Economie de marché

J’apprends via  Les Echos que  les socialistes français “reconnaissent
l’économie de marché”,  François Hollande allant même  jusqu’à dire que “c’est sans doute la forme la plus efficace pour produire des richesses”.  La semaine prochaine, ils votent
pour savoir s’il faut reconnaître officiellement que la Terre est ronde.

19 commentaires sur “Economie de marché

  1. il apparaît donc que le PS français adhère à la liberté économique (l’économie de marché) mais ne reconnait pas le libéralisme politique … n’est-ce pas ce que l’on constate dans bon nombre de dictatures actuelles ?

  2. Le marché produit des richesses? Voilà pour le moins un racourci. Cette messe socialiste autour de l’économie de marché, “reconnue” depuis longtemps (cf. le texte adopté lors du Congrès de Rennes qui fonde encore aujourd’hui l’identité du P.S.) montre au moins une chose : les dirigeants socialistes et le premier d’entre eux n’ont aucune idée de ce qu’est le marché et l’économie de marché. Mais qu’importe puisqu’en l’occurrence, il s’agit de dire autre chose. La transformation sociale n’est plus à l”ordre du jour, l’État n’est plus un acteur économique. Vive l’adaptation aux réalités et à la mondialisation et vive l’État stratège, efficace et recentré autour de ses missions régaliennes.

  3. Malheureusement, la retranscription donnée par la presse est largement en deça de ce qui a pu être débattu et avancé lors de ce forum de la rénovation. Pour y avoir été présent, je peux dire que les contributions et les débats étaient bien plus “poussés” que ce qu’en peut dire la presse. Je vous invite à aller voir ces contributions sur le lien ci-dessous par exemple, vous verrez entre autres choses que la reconnaissance du marché par les socialistes date de 1951, contrairement à ce ce qu’en disent les Echos n’est-ce pas…Cordialement.http://renovation.parti-socialiste.fr/2007/12/14/contributions-recues-par-la-commission-du-forum-2-%e2%80%9cles-socialistes-et-le-marche%e2%80%9d/#more-40

  4. @ F : Le marché ne produit rien, ce sont les individus et les entreprises qui produisent. Le marché est une institution qui régule et encadre les échanges de biens et services mais c’est tout… Derrière, il faut des entreprises pour produire et, oh surprise, il se trouve qu’une entreprise ne fonctionne pas suivant le même “arrangement institutionnel” comme dise les néo-institutionnalistes que le marché.En revanche, ce que procure (entre autre) le marché, ce sont des incitations à produire, mais c’est différent.

  5. Excuse… c’est juste que le sophisme du “marché producteur de richesse” est quand même assez répandu dans la vulgate libérale ambiante. Il est d’ailleurs significatif qu’un socialiste le reproduise.

  6. Tel que je vois les choses, la production de richesses via le mécanisme de marché présente un certains nombre d’avantages mais aussi d’inconvénients – tout comme la production via l’Etat. Il n’y a pas de raison d’idolâtrer l’un ou l’autre: il faut juste choisir quel mécanisme est le plus adapté pour chaque type de richesses, selon des critères correspondants aux choix de la société.Pour des raisons électorales, certains socialistes ont peur des mots, ce qui amène des déclarations de ce type.F

  7. Justement, le problème dans ce débat marché vs Etat est qu’il occulte des questions qui sont (selon moi) plus importantes : le marché c’est super, mais ça ne mène pas très loin s’il n’y a pas derrière des compétences engendrant la création de richesses, si les institutions juridiques sont inadaptées ou autre. Tout le monde (ou presque) est d’accord pour dire qu’il faut du marché. Mais le marché n’est qu’une condition nécessaire mais non suffisante pour qu’une économie tourne bien.

  8. L’économie est, chez les politiques, source d’inspiration produisant de très grandes curiosités. Voyez Michel Rocard, habituellement parmi les plus rigoureux, s’entretenant avec le Nouvel Observateur -13-19/12). Les déséquilibres massifs d’aujourd’hui qui l’inquiètent seraient la conséquence d’une part des salaires dans le PIB passée de 71% en 1981 à 60% en 2005. Les chiffres de l’INSEE donnent pour 1981 56% et pour 2005 52%. La période antérieur de 1945 à 1980 serait toute d’équilibre. En 1959, la rémunération des salariés était à 46% du PIB ! Autre curiosité : la baisse invoquée par Michel Rocard aurait privé la consommation de 130 milliards, et aurait donc amputé la croissance d’un point. Mais où sont alors passés ces 130 milliards, puisqu’il ne s’agit pas de pièces d’or cachées dans des bas de laine ? Et les montagnes de crédits dépassant de loin ces 130 milliards, évaporées ? Le circulation de l’argent semble difficile à percevoir.

  9. @ heu: on en discute entre nous (comme ici), et sans doute au sein de cercles très à gauche, mais je pense que nos dirigeants ne perdent plus trop de temps avec ça.F

  10. La difficulté du PS, c’est que comme la direction du parti se choisit au moment du congrès sur la base de textes présentant des orientations idéologiques, ça pousse à la distinction idéologique à tout prix. On est censé arbitrer entre des lignes et pas des personnes, ce qui est d’une vraisemblance rare quand on voit l’apport idéologique des deux perdreaux favoris, Ségolène et Bertrand.En conséquence de quoi les différences se concentrent sur quelques trucs symboliques: faut-il ou pas renationaliser EDF? Les hausses de SMIC doivent-elles pousser au cul les négociations sur les salaires, ou être un élément de la négo? Mais comme ce n’est pas suffisant, c’est la manière d’en parler qui va servir de marqueur. Donc, largement un equestion de vocabulaire codé.Résultat, les observateurs extérieurs qui ne comprennent pas le sens des mots utilisés, ultra-codés en fonction des tendances internes, ont parfois l’impression de débats surréalistes. Ils n’ont pas nécessairement tort parfois, mais en l’occurence dire que le PS accepte à cette occasion l’économie de marché, c’est, euh… prendre un peu trop au pied de la lettre les enjeux rhétoriques. C’est quand même le PS qui a largement libéralisé l’économie française…En réalité, ce qui est débattu dans ce colloque, c’est la place de la réglette “intervention de l’Etat” dans l’économie de marché. Etat directeur? Etat redistributeur? Etat stratège? Etat remédiant aux “imperfections de marché”?

  11. dire cela comme le P(s) le dit depuis l’université d’été de la rochelle, cela a plus d’implication qu’il n’y parait et qui est tourné en dérision par ce post.reconnaitre l’économie de marché comme l’horizon indépassable quand on se dit “socialiste”, c’est accepter le capitalisme tel qu’il fonctionne aujourd’hui et reconnaitre non seulement son impuissance mais son inutilité!le socialisme, c’est changer la vie et donc forcément agir sur l’économique autrement qu’en le régulant à la marge.l’économie de marché crée de la richesse, ouais et alors, pour aboutir à cela: http://daviolo.unblog.fr/2007/12/17/tout-se-tient-dans-une-politique-liberale/définitivement inutile ce P(s) là!

  12. Il me semble que S. Royal a pas mal oeuvré pour ce qui se disait à demi mot avant 2006 devienne une réalité acceptée par tous (enfin, 95% du parti disons): son programme, ses discours -en particulier à Melle- ont permis de sortir du “nini” cher à Jospin.

  13. @FP NicolasDeux commentaires. Le premier sur le discours de Melle prononcé au mois d’août par Ségolène Royal. En voilà un extrait consacré au marché : “Sommes-nous pour ou contre le marché ? Mais c’est là un faux débat qui déconcerte nos électeurs. Le marché est aussi naturel que l’air que l’on respire, ou que l’eau que l’on boit. On enfonce là des portes ouvertes! Mais, évidemment, l’eau peut être polluée, l’air vicié, et c’est là que le débat politique retrouve toute sa force”. Je ne sais si ce type d’affirmation fait avancer le PS. Je sais simplement que c’est une ânerie de proclamer la naturalité du marché.Le deuxième porte sur le ni-ni. Il n’a rien à voir avec Jospin mais avec la campagne de Mitterrand en 1988 (dans sa Lettre aux Français). Il s’agissait d’un engagement, ni privatisation, ni nationalisation. Sauf erreur de ma part, le gouvernement Jospin a respecté la deuxième part. En revanche, il s’est affranchi de la première.Pour le dire autrement, le débat ne porte pas sur l’économie de marché (j’insiste, cette “réalité” figure dans la charte adoptée en 1990) mais sur les capacités d’action de la puissance publique. Certains responsables du PS, depuis longtemps c’est vrai, entendent en finir avec l’idée d’un État acteur de l’économie et défendent la conception de l’État stratège, l’État régulateur. Ce débat mériterait mieux que des absurdités prononcées doctement sur le marché.

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