L’Insee vient de mettre en ligne les taux de chômage trimestriels par zones d’emploi (304 zones en France métropolitaine) pour le 4ème trimestre 2015. L’occasion de refaire un point à l’échelle infra-nationale sur la question de l’inversion de la courbe du chômage.
A l’échelle du pays, c’est clair, le chômage stagne : la moyenne simple des taux de chômage par zone d’emploi était à 9,9% fin 2012, 9,8% fin 2013, 10,2% fin 2014 et 10,1% fin 2015. Mais rien ne dit que des choses ne bougent pas à des échelles plus fines.
La dernière fois que je m’étais livré à l’exercice, on observait peu de changement, moins d’une dizaine de zones avaient vu leur taux de chômage baissé. Cette fois, leur nombre est plus important : 75 des 304 zones d’emploi ont un taux de chômage au dernier trimestre de 2015 inférieur à leur taux de chômage au dernier trimestre de 2012. Dans certains cas, la variation est faible, dans d’autres cas, elle est relativement forte.
Pour le montrer, on peut commencer par cartographier l’écart entre les deux taux de chômage (taux 2012 – taux 2015). Une valeur positive signifie que le taux de chômage a baissé, d’autant plus que la valeur est élevée.
Les zones en bleu sont celles qui ont connu une hausse du chômage ; celles en jaune et en orange ont connu une baisse du taux : entre 0,1 et 0,6 points de pourcentage pour les zones en jaune, entre 0,6 et 1,2 points de pourcentage pour celles en orange.
Vous pouvez découvrir le détail des 75 zones d’emploi ici : le nom de la zone, sa région d’appartenance, le taux de chômage aux deux dates et la variation du taux. Elles sont classées de la plus forte variation à la plus faible. Les 15 zones en orange sont les suivantes :
zone d’emploi | région | 2012 | 2015 | écart |
Douai | Nord-Pas-de-Calais-Picardie | 14.8 | 13.6 | 1.2 |
Calais | Nord-Pas-de-Calais-Picardie | 16.8 | 15.7 | 1.1 |
Vesoul | Bourgogne-Franche-Comté | 10.0 | 9.1 | 0.9 |
Vallée de l’Arve | Auvergne-Rhône-Alpes | 10.5 | 9.6 | 0.9 |
Lens-Hénin | Nord-Pas-de-Calais-Picardie | 17.0 | 16.1 | 0.9 |
Ussel | Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes | 7.8 | 7.1 | 0.7 |
Verdun | Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine | 11.6 | 10.9 | 0.7 |
Saint-Flour | Auvergne-Rhône-Alpes | 6.6 | 5.9 | 0.7 |
Limoux | Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées | 13.6 | 12.9 | 0.7 |
Sens | Bourgogne-Franche-Comté | 11.3 | 10.7 | 0.6 |
Saint-Malo | Bretagne | 9.8 | 9.2 | 0.6 |
Château-Thierry | Nord-Pas-de-Calais-Picardie | 12.2 | 11.6 | 0.6 |
Vendôme | Centre-Val-de-Loire | 8.7 | 8.1 | 0.6 |
Bar-le-Duc | Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine | 9.0 | 8.4 | 0.6 |
On peut symétriquement regarder les zones qui ont connu la dégradation la plus forte de leur situation. En voici la liste :
zone d’emploi | région | 2012 | 2015 | écart |
Porto-Vecchio | Corse | 10.5 | 12.8 | -2.3 |
Bastia | Corse | 10.0 | 11.6 | -1.6 |
Autun | Bourgogne-Franche-Comté | 9.3 | 10.8 | -1.5 |
Sartène-Propriano | Corse | 11.2 | 12.7 | -1.5 |
Morteau | Bourgogne-Franche-Comté | 6.5 | 7.9 | -1.4 |
Troyes | Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine | 11.2 | 12.4 | -1.2 |
Ganges | Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées | 12.6 | 13.8 | -1.2 |
Menton Vallée de la Roya | Provence-Alpes-Côte d’Azur | 8.8 | 10 | -1.2 |
Montereau-Fault-Yonne | Ile-de-France | 11.0 | 12.1 | -1.1 |
Guingamp | Bretagne | 9.5 | 10.6 | -1.1 |
Carhaix-Plouguer | Bretagne | 9.4 | 10.4 | -1.0 |
Montauban | Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées | 10.9 | 11.9 | -1.0 |
Céret | Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées | 15.0 | 16 | -1.0 |
Orly | Ile-de-France | 9.9 | 10.8 | -0.9 |
Romorantin-Lanthenay | Centre-Val-de-Loire | 9.5 | 10.4 | -0.9 |
Aubenas | Auvergne-Rhône-Alpes | 13.0 | 13.9 | -0.9 |
Nice | Provence-Alpes-Côte d’Azur | 9.7 | 10.6 | -0.9 |
Cavaillon-Apt | Provence-Alpes-Côte d’Azur | 12.4 | 13.3 | -0.9 |
Comme dit dans un autre billet, attention cependant à l’interprétation des taux de chômage : certaines zones ont un faible chômage qui se conjugue à de faibles créations d’emploi, d’autres un fort chômage mais une dynamique forte de création d’emploi, etc. Il est aussi possible que sur certains territoires, le “renoncement” à chercher un emploi soit plus fort, ce serait à regarder. Cela semble quand même bouger un peu, en positif, notamment dans quelques zones de la nouvelle région “Hauts de France”, particulièrement exposées au problème du chômage.
Ping : Michel Abhervé » Blog Archive » Recul du chômage à Douai et Calais, augmentation à Porto Vecchio et Bastia
Il est important de lire l’avertissement donné en fin de ce billet. Le taux de chômage d’un territoire ne doit jamais être regardé seul. Il faut voir aussi l’emploi (création ou suppression) et la démographie (évolution de la population active). En pratique le résultat est souvent contre-intuitif : les zones dont le taux de chômage baisse sont souvent des zones en train de mourir et les zones dont le taux de chômage augmente ont souvent une meilleure dynamique. Souvent… mais pas toujours.
Oui, tout à fait d’accord, c’était l’objet d’un précédent billet : http://blogs.univ-poitiers.fr/o-bouba-olga/2015/10/18/croissance-de-lemploi-et-croissance-du-chomage-quelles-relations/
J’ai aussi testé le lien entre taux de chômage date finale et taux de croissance de l’emploi période précédente, cela permet de faire émerger une typologie simple et plutôt intéressante des territoires…