Bande-dessinée / Cinéma : adaptation ou trahison ?

Dans le cadre des 3e rencontres nationales de la bande dessinée, nous avons assisté à de nombreuses conférences qui se déroulaient pendant deux jours autour du thème de l’adaptation de la bande dessinée au cinéma., né en 1951. Son intervention était dans le cadre d’une journée consacrée pour éliminer la confusion qui est toujours autour la bande dessinée et le dessin animé.

Le 9e art s’est nourri du 7e tout au long de l’histoire :

Pour prouver que le débat, qui se situe autour du fait de passer de la fixité (la bande dessinée) au cinétique (les dessins animés), est très vieux et existe depuis toujours, Pascal Vimenet (un réalisateur, écrivain, enseignant et critique de cinéma, spécialiste du cinéma d’animation) a commencé sa conférence par diffuser des extraits de  Little Nemo (1911) par Winsor McCay et Fantasmagorie (1908) d’Emile Cohl.

Winsor McCay a trahi sa propre bande dessinée en osant défaire par l’animation ce qu’il avait construit dans le cadre des cases fixes de la BD. Il a compris qu’il était face à un autre medium qui fonctionne différemment du support papier auquel il était habitué auparavant. Il abandonne le principe des cases et des phylactères. Dans l’extrait animé qu’il a produit, les personnages de Little Nemo s’engendrent les uns les autres. Ce qui montre que Winsor McCay avait une compréhension intuitive et instantanée de ce qu’est la dynamique cinématographique.

Une accélération des échanges entre les mediums :

Pascal Vimenet a évoqué la personnalité de René Laloux parce qu’il est un bon exemple pour illustrer l’enjeux de son intervention. Ce dernier – dans l’entretien réalisé par Vimenet – a dit qu’il a beaucoup aimé la danse de Gene Kelly avec Jerry Mouse. René Laloux, en citant cet exemple, nous fait penser à l’importance de l’hybridité au cinéma. Selon Pascal Vimenet, on ne doit pas se contenter d’un regard sur le rapport BD adaptée au cinéma d’animation mais il faut envisager la question un peu différemment : plutôt sous l’angle de la dissémination de l’animation dans la totalité du cinéma. Parce que beaucoup de réalisateurs contemporains font appel dans leurs films à l’animation et inversement : beaucoup de films contemporains ne font pas du tout appel à la BD, par ex : La Tortue Rouge. En revanche, ce dernier est un univers graphique fort qui peut très bien faire l’objet d’une adaptation en BD. Du coup, l’échange entre les mediums s’est accéléré.

Il a conclu son intervention par une citation de Blutch[1] : « Nous sommes là à l’opposé du dessin immobile, qui ne se livre pas, qui reste toujours à décrypter, qui se dérobe. Et ce fut bien là ma principale difficulté : comment préserver le silencieux mystère du dessin statique sur le géant-écran. »

Cette citation renvoie à une discussion aujourd’hui entre professionnels sur la place du son dans le dessin animé. En effet, comment dans les adaptations des bandes dessinées, retrouver le son intérieur qui a accompagné la lecture silencieuse de la qu’on a en la lisant.

[1] Blutch, de son vrai nom Christian Hincker, est considéré comme l’un des principaux auteurs de la bande dessinée française depuis le début des années 1990.

Par Hagar SOUSA, étudiante en M2 MPJ

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