Nicolas Sarkozy au Medef

Jeudi dernier, invité par le Medef, Nicolas Sarkozy a déclaré :

la France ne s’est "pas encore remise du choix historiquement stupide d’expliquer aux gens qu’en travaillant moins, on pourrait gagner davantage".


Moi, je dis qu’il a raison, Nicolas : il faut faire sortir de la tête des gens l’idée que l’on peut gagner plus en travaillant moins. C’est une contre-vérité totale : pour gagner plus, il faut travailler plus. Logique. Les responsables du Medef ont eu raison de lui faire une standing ovation, l’autre jour (normal, me direz-vous, les chefs d’entreprises, ça connaît l’économie).

 La preuve en image (les tableaux sont tirés de l’ouvrage remarquablement bien fait intitulé "The State of Working America 2006-2007" du Economic Policy Institute).

 Image numéro 1, où l’on apprend que le revenu par tête des habitants des pays développés a sensiblement augmenté de 1970 à 2004. En gros, doublement en 34 ans (il s’agit des revenus par tête exprimés aux prix et taux de change PPA 2000).



Image numéro 2, où l’on découvre stupéfaits que pendant ce temps,  les salariés sont devenus de plus en plus fainéants : dans tous les pays, le nombre d’heures travaillées par personne et par an a diminué. Même aux Etats-Unis. Beaucoup plus en France, mais y’a encore plus fainéants : Pays-Bas, Norvège, Allemagne. Le Danemark est juste derrière la France.



Image n°3, où l’on comprend que cette évolution paradoxale n’a rien de paradoxale. On peut gagner plus en travaillant moins si la productivité du travail augmente : les gains de productivité, ca veut dire que la croissance des richesses produites est supérieure à la croissance des ressources mobilisées. On peut en profiter soit pour maintenir constant les ressources mobilisées (notamment en travail = constance des heures travaillées) et accroître les revenus des salariés ; soit pour réduire les ressources mobilisées (diminution du temps de travail par exemple).



Après on peut débattre sur les choix les plus pertinents pour l’avenir : faut-il continuer sur cette tendance? Quand? à quel rythme?  N’a-t-on pas été trop loin et/ou trop vite? etc. On peut s’interroger sur le temps partiel subi, notamment par les femmes. On peut s’interroger aussi sur les moyens de gagner encore en termes de productivité, se dire que ces gains de productivité sont passés par une dégradation des conditions de travail dans l’entreprise (cf. l’ouvrage d’Askenazy  "Les désordres du travail"). Mais autant éviter de lancer le débat en affirmant que l’on n’a pas le choix ; en formulant de pseudo-lois économiques démenties clairement par l’histoire des faits économiques.

36 commentaires sur “Nicolas Sarkozy au Medef

  1. La différence fondamentale, il faut le reconnaitre, c’est que ces diminution du temps de travail sont la conséquence d’une hausse da productivité.A l’inverse, les 35 h, c’est une diminution du temps de travail dont on espère une hausse de productivité, qui le temps qu’elle arrive fait stagner les salaires et augmenter les coûts fixes.Le "historiquement" est une erreur, mais si on raisonne à une échelle plus petite, une diminution du tt avant les gains de productivité s’accompagne d’un malus de creation de richesse.Je pense que les 35 h ne sont pas in fine une mauvaise idée (pas un mauvais objectif, du moins), mais la France a basculé trôt top. ptetre 10 ans trop tôt. Surtout de façon bcp trop coercitive et impréparée.

  2. Nicolas Sarkozy a été très longuement, très chaleureusement applaudi lors de son passage au Médef. Est-ce qu’il représentait l’industrie de la tarte à la crème ?
    Ces applaudissements en disent long sur l’impensé économique des élites du pays… J’emmenerais bien tout ce petit monde en séminaire forcé en Scandinavie.

  3. OBO ça n’est pas la démonstration la plus compliquée que vous ayez eu à effectuer tant cette phrase bateau est empreinte de populisme.
    Sur les 35 heures, les rapports démontrent que les gains de productivité sont importants depuis le passage aux 35 heures, même si parfois les conditions de travail ont pu se dégrader….
    Enfin une dernière phrase de Sarko l’ignorant, puisqu’il le dit lui même:
    "mon cœur et, plus encore, la raison de mon engagement, me font agir pour que tout cela ait sens, c’est-à-dire soit mis au service du bien être des Français, de la solidarité et de la prospérité de la France. Mes convictions économiques s’arrêtent à peu près là. Je ne me demande pas chaque matin ce que feraient Ricardo, Keynes ou Hayek. J’écoute ce que me disent les Français. Je prends l’avis de ceux qui sont plus compétents que moi. Je regarde ce qui réussit à l’étranger et je me demande ce qui rate chez nous." à la convention populaire de l’UMP en 2005
    Un type comme cela, avec de telles convictions, ça mérite qu’on lui fasse confiance, non?

  4. Imparrable.Sauf que pour comprendre Sarkozy (mais OBO est là pour faire comprendre l’économie, pas Sarkozy, je le reconnais…), il faut cesser de produire des tableaux "mondialisés", avec tous pleins de pays. Sarkozy, son truc, c’est les USA. Point, ça s’arrête là.Or que voit-on dans les tableaux présentés ici ? Que le pays où les heures travaillées ont le moins baissé sur la période 1979-2004, ce sont les USA. Quasiment stable, même. Donc, Sarkozy en  conclut qu’il ne fallait pas baisser la durée légale du travail il y a quelques années. Conclusion, il faut les augmenter. CQFD.Sarkozy n’a que foutre de la Suisse ou de l’Australie, qu’on se le dise ! Sauf, si cela va dans le sens de son raisonnement (d’où il découle un futur intérêt du candidat pour la Nouvelle-Zélande).

  5. @ enzo : merci pour la citation – édifiante.
    A l’occasion, ce pragmatique-à-l’écoute-des-français-de-bon-sens (N.Sark), économiste version persil dans le museau,  pourra peut être regarder ce qui réussit ici aussi… Ce qui a été construit par d’autres que lui…

  6. Nul ne niera que le MEDEF est une association regroupant des créateurs de richesses, fort logiquement mis à contribution pour assurer la solidarité nationale.En théorie, si ces créateurs de richesses sont davantage sollicités que les universitaires pour contribuer à la solidarité nationale, c’est parce qu’en théorie ils créent plus de richesses qu’eux.Si ces créateurs de richesses choisissent d’ovationner telle personne alors que les économiste donnent tort à cette personne, doit-on conclure qu’il y a désaccord, voire contradiction entre la science économique et les créateurs de richesse ?

  7. @un libéral en marche
    très drôle ta citation, le MEDEF créateur de richesse!!!!
    ah bon!? et que le syndicat medef ou avec des entreprises dans lesquelles des gens travaillent!?
    mais s’il suffit de dire que le medef assure la solidarité nationale pour s’en convaincre, alors je te laisse dans ton monde……libéral!

  8. Je n’apprécie guère les politiques en général, et Sarkozy en particulier. Je dois reconnaitre qu’il est satisfaisant de leur taper dessus de temps en temps. Néanmoins, utiliser les méthodes politiciennes à cette fin me semble pour le moins paradoxal.Et ce qui est fait dans ce billet : extraire une phrase de son contexte, puis faire semblant de ne pas comprendre ce qui a été dit, pour finalement la contredire facilement.Premièrement, il s’agit d’un extrait de discours. D’un discours politique, même. Faire des phrases chocs pour marquer les esprits des auditeurs est la règle de base du genre. Ce n’est pas fait pour être exact-à-la-virgule-prêt. Prendre une seul phrase d’un tel discours et l’interpréter au pied de la lettre relève au minimum de la mauvaise foi.Deuxièment, le sens de la phrase est claire : c’est une dénonciation des 35H. Les commentateurs ne s’y sont d’ailleurs pas trompé. Et je doute qu’Olivier n’est pas compris cela.Ce que dit le nabot, c’est qu’à toutes choses égales, on est plus riche en travaillant 39H que 35H. Ou pour parler de productivité, que le gain de productivité associé à la diminution du temps de travail ne suffit pas à compenser la diminution du temps travaillé.Ce qui est d’ailleurs vrai.Bien entendu, sarko ignore au passage que les 35H apportent d’autres avantages que l’enrichissement en euros des salariés ou du pays. Mais c’est un politique, après tout, ce n’est pas comme si on s’attendait à ce qu’il soit de bonne foi (et puis en plus, il s’adressait au MEDEF, quoi).Mais voir OBO emprunter aux politiques leurs méthodes et détourner manifestement une phrase de son sens originel, histoire de basher du politique (même si c’est sarko), je trouve ça un peu décevant.

  9. J’ai bien peur que Nicolas Sarkozy ne méconnaisse pas l’économie comme vous semblez l’ affirmer. Nul doute qu’il sait ce que sont les gains de productivité. Sa phrase n’ a qu’un but politique, il sait qu’il y a une revendication sur la pouvoir d’achat parmi les salariés, mais il ne souhaite pas qu’il y ait une évolution du partage de la VA en faveur des salaires pour ne pas déplaire à ses amis du MEDEF, il souhaite certainement le contraire, qu’il y ait un partage plus défavorable encore pour les salariés. En affirmant qu’il faut travailler plus, il donne une réponses aux classes populaires sur la question du pouvoir d’ achat et au passage, il culpabilise l’ensemble des salariés en les rendant responsable de la stagnation de leur pouvoir d’ achat. La ficelle est grosse mais…

  10. peut être à force de le répéter y croit-il ?
    mais la bonne foie, qui n’est jamais jugée indispensable en politique, lui est totalement étrangère. Croyez vous que quand il dit immigration = délinquance son poste actuel ne lui permat pas de savoir que c’est faux ?

  11. "très drôle ta citation, le MEDEF créateur de richesse!!!!"à lesquels de mes propos faites-vous allusion, Mr D’avolo  ?

  12. Bonsoir,Je ne crois pas me rappeler que le discours encadrant la mise en place des 35h ait jamais proposer de gagner plus en travaillant moins, comme le laisse entendre M.Sarkozy dans cette allocution : personne à droite n’aurait laissé passer une telle contre-vérité. Il était question, à mon souvenir, de pousser à une réorganisation de façon à libérer du temps de travail, et donc d’embaucher. Malheureusement, il y aura toujours des économistes (et des politiciens) pour prétendre – comme Nassau W Senior en 1836 – que c’est de la douzième heure de travail quotidien de l’ouvrier que provient le profit capitaliste…P.S. : Auriez-vous l’amabilité d’être un peu plus attentif à votre orthographe ? Sa légèreté disqualifie parfois votre propos.

  13. Cher monsieur d’Aviolo : je croyais avoir écrit (copié/collé) :  "Nul ne niera que le MEDEF est une association regroupant des créateurs de richesses, fort logiquement mis à contribution pour assurer la solidarité nationale.".Vous dites :"très drôle ta citation, le MEDEF créateur de richesse!!!!
    ah bon!? et que le syndicat medef ou avec des entreprises dans lesquelles des gens travaillent!?"
    Qu’est-ce qui dans mon propos laisser subsister quelle ambigüité ? J’admets bien volontiers que mon français puisse être perfectible, mais j’avoue, dans ce cas précis me demander si vous ne cherchez pas à voir dans les mots d’autrui le sens qu’il vous plaira d’y voir ?

  14. Bravo pour ce billet et merci de cette démonstration.Je ne suis pas un économiste, mon niveau scolaire culmine à bac moins 2, mais ce que vous prouvez dans votre billet m a toujours sauté aux yeux.Evedemment ça ne cadre pas avec ce que ces braves gens du MEDEF et leur fan, Nicolas Sarkozy, veulent faire rentrer dans nos braves têtes d électeurs.

  15. @ pilau : pas d’accord : Sarkozy critique en effet d’abord les 35h, mais la critique qu’il porte correspond bien à l’idée selon laquelle on ne peut pas travailler moins et gagner plus. Comme je le montre, c’est historiquement faux. Le fait d’être un politique, de devoir résumé ses idées/projets par des phrases chocs n’autorise pas pour autant à avancer des contre-vérités. Idem pour Alain Lambert, dont je critiquais certains propos, ou pour de nombreux politiques affirmant qu’un taux de chômage des jeunes de 25% signifiait qu’un jeune sur 4 est au chômage (j’en ai parlé souvent, c’est un autre type d’erreur, relatif à la méconnaissance de la définition même d’un taux de chômage).On peut critiquer les 35h, mais l’argument avancé ne tient pas, il en existe d’autres plus pertinents et qui peuvent faire débat. Maintenant, interrogez Sarkozy en lui demandant, hors débat 35h, "pensez-vous que pour gagner plus, il faille nécessairement travailler plus?", je ne doute pas de sa réponse. Je crois d’ailleurs que c’est le slogan résumant le programme économique en cours de constitution de l’UMP.

  16. allez disons les choses clairement, les 35h sont arrivées à un moment ou le rapport de force n’était pas en faveur du travail, et pour les faire admettre , il a fallu donner des contreparties qui, pour les catégories de salariés du bas de l’échelle ont été "insupportables" …Les précédentes réductions du temps de travail s’étaient produites à des périodes ou le rapport de force entre capital et travail était moins défavorable au travail … L’argumentaire de Sarkozy est dangereux, dans la mesure ou il risque d’avoir prise sur les catégories de salariés pour qui le probléme majeur était celui des ressources et non celui du temps … Et ce surtout dans la mesure ou l’on voit mal l’équipe dirigeante du PS leur dire, si vous vous étiez bougé les fesses malgrés ce que nous vous disions, vous auriez pas autant perdu … alors que depuis 81 le discours tenu par la gauche au pouvoir est largement "dormez, on s’occupe de tout" …Mais là on est plus dans le débat economique …

  17. @les marques du plaisir: oui, oui, je suis aussi de cet avis. En fait, les salariés ont payé (en partie du moins) cette réduction du temps de travail alors que traditionnellement c’étaient plutôt les patrons qui trinquaient seuls. L’objectif était ici de partager l’emploi entre salariés (y compris chômeurs) et non d’augmenter les salaires (comme traditionnellement, dans l’esprit de réduire la plus-value marxiste) mais le hic c’est que d’une part la solidarité prolétaire n’est plus ce qu’elle était et d’autre part il n’est pas certain (en tous cas pas très visible) que ce partage d’emploi aie réellement eu lieu et que des nouveaux emplois aient été créés…

  18. La quasi-totalité des études chiffrent a 350 000 le nombre d’emplois crées par les 35 heures…Si une chose est "certaine"sur cette question, c’est la cration d’emploi qu’elle à induite.

  19. Babou :"La quasi-totalité des études chiffrent a 350 000 le nombre d’emplois crées par les 35 heures…Si une chose est "certaine"sur cette question, c’est la cration d’emploi qu’elle à induite."Tu aurais des liens concernant ces études ?…C’est pas que je sois anti-35h ou autre, hein… mais généralement, lorsque j’entends ou lis "la quasi-totalité des études prouvent/chiffres/démontrent" je préfère voir et comprendre avant de croire.OBO :On est en pleine période de propagande ! C’est magnifique ! :o)Récemment je suis tombé sur un article d’Acrimed décortiquant un article du Monde parlant du… Cercle des Economistes.Et de leur dernier trip. Super drôle : fournir un raisonnement économique sûr, vrai, viril, beau, grand et intelligent à nos chers hommes politiques.Enzo d’Aviolo m’a demandé si vous étiez au courant. J’imagine que oui, mais au-cas-où, hein…Apparemment on se retrouve avec un truc rigolo au final… :oDL’article en question :http://www.acrimed.org/article2432.htmlJ'en parle rapido sur mon blog, en effectuant une comparaison avec l’expérience de Milgram. J’ai une impression que c’est un peu foireux comme raisonnement, mais bon. :oDLorsque je lis que Ségolène tout comme Sarkozy nous rabattent constamment le même discours, sans se lancer dans des débats qui pourraient leur coûter cher en raison de leur incompétence, ça me fait penser à cela : "la dictature de la blouse blanche".AJC

  20. @olivier
    "Nicolas Sarkozy […] sait qu’il y a une revendication sur la pouvoir d’achat parmi les salariés, mais il ne souhaite pas qu’il y ait une évolution du partage de la VA en faveur des salaires […]. En affirmant qu’il faut travailler plus, […], il culpabilise l’ensemble des salariés en les rendant responsable de la stagnation de leur pouvoir d’achat."
     
    C’est exactement ça.
     
    " La ficelle est grosse mais…"
     
    "plus le mensonge est gros, plus il est cru" (citation en substance d’un certain Goering, qui fut ministre de la propagande en Allemagne entre 1933 et 1945)

  21. Vu sur le site http://www.actuchomage.org
    Gains de productivité du travail, durée du travail, chômage
    Au lieu de réduire la durée du travail, comme dans les années 1970, les gains de productivité du travail ont conduit à un chômage très important, parfois caché en mettant plus de la moitié des chômeurs en invalidité (Pays-Bas, Grande-Bretagne, Danemark).
    Les gains de productivité permettraient de réduire à quelques heures par semaine le travail nécessaire pour bien vivre, à condition de changer de modèle de société et de supprimer toutes les productions inutiles (par ailleurs nuisibles à l’avenir de la planète, donc au notre et à celui de nos enfants).
    Voir cet article :Gains de productivité du travail – 1997-2003
    http://travail-chomage.site.voila.fr/produc/gain_productiv.htm
    En France, la productivité du travail a augmenté de 17,22 % en sept ans, pour l’ensemble de l’activité nationale.   Sans rien changer à la production de richesses du pays, le nombre d’emplois aurait pu être augmenté de 17,22 % en réduisant de 14,69 % la durée réelle du travail. En moyenne, avec des transferts d’emplois entre secteurs d’activité, le nombre d’emplois aurait augmenté de 4 284 500. Le chômage réel aurait beaucoup baissé.
    D’autres articles intéressants sur le site
    http://travail-chomage.site.voila.fr/index2.htm
    comme "Des mythes autour de l’emploi", "Chômage officiel et chômage réel en 2005","Le modèle libéral britannique : emploi et chômage" ….
    Bonnes lectures, cela aide à réfléchir.
     

  22. Bonjour,
    Je voudrais revenir sur votre contre démonstration de la phrase de Sarkozy.
    Une chose me dérange dans cette argumentation économique: c\\\’est que les phénomènes sociaux ne sont  pas vraiment analysés, mais vous vous contentez, il me semble de mettre en parallèle trois tableaux stats. Or, ces pourquoi ces trois tableaux suffiraient-ils à dire quoi que ce soit de rigoureux sur le lien entre richesse par tête, temps de travail et productivité. N\\\’aurait-on pas pu trouver d\\\’autres données sans lien évident, mais dont le seul interet est qu\\\’elles conforte votre argumentation?
    J\\\’avoue m\\\’a réticence, le mot est faible, à me référer à des données stats qui ne sont pas la réalité, mais une construction (statistique, économique et sociale).
    De façon plus générale je ne comprends pas pourquoi on prête souvent à l\\\’économie et donc aux chiffres puisque l\\\’économie ne semble pas pouvoir ou vouloir en limiter la place, une capacité supérieure à expliquer le monde dans lequel nous vivons?
    J\\\’espère que je me fais comprendre sur ce point.
    En vous remerciant d\\\’avance pour votre point de vue, et en vous priant de croire que je ne souhaite pas faire de l\\\’anti économisme primaire.
    Benoit Ladouceur.

  23. @ ladouceur : les trois tableaux présentés ne sont pas mis là au hasard. Au contraire, il s’agit de partir d’une analyse économique entre différentes variables essentielles.Le niveau de vie des populations, mesuré par le revenu par tête dépend en première instance i) de l’efficacité avec laquelle on transforme des ressources en produit (d’où l’indicateur de productivité) et du niveau des ressources disponibles (d’où l’indicateur temps de travail).Sur la base de cet enchaînement, on collecte des statistiques pour savoir si l’élévation observée des niveaux de vie résulte de l’utilisation de plus de ressources (allongement du temps de travail), d’une meilleure efficacité dans leur utilisation (gains de productivité), d’un mix des deux, etc.Les statistiques montrent que l’élévation du niveau de vie résulte de gains de productivité considérables, qui ont en outre permis de réduire le temps de travail sans nuire à ce niveau de vie.On peut bien sûr proposer d’autres enchaînements. A charge pour celui qui les propose d’expliquer ces enchaînements, et de les confronter à des données statistiques, à des enquêtes, à des études de cas plus ou moins fouillées, etc… pour les valider ou les invalider.Il est clair que les statistiques sont un construit, cela ne les disqualifie pas pour autant. Par exemple, on peut considérer que la mesure du niveau de vie par l’indicateur revenu par habitant est restrictive. On proposera donc d’autres indicateurs (genre IDH par exemple), ce qui permettra d’avancer dans la réflexion. Ceci n’invalidera pas le propos initial, mais permettra sans doute de mieux cerner son degré de validité et ses limites.

  24. Après cette brillante démonstration, je vous invite à vous rendre sur le site des éditions érinnyeshttp://r-innyes.org/catalogue/catalogue.htmloù vous pourrez télécharger l’excellente nouvelle de Rodolphe bléger, La Hampe merveilleuse.Voilà comment ils présentent la chose sur le site :
    "Carte de voeux des Editions Erinnyes pour pénétrer l’année 2004. Cette nouvelle est l’adaptation d’un célèbre conte persan. Si le génie offrait la fortune au porteur de la lampe, une richesse sans limite et un pouvoir absolu sur les êtres et les choses, il n’en est rien ici. Il n’est question que d’un petit fait humain, inaccessible au sorcier Smolpine, qui ne rêve que de toute puissance et de domination. L’amour est au bout du génie, au bout de la hampe, réservé à celui (à celle, en fait) qui saura en découvrir la véritable richesse."
    Ca se lit en 5 minutes et cela va vous libérer les zygomatiques.

  25. Travailler plus pour plus de chômage, et au final gagner moins.
    C’est la logique des heures supplémentaires sans cotisations sociales patronales. Tout employeur proche de ses intérêts ou de ceux de ses actionnaires préférera faire travailler davantage ses employés (au besoin en les obligenat par le chantage à l’emploi) que d’en embaucher en plus.
    Et cela contribuera à une augmentation du chômage, permettant aux employeurs de maintenir la pression sur les salaires, et assez souvent les heures supplémentaires non payées ou sans la majoration légale pourtant très faible (elle est de 50% ou 100% aux USA, au moins là où les syndicats ont un solide pouvoir de négociation).
    Avec une pression induite sur les salaires, le pouvoir d’achat n’augmentera pas ou diminuera et en fin de compte, après quelques années de ce régime, ceux qui ont la chance de travailler en feront plus pour une rémunération identique. En taux horaire : travailler plus pour gagner moins.
    Deux articles ont retenu mon attention en allant fouiller sur le site mentionné icihttp://www.debat2007.fr/blog/index.php?2006/08/09/149-du-bon-usage-du-mot-croissance-ii(le post de libellule du 2 septembre) :
    1 – http://travail-chomage.site.voila.fr/produc/gain_productiv.htm
    " La productivité du travail, c’est-à-dire la valeur produite pour chaque heure de travail (production ou valeur ajoutée) a augmenté en France de 17,22 % en sept ans, de 1997 à 2003, pour l’ensemble de l’activité nationale. … En sept ans, sans rien changer à la production de richesses du pays, le nombre d’emplois aurait pu être augmenté de 17,22 % en réduisant de 14,69 % la durée réelle du travail (la durée affichée du travail d’une entreprise ne correspond pas à la durée effective travaillée). En moyenne, avec des transferts d’emplois entre secteurs d’activité, le nombre d’emplois aurait augmenté de 4 284 500. "
    2 – http://travail-chomage.site.voila.fr/emploi/duree_travail.htm
    " Pour une durée légale du travail de 35 heures par semaine en France, la durée effective moyenne est de 39 heures pour les emplois à temps plein et 36,3 heures pour l’ensemble des emplois. Par comparaison, ces durées sont inférieures en Grande-Bretagne : 37,2 heures pour les emplois à temps complet et 31,7 heures pour l’ensemble des emplois. Elles sont aussi inférieures aux Etats-Unis (Usa) et dans plusieurs pays en Europe. "
    Un dossier assez étonnant et bien documenté, citant les statistiques officielles de chaque pays.
     

  26. Cher Monsieur,Quand on sort un peu de chez soi et que l’on regarde la France d’un air attendri, mais d’un point de vue différent, en prenant un tant soit peu de hauteur, on verse une larme sachant que nous perdons quelques places chaque décades au bilan de notre place économique dans le monde.On en fait part à ses amis à San Diego ou à Imatra en Finlande et ils vous disent… Oui mais vous êtes dirigé par les intellectuels virtuels, en France, tout est théorisé, chez vous!La ou en Allemagne on va préférer engager un directeur Marketing ayant fait ses preuves, même s’il n’a aucun diplôme, en France on va préférer un âne bardé de diplômes.Le vice recteur de l’Université de Nantes me disait que cet amour de l’intellectualisation des étudiant Français au détriment du réel était un problème majeur, il en donnait l’exemple suivant :Deux étudiants, un Français et un Espagnol  résolvent un problème de résistance des matériaux !Les éprouvettes tests montrent  qu’ils ont commis la même erreur.L’espagnol se remet automatiquement en cause, le français cherche l’erreur dans l’éprouvette.Que pensez vous de ces gens qui en France entendent nous régenter (et nous dirigent depuis trente ans) avec la suffisance que seule confère l’inexpérience ?

  27. A lire les commentaires sur ce blog, j’ai bien peur d’avoir la preuve écrite que nos enseigants en économie n’ont jamais vu un "vrai" acteur écomomique et que l’enseignement de cette discipline dans nos plus glorieuses institutions ne soit confié aux docteurs de Molière. (ceux qui parlaient le charabia pour masquer leur ignorance). Je n’ai qu’un conseil à vous donner : Aller tenir une épicerie de quartier pendant deux ans. Si au bout de ce délai, vous n’avez pas fait faillite alors vous pourrez dire "je connais UN PEU d’économie.Mais c’est vrai que c’est plus facile dans les livres et les salon.

  28. @ Bernard et à Gilbert : arrêtons la démagogie ! Mr Darcos s’en occupe déjà !Le travail d’un entrepreneur et celui d’un économiste (le chercheur propose de théoriser et l’enseignant d’enseigner) est totalement différent. L’économiste ne cherche pas à expliquer commer l’épicier doit tenir son magasin. Vous confondez deux choses : le fonctionnement de l’économie et le fonctionnement d’une entreprise. L’économiste n’a pas la prétention d’imposer à l’entrepreneur comment gérer son entreprise.Olivier Bouba-Olga se propose juste de décrypter, en utilisant des chiffres officiels américains (on ne peut lui reprocher d’utiliser des statistiques complaisantes) la tendance à la baisse tendancielle du nombre d’heures travaillées et de la confronter à la productivité.Dès qu’il s’agit d’expliquer ou d’éclairer des propos politiques (n’est-ce pas le rôle aussi de l’enseignant en économie), les démagogues font leur retour. Alors oui, il y a une différence entre l’enseignement de l’économie et la réalité de l’entreprise, mais à relire attentivement monsieur Bouba-Olga, a aucun moment il ne jette l’opprobre sur les chefs d’entreprises. Il jette juste un regard ‘statistiques’ sur une contre-vérité politique. Il aurait pu mener le même type d’analyse sur les propos de Ségolène Royal. Mais elle a perdu, Nicolas Sarkozy est dorénavant sous le feu des projecteurs…. et des critiques…

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