Le graphique, trouvé ici, reprend en abscisse la part effective des immigrés dans la population de différents pays et, en ordonnée, la part estimée par les citoyens de ces mêmes pays. La ligne rouge rassemble les points où parts estimées et parts effectives sont égales. Tous les pays sont au-dessus, signe que tout le monde surévalue la part des immigrés dans la population.
Tous sont au-dessus, mais certains plus que d’autres. A ce petit jeu, ce sont les français qui se trompent le plus : la part des immigrés dans la population est de 10%, les français la déclarent en moyenne comprise entre 25 et 30%.
Je m’interroge sur une causalité : est-ce parce que nos politiques sont incapables de parler sérieusement d’immigration que les citoyens surestiment autant les chiffres, où est-ce parce que les citoyens surestiment autant ces chiffres que les politiques sont incapables d’en parler sérieusement ? Causalité circulaire, peut-être.
On pourrait élargir à bien d’autres sujets : piégés par nos croyances, nous avons tous du mal à voir les évidences et à agir en conséquence…
Deux points curieux:
-au 1er janvier 2014, l’immigration en France représente 7,7 millions de personnes, soit 11,6 % de sa population, dont environ 5,5 millions (8,3 %) nées hors de l’Union européenne, et en fait ce sont ces 8.3% que les français ont à l’esprit quand ils pensent immigrés.
– Le chiffre de 25% correspond à peu près au chiffre des personnes “issus de l’immigration”, c’est à dire soit immigrés directs, soit nés en France mais d’un parent étranger. Ce qui suggère que le “droit du sol” n’est pas vraiment intégré à la conscience collective.
Ping : Le graphique du jour (le piège de nos croyances) – Reve 86
Ce qui n’est pas analysé à ma connaissance est le taux d’acceptation de ce qui constitue le pays France (de la part d’immigrés directs et indirects), la différence de difficulté d’intégration selon les origines (mélanger des espagnols et des français est intuitivement plus simple que d’autres mélanges même en Europe), et au final, donc en permanence, la comparaison de la satisfaction de la population totale avant et après mélange et dont ce graphique est peut être une amorce de mesure.
Par contre ce qui est assez bien connu ou intuité est la difficulté (ou impossibilité) que représenterait la constitution d’une population immigrée dans un certain nombre de pays de la planète.
Finalement la mesure de l’intégration serait plus instructive (plus difficile ?) que le taux d’immigration.