Ce que j’aime le plus, quand je dois me rendre chez le médecin, c’est le quart d’heure passé dans la salle d’attente… Car dans une salle d’attente de médecin, on trouve toujours le Figaro Magazine. En l’occurrence, j’ai découvert le numéro du 17 juin 2006, qui s’interrogeait sur le programme socialiste. Forcément, on a convoqué les meilleurs spécialistes, et, parmi eux, Pascal Salin, professeur à l’Université Paris-Dauphine. Bon, c’est un habitué des sorties fracassantes, mais là, dans le genre, je crois qu’il atteint des sommets :
Incapables de se renouveler, contrairement à tant d’autres, les socialistes français restent habités par les fantômes de Marx et de Keynes, ces deux auteurs à qui l’on doit certains des pires ravages du XXe siècle (p. 44).
Finalement, c’est parfois une bonne chose que les économistes ne soient pas trop écoutés en France…
“on trouve toujours le Figaro Magazine”
Essayez-vous de dire que l’on trouve des bêtises économiques dans les seuls magazines de droite ?
“Bon, c’est un habitué des sorties fracassantes, mais là, dans le genre, je crois qu’il atteint des sommets”
C’est pourtant sa trame de fond idéologique qui est exprimée ici, cela ne devrait pas vous surprendre. Hayek ou Friedman (le père) on dit la même chose bien avant lui au demeurant.
je ne pense pas que Hayek aurait pu écrire ceci sur Keynes. Lisez l’introduction à la route de la servitude de Hayek, et vous apprendrez que Keynes et lui correspondaient et que Keynes avait loué le travail de Hayek. Il s’agit donc plus entre eux d’une question de degrés que de nature, l’un comme l’autre rejetaient l’économie administrée.Pascal Salin est donc bien dans une argumentation particulièrement grossière.ajoutez par exemple les louanges de raymond aron sur marx (grand sociologue et historien en gros) et vous oublierez salin.
@xlz : * non, non, le figaro n’a pas cette exclusivité! Mais à chaque fois que je le lis (assez rarement en fait,:je ne vais que rarement chez le médecin!), je trouve toujours des propos savoureux… * je ne suis pas surpris que Salin rejette Marx et Keynes, mais qu’il leur attribue les pires ravages du XXe siècle, ca dépasse largement la bêtise.
Salin est toujours mieux à jouer au chef de jury d’agreg plutôt qu’à bosser à la BM, non ? Bon, vous me direz qu’il y a pire : Elisabeth Tessier, les frères Bogdanoff, etc. : mais franchement, d’un point de vue international, je vous dirais que les institutions économiques mondiales, celles dont le rôle dépasse la capacité d’alignement spontané sur la pensée gouvernementale de l’instant, n’ont pas vocation à servir de poubelle au rebuts du système de formation national.Au fait, sauf erreur, il n’est pas devenu le grand économiste qu’il est sans gros soutiens dans sa discipline, non ?
@ liberoidal : oui, je préfère le voir à la tête du jury d’agreg qu’à la BM ; oui, il y a pire… on se console comme on peut! Sinon, j’ai un peu de mal à le définir comme "grand économiste"…
Ma mémé et mon pépé pensent probablement que je suis un grand économiste, certains de mes amis un peu cons et peut-être des élèves peu doués. Pour Salin, c’est un peu pareil, non ?
@ econoclaste-sm : voui, sans doute. Je ne sais pas s’il a encore sa mémé et son pépé, mais des amis un peu cons, ca m’étonnerait pas… Bon, pis y’a au moins Madelin qui doit le considérer comme un grand économiste, mais c’st peut-être juste parce que Salin le considère comme un grand politique :o)
@Olivier: Je ne pense pas que Salin se revendique comme grand économiste, pas plus qu’Hayek ne l’aurait fait d’ailleurs.
Un grand économiste, au sens académique du terme, doit avoir poussé la division du travail suffisament loin pour être devenu ignorant de bien des choses du monde, dont bien souvent, hélas, la morale et le droit. Ce n’est pas le cas de Salin.
Ce qui en revanche distingue Salin d’autres économistes, même si -heureusement- il n’est pas le seul dans cette situation, c’est que l’étude modeste de l’économie l’a amené à découvrir la pertinence des concepts d’ordres spontanés, et ses implications pour l’humanité.
@Liberoidal: Justemment parce qu’il est plus conscient qu’un autre des rapports qu’entretiennent l’économie et le droit (le marché est enfant du droit), Salin serait sans doute plus utile à l’humanité dans une institution comme la BM qu’en officiant dans le maigre espace que veut bien lui accorder l’université.
Les problématiques de développement ont sans doute bien plus à voir avec le droit et notamment la nature des droits de propriété qu’avec l’organisation centralisée de l’activité économique ou la non-utilisation de certaines capacités de production.
xlz: pardonnez le libéral assumé que je suis de compter sur les lauréats de l’agrégation d’économie pour transmettre aux générations montantes cette importante notion qu’est la relation entre droit et marché là où la notion d’état de droit a un sens (en gros, en Europe et dans certaines de ses anciennes colonies). La BM n’a aucune chance de promouvoir la prospérité par la paix en partant du principe que la notion d’état de droit est universelle, quoi qu’on puisse en dire en dire et l’enseigner. Il suffit pour cela d’essayer de se représenter l’image que peut renvoyer un gentil universitaire blanc, même de toute bonne foi, expliquant à l’héritier d’une tradition plurimillénaire ou d’une autre, père aimant, citoyen modèle, reconnu pour sa haute morale par les siens, que tout ce qu’il croit est faux et que tout ce que dit le bon blanc est juste et vrai.L’éducation coûte cher : il n’y a donc pas d’éducation envisageable sans prospérité. Pas de prospérité sans paix.
Liberoïdale :"L’éducation coûte cher : il n’y a donc pas d’éducation envisageable sans prospérité. Pas de prospérité sans paix."C’est pas plutôt le contraire ?Il n’y a pas de prospérité envisageable sans éducation ? :oDOBO :Je me demande si des économistes "libéraux" n’ont pas parfois honte eux aussi de ce type de discours, lorsqu’ils entendent de pareilles choses dans la bouche de collègues.Je veux dire… vous savez, comme lorsque dans une bande d’amis, y’en a un ou deux, considérés comme boulets, qu’on accepte encore par amitié mais… bon… qu’on approuve pas tout le temps.J’imagine bien des soirées d’économistes libéraux : "Ha… c’est Salin… – Qui c’est qui l’a invité ? – Bon. Il a sûrement volé une invitation. Ou alors Joseph veut encore nous faire une blague.- Faudrait essayer de le soûler ou le droguer pour qu’il évite de parler aux journalistes en sortant. – Tu t’en charges ?- Ha non ! Pas moi, la dernière fois c’est déjà moi qui ait fait diversion alors qu’il sortait que Keynes et Marx, encore vivants, participaient à un complot mondial…- Les gars, ils se dirige vers nous !".:oDSinon, je vous rassure (Ou pas.) : ce type de phrase ne touche pas que les économistes "pros".Lorsqu’on est étudiant en éco et que l’on se balade au sein de plusieurs milieux différents, notre domaine n’est pas toujours le plus "respectable" pour beaucoup en raison de mecs comme Salin et de journaux comme Le Figaro. (C’était peut-être déjà ainsi de votre temps, d’ailleurs ?)AJC
Vous rigolez mais faisant partie du “grand publique” (c’est à dire n’ayant pas de connaissances en économie), je peux vous assurer que ce M.Salin est typique de l’économiste tel que je le percevais avant d’atterrir sur votre blog, c’est à dire un type balançant un discours suffisant basée sur idéologie ( pas toujours la même mais toujours “de droite”) et ce n’est que grâce à votre blog (et celui d’éconoclaste) que j’ai découvert que l’économie était une vraie science (c’est à dire construisant des modèles, basées sur des hypothèses, confrontant celà à la réalité) avec toute l’humilité de la démarche associée à la beauté du pouvoir explicatif.
"C’est pas plutôt le contraire ?Il n’y a pas de prospérité envisageable sans éducation ? :oD"Vous avez raison de souligner que les Jésuite en leur temps, les frères musulmans à notre époque, aidés par les dons de leurs contemporains, apportèrent l’éducation de par le monde, avec le résultat qu’on sait. "Dans ma crèmerie", il est donc admis qu’il convient de se méfier des intentions réelles des enseignants qui se disent désintéressés, et partir du principe, dans un premier temps du moins, en attendant qu’une vérité universelle prétendue deviennent une vérité universellement acceptée, que youye culture peut réfléchir à la manière de créer son propre système d’éducation, et que le rôle de l’échelon transnational est d’entretenir le dialogue pour ne jamais perdre le contact.Ces professionnels que furent les hussards noirs du ministre Guizot eurent plus e succès dans l’unification des provinces françaises, ne trouvez-vous pas ?
“c’est à dire construisant des modèles, basées sur des hypothèses, confrontant celà à la réalité”
C’est une première base d’avoir compris cette démarche. Vous pouvez maintenant reprendre chacune de ces étapes, et vous demander dans quelle mesure l’idéologie est absente de celles-ci, et partant, dans quelle mesure votre schéma Salin l’idéologue vs les vrais économistes scientifiques tient la route.
Le choix des hypothèses est-il idéologiquement neutre ?
La confrontation à la réalité est-elle possible ?
A choisir je crois que ce que je préfère c’est la mesure dont semble faire montre cet homme là..Pas de juste milieu, pas de compromis, pas de doute ni de remise en cause..C’est beau l’aveuglement..En même temps, et bien que nous ne soyons pas intime M.Bouba-olga, je me permettrais juste de vous interpeller sur ce ton de la plaisanterie:"mon bon olivier, c’est quoi ces congénères que tu as? et est-ce que tu ne cherches pas à te faire mal en lisant le figaro?"J’avoue moi même avoir eu le même reflexe en essayant de lire les chroniques de d’Orcival pour voir si je pouvais supporter ses ramassis de poncifs eculés mais au final j’ai décroché…Mon conseil du jour donc: Décroche !!!
"Marx et de Keynes, ces deux auteurs à qui l’on doit certains des pires ravages du XXe siècle"Comme vous le dites OBO, cette idée dépasse largement la bêtise…on reste poli car ce blog reste un blog respectable ( sauf erreur de ma part ). Comment peut on dire ça sachant ce qui c’est passé et ce qui se passe encore !!Le recours à l’exagération pour appuyer une idée, je veux bien le comprendre, mais faut quand meme pas trop pousser.Carton rouge, comme Zizou, Mr Salin !!
@xlz je vous l’accorde, ma frontière a été tracée à la hache et bien éviemment tout celà est bien plus subtile que mon opposition binaire rédigée avec précipitation.
C’est d’ailleurs assez amusant que vous en fassiez la remarque ici car celà me rappelle de (pas si) vieux souvenirs puisque le sujet : “L’idéologie est elle à la base de la découverte scientifique ?” était mon sujet à l’oral de l’ENSAE.
L’autre truc qui me dérange chez ceux qui balancent le nom de Pascal Salin comme grand economiste, c\\\’est que je n\\\’ai jamais trouvé un seul (PAS UN SEUL) papier sur les bases de données d\\\’articles d\\\’économie dignes de ce nom. A-t-il fait de la recherche? Qu’enseigne-t-il? Rien trouvé sur son activité d’économiste universitaire. Je peux être passé à côté de la bonne source, alors corrigez moi si vous connaissez les articles de Pascal Salin dans des revues à comité de lecture.Aussi, je l’ai vu qualifié de "un des plus grand spécialistes mondiaux de finances publiques". D\\\’où cela vient-il? A-t-il été un expert de renom pour une quelconque organisation internationale ou banque centrale? Là encore, please dîtes moi si j’ai juste mal cherché (j\\\’avoue que je préfère faire de la recherche en économie que chercher les travaux de Pascal Salin…)Quand on passe son temps à écrire des "essais" de propagande de ses propres idées, on peut certes être invité à la télé et dans la presse pour donner son point de vue, et oui on peut même avoir le titre "économiste" devant son nom dans le journal si c\\\’est bien ce à quoi on est employé (même pour ne pas produire quoi que ce soit, mais passons). Mais il faudra quand même un jour que les journalistes sachent distinguer les bons des charlots. On peut donner parole aux deux types, mais faudrait quand même pas laisser penser aux lecteurs profanes qu\\\’ils représentent de manière équivalente la science économique un peu sérieuse.
@James: Comment !!! Vous n’avez jamais lu "Libéralisme", dudit Sieur Salin, ce chef d’oeuvre d’humour involontaire !Je vous le conseille… Enfin, si vous pouvez l’emprunter, l’acheter serait aller trop loin, même au nom de la science (économique).
Pour info, Pascal Salin sera l’invité de l’émission "L’arène de France" ce soir (mercredi 20 sept) sur France 2. Il participera au débat : "Faut-il régulariser les sans papiers ?" et défendra le non. Avec un programme comme ça, on va bien s’amuser 🙂
Ah, Salin… j’aurai pu l’avoir comme prof en DESS, donc en comité réduit. La gloire! Mais j’ai préféré prendre une matière à points plutôt que me divertir à 8h du matin. C’était en droit, et ceux qui ont pris l’option étaient un peu dubitatifs en sortant sur l’efficacité réelle de la science économique. Une de ses idées fétiches était de mettre des péages sur les trottoirs pour les piétons, afin d’internaliser le coût de l’usure du macadam. Il reconnaissait que c’était de l’utopie, mais quelle efficacité potentielle!
Pascal SALIN est du genre à considérer l’économie comme une réligion est non comme une science inexacte.