education and Training Statistics for the United Kingdom).
Nombre d’étudiants au Royaume-Uni 2,496,645 dont 1,702,610 en licence domiciliés au Royaume-Uni.
Nombre d’étudiants à l’Université d’Oxford : 25,595, dont 14,545 d’origine britannique, en licence; et à l’Université de Cambridge :19,945, dont 10,055 d’origine britannique, en licence.
Soit au total 25000 étudiants britanniques dans des formations en licence à ‘Oxbridge’, ou 14.5% des étudiants britanniques en licence au Royaume-Uni.
On constate une augmentation lente du pourcentage d’étudiants dans les universités britanniques provenant des écoles financés par l’état : 88.9% en 2011-2012. (Source : HESA) Même dans les universités les plus prestigieuses le pourcentage augmentent lentement, et avoisinent les 60%.
Mais, cela veut dire que 40% des étudiants dans ces universités sont toujours issus des écoles privées payantes, alors qu’ils ne représentent que 7% de la population scolaire, et, qui plus est, parmi les écoles financées par l’état, un certain nombre sont sélectifs et réputées pour leur succès dans la course aux places dans les universités prestigieuses (London Oratory par exemple où Tony Blair a envoyé son fils, Euan, admis à l’Université de Bristol). Il y néanmoins des exceptions notables. En 2011, Mossbourne Academy à Hackney, Londres, appelée la ‘pire école’ du royaume en 1995, rouverte en 2004, où 41% des élèves sont de milieu modeste, et où, pour 38% des élèves, l’anglais n’est pas leur langue principale, a réussi à placer 11 de ses élèves à Cambridge.