Quelle implication pour les auteurs de BD originales ? Quelles retombées financières et en termes de notoriété des œuvres souches ?

Cette 3ème édition des Rencontres Nationales de la Bande-Dessinée avait pour objectif de discuter du lien entre la bande-dessinée, le cinéma et l’animation, du passage sur grand écran. La dernière journée de cet événement a débuté vendredi 05 octobre à 9h15 par une table ronde réunissant Julien Papelier (Editions Dupuis), Camille Jourdy (auteure de Rosalie Blum), Christophe Ledannois (agence Quelle belle histoire) et Sophie Levie (Edition Casterman)

Le thème de leur discussion était : Quelle implication pour les auteurs de BD originales ? Quelles retombées financières et en termes de notoriété des œuvres souches ?

Cette table ronde a abordé différents aspects qu’implique la réalisation de l’adaptation d’une bande-dessinée sur grand écran. Elle a confronté le point de vue des différents acteurs qui ont un rôle à y jouer, à savoir ceux qui possèdent les droits : les auteurs eux-mêmes, dont le droit moral est inaliénable et incessible et qui ont généralement le dernier mot, et leurs maisons d’édition, soit en contact direct, soit avec un intermédiaire supplémentaire qu’est l’agent qui gère les droits de l’auteur.

Cette discussion nous a permis, en tant qu’étudiants du CEPE en marketing plurimédia et jeunesse, de mettre en perspective nos connaissances du droit de la propriété intellectuelle grâce aux discours de professionnels, mais aussi d’obtenir des éléments de réflexion marketing dans la situation particulière qu’est une adaptation de BD sur grand écran.

Par exemple, les stratégies des maisons d’édition vont se trouver modifiées, ou plutôt adaptées, selon le catalogue à disposition : pour Dupuis, titulaire d’un catalogue fourni et plutôt homogène, il est possible de construire une stratégie globale et d’accompagner des projets transmedia – c’est-à-dire d’étendre un univers sur plusieurs supports – dès la réflexion avec des auteurs qu’ils choisissent d’accompagner. Pour Casterman, qui dispose aussi d’un vaste catalogue, mais plus hétéroclite, construire une stratégie globale est compliqué, chaque projet est donc scruté à la loupe et développé selon une temporalité propre.

Nous avons aussi appris qu’adapter une bande-dessinée sur grand écran n’était pas une recette magique pour, par exemple, booster les ventes : en effet, si pour des catalogues “anciens” il peut y avoir un fort regain d’intérêt sur une propriété, la hausse n’est que d’environ 10% sur des œuvres plus récentes ou toujours très actuelles. En effet, les lecteurs de la BD ne vont pas forcément voir le film, et inversement, les spectateurs du film ne vont pas forcément acquérir la BD.

Enfin, les différents intervenants ont discuté de la façon dont ces projets d’adaptation se font. Que la maison d’édition soit sollicitée ou que ce soit elle qui sollicite, différents critères rentrent en compte dans un tel projet : tout d’abord, le réalisateur doit avoir une vision cohérente de l’œuvre originale, ensuite la crédibilité de l’offre est évaluée selon la réputation du studio de production. Enfin, le critère final pour départager deux projets égaux est la dimension financière du projet d’adaptation.

Nous avons aussi pu constater l’importance de l’auteur dans la démarche. En effet, dans le droit français, les auteurs sont très protégés et c’est à eux que revient la signature finale pour valider le projet. Ils sont en général invités à accompagner le scénariste et le réalisateur pour faire respecter leur droit moral (inaliénable et incessible).

Par Clément JAUNAY, étudiant en M2 MPJ

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