A propos pdrouet

Pascale Drouet Enseignant-chercheur en littérature britannique des 16ème et 17ème siècles

Le sculpteur Jean-Luc Mas expose à l’Hôtel Fumé

Voilà plus de 10 ans que le sculpteur poitevin Jean-Luc Mas (né en 1960) consacre son énergie créatrice à travailler le métal et à en explorer le tranchant. L’exposition qui lui est consacrée, du 4 mars au 9 avril à l’Hôtel Fumé, dans les locaux de l’Université de Poitiers, est pour lui l’occasion de présenter de nouvelles œuvres. Plus d’une quinzaine de réalisations et une trentaine de dessins préparatoires sont exposées dans le hall de la bibliothèque universitaire (Sciences Humaines et Arts), ainsi que deux présentations de son travail par Pascale Drouet et Philippe Grosos. Isabelle Fortuné a fait la mise en page des panneaux et l’installation: remarquable! Magnifique exposition, servie, lors du vernissage, par la belle allocution de Frédéric Chauvaud, Doyen de l’UFR SHA. À ne pas manquer !

Quelques photos prises le jour du vernissage. On y retrouve, parmi les oeuvres, Isabelle Fortuné, Philippe Grosos et Jean-Luc Mas.

Le blog shakespearien d’Edouard Lekston est arrivé!

Copyright: Edouard Lekston

Il y a de nombreuses années déjà que l’illustrateur français Edouard Lekston lit et relit Shakespeare, s’imprégnant de la riche polyphonie discursive de ses pièces historiques et de ses tragédies, méditant ses métaphores poétiques tout autant que truculentes, pour en proposer une interprétation picturale subtile, originale et sans cesse renouvelée.

http://lekston-shakespeare.blogspot.fr

Enfin, Edouard Lekston crée un blog exclusivement consacré à ses travaux shakespeariens, nous invitant ainsi à un aperçu clair et stimulant de ses créations majeures: depuis son Richard II (Le Basculement) jusqu’à son très récent Harry & Jack (interprétation graphique de la première partie d’Henry IV), sans oublier son incontournable RIII: Family Gathering qui revisite la pièce historique la plus sanglante de Shakespeare: Richard III. Ses travaux antérieurs sur MacbethLe Roi Lear et Hamlet sont également accessibles.

Si Edouard Lekston ne s’est pas, jusqu’à présent, penché sur les comédies ou tragi-comédies shakespeariennes (et l’on peut se prendre à rêver que Le Songe d’une nuit d’été ou La Tempête inspirent prochainement ses crayons), précisons que l’humour n’est pas l’un des moindres de ses traits. Aussi découvrons-nous, sur son nouveau blog, son très bel autoportrait en bateleur chatoyant.

En 2016, des manifestations internationales se multiplieront un peu partout dans le monde pour commémorer le quadricentenaire de la mort de Shakespeare. De sa mort? disons plutôt de son excellente santé! Le dramaturge est toujours parmi nous à travers son analyse si juste de l’âme humaine dont il a su sonder jusqu’aux profondeurs les plus redoutables. En témoignent les nombreuses adaptations contemporaines qui continuent de voir le jour, qu’elles soient, essentiellement, théâtrales ou cinématographiques. Dans le domaine graphique, l’oeuvre d’Edouard Lekston n’a pas sa pareille. Il est urgent de faire connaître, auprès du public, cette oeuvre qui comprend si subtilement et renouvelle avec tant d’inventivité et de justesse le théâtre de Shakespeare. Urgent de la faire connaître et reconnaître auprès d’un éditeur. Car, étonnamment, cette oeuvre attend toujours son éditeur.

La foule et le théâtre

 

 

« La foule », par Olivier Suire Verley, 1998

Les vendredi 8 et 9 février 2013 auront lieu, à la MSHS et à l’UFR de Lettres & Langues de l’université de Poitiers, deux journées d’études consacrées à « Présence et force de la multitude: comment représenter les mouvements de foule au théâtre » – coorganisation: Pascale Drouet et Françoise Dubor, membres du laboratoire de recherche FORELL B1 (dir. M. Briand) & B2 (dir. P. Née). Entrée libre.

PROGRAMME

VENDREDI 8 FEVRIER (Salle Mélusine, MSHS)

Matinée 

9h45-10h : accueil des participants (café/thé etc.)

10h-10h45 : « La foule comme personnage collectif dans le théâtre de Shakespeare », Delphine Lemonnier-Texier (Université de Rennes 2)

10h45-11h30 : « Scènes de foule sans ‘foule’ dans le Coriolan de Shakespeare », Catherine Lisak (Université de Bordeaux 3)

11h30-12h15 : « Foules en temps de conflit : Gémier et ses représentations shakespeariennes », Isabelle Schwartz-Gastine (Université de Caen)

Après-midi

14h30-15h15 : « Contrainte et autonomie. La multitude dans les créations de Mihai Maniutiu et de l’association ColletivA », Mattia Scarpulla (Faculté de Théâtre et de Télévision, Université Babes-Bolyai, Cluj-Napoca, Roumanie / Agence Universitaire de la Francophonie)

15h15-16h : « ‘Apparaissons, tenons debout’ : Mettre en scène la foule en révolte : Nous les vagues de Mariette Navarro mis en scène par Patrice Douchet », Sylvain Diaz (E.N.S.A.T.T. et E.N.S. de Lyon)

16h-17h : Entretien de Leila Adham (Université de Poitiers) avec Matthieu Roy (metteur en scène) et Mariette Navarro (auteur)

SAMEDI 9 FEVRIER (Salle des Actes, UFR Lettres & Langues)

9h-9h45 : « ‘Ce ne sera l’avis de la cité Thébaine’ : Rhétorique et résistance dans le théâtre de Robert Garnier », Anna Rosensweig (University of Minnesota)

9h45-10h30 : « La foule au Théâtre Libre d’André Antoine (1887-1894) : marée sournoise ou théâtre vivant ? », Simona Montini (Université de Paris III)

Pause café/thé

11h-11h45 : « La représentation des anonymes dans la foule des Communards chez Brecht et Adamov », Nathalie Cau (Université de Paris Ouest Nanterre)

11h45-12h30 : « Les masses dans le théâtre d’Einar Schleef : figures chorales, figures historiques ? », Jitka Pelechova (Université de Paris Ouest Nanterre)

12h45-13h : clôture des journées

Lectures en partage

Venez découvrir un extrait du dernier recueil d’Yves Bonnefoy dans la rubrique « Lectures en partage ». Dans « La grande voix », le poète fait l’expérience d’une épiphanie sonore « au pays de Shakespeare ».

« Et alors, soudain, dans ce chant qui durait depuis déjà une ou deux minutes, une voix surgit, brusquement, qui s’élança glorieusement dans la clarté et les ombres de la chapelle, prenant possession de l’hymne. Une voix de femme, jeune, profonde… » 

Shakespeare: mise au ban et abus de pouvoir

Vient de paraître Mise au ban et abus de pouvoir. Essai sur trois pièces tragiques de Shakespeare, Préface d’Emmanuel Housset, Paris, Presses de l’Université Paris Sorbonne, coll. « Mondes Anglophones », 2012. ISBN : 978-2-84050-852-6

King Richard II, Coriolanus, King Lear : ce qui réunit ces trois pièces tragiques de Shakespeare, c’est qu’elles mettent en scène d’abusives mises au ban. Les abus de pouvoir qui excluent, sans autre forme de procès, résultent d’un franc-parler, de ce qui est mésinterprété comme abus de langage et, donc, refus d’allégeance. Mais qu’elles se manifestent à partir de motifs d’ordre linguistique, ou éthique, physique voire psychique, ces pratiques relèvent toutes de ce qu’il est possible de nommer une dynamique de « déterritorialisation », laquelle anime la dramatique de l’œuvre.

Ainsi, en réponse à ces mises au ban, des stratégies de résistance se mettent en place : riposte frontale et rupture de ban, évoquant la loi du talion, mais aussi esquive, détour et recours à la ruse. Participent de ces stratégies de fulgurantes « machines de guerre » et des glissements identitaires imperceptibles qui, chacun à leur façon, déjouent l’implacable cartographie des bannisseurs. Tentent également de la déjouer ceux qui, privés de lieu d’être, s’évadent mentalement. Or, refuge dans l’imaginaire et égarement dans une dialectique de l’endurance et de l’épuisement mènent ceux qui y cèdent à lâcher prise, qu’ils sombrent dans la folie ou renoncent à la vie.

En interrogeant la pratique de la mise au ban abusive, Shakespeare nous invite à un questionnement sur la légitimité du pouvoir, mais aussi sur l’exercice du libre arbitre et sur les limites de l’humain.

Pour commander l’ouvrage: http://pups.paris-sorbonne.fr/pages/aff_livre.php?Id=1000

La Comédie à la Renaissance

Le vendredi 23 novembre 2012 aura lieu à la MSHS/Université de Poitiers, organisée par Bianca Concolino et Pascale Drouet et sous l’égide du laboratoire de recherche FORELL B1, une journée d’études consacrée à la théorie, la pratique et la réception de la comédie dans l’Europe de la Renaissance. L’entrée est libre et vous êtes les bienvenus.

 Théorie, pratique et réception de la comédie de la Renaissance en Europe

MATINEE 

9h45-10h : accueil des participants (café/thé etc.)

10h-10h45 :    « Introduction : définir la comédie », Bianca Concolino (Université de Poitiers) & Pascale Drouet (Université de Poitiers)

10h45-11h30 :            « La comédie comme miroir de la ville au début du XVIème siècle », Giulio Ferroni (Université de Rome La Sapienza).

11h30-12h15 :            « Rire avant l’Art nouveau d’écrire des comédies : Mariage et ambigüité sexuel chez le premier Guillén de Castro (Los malcasados de Valencia) », Juan Carlos Garrot (Université de Tours/CESR)

 12h30-14h15 : déjeuner à la Petite Ville

APRES-MIDI

14h30-15h15 :            «  Ecart tragique : Figurer, représenter l’extrême violence à la fin du XVIe et au début du XVIIe siècle. Effet sanglant, effet frappant, effet pathique, effet tragico-comique ? », Christian Biet (Université de Paris Ouest Nanterre, IUF)

15h15-16h :    « La fonction du comique grotesque dans quelques pièces pré-shakespeariennes », Pauline Ruberry-Blanc (Université de Tours/CESR)

16h-16h45 :    « Shakespeare et la comédie (à la) française », Richard Hillman (Université de Tours/CESR)

http://www.mshs.univ-poitiers.fr/Forell/web/

 

 

 

 

 

 

Le Digamma

Le dernier ouvrage d’Yves Bonnefoy vient de paraître: Le Digamma, Paris, Editions Galilée, coll. « Lignes Fictives », 2012.

Le poète se penche notamment sur d’originales mises en scène de Hamlet et d’Othello qui interrogent la présence de Dieu et disent la prédilection du poète pour les figures féminines de Shakespeare, les personnages d’Ophélie et de Desdémone.

En voici l’incipit:

« Les répétitions avaient à peu près bien commencé. Mais vite des événements incompréhensibles se produisirent. D’abord le metteur en scène éprouva un grand désir inquiet d’élargir la scène. L’espace habituel ne lui suffisait plus. Des le second jour des rencontres il voulut faire tomber une paroi qui restait d’un décor ancien sur le plateau, et dans son impatience prit un marteau, se jeta sur ces planches peintes, mais c’était solide, elles résistaient, il dut renoncer, dans une crise de larmes.

On s’étonna, mais le même désir d’accroissement de l’espace scénique gagnait les comédiens. Ils aimaient rester assez loin les uns des autres. On eût dit qu’ils voulaient laisser vide le centre du plateau ».

Les sculptures de métal de Jean-Luc Mas, un écho à l’univers macbethien d’Orson Welles ?

Quand les sculptures de métal de Jean-Luc Mas convoquent la célèbre tragédie de Shakespeare adaptée à l’écran par Orson Welles, des correspondances imaginaires s’ébauchent.

Les eaux du Styx, Métal, H310 x P 265 x L465 mm

Que nous donnent à voir et à toucher, à ressentir et à penser, les œuvres de métal du sculpteur poitevin Jean-Luc Mas ? D’infinies variations sur des objets de crucifixion, des sculptures intitulées « Les eaux du Styx », « Les arbres du Tartare », « Post-Mortem ». Comme le souligne Philippe Grosos, toutes ces sculptures portent la trace de « l’immémoriale histoire de la souffrance humaine ». L’ami du sculpteur précise : « La souffrance est ici de mise, car là on cloue les corps et déchire les chairs. Aussi Jean-Luc Mas peut-il sculpter ce qui se donne à voir comme des clous, des pieux, des haches, des piques, des tridents, des pointes : autant d’instruments par lesquels l’homme aura pu blesser, meurtrir, voire torturer l’autre homme ; autant de réalisations qui, provocantes, appelleront la main du curieux, de l’amateur, de l’esthète à s’y confronter, et peut-être, lui aussi, à s’y blesser ».

Autant d’instruments qui pourraient appartenir à l’univers sombre et barbare de Macbeth, cette sanglante tragédie de Shakespeare où la lande écossaise fait surgir des sorcières maléfiques pour et par lesquelles « l’immonde est beau, le beau immonde », où Hécate donne rendez-vous à ces soeurs fatales à « l’orifice d’Achéron », où Lady Macbeth invoque l’épaisse nuit « enveloppée des plus âcres fumées d’enfer », où le château de Macbeth appelle, même chez le simple Portier pas encore tout à fait dessaoulé, des métaphores infernales, où le noble Banquo se retrouve dans un fossé « la tête percée de vingt blessures / Dont la moindre est mortelle », où les meurtres odieux se succèdent à un rythme effréné jusqu’à ce que le tyran soit vaincu par Macduff, venu au monde par césarienne et donc pas « né d’une femme » (trad. Yves Bonnefoy). Macbeth est une tragédie tout hérissée de piques et tranchante.

Welles est Macbeth

En 1948, le cinéaste américain Orson Welles transpose, en noir et blanc, Macbeth à l’écran. Il s’agit, en ses termes, d’« une violente esquisse au fusain d’une grande pièce ». Le sombre, l’immonde, le piquant et le tranchant se font visuels, à commencer par l’archaïque fourche des trois sorcières.

Macbeth couronné roi d'Ecosse

On pense d’emblée aux dagues, aux glaives, aux poignards, aux épées qui parsèment la tragédie. Mais plus frappantes encore sont les couronnes toutes de pointes de Macbeth devenu roi.

Quel plus beau sceptre pourrait-on imaginer pour ce roi régicide qui va s’enfoncer plus avant encore dans le meurtre, jusqu’au dégoût, jusqu’à l’insipide, que l’inquiétant trident de Jean-Luc Mas ?

Le trident, Métal, H360 x P195 x L560 mm

Macbeth en guerrier

L’ultime couronne de Macbeth, celle qui évoque par une sombre ironie la Statue de la Liberté, comme son « bâton de commandement », a des pointes effilées semblant appartenir à autant d’objets de torture. Ces symboles de pouvoir tout aussi inquiétants qu’étranges pourraient participer des variations de Jean-Luc Mas, ses variations sur d’étonnants « objets de crucifixion ».

Objet de crucifixion, Métal

Comme le souligne Youssef Ishaghpour, le Macbeth de Welles « cherche à atteindre le symbolisme théâtral, le rituel du sacrifice et une dimension magico-cosmique ».

Birnam

Macbeth se croit invincible depuis qu’une apparition convoquée par les sorcières lui a dit qu’il demeurerait invaincu… tant que la forêt de Birnam n’avancerait pas contre lui jusqu’au château de Dunsinane. Alors quand Malcolm dit à ses hommes : « Que chaque soldat se taille une branche / Pour la porter devant lui. Ce sera mettre à couvert / Le montant de nos effectifs. Et les avant-postes adverses / Seront induits en erreur », et que Macbeth apprend que la forêt est en marche vers son château, cette forêt devient son enfer, elle signe son arrêt de mort.

Les arbres du Tartare, Métal, H1115 x P315 x L350 mm

A ce moment précis de la tragédie, les bois de Birnam sont pour Macbeth semblables aux « Arbres du Tartare » de Jean-Luc Mas, dangereusement effilés, tranchants comme des lances de combat.

Lance, Métal, L325 mm

Par-delà époques et continents, il semble que les esthétiques respectives de Shakespeare, de Welles et de Mas se rencontrent et qu’elles nous disent quelque chose de ce redoutablement aiguisé inhérent à l’âme humaine.

Post-mortem, Métal, L640 x P310 mm

POUR EN SAVOIR PLUS :

♠ Site internet du sculpteur : www.jeanlucmas.com

♠ William Shakespeare, Macbeth, Préface et traduction d’Yves Bonnefoy, Paris, Gallimard, coll. « folio classique », 2010.

♠ Youssef Ishaghpour, Orson Welles Cinéaste. Une Caméra Visible. III : Les films de la période nomade, Paris, Editions de La Différence, 2001.

Vient de paraître…

Après The Contractor, on l’attendait avec impatience… Le dernier roman de Charles Holdefer vient de paraître.

“ A minor-league ball player tries to find
peace and the pastoral life as a
schoolteacher, but gets a rude awakening
when confronted by meth heads, kids with
serious bullying issues, and industrial pork
farms. After starting an affair with the mother
of one of his students, he winds up in a
world of trouble he never could have
imagined. With a keen sense of social satire,
Holdefer gives us reason to rethink what a
simple life looks like.”
—Booklist

“ Breezy . . . satisfying . . . funny.”  

—Publishers  Weekly

HOLDEFER, Charles, Back in the Game, Permanent Press, New York, June 2012, (206 pages) ISBN: 978-1579622657.

www.charlesholdefer.com