Quel Master choisir?

Vous êtes en Licence d’Economie, d’AES, de Géographie, de Droit, de Gestion, LEA, etc.? Vous vous demandez s’il vous faut
continuer en Master? Si oui, dans quel Master? Voici (gratuitement) quelques réponses à vos questions!

Premier temps : un petit diaporama pour insister sur l’importance de poursuivre ses études jusqu’en Master. Démonstration en trois temps : i) toutes les statistiques convergent pour montrer que
poursuivre en Master (plus généralement à bac+5) permet d’une part de réduire fortement l’exposition au chômage et, d’autre part, d’accéder à des emplois de qualité, ii) les analyses de
l’économie et de la sociologie expliquent bien pourquoi : poursuivre jusqu’en Master permet d’accumuler du capital humain (Becker), du capital social (Granovetter) et de se doter d’un signal
positif (Spence), iii) la question, pour des étudiants de Licence, est moins de savoir s’ils seront pris en Master (rassurez-vous, vous serez pris dans un Master) que de savoir s’ils seront pris
dans un bon Master… (cliquez sur l’onglet “full” pour bien voir les graphiques.tableaux du diaporama).


Deuxième temps, où je précise le troisième point. Pourquoi les étudiants ne doivent pas avoir peur de trouver une place en Master? Car l’offre de Master a littéralement explosée! Pourquoi? Car
le système universitaire marche sur la tête… Petit enchaînement : i) la baisse démographique et l’image plutôt calamiteuse de l’Université dans notre beau pays, où le must du must, dans la
tête de nos élites et de nombre de citoyens, ce sont les grandes écoles, conduit à une baisse des effectifs dans les Universités, ii) la réponse apportée par les Universités pour enrayer cette
baisse consiste à augmenter l’offre de diplômes, notamment de Masters, iii) cette offre de Master est portée par des enseignants-chercheurs, que la direction des UFR n’ose pas contester, car le
fonctionnement ultra-démocratique des UFR conduit à éviter coûte que coûte de se fâcher (l’échelon supérieur n’aura qu’à trancher!) iv) l’offre de Masters proposée par les UFR remonte à la
direction des Universités qui n’ose pas non plus la contester, compte-tenu là encore du fonctionnement ultra-démocratique de nos institutions, histoire de ne pas se fâcher avec les UFR
(l’échelon supérieur n’aura qu’à trancher!), v) l’offre de Masters des Universités remonte au Ministère… qui ne peut pas s’en remettre à l’échelon supérieur, car il n’y en a plus… mais qui
peut avancer un argument de choc : ouvrez autant de Masters que vous voulez, de toute façon, vous fonctionnerez à budget constant!

Implication n°1 pour les universitaires : l’offre de Masters a explosé, les Masters tournent à 15 étudiants environ (et encore…), il devient de plus en plus difficile de discriminer entre les
bons masters et les mauvais masters, avec un problème à terme selon moi : le “signal” que constitue la détention d’un master risque de se dégrader…

Implication n°2 pour les étudiants : il ne faut pas craindre de ne pas être pris en Master, il y en a tellement, et tous sont tellement à la recherche d’étudiants, que vous serez pris quelque
part. Tout l’enjeu pour vous est d’être pris dans un bon master.

Implication n°3 pour moi, responsable scientifique du Master Développement Economique Local de Poitiers : un brin énervé par cette dérive ridicule du système (qui est en train de se résorber
malgré tout, compte tenu de l’autonomie croissante des universités, qui conduit les présidences d’Universités à prendre des décisions plus fermes qu’auparavant), l’équipe du Master a décidé de
réagir en apportant aux futurs étudiants de nos promotions tout un ensemble d’informations utiles (c’est le bon côté d’une intensification de la concurrence!). L’idée pour nous n’est pas de
jouer les commerciaux en faisant de la pub séduisante (nous ne sommes pas des écoles de commerce ;)), mais de réduire l’imperfection de l’information, que les étudiants de Licence puissent
faire des choix éclairés.

Première étape : donner un maximum d’information sur le site internet de notre laboratoire (le CRIEF), auquel le Master
Développement Economique Local est adossé. Plus précisément, vous y trouverez, dans l’onglet Master
Développement Economique Local
,  les rubriques suivantes :

  • Contacts et Candidatures (notamment le
    dossier de candidature 2010-2011 à télécharger, remplir et nous renvoyer)
  • Débouchés (des éléments sur les débouchés
    du Master et des statistiques sur l’insertion des étudiants)
  • Intervenants (la liste des intervenants du
    Master, des compléments sont à venir)
  • Organisation et Contenu (des exemples de
    travaux réalisés lors des ateliers, idem, compléments à venir)
  • Partenaires (la liste des partenaires
    institutionnels avec lesquels nous travaillons : ils interviennent en cours et/ou proposent des stages et/ou sont nos partenaires dans le cadre de la réalisation de différentes
    études)
  • Stages (liste des stages réalisés par les
    dernières promotions)
  • Témoignages d’anciens (quelques
    témoignages audio d’anciens étudiants et d’étudiants actuels. D’autres sont à venir, ainsi que des témoignages de professionnels recruteurs de notre Master, qui expliqueront pourquoi ils
    recrutent de tels profils).
  • Temps forts du Master (liste des “temps
    fort” du Master, pour l’année 2009-2010 et, en cours de construction, la liste pour 2010-2011).

N’hésitez pas non plus à consulter l’onglet Ressources Diagnostic Territorial, dans lequel nous avons mis pour l’instant quelques éléments sur des études que nous réalisons pour différentes institutions (feu le Haut
Commissariat aux Solidarités Actives, la Direction Régionale de l’Equipement, d’autres à suivre). Nous allons compléter bientôt avec des éléments de méthodologie du diagnostic territorial, à
disposition de l’ensemble des acteurs des territoires. Idem avec l’onglet Programmes de Recherche du
laboratoire (dans le cadre de différentes ANR, pour le Conseil Régional Poitou-Charentes, pour le Conseil Régional d’Aquitaine, d’autres à venir là aussi). Dans la plupart des cas, des étudiants
du Master 2 nous accompagnent sur ces recherches/études, au cours de leur stage de fin d’études, où dans le cadre des ateliers dispensés au cours de leur formation.

J’insiste : il ne s’agit pas pour moi de faire de la publicité  aguichante pour notre Master,
juste de donner un peu plus d’informations. J’invite vraiment les étudiants de Licence à prendre un maximum d’informations sur les Masters qui retiennent leur attention. En ne se limitant pas à
l’intitulé du Master où à la liste des cours. Mais en demandant surtout des informations sur les débouchés, en réclamant la liste des anciens étudiants, en en contactant quelques-uns, pour qu’ils
vous disent quels métiers ils exercent, quelle perception ils ont de leur ancienne formation, etc. Si vous estimez qu’il manque des informations importantes sur notre site, n’hésitez pas à me le
dire, nous essaierons de compléter au plus vite ! (obouba(at)univ-poitiers.fr). Je sais que la formule est plutôt
ringarde, mais elle résume vraiment mon sentiment : il y a de vrais savoir-faire dans nos universités, bien meilleurs que dans nombres d’écoles qui attirent comme des mouches les
étudiants. Notre problème est que nous sommes très mauvais en termes de faire-savoir. Alors, on essaye de s’améliorer…

7 commentaires sur “Quel Master choisir?

  1. Hummmm…
    De ma (toute petite) expérience personnelle, je me demande s’il est pertinent (ou non) de signaler que dans le secteur privé, et sur la région parisienne (qui reste un point de départ intéressant
    pour les carrières, le réseau, etc), un Master comme celui de Poitiers est malheureusement fortement déprécié voire inutile.

    Par rapport à quelles autres formations ?
    Tout d’abord, celles de Paris (les recruteurs, managers, etc. connaissent cet environnement), offrant d’ailleurs un réseau bien plus important et des moyens conséquents au niveau Master (si l’on
    fait bien attention aux critères déjà mentionnés).
    Ensuite, par rapport aux écoles de commerce.

    Au sujet de ces dernières, pour le secteur privé, il ne faut pas oublier qu’elles offrent des opportunités de stage, et l’intériorisation ou la transmission de normes bien particulières permettant
    une meilleure intégration au sein d’une entreprise.

    Pour donner un exemple assez rigolo : j’avais constitué mes CV et lettres de motivation par rapport à des conseils offerts à la faculté de Science Eco de Poitiers. Assez candide, je ne m’étais pas
    rendu compte de certaines bêtises propres à la forme dans ce que j’avais pondu.

    Heureusement, un ami venant d’une école d’ingénieur m’a mis les choses au clair, tant sur le comportement à adopter lors d’un entretien, sur la construction d’un CV (plusieurs heures fournies par
    son école par des professionnels venant de grandes entreprises qu’il a cherché à me transmettre), ou même sur le comportement à adopter en entreprise, la façon de s’habiller (mettre un costard
    n’est pas tout, il y a de nombreux points de détails qui, malheureusement, font défaut à l’étudiant ordinaire).

    Alors oui, toutes ces petites choses sont stupides (des questions de normes, d’apparence, etc). Malheureusement, elles font souvent la différence. 🙂

    Selon ma (toute petite) expérience personnelle, pour l’étudiant pictave qui veut faire autre chose que tenter les concours de la fonction publique, le mieux est d’aller à Paris, ou de viser une
    école de commerce pour l’après-Licence.

    Après, s’il s’agit uniquement de passer des concours ou de rester en province à toucher 100€ de plus que le SMIC, le Master DEL est éventuellement parfait. Ou alors, afin d’acquérir une expérience
    supplémentaire (cas d’étudiants provenant d’autres formations, ou de personnes déjà bien insérées dans le marché du travail).

    Mais pour le jeune étudiant ayant déjà fait quelques années à Poitiers, un passage à Paris ou dans une école de commerce peut être bien plus bénéfique, en termes de réseau, d’intégration de normes
    propres au secteur privé, de possibilités de stage (que cela soit d’un point de vue administratif -suivi de l’étudiant- ou même du réseau)…
    …voire même de compétences au sens large du concept.

    Il ne faut pas oublier qu’actuellement, pour les jeunes étudiants débarquant sur le marché du travail en pleine crise (dont on parle peu sur ce blog, mais qui est bel et bien présente dans la tête
    des employeurs, qu’il s’agisse d’une construction sociale ou d’une tendance réelle), c’est Sarajevo. 😀
    Autant mettre un maximum d’atouts de son côté.

    Après, je ne parle que du secteur privé, hein. Et plus particulièrement parisien ou hors Poitou-Charentes.
    Ingénieur d’étude à la faculté de Poitiers en CDD, je comprends bien que cela ne soit pas concerné par mes remarques. Idem pour celui ou celle déjà insérés sur le marché du travail, ou pour celui
    ou celle cumulant déjà des diplômes. Ou pour celui ou celle qui compte tenter les concours de la fonction publique.

  2. @ AJC : réflexe n°1 de l’économiste : éviter de généraliser à partir d’un cas particulier. Il y a des stats en ligne sur le devenir des diplômés du Master, qui
    permettent de se faire une idée des débouchés (secteur, salaire, région, etc.). Ca me semble plus pertinent de raisonner sur la base de ces stats.

  3. Bien entendu : il s’agissait uniquement d’une approche individuelle et non scientifique, de ma toute petite expérience personnelle.

    Au regard des statistiques récentes (promotion 2008), cela va dans ce sens :
    – salaire relativement bas (200€ de plus que le SMIC en moyenne),
    – localisation au niveau du Poitou-Charentes et des régions limitrophes (majoritairement, et cela se retrouve de 2002 à 2007).

    Deux des ingénieurs d’étude font parti de la faculté de Poitiers (c’est le cas, ou je me trompe…?) : cela n’est pas explicitement signalé me semble t’il, mais il faut faire remarquer. Après, à
    six mois, un ancien étudiant sur trois au chômage est peut-être à souligner…

    …sans compter l’énorme proportion de CDD.

    Il faudrait éventuellement apporter des informations (afin de réduire l’asymétrie dont vous parlez) sur l’origine des candidats : peut-être trouverait-on des choses intéressantes si l’on se
    penchait sur leurs origines universitaires ou professionnelles ? (Des choses perceptibles à une échelle individuelle : le cumul de diplômes, des formations complémentaires comme nous en avons connu
    cette année, ou même des origines professionnelles diverses -donc insertion sur le marché de l’emploi déjà effectuée-)
    C’est peut-être un réflexe d’économiste ou non, mais vous m’avez également appris (ainsi que d’autres professeurs) à me méfier des statistiques trop simplistes ou écartant certains facteurs
    déterminants d’un point de vue socioéconomique, comme par exemple l’acquisition préalable de capitaux symboliques ou sociaux.

    Après, je désirai uniquement fournir des informations “qualitatives” sur un parcours précis, et j’y vais avec des pincettes en soulignant qu’il ne s’agit que du cas où l’on désire travailler :
    – dans le privé (où les étudiants de M2 DEL sont en concurrence avec Science Po et les écoles de commerce),
    – en région parisienne (pour un “bon début de carrière”, de créer sa carte de visite, et donc d’acquérir un bon signalement dans le sens économique du terme).
    Avec des impressions strictement personnelles.

    Il s’agit uniquement d’un témoignage comme ceux que vous apportez sur votre site.

    Une comparaison avec les statistiques des facultés parisiennes (ou plus professionnalisantes, comme celle de l’ICOMTEC) ou même d’école de commerce serait peut-être plus honnête dans le but de
    réduire l’asymétrie d’information ?…

    A ce sujet, il serait intéressant de signaler (sans statistique aucune, mais justement, ce n’est pas quantifiable) la capacité de réponse aux exigences du marché de l’emploi du M2 DEL.
    Selon mon expérience très récente, il était impossible d’obtenir une convention de stage hors-formation. C’est louable, dans une volonté pour les étudiants de ne pas enchaîner les stages.
    Mais cela peut être problématique dans le cas où un ancien étudiant doit alors laisser de côté une opportunité (et oui, parfois, cela doit passer par un stage).
    Et ce n’est bien entendu pas le cas dans d’autres types de formations privilégiant l’insertion professionnelle (c’est plus le cas de l’ICOMTEC m’ayant fourni ma convention actuelle, et sans
    laquelle je serai sûrement au chômage).

    Mais je me trompe sûrement, n’ayant pas fait le tour des autres formations. Il me semblait néanmoins que c’était le cas dans certaines écoles de commerce ou à l’ICOMTEC en s’inscrivant à un DU,
    voire même dans certaines facultés.

  4. Oui, bien sûr, il faut faire des études.
    D’abord parce que les soirées étudiantes c’est quand même beaucoup plus sympa que les pauses café autour de la machine à jus de chaussette de l’entreprise.
    Ensuite, plus sérieusement, parce que faire des études cela permet de se rendre plus employable en remplissant sa boite à outils, celle que l’on doit ouvrir pour répondre aux questions que pose le
    patron ou le chef de service ; la boite à outils dans laquelle on trouve un peu de tout et que l’on met tellement de temps à remplir.

  5. Juste une remarque: la baisse des effectifs universitaires N’EST PAS DUE A UNE BAISSE DEMOGRAPHIQUE.

    Pour le voir, il suffit de prendre les données de l’INED. L’effectif de la classe d’âge du baccalauéat fluctue depuis 1964 autour de 800 000, avec un maximum de 893 000 en 1989, et un minimum de
    730 000 en 1994. Le plus fort effectif au bac a été atteint en 1994, ainsi que les plus fortes entrées en fac, à l’époque du minimum démographique; depuis, la démographie s’est relevée, le nombre
    de reçus au bac a stagné, et le nombre d’entrées en fac a baissé.

     

    Cependant, il va effectivement y avoir une chute démographique de la classe d’âge au bac dans les prochaines années, jusqu’en 2017 (arrivée au bac du “mini-boom” de 1999); cette baisse va
    aggraver les effets de la chute actuelle, qui n’est pas démographique. Elle est probablement due essentiellement à des réformes ratées et mal gérées de l’enseignement secondaire et supérieur.

  6. J’ai fait le master poitevin, il y a plusieurs années. En réponse à Monsieur AJC, je dirai que dans mon cas, le master a répondu à mes attentes :

    – formation au métier de développeur local,

    – gain en autonomie,

    – capacité à assumer des responsabilités.

    Maintenant, je ne suis pas dans l’optique de l’assistanat comme semble l’être M. AJC (volonté d’acquérir un réseau pour s’appuyer dessus, besoin qu’on lui donne des offres de stages,…
    ). Pour mon stage, je me suis débrouillé tout seul car je souhaitais me placer dans les conditions d’une recherche d’emplois. Cela a payé. Puis après le master, je n’ai pas cherché à trouver les
    personnes qui pourraient m’appuyer… j’ai fais valoir mes compétences (parfois n’hésitant pas à y aller au culot en faisant valoir que le recruteur avait besoin de moi et non l’inverse
    (différence avec la volonté d’accroitre son réseau)) et je me suis pris en main.

    Si j’avais seulement compté sur mes diplômes, M. AJC, je n’aurais jamais le CV que j’ai aujourd’hui. Les formations vous apportent la boite à outils comme le dit M. Bouba-Olga. Ensuite à vous
    d’en faire bonne usage et de savoir la valoriser.

    Bon courage pour la suite de votre parcours professionnel.

     

     

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