Le clown et l’économiste

Chaque année, les lycéens doivent émettre des voeux d’orientation. L’Université de Poitiers vient de prendre connaissance des voeux pour la rentrée 2006-2007. Résultat des courses intéressant, à interpréter avec précaution, cependant, car des décalages existent entre les voeux et l’orientation effective des lycéens. Je ne reprends ici que quelques résultats :

Filière 1er + 2ème voeux Part dans l’ensemble
Sciences économiques 111 2,1%
Histoire de l’Art 194 3,6%
Arts du spectacle 210 3,9%
Sciences du sport 377 7,1%
Psychologie 593 11,1%
Total Université 5328 100%
Voeux d’affectation pour la rentrée 2006-2007


Les sciences économiques sont une filière qui assurent une bonne insertion sur le marché du travail (taux de chômage faible) et une bonne qualité des emplois occupés (part des cadres supérieurs forte). En 2004-2005, 185 voeux pour cette filière, en 2005-2006, 119, pour 2006-2007, on tombe à 111. On voit mal comment une telle filière est tenable. Les filières "sport" et "psychologie" attirent toujours beaucoup (moins que les années précédentes, cependant : on est passé de 721 à 750 puis 593 pour psycho, et de 532 à 506 puis à 377 pour Staps). Les débouchés y sont notoirement plus faibles (même si les diplômés de master des deux filières ont des bons débouchés, ceux-ci ne suffisent pas à assurer une bonne insertion à l’ensemble des étudiants).

Résultat remarquable : il y a plus d’étudiants à vouloir s’inscrire en Arts du spectacle qu’en Sciences Economiques. On peut y voir le signe de l’irrationnalité des lycéens. J’y vois plutôt le signe d’une hyper-rationalité : à entendre le discours de Parisot ou de Dassault sur la flexibilité, les erreurs de nos politiques à propos du taux de chômage, l’interview récente de Luc Ferry sur les problèmes de l’éducation nationale, les propos léinfiants de Guy Dollé et consorts sur les entreprises familiales, etc, etc, etc, je crois qu’une formation Arts du spectacle (avec, bien sûr, option Clown) est une bonne formation, sans doute même la meilleure, pour finir responsable économique ou politique dans notre doux pays.

45 commentaires sur “Le clown et l’économiste

  1. “J’aurais voulu etre economiiiiiiiiiste”
    C’est bizarre, personne ne l’a jamais chante. 🙂

    Il y a longtemps deja que beaucoup d’etudiants s’orientent vers psycho-socio (qui a la fausse reputation d’etre facile), staps (pour pas se prendre la tete), arts du spectacle (parce que l’entree y est plus facile qu’a la star ac’), musicologie ou histoire (qui compte toujours beaucoup plus d’etudiants que de debouches). Ces filieres attirent surtout des etudiants qui n’ont plus envie de faire des maths, qui se sentent une certain fibre sociale/sportive/culturelle/etc, et qui n’ont pas souvent de projet professionel precis. C’est en general un echec, mais c’est une maniere (qu’on peut discuter) d’eviter une selection a l’entree de la fac : la plupart de ces etudiants s’arretent “d’eux-memes” apres quelques annees “perdues”, se rendent comptent qu’ils “ne sont pas fait pour les etudes” (alors que c’est l’inverse !).

    Je suis beaucoup plus surpris de voir l’evolution en un an : -25% pour les staps, -20% pour psycho et “seulement” -7% pour eco (evidemment, sur 2 ans les chiffres sont differents). A mon sens, les etudiants integrent de plus en plus les debouches professionnels dans leur choix d’orientation. A premiere vue j’y vois deux effets conjugues : 1. l'”ideologie” du moment (voir le numero triple des Temps Modernes qui explique notamment comment on en est venus a prendre en compte les debouches professionnels) et 2. un plus grand nombre d’etudiants venant de classes populaires qui peuvent plus difficilement se permettre de “perdre 1, 2, 3… annees”.

  2. Il y a des facultés qui sont dans une plus mauvaise passe que nous, hein… je sais pas moi… hum… la théologie par exemple ? :oDEn même temps, une baisse constante des effectifs, ça laisse plus de place pour ceux arrivant en ce moment. (Boulots à la sortie, postes de chercheurs ?…)Si cela se trouve, dans une dizaine d’années, l’existence de facultés de sciences économiques sera une légende urbaine. Un film sortira : des lycéens-aventuriers, guidé par l’ancien d’une fac, partiront à la recherche d’une fac enseignant ce genre de choses.AJC

  3. A noter -Et sans vouloir passer pour un vautour) que conseiller aux étudiants venant de foirer déjà une année ou deux d’études, ou étant lassé de la socio, les sciences, la psycho, la médecine, notre fillière c’est pas mal efficace ! :oDMais je sais pas si une politique de recrutement dans les autres facs serait bien vu, hein… quelque chose me dit que ça ferait désespéré… :o/

  4. Ce résultat pose deux questions:
    Quelles informations ont les jeunes sur les débouchés réels des différentes filières?
    Que connaissent ils de métiers qui se pratiquent dans le secret des entreprises quand les arts du spectacle sont à la télé tous les jours et que c’est apparemment rémunérateur?
    Cela me rapelle une émission d’Arrêt sur Image où un élève de primaire avait intégré l’idée connu égal riche (et vice versa)
    Pour finir sur la psycho, d’aprés l’étude de la Dares reprise dans le rapport Seibel en 2002, les métiers de recruteur et de formateur devaient connaitre entre 2000 et 2010 la plus forte progression en pourcentage, soit +99% contre +15% pour les métiers du spectacle (mais -38.5% pour l’ensemble clergé+ politique!)

  5. @verel : l’information sur les débouchés, on les en abreuve! mais le problème est complexe : je pense qu’à 18 ans i) on a d’autres soucis en tête, ii) l’année de terminale, une seule obsession, le bac! Sans doute aller plus loin et plus tôt dans l’information sur les métiers serait-il une bonne chose… mais il faut savoir que cette information est pour l’essentiel donné par les Conseillers d’Orientation Psychologue… qui ont comme charge quelques milliers d’élèves par an répartis sur plusieurs établissements (c’est un ordre de grandeur, je préciserai les chiffres à l’occasion, à moins qu’un lecteur mieux informé puisse compléter pour moi?) ce qui n’aide pas trop! Comme en plus leurs effectifs fondent comme neige au soleil…sur les métiers de recruteur/formateur : ca pourait donner des choses rigolotes : des jeunes formés à la sycho vont devenir recruteur/formateur d’autres diplomés de psycho afin que ces derniers deviennent à leur tour recruteurs/formateurs d’étudiants de psycho etc, etc! (je plaisante).

  6. En même temps faut pas prendre ces étudiants pour des abrutis finis, Verel… :oDGénéralement, ils savent parfaitement ce qui les attend : on arrête pas de leur signaler tout au long de leur scolarité, sans compter les parents, les amis, etc.Le fait est que beaucoup préfèrent jouer ça au poker, et miser sur leur débrouillardise future… au passage, ils préfèrent de loin étudier pendant 5 ou 8 ans l’art, la sociologie, la philosophie, la psycho… que l’économie. Question d’apport "humain", sûrement.Et en général, après avoir un peu étudié leur domaine, ils savent bien -pour l’art par exemple- qu’ils seront de futurs crève-la-dalle, galériens ou assistés par l’Etat.Les maths, en économie, rebutent… mais les économistes aussi, sûrement. (Déformation de leurs propositions par les politiques, utilisation faussée par des journalistes, côté "chiant" qu’on veut éviter alors qu’on a que 18 ans…)Perso j’ai eu la chance de pouvoir continuer à étudier un peu la socio, la philo, l’art malgré mon entrée en économie. Néanmoins, j’ai constamment besoin de discuter avec des étudiants ayant misé dans ces domaines : ben ouais, parce qu’au final, même si la fac laisse du temps à côté, elle n’en laisse pas non plus des masses extraordinaires. Et je dois choisir dans mon emploi du temps et mes prochaines lectures ce qui me permettra un développement en économie… ou dans les autres domaines.Je fais aussi un coup de poker : j’espère que mon salaire futur et que le temps que j’aurai dans 3, 5, 10 ans sera suffisant pour me plonger plus en profondeur dans ces domaines. C’est risqué, comme raisonnement, aussi.C’est assez compréhensible, et d’ailleurs c’est agréable de savoir que dans notre pays la jeunesse ne mise pas nécessairement sur la réussite professionnelle comme priorité absolue. :o)C’est peut-être l’une des plus belles preuves que nous sommes un pays développé, riche et pouvant se permettre le luxe d’avoir autant d’experts dans des domaines qui ne seraient pas aussi reconnus dans d’autres pays.Pour bien comprendre cela il faudrait ce phénomène il faudrait une enquête générale au sujet des orientations prises… et également le regard porté par les étudiants en question sur l’économie et ses représentants, les économistes.Du genre "pour vous, c’est quoi un économiste ?"… je suis sûr que ça amènerait déjà pas mal de réponses.AJC

  7. Bonjour.Cet article est très intéressant, même si le pb est connu depuis longtemps. Si je ne m’abuse cela fait au moins 10 ans que la baisse des filières scientifiques est constante dans les universités.Il serait très intéressant de donner le tableau complet selon *toutes* les filières. En effet, réduire une telle analyse, même brêve, au pb de la filière économique me semble par trop réducteur, et légèrement caractéristique d’une tendance à vouloir à tout prix distinguer l’économie des mathématiques. Le pb de fond caché derrière tout ça est que les maths font peur, et par conséquent tout ce qui leur est associé (donc aussi l’éco).Evidemment, les diplomés scientifiques cherchant du travail se réjouiront de la baisse du nombre de concurents, mais en regardant un peu plus loin il apparait évident que cela est catastrophique … économiquement parlant …En effet, une baisse du nombre de candidat signifie forcément une baisse du niveau moyen des recrutés. Une baisse de niveau se traduit donc forcément par des performances moins bonnes, et donc une perte économique pour nos chères entreprises.Il n’y a donc là pas lieu de se réjouir du tout, et je reste encore dubitatif devant le peu de cas que nos politiques font de cette "désafection" des sciences.J’apprécierai grandement d’avoir un tableau plus complet de ce pb. Et notamment l’évolution des filières mathématiques et physiques (si cela est possible).Oui je sais, je fais des maths et vous l’avez deviné 🙂

  8. Olivier Bouba-Olga : Ne négligez pas le fait que pour un grand nombre d’étudiants, la question qui se pose est de savoir si faire des études est compatible avec le financement des études en fac (surtout dès lors qu’on a pas des parents qui résident dans une capitale régionale)Des études peu exigeantes en terme de discipline ou de présence sont infiniment plus compatibles avec diverses autres activités pour assurer les revenus utiles aux études.

  9. le problème du raisonnement tel qu’il semble être défendu est que l’on s’interroge sur la rationalité d’un choix qui n’en est pas un. Je crois qu’il faudrait commencer ainsi:1: présenter l’ensemble des filières.2: ne pas s’interroger sur pourquoi des étudiants font art du spectacle plutôt qu’économie, mais "pourquoi des étudiants vont dans des filières bouchées plutôt que dans des filières non bouchées". On découvriraient très probablement que le choix "d’art du spectacle" est un choix entre des options disponibles, que les lycéens s’autocensurent dans leurs choix étant donné la valeur qu’ils s’attribuent et la difficulté qu’ils voient dans différentes filières.Bref, à mon avis, très peu de lycéens choisissent entre "art du spectacle et économie", mais plutôt entre "art du spectacle, psychologie, histoire" (par exemple) tandis que d’autres choisiront entre "prépa, IEP, économie". On pourrait aussi dire "il est tout à fait rationnel de choisir une filière bouché si l’on a la quasi certitude d’échouer dans une filière qui ne l’est pas".

  10. @guillaume :* sciences : 2006-2007 : 674 ; 2005-2006 : 665 ;  2004-2005 :  626* dont math :  2006-2007 : 134; 2005-2006 : 158* dont physique/chimie : 2006-2007 : 172; 2005-2006 : 149bref, ca progresse! il y avait (et il y a encore, sans doute) un déficit, mais on peut dire que tout le monde a mis le paquet (info au lycée, création d’option, etc…), parfois au delà du raisonnable : comme je l’ai déjà dit, interdiction nous est faite de donner de l’info sur science éco auprès des bacs S, au cas où on les détournerait des sciences pures et dures… Déontologie douteuse…si je me suis concentré sur sciences éco, c’est parce que je suis plus concerné, mais le pb concerne aussi les sciences. En gros, les filières qui ont des débouchés n’attirent pas, celles qui en ont peu attirent, cherchez l’erreur… Cependant, réduire le problème à la question des maths me semble excessif, il y a d’autres problèmes, certains spécifiques aux sciences, d’autres à l’éco.@a Ahem : je n’avais pas pensé à ce critère. Franchement, je ne pense pas qu’il soit décisif ; certains de nos étudiants travaillent en parallèle, mais bon, je peux me tromper, je ne sais pas si des enquêtes ont eu lieu sur ce sujet.

  11. @ clic : tout à fait d’accord. La comparaison art du spectacle n’est faite que pour dire qu’il est étonnant que plus de lycéen s’oriente dans la première filière plutôt que dans la seconde, mais il est clair que ces deux formations ne sont pas concurrentes. Pour éco, la "fuite" se fait plutôt en faveur des prépa, dut, iep, mais aussi droit et AES (beaucoup de bac ES dans ces deux dernières filières). Il est clair que beaucoup de bac ES ont "la quasi-certitude d’échouer en éco", mais ils se trompent, et c’est plutôt difficile de les en convaincre, même avec taux de réussite à l’appui… Pb de représentation tenace, pb de déconnection éco lycée / éco fac, pb de l’importance supposée des maths, etc, etc…

  12. Information navrante … Mais je peux témoigner de l’efficacité de l’information donnée directement aux élèves de terminale par les universitaires eux-mêmes. Ma classe de TES a été reçue, en décembre 2005, par le doyen et ses assesseurs une bonne journée (avec cours de compta. Nationale, un régal …). Résultats : trois sur 22 demandent sciences éco l’année prochaine. Du jamais vu depuis que j’enseigne, même dans la promotion de lycée d’Olivier B. O. !
    Il court encore de “vieilles” représentations et le terrorisme des mathématiques certainement. Et puis les arts du spectacles, c’est tellement plus fun !

  13. Ahem exact – et ma petite fille que je ne peux aider qu’à la marge passe à la sociologie – moi j’aurai bien aimé suivre des cours de sciences économiques,  mais depuis mes 61 ans ce qui estg un peu tard. Je me console en gardant dans un petit coin de mon crâne l’intuition que la parenté avec le clown (le clown blanc tout de même) n’est pas entièrement fausse. Mais je tente de me corriger

  14. Olivier Bouba-Olga: Z’auriez pas un étudiant de maîtrise à mettre sur le coup  ? Ou, si vous avez assez confiance en ça, un TPE ?

  15. @ ahem : on fait faire des enquêtes à nos licence 3ème année, par petit groupes de 3 ou 4, avec rédaction d’un questionnaire, passation auprès d’une centaine de personne, traitement informatique des résultats et interprétation (ca c’est pour faire un peu de pub, dire qu’on propose des choses attractives, non?). Je pourrais donc suggérer une enquête permettant de se prononcer sur la contrainte que vous évoquez, j’essaie de m’en souvenir pour septembre prochain !

  16. Ho, je suppose qu’en en parlant avec vos collègues économistes, il ne devrait pas être difficile de vous convaincre, entre chercheurs en économie, de l’intérêt de disposer de données à analyser sur l’attractivité des filières scéco de votre U. Cela aurait aussi le mérite de montrer que les économistes savent "eat their own dogfood", ce qui est sans doute très important, dès lors que la relation entre la règle, soi et le monde est l’un des premiers objectifs de l’enseignement de philiosophie au lycée de nos jours (me dit ma nièce, qui a déjà choisi de faire IUFM avant même d’avoir fini sa seconde)

  17. @ Laurent Guerby : je n’ai pas repris les chiffres de l’ensemble des filières, je voulais juste insister au départ sur sc éco. Comme guillaume m’a demandé, j’ai ajouté qq chiffres sur math/phy… Faut vraiment que je mette le tableau complet?… J’ajoute ce qui manque dès que j’ai le temps…

  18. Excellent post!
    tout est une question de confiance, il en va ainsi de l’economique mais aussi des etudiants. Restaurer la confiance, c’est deja 50% de n’importe quelle politique economique de gagné.
    pas sûr que celle reductrice de droits permanents (serrez vous la ceinture ça ira mieux) rende très confiant! en ce sens les etudiants preferent le rêve…..

  19. Il y a peut-être la peur des maths… mais surtout un fond idéologique propre cet âge. Pour beaucoup de jeunes, l’économie c’est un truc de capitalistes sans morale. Alors que les artistes, eux, hé bien ils sont d’habitude des gentils altermondialistes au look super-cool. C’est plus facile de s’identifier aux seconds, bien sûr.

  20. J’ajoute que bien sûr les psychologues et les sociologues eux ils ne s’intéressent pas qu’à qu’à l’argent, mais à d’aobord à l’humain. Donc c’est des gens bien, comme nos petits lycéens.

  21. Je vois que la confiance de pays envers sa jeunesse, c’est à dire son avenir, progresse.Il va peut-^^etre falloir envisager une politique de l’immigration un peu plus tolérante, si vraiment s’exprime ici toute l’estime qu’on peut avoir envers ceux qui succèdéront à leurs aînés si talentueux, précautionneux et lucides aux affaires.

  22. Les étudiants ont dans leur ensemble une drôle façon de voir les choses. Les priorités de la vies sont souvent liées au diverstissement plus qu’à la réflexion.
    Il suffit d’une réforme concernant les mêmes jeunes pour nous voir descendre dans la rue avec cet air fêstisfif qui fait rire nos ainés.
    Le choix d’une filière depend beaucoup aujourd’hui des images qu’on a dans la tête, et ces images nous viennent de la TV .
    Est-ce un désaveu du conseiller d’orientation ou de l’absence de perspectives sérieux de notre jeunesse
     

  23. Faut éviter de trop caricaturer les pensées des jeunes et leurs motivations…Que veux-tu, Boulgakof, entre étudier le commerce international, la macroéconomie, la finance, etc.Beaucoup préfèrent de loin étudier des choses peut-être plus "humaines". Après, rattacher cela à des parodies de pensées altermondialistes et tout le toutim, c’est bien joli mais ça fait pas avancer le schmilblick.Qu’une bonne partie des étudiants ne se sentent pas la fibre de la comptabilité nationale, de la microéconomie et des mathématiques financières, c’est peut être compréhensible, non ?AJC

  24. Une remarque de fond, certes personnelle : si cette fameuse nièce à laquelle je pense fait effectivement des études, je devrais certainement investir un argent qui me serait éventuellement utile à tout autre chose pour qu’elle puisse étudier dans de bonnes conditions (faites une projection du coût réel pour les parents d’une scolarité dans la capitale régionale de votre choix si, bien entendu, vous n’y habitez pas déjà…).D’où, à mes yeux, deux évidences :1) Si elle n’a pas de projet que je juge crédible, elle ira bosser.2) Bien entendu, elle devra de toute façon gagner une partie de l’argent dont elle aura besoin pour vivre elle-même.Maintenant, je pense qu’elle serait intéressée par toutes idées un tant soit peu neuves pour l’élaboration de son projet personnel.

  25. Ce résultat décevant vous remet en cause, car vous enseignez l’économie à la Fac de Poitiers. Lorsque vous expliquez que la dette publique ne poserait pas de problème si Trichet baissait les taux de la BCE, vous n’êtes pas sérieux. Et il ne s’agit ici que d’un exemple.
    Ne vous étonnez donc pas de vos piètres résultats auprès de vos étudiants.

  26. @michel gross : oui, effectivement, on peut voir les choses ainsi… Si vous vous documentez un peu, vous remarquerez que beaucoup d’observateurs s’interroge sur la pertinence de la politique monétaire de la BCE, ainsi que sur celle de la Fed. Je ne prétend pas détenir la vérité, je voulais, s’agissant du problème de la dette, montrer que les choses ne sont pas si simple qu’il y paraît, et qu’il y a matière à débat.
    Croire que ce que je dis explique la désaffection pour la fac de sciences éco… ma foi, si ca vous fait plaisir! (avec un petit paradoxe quand même, les étudiants qui ne viennent pas en sciences éco ne peuvent pas connaître à l’avance toutes les énormités que je vais leur asséner).

  27. N’y-a-t-il pas, en économie, une question de chapelles ?Je suppose, par exemple, que les perspectives d’emploi sont infiniment meilleures pour les étudiants abreuvés de Constant, Rawls, Locke que pour ceux alimentés aux théories de Rousseau, Kant, Marx, fût-ce sous couvert d’enseignement de l’économie.Auquel cas toutes les facs d’éco ne seraient pas égales à toutes les autres tant en termes d’attractivité que de perspectives d’embauche.

  28. A force de "vouloir montrer que les choses ne sont pas si simple qu’il y paraît, et qu’il y a matière à débat", vous brouillez tout et mélangez tout dans la tête de celui qui vous lit. J’imagine qu’il doit en être de même dans la tête de vos étudiants.
    Et si, comme vous semblez vouloir le montrer, l’économie est affaire de "débat", c’est qu’elle n’est pas une science. Pourquoi donc l’étudier en Fac ?
    Quant à "connaître à l’avance toutes les énormités que vous allez  asséner", il suffit de vous lire sur votre Blog. Franchement, à vous lire, je  me demande toujours si vous écrivez au premier ou au second degré. En tout cas, beaucoup des intervenants sur votre Blog vous lisent au premier degré.

  29. OBO,
    Votre dernière réponse est une illustration parfaite de la confusion que peuvent générer vos propos. Votre message initial discutait du problème posé par la dette publique. Pour montrer que les choses ne sont pas simples vous expliquez que la politique de Trichet est critiquable.
    Et alors, quel rapport ?
    Les turpitudes de Trichet ne nous autorisent pas à ruiner nos enfants par notre laxisme financier. Nous ne sommes pas enfants qui justifions nos bétises en évoquant les bétises de nos petits camarades.
    J’ajoute, et vous le savez bien, que Trichet s’est battu pendant 20 ans pour imposer à la France la politique du franc fort. Cette politique a créé des millions de chômeurs, c’est du moins le reproche qui lui a été fait à gauche. Le franc fort a permi de juguler l’inflation, de coller le franc au marc et de faire l’euro. Les taux bas que nous connaissons, et qui permettent de réduire le service de la dette, sont donc les conséquences directes de la politique du franc fort de Trichet.
    Etait-ce bien, était-ce mal tel n’est pas le problème. Je constate simplement que vous reprochez à Trichet le contraire de ce qu’il a fait. Soit vous n’êtes pas sérieux, sois vous n’êtes pas honnêtes. Dans tous les cas, vous êtes confus.

  30. @ moui : même s’il y a différentes "chapelles", je ne crois pas que cela joue e termes d’attractivité/performance des facs. Les diplomes d’université sont nationaux, leur efficacité sur le marché du travail est comparable.@michel gross : pas sérieux, malhonnête, confus… quoi d’autres?

  31. Quoi d’autre ?
    Vous n’argumentez pas, et vous ne répondez pas aux arguments qui vous sont donnés. Vous vous contentez de vous faire l’avocat du diable de tout et son contraire si bien que l’on ne sait pas ce que vous pensez. Il est donc difficile d’avoir une accroche pour débattre sérieusement.
    Cela est grave, car vous n’êtes pas un quidam. Vous enseignez l’économie à la fac et vous êtes chargé de former les nouvelles générations. Seuls 36% des français croient dans l’économie de marché qui nous apporte pourtant la prospérité. Si votre cas est représentatif, ce chiffre peut s’expliquer.

  32. @michel gross : désolé de vous contredire, mais hormis quelques billets d’humeur, je cherche autant que possible à argumenter, qu’il s’agisse du CPE, de la gouvernance d’entreprises, du lien croissance-emploi, de la question de la dette, etc, etc, … Sur la politique de Trichet : depuis 83, la France mène une politique de désinflation compétitive que l’on a le droit de mettre en débat. Cette politique est maintenant du ressort dela BCE, et certains contestent le côté jusqu’au boutiste de la lutte contre l’inflation. Je signale au passage que les situations européennes et américaines sont différentes : la BCE a pour unique objectif la stabilité des prix ; la Fed a un double objectif de stabilité des prix et de croissance. Différence que l’on peut vouloir interroger, non? De plus, la lutte contre l’inflation de la Fed est sans doute plus défendable que celle de la BCE, compte tenu de l’écart de croissance. Sur l’économie comme non-science car sujette à débat : je dirais deux choses : i) même en sciences "dures", il me semble que les débats existent! ii) sur le statut scientifique des théories, j’en suis rester au critère poperien de réfutabilité; qui me laisse penser que la plupart des théories économiques sont des théories scientifiques. L’analyse de Kuhn en termes de paradigmes scientifiques permet de comprendre également le pourquoi des débats scientifiques.Sur les 36% de francais qui croient dans l’économie de marché : la France est depuis longtemps une économie capitaliste de marché. L’enquête qui a été faite, et la question qui amène à ce chiffre, est contestable car dans l’esprit des français sondés, "l’économie de marché" est assimilée, sans doute à tort, a une forme spécifique de capitalisme, le capitalisme qualifié de libéral. Les réponses aux autres questions de cette même enquête montrent que les francais ne sont pas plus anti-capitalistes que la moyenne (cf. un billet de Ceteris Paribus à ce sujet). Moi-même, je ne me considère pas comme anti-capitaliste, si vous prenez la peine de lire mon dernier ouvrage, j’insiste plutôt sur la diversité des capitalismes, et la nécessité de s’interroger sur le capitalisme que l’on souhaite. Je suis d’accord avec vous sur l’idée que le capitalisme est le vecteur essentiel de création de richesse, mais il est aussi , dans le même temps, producteurs d’inégalités. L’enjeu, en termes de politique économique, est d’accroître la création de richesse sans faire exploser les inégalités et, j’insiste, il n’y a pas qu’une façon de faire.Enfin, sur ma capacité à repousser/embrouiller les étudiants, je vous signale très prétentieusement que les évaluations que l’on réalisent systématiquement auprès des étudiants tendent plutôt à prouver le contraire. Mais, je vous fais confiance, vous me direz certainement que c’est parce que je fais dans la démagogie…

  33. @OBO
    J’ai lu votre réponse, je vois effectivement que vous argumentez, cependant vous ne répondez pas à mes arguments. Vous m’expliquez pourquoi selon vous la politique monétaire de le BCE est critiquable, mais mon point n’était pas là.
    Dans un billet consacré à la question de la dette dont je ne sais s’il se voulait "billet d’humeur" ou "billet argumenté" (au passage, quand vous faites un billet d’humeur faites en sorte que votre lecteur puisse le savoir afin d’éviter qu’il ne se fatigue inutilement à argumenter avec vous, d’où au passage la remarque que j’ai faite sur le caractère confus de vos billets) vous avez insisté sur le fait que le service de la dette dépend du taux directeur de la banque centrale.
    Cette remarque est bien sûr un truisme, mais vu le ton de votre post j’y ai lu une critique de la politique de la BCE qui effectue actuellement une légère remonté des taux. Votre dernière réponse confirme cette interprétation puisque vous dites "la BCE a pour unique objectif la stabilité des prix. La Fed a un double objectif de stabilité des prix et de croissance". Notez ici la gêne dans laquelle vous me mettez. Je suis obligé d’interpréter vos propos et de donner un sens à une remarque qui n’est qu’un truime. Etait ce une remarque "d’humeur" ou un "argument sérieux". Mon beau fils, qui est en étude de commerce et qui travaille en alternance dans une banque, à qui j’en ai parlé, a tranché: "C’est du foutage de gueule !".  
    Mais prenons la remarque comme argumentée. Dans ce cas, comme je l’ai noté plus haut vous vous contredisez et vous ne répondez dans votre dernier message à mon argumentaire. C’est bien sûr la politique passée de Trichet directeur du trésor, cette politique de désinflation compétitive que vous critiquez maintenant qui a permis de vaincre l’inflation et d’avoir des taux directeurs bas pour le franc, puis pour l’Euro. Cette politique a donc permis de réduire considérablement le service de la dette.
    Cependant, votre truisme est en parti inexact. Mon beau fils m’a en effet expliqué que le service de la dette dépend un peu du taux directeur actuel mais surtout des taux passés (des taux directeurs au moment où les emprunts actuellement en cours on été passés). Malgré la légère remonté récente des taux, le taux effectif du service de la dette n’a jamais été aussi bas. Bien sûr la BCE pourrait laisser filer l’euro en maintenant des taux artificiellement bas. Mais l’effet serait très faible sur le service de la dette du fait de l’effet de retard décrit plus haut et du fait que la marge de manoeuvre à la baisse des taux est faible (car les taux actuels 2.5% sont très bas). Laisser filer l’euro aurait aussi pour conséquence de faire chuter l’euro et de renchérir les matières premières. En revanche  la chute de l’euro favoriserait également les exportations. Enfin des taux très bas pourraient avoir des conséquences très graves pour les plus démunis (mon beau fils me parle du Japon).
    Je ne vous fais bien sûr pas l’insulte de penser que vous ignorez tout cela. Par contre, je vous reproche votre ton et votre manière de présenter les choses par le petit bout de la lorgnette en laissant entendre dans votre billet argumenté (ou d’humeur je ne sais) que la BCE peut baisser ses taux afin de réduire le service de la dette sans autre conséquence néfaste. Ce n’est bien sûr pas le cas, vous le savez mais vous ne le dites pas.

  34. bonjour bonjour.
     
    je sais que ce post est un peu "vieux", mais que voulez vous je débarque sur le site..
    bon étant moi-même étudiante, je voudrais "préciser" certains points.
    – tout d’abord les lycéens ne sont pas tous des ignares qui se larvent le soir devant la star ac en se disant, tiens je vais faire comme eux…
    *en plus , les lycéens savent bien , qu’à la star, justement ils ont pas fait  "art du pestacle". 😉
    – pour ce qui est de l’attractivité de la filère éco… et bien j’ai attendu bac+3 pour y aller..
    – pour ce qui est des débouchés, je ne pensent pas vraiment que tous résonnent dans ces termes.  et puis il faut bien se faire plaisir dans ses études, non ? (déjà que c’est long..)
    enfin: NON les étudiants n’ont pas tous je cite
    " une drôle façon de voir les choses. Les priorités de la vies sont souvent liées au diverstissement plus qu’à la réflexion"
    ARGH !! mais j’enrage là !!
    il y a beaucoup d’étudiants qui bossent à cote, qui font des saisons, et qui savent qu’arrive un moment ou il faudra chercher du travail !! et qui passent leur temps libre (enfin ce qu’il reste ) à étudier !
     
    alors, certes, je n’ai pas tout compris aux différents débats d’éco dans les commentaires (la flegme de tout lire même), mais ne nous prenez (pas tous) pour des fainénants (si je peux me permettre).
     
    enfin, dernière remarque sur les conseillers d’orientation.
    Scène vécue : "bonjour je voudrais des informations sur les filières et options de la filière lettres"
    réponse de la conseillère "bien, on va regarder sur le site internet de la fac".
    merci.
     

  35. @ Meghan : bienvenu sur mon blog! bon, je ne crois pas avoir dit que les étudiants sont tous des fainéants, je pense plutôt le contraire! en revanche, je m’interroge sur la rationalité de leurs décisions d’orientation. Je ne dis pas qu’ils sont irrationnels, mais que leur rationalité nous échappe parfois… Pour preuve les sous-effectifs dans les filières qui ont de bons débouchés (éco, sciences) et les sur-effectifs des filières avec peu de débouchés. J’en déduis que la question des débouchés n’est que seconde dans les choix d’orientation post-bac. Mais je suis preneur de l’avis de tous, notamment des étudiants. Vous, par exemple, quel parcours avez-vous fait après le bac? Pourquoi?

  36. Etant étudiante en Arts Du Spectacle, option "clown" si ca peut te chanter, je voulais juste te preciser que si les effectifs on augmentés c’est que depuis cette année le nombre de places est illimitées, avant il y avait des selections, les inscriptions étaient limitées… voilu!
    Après tes apprioris sur ma filieres….. et bien que veux-tu, chacun son truc! Je prefere finir intermitente derriere une caméra mais faire un metier qui me passionne plutot qu’avoir un bouleau stable derriere un bureau et me faire chier….. c’est un choix à faire, c’est vrai que desfois on nous prend pour des flemmards etc mais on est pas tous comme ca, c’est un milieu ou on en chie pr s’en sortir et pour evoluer et se demarquer, c’est une bataille permanente mais qu’est ce que c’est bon!
    voilu ce ne sont pas des reproches, moi j’ai des apprioris sur d’autres choses lol! c’était histoire de donner un point de vu nouveau!
    Bonne continuation, mine de rien c’est interessant tous ca!

  37. Re-moi!
    je viens de voir le commentaire de "pourquoi choisir tel orientation" voila des explications.
    Bon et oui en arts du spectacle faut dire que déja apres un mois de cours nous ne sommes plus que 2 tiers des inscrits a aller en cours, c’est pas plus mal pour nous qui restons!
    Et cette filiere oui n’a pas de débouchés, mais pour la plupart d’entre nous, la licence c’est uniquement pour entrer dans de grandes ecoles apres (metiers du ciné, theatre, photo, etc) Car les ecoles publiques formants a ces domaines (Femis, Louis Lumieres, ENPArles, conservatoires,..) sont accessibles uniquement apres un bac plus 2 ou 3 avec une licence en arts du spectacles, arts plastiques, etc…. et sont tres selectives car rares! Les formations apres le bac dans ces domaines sont uniquement dans des ecoles privées extremement cheres, voila le pourquoi de notre choix! Notre choix est-il maintenant comprehensible?
    C’était le dernier!

  38. @ Eloise : ok, merci pour ces infos!précision : je n’ai aucun a priori défavorable vis-à-vis des personnes qui s’engagent dans la filière Art du Spectacle, ni dans n’importe quelle filière d’ailleurs, je ne vous considère pas non pus a priori comme flemmard, etc. . Je constate juste que la somme de choix individuels (qui ont tous leur rationalité) conduit à des résultats parfois collectivement irrationnels (peu de monde dans les filières à débouché, beaucoup dans ceux sans débouchés, etc.).Après, parler d’arts du spectacle était un bon moyen de dire que certains responsables avaient vraiment l’air de clowns, mais faut pas que les vrais clowns le prennent mal ! ;o)

  39. @ M Bouba-Olga
    Désolée, malgré ma lecture assidue de vos posts , j’avais "loupé" votre réponse…
    J’avais bien lu que vous ne nous aviez pas traité de fainéants (mais il s’agissait d’un posteur de commentaires.
    Je dois dire que pour moi la question des débouché a en effet été secondaire dans mes premiers choix d’orientation (lettres et même pire : com…).   Je pense qu’il y a plusieurs explications, tout d’abord il est difficile de savoir, à 18 ans,  quel "métier" nous attire… pire… la fac ne prépare pas à un métier !! d’où l’idée pour beaucoup : j’atteind un niveau (L3, M2) et je verrais bien après !
    En ce qui me concerne, j’ai suivit des filière parceque leur contenu a priori m’interressait… et que ce qui compte dans la culture c’est de faire des liens !
    Enfin, promis, après j’arrète, le reproche que je pourrais faire à la "fac" (c’est à dire à un tout, mais certains cas se distinguent quand même) c’est son détachement de la vie professionnelle…parfois même de la réalité…

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