Inversion de la courbe du chômage : où en est-on ?

Il y a deux ans, j’avais écrit un petit billet sur la question de l’inversion de la courbe du chômage, en brassant des statistiques non pas France entière, mais à l’échelle des zones d’emploi (304 zones d’emploi en France métropolitaine). A l’époque, seules deux zones d’emploi avaient vu leur taux de chômage baisser entre le deuxième trimestre 2012 et le deuxième trimestre 2013 : Issoire et Bar-le-Duc.

Etant “tombé du lit” plus tôt que prévu ce matin, j’ai décidé de refaire un petit point sur la question, plutôt que de chômer.

J’ai donc récupéré les données Insee par zones d’emploi (téléchargeables ici), la dernière livraison courant jusqu’au premier trimestre 2015. Je me suis concentré sur le premier trimestre de chaque année depuis 2012.

Pour dire des choses sur la distribution géographique des taux de chômage, on peut tout d’abord construire des “boîtes à moustaches”, qui permettent de visualiser la valeur minimale, la valeur maximale et les quartiles (le deuxième quartile correspondant à la médiane).

boxplotOn voit assez clairement une augmentation du taux de chômage entre 2012 et 2013 (min, max, médiane, quartiles), une légère baisse entre 2013 et 2014, puis une remontée en 2015.

On peut ensuite dénombrer les zones ayant connu une inversion de leur courbe de chômage entre le 1er trimestre 2012 et le 1er trimestre 2015, afin de voir si les choses ont changé depuis ma dernière analyse. Résultat ? Sur le nombre de zones, rien de changé, il n’y en a toujours que deux. Mais ce n’est plus Issoire et Bar-le-Duc, c’est Mauriac (le taux passe de 5,7% à 5,5%) et Nevers (de 9,6% à 9,3%).

Si je prends comme point de départ le deuxième trimestre 2012 (ce que j’avais fait la dernière fois) et comme point d’arrivée le premier trimestre 2015 (on peut s’y risquer car les données sont corrigées des variations saisonnières), elles sont huit :

zone d’emploi 2012 (T2) 2015 (T1)
Mauriac 5.6 5.5
Vallée de l’Arve 9.7 9.3
Ussel 7.5 7.4
Saint-Gaudens 10.9 10.6
Bar-le-Duc 8.8 8.6
Charolais 8.1 7.9
Nevers 9.7 9.3
Soissons 13.3 13.1

On retrouve Bar-le-Duc (mais pas Issoire) et différentes zones qui toutes ont connu une baisse du taux de chômage, mais avec des niveaux très hétérogènes.

Quelle conclusion peut-on tirer de tout cela ? D’abord que les taux de chômage varient fortement selon les territoires. Ensuite que l’évolution des taux de chômage sur les territoires semble suivre la tendance macro-économique, puisque rares sont les zones qui connaissent une évolution opposée à l’évolution nationale.

Pour finir, un petit zoom sur les zones d’emploi de Poitou-Charentes, qui confirme ces conclusions :

cho_pcLes différences sont fortes entre les zones, avec un taux faible sur Bressuire et assez faible sur Niort et Poitiers, et des taux forts sur Rochefort, Royan, Angoulême, Saintes et la Rochelle. Les évolutions sont de plus assez similaires, pas de bouleversement dans le classement.

Pour avoir commencé à regarder ces mêmes statistiques mais sur plus longue période (en gros depuis la fin des années 1980), ce n’est pas nouveau. Ce qui n’est pas sans poser la question de l’efficacité des politiques locales de l’emploi, soit dit en passant…

6 commentaires sur “Inversion de la courbe du chômage : où en est-on ?

  1. Ping : Michel Abhervé » Blog Archive » La courbe du chômage s'est inversée dans neuf zones d'emploi en France : aucune métropole parmi elles

  2. Le problème c’est que le système monde, dans lequel nous sommes partie intégrante, est en train de se transformer de partout et que nous ne comprenons pas ce qui arrive ni que faire pour suivre cette évolution ou freiner des 4 fers en se raccrochant au statu quo. Je dis “nous” c’est à dire nos élites dont vous-même Olivier. Les erreurs de jugement des élites sont le lot génétique de tous ceux qui dirigent par le pouvoir et la réflexion …. Car les gens du peuple tout au bas de l’échelle sociale, dans toutes les parties du monde, de l’extrême Nord à l’extrême Sud et d’Ouest en Est , s’adaptent forcément au monde puisqu’ils sont homo.sapiens et que c’est la condition de la survie; c’est pourquoi nous sommes 7 milliards aujourd’hui alors que nous étions 1.8 milliard quand je suis né et 1 .milliard quand mon père est né.

    Je viens de lire ces deux morceaux,; c’est pourquoi votre excellent billet fait tilt chez moi.

    Dark Thoughts on Ecomodernism http://bit.ly/1PV2IPG
    et
    Wiping the world clean http://bit.ly/1PV38FQ

    Cela a aussi rapport avec “Why Nations fail ” de Daon Acemoglu et James A Robinson et “World systems” d’Immanuel Wallerstein

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