De l’Église à l’État. Un aperçu de l’histoire des imprimés anciens de l’Université de Poitiers 2/2

Du 25 novembre au 20 décembre, est présentée à la BU Michel Foucault une exposition intitulée De l’Église à l’État. Un aperçu de l’histoire des imprimés anciens de l’Université de Poitiers. Des visites guidées sont proposées les jeudi 28 novembre à 18h (vernissage), mardi 3 décembre à 18h et mercredi 11 décembre à 12h.

Comme nous l’avons dit dans la première partie, ces livres ont appartenu non seulement à des ecclésiastiques, mais aussi à des lieux d’enseignement et à des communautés religieuses.

Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien

Lieux d’enseignement

De nombreux lieux d’enseignement sont représentés dans les collections de la Bibliothèque universitaire. Quelques exemples sont évoqués ici, certains étant des lieux de première formation, d’autres permettant de préparer les futurs prêtres à leurs missions en leur donnant, entre autres, un solide enseignement théologique.

  • Des petits séminaires

Ces établissements, fondés au XIXe siècle, sont des lieux d’enseignement secondaire, qui forment tout à la fois de futurs séminaristes et de jeunes garçons qui resteront laïcs.

Le petit séminaire de Poitiers est animé par la congrégation de la Mission Saint Charles. L’identification des ouvrages lui ayant appartenu est souvent difficile car les marques de possession sont diverses. Ont toutefois été repérés des titres sur l’Antiquité comme sur les mathématiques, ce qui montre la variété des enseignements dispensés.

Les ermites de Saint-Augustin, à vocation hospitalière, sont établis dans la Maison Dieu de Montmorillon dès le XIe siècle. Celle-ci devient au XIXe siècle un petit séminaire. De nombreux livres portent cette marque de provenance, parmi lesquels quelques documents du XVIe siècle.

  • Des collèges

Plusieurs livres viennent de collèges, en particulier du Venerable English College et du Collège romain, tous deux à Rome.

Collège pontifical créé en 1579, le Venerable English College a pour mission de former les futurs prêtres catholiques pour l’Angleterre et le Pays de Galles. Le pape Grégoire XIII, à la demande des jésuites qui dirigent le nouveau séminaire, donne des sommes considérables pour la dotation de la bibliothèque principale du Collège. Les trois livres de la Bibliothèque universitaire, datant de 1580, 1575 et 1574, semblent être témoins de son mécénat.

Le Collège romain est institué par Ignace de Loyola après la fondation de la Compagnie de Jésus au milieu du XVIe siècle. Il devient rapidement un établissement d’enseignement supérieur et le scolasticat jésuite. Plusieurs livres du Collège romain se trouvent réunis à la Bibliothèque universitaire de Poitiers ; certains ont été transmis par Mgr Baillès, d’autres par les jésuites de la Faculté de théologie.

  • La Faculté de théologie

Dans les collections du Grand Séminaire, se trouvent celles de la Faculté de théologie, une création éphémère de Mgr Pie à Poitiers. Ce dernier, qui a toujours pensé fonder une Faculté, fait venir pour cela le jésuite Schrader, ancien professeur au Collège romain. Plus tard, le Père Tedeschi le rejoint.

Mgr Pie souhaite transformer le cours supérieur en Faculté de théologie. Il négocie avec les jésuites pour recevoir davantage de personnel enseignant. La loi sur la liberté de l’enseignement supérieur (1875) lui permet de créer la Faculté, qui peut conférer tous les grades, jusqu’au doctorat. La générosité du Poitou et de la Vendée est sollicitée pour les bâtiments de la Faculté, de la bibliothèque (probablement en partie enrichie par les jésuites avec des ouvrages du Collège romain), de l’Internat, et pour l’entretien du personnel enseignant. L’évêque voit la Faculté comme une succursale du Collège romain. Mais l’Université ferme en 1880 à cause de la mort de Mgr Pie, de l’expulsion des religieux et de l’hostilité du gouvernement.

 Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien

Poitiers, Bibliothèques universitaires, Fonds ancien

Communautés religieuses

De nombreuses communautés religieuses, le plus souvent masculines, ont possédé les livres de la Bibliothèque universitaire avant celle-ci.

  • Les bénédictins

Les provenances mauristes sont les plus nombreuses, ce qui n’est guère surprenant quand on connaît la tradition d’érudition de l’ordre et la qualité des bibliothèques nécessaire pour rester fidèle à cette tradition. Sont représentées les abbayes de Saint-Cyprien de Poitiers, Saint-Jouin de Marne, Saint-Michel-en-l’Herm, Saint-Maixent, Saint-Taurin d’Evreux et La Daurade de Toulouse.

Les provenances cisterciennes sont également variées : au Portugal, le Mosteiro de Santa Maria d’Alcobaça, à Poitiers, les Feuillants (une branche réformée des cisterciens), et, à proximité de Poitiers, l’abbaye de l’Étoile, qui est de loin la plus riche et a été abondamment étudiée par Claude Garda.

A une date récente, en 2000, probablement à l’occasion du déménagement en 1999 de Saint-Julien l’Ars vers les Deux-Sèvres, l’abbaye bénédictine de Prailles a confié quelques livres à l’Université. Parmi ceux-ci se trouvent des titres d’une autre abbaye de bénédictines, Notre-Dame du calvaire de Machecoul, fondée en 1673.

  • Les frères mendiants

Les livres venant des dominicains et franciscains de Poitiers, pourtant pourvus de belles bibliothèques, sont absents ou très peu nombreux à la Bibliothèque universitaire, car ils ont été confiés à la Ville et sont aujourd’hui à la Médiathèque. Des dominicains, implantés à Poitiers depuis 1219-1220, trois titres ont été identifiés dans les collections universitaires. Leur localisation dans leur bibliothèque d’origine est indiquée.

Les capucins de Poitiers, dont le couvent est fondé en 1609, sont également représentés, à la fois dans les collections saisies au Grand Séminaire (au moins 12 ouvrages, dont la moitié du XVIe siècle) et à la Bibliothèque diocésaine.

  • Fondations de la Contre-Réforme

Les livres des jésuites de Poitiers sont en principe à la Médiathèque, qui est fondée en 1803 dans leur ancien collège. C’est là que le dépôt littéraire est constitué sous la Révolution (livres et manuscrits de l’évêché, du château de Dissay, du chapitre de la cathédrale, des chapitres des collégiales, d’abbayes bénédictines, de couvents, mais aussi du collège des jésuites) et à ce dépôt s’ajoutent plus tard ceux de Montmorillon, Loudun, Civray et Châtellerault. Certains livres viennent d’autres collèges jésuites, à l’étranger (notamment grâce aux jésuites venus fonder la Faculté de théologie ou à Mgr Baillès).

Des titres viennent aussi de leurs concurrents, les oratoriens, fondés dans le même contexte de Réforme catholique et animant eux aussi des collèges. Ceux-ci s’installent en 1624 à Niort. Leur modeste établissement d’instruction est transformé en collège en 1717. Il est fermé en 1792, avec la suppression de l’ordre.

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