Aucun pays, aucune région, ne détient un avantage concurrentiel dans l’ensemble des secteurs d’activité : tous les territoires sont inscrits dans une logique de spécialisation productive souvent évolutive. Implication immédiate de ce constat, la nécessité, pour les acteurs du développement économique, de définir les secteurs clés autour desquels doit s’organiser l’action publique.
Comme je l’explique dans Les nouvelles Géographies du Capitalisme, les collectivités territoriales s’en remettent trop souvent, pour définir ces secteurs, à une analyse des secteurs porteurs : tous veulent un pôle spécialisé dans les biotechnologies, le multimédia, les nouveaux matériaux, etc.
Une stratégie alternative consiste à partir des ressources présentes localement et de s’interroger sur les possibilités de valorisation de ces ressources. Autrement dit, il ne s’agit plus seulement de se demander "où l’on va", mais aussi "qui l’on est" et "d’où l’on vient", en repérant les secteurs spécifiques de la région.
Le document lié à ce billet présente une méthode d’identification de ces secteurs. Il a été réalisé en partenariat avec l’Institut Atlantique d’Aménagement du Territoire (IAAT), et se focalise sur les secteurs industriels.
Tout commentaire sera le bienvenu!
Commentaire nocturne. :o) (Vive les insomnies aux sources diversifiées et hautement productives !) Vu que personne ne s’attache à émettre un avis, j’inaugure. Mais j’imagine, après lecture du document, que cela tient plus du "qui ne dit mot consent". Pour note, je n’ai pas lu votre ouvrage les nouvelles géographies du capitalisme. J’imagine que le "bienvenu" aux commentaires était là pour un peu "tester" l’opinion de non-initiés, donc je vais pas me gêner pour étaler mon ignorance. :o) Constat de base : C’est clair, et plutôt instructif. Par contre, au niveau des services, il n’y avait rien à dire ? Du côté de Niort, par exemple, à ce que j’ai compris (Mais ça peut être totalement faux : pas vérifié de ce côté-là.), des entreprises liées aux assurances seraient pas mal implantées pour diverses raisons. Du côté des "avantages et limites de la méthode", vous signalez déjà les développements possibles en vue d’une analyse plus complète. Pas grand’ chose à dire au sujet des "oublis", vu que vous en faites le tour. Néanmoins, il aurait été quand même intéressant de savoir quels secteurs étaient les plus "soutenus" par des politiques publiques, par exemple. Ou alors une comparaison entre le dynamisme des secteurs dont vous parlez par rapport à la situation de ces secteurs au sein de la nation… …mais vous le signalez déjà à la fin. Et à la suite de l’obtention/création de ces "constats" : qu’en faire ? Faut-il continuer à soutenir autant des secteurs en récession, ou amorcer une politique de reconversion ?… L’opinion que vous "défendez" (Le fait que les territoires n’aient pas à miser tous ensemble, en choeur, sur les "secteurs d’avenir".) est ici bien illustrée, développée. Idem concernant l’utilisation des trois étapes permettant de définir les secteurs de spécialisation et leurs spécificités. Cette fiche est destinée à atterir entre quelles mains, dans quelle revue ? Seulement d’étudiants et chercheurs de Poitiers, ou…? Ha oui, sinon : le truc au sujet du "degré d’ancrage spatial" serait intéressant à développer ici, non ? ("Ici", dans ce blog, pas dans la fiche.) Et au sujet de cet "ancrage", n’existe t’il pas une sorte de facteur propre aux industries, concernant leur propension à "s’ancrer" ou non dans un espace donné ? (Ce qui pourrait amener à comprendre un peu mieux les délocalisations, également…) AJC
L’étude est intéressante d’un point de vue théorique. Comme il est impossible de juger un article théorique sans etre un spécialiste du champ, je m’en garderais bien. En revanche d’un point de vue pratique, le probleme que vises le décideur public est similaire au probleme du "gestionnaire de portefeuille" qui veut tenter d’identifier les actions qui "coutent" moins cher à acheter (ici, les entreprise les moins chere à aider, par exemple par emploi implanté), sachant qu’il est entouré de gens qui veulent faire la même chose. Or dans le domaine de la planification économique, on est également handicapé par un grand retard des donnés (les données boursieres sont normalisées et en temps réel, ls données économiques régionales le sont rarement !).Au total : – les méthode "mécaniques", dont celle consistant à acheter les titres qui montent (ici, aider les "gazelles" ou les secteurs qui se développent) ont en général un effet proche de zéro (voir négatif car d’autres font la même chose ce qui conduit à un surinvestissement dans les secteurs à la mode) – quelle que soit la séduction qu’exercent ces "recettes miracles" du style "pour gagner en bourse c’est facile j’achete les titre qui vont monter et je vend ceux qui vont baisser" – le gestionnaire moyen (ici, la planificateur économique moyen) fait moins bien qu’un tir à pile ou face (ici qu’une distribution systématique ou aléatoire des aides) – quelques individus doués arrivent à battre le marché, sans que l’on sache jamais s’ils sont des chanceux ou des doués.A mon avis le mieux qu’on puisse faire dans ce domaine est déjà: – de faire une meilleure coordination natioanle en évitant la compétition territoriale par les aides ; – de mise sur le capital-risque, un métier dont l’objet est précisément de résoudre le "paradigme de l’investisseur" – et aucun modèle mécanique ne fera durable mieux, viser sur l’application de la recherche, ou sur les secteurs qui n’apparaissent sur aucune statistique (économies d’énergie par exemple) – d’investir l’argent public dans les politiques publiques qui visent à l’amélioration des outils qui sont dans le champ de compétence régalien (formation, matching offre/demande d’emploi et aides aux chercheurs d’emploi [www.supprimerlecjomage.org]
@ ajc
* c’est une note méthodo, on s’est concentré sur l’industrie, mais on peut compléter sur les mêmes bases en intégrant services et agriculture (c’est en projet)
* pas de données sur les secteurs les plus soutenus par la puissance publique. Mais il y a des choses à faire, en regardant, le niveau de soutien, mais aussi sa nature et quand soutient-on (souvent trop tard!).
* en repérant et en analysant ces secteurs, on peut anticiper les pb, aux politiques de trancher ensuite sur les secteurs à soutenir.
* sur l’ancrage, ca viendra! (en cours de L3 pour vous!)
@ V:
pas tout à fait d’accord sur la comparaison avec les gestionnaires de portefeuille. Il ne s’agit pas de repérer les "bonnes entreprises", mais les secteurs spécifiques. On est dans une problématique proche de celle de l’éco internationale : quels sont les secteurs pour lesquels ont détient un avantage relatif? La méthodo proposée consiste à dire que ce sont ceux qui sont sur-représentés en région (la sur-représentation comme indicateur d’un avantage relatif).
Cette surreprésentation peut s’expliquer par l’existence d’une ressource rare abondante (on est dans du HOS, ca explique bien certaines caractéristiques de Poitou-Charentes, par exemple l’activité ostréicole) ; par un avantage relatif à la Ricardo (non pas une logique de dotation, mais plutôt avantage technologique à expliquer puis à entretenir), etc…
Comme je le dis dans les nouvelles géographies du capitalisme, le pb est précisément que les collectivités font comme les gérants de portefeuille, ce qui produit du mimétisme (je parle de comportements de pingouins). Alors que le répérage des secteurs clés est possible, et permet de sortir de ces logiques mimétiques collectivement non efficaces.
Ce que vous préconisez sur la fin est recevable, mais il y a place aussi pour une vraie politique industrielle, aux différentes échelles d’intervention. Cela permettrait d’éviter pas mal de problème…
Il serait intéressant de faire une étude de cas sur les échecs et les réussites de ce modèles. J’ai en tête : – des réussites "aléatoires" : cas du développement de l’HTML au Cern (ce qui du reste n’a pas apporté grand chose à la Suisse) – des réussites "techniques" : cas du développement d’une partie de l’industrie dans des vallées encaissées (Aspe) notamment du fait que l’énergie hydraulique y était présente. Idem pour le développement du secteur industriel lié à des positions soit géographiques (nord), soit à la présence matiere premieres (est) – quelques cas, relativement rares, de réussites planifiées (Sophia Antipolis me vient à l’esprit) – pas mal d’échecs ou de semi échecs (pole qui ont une reputation locale, ou qui donnent une impression de réussite, mais qui ne présentent pas un bilan argent investi-performance particulierement flagrant).L’objet de notre discussion porte sur le dernier cas. J’ai plus l’impression qu’il est lié à "quelques individus doués ou chanceux". En meme temps c’est vrai (et je crois plutot l”objet de votre papier) qu’il y a des économies de regroupements, qu’il est utile de prendre en compte – si on le peut. Ce qui justifie d’ailleurs une intervention publique (qui dit externalités dit justification à des correctifs par rapport au marché).
"* c’est une note méthodo, on s’est concentré sur l’industrie, mais on peut compléter sur les mêmes bases en intégrant services et agriculture (c’est en projet)"Pour l’agriculture il sera par contre nécessaire d’intégrer les aides publiques, non ? (Et d’ajouter à cela des données concernant le marché : savoir si le secteur agricol "local" est adapté ou non à ce dernier et à ses évolutions anticipées.)"* en repérant et en analysant ces secteurs, on peut anticiper les pb, aux politiques de trancher ensuite sur les secteurs à soutenir."Concernant cette fiche, justement…Elle va bien évidemment renseigner -au même titre que des cours adaptés- et former de futurs politiques, "aménageurs/développeurs de territoire", décideurs, via l’enseignement offert par la faculté de Poitiers.Mais concernant les "déjà-formés", ou ceux se trouvant étranger à cette formation ?Existe t’il une sorte "d’association des acteurs de l’aménagement du territoire", ou de centre de diffusion de tels textes afin que ces décideurs aient l’accès aux évolutions propres à leurs domaines ?Concernant la psychologie, sociologie, criminologie il me semble que les formations amènent à beaucoup de recul et d’interêt par rapport à ces remises en causes et évolutions. (Et que des associations ou media propres sont là pour favoriser cette tendance, en plus de la "non-professionalisation" qui me semble favorable également à ceci.)Est-ce le cas des "aménageurs" de territoires ?Et si un tel medium ou une telle association existe, est-il suffisamment répandu ?"* sur l’ancrage, ca viendra! (en cours de L3 pour vous!)"Faudrait que je l’atteigne ! :oDEt logiquement mon second semestre -si je passe- se déroulera en Pologne : des risques de louper des choses à ce sujet ?AJC
@ AJC : cette note est co-produite avec l’IAAT, qui a vocation à diffuser de l’information auprès des acteurs du développement local. On peut espérer que certains la regardent! (on travaille aussi avec les collectivités, on peut donc essayer de faire passer certains messages)
Okay merci c’est ce que je voulais savoir. :o)