Akira : le manga qui a conquis la France

« Le 6 décembre 1982, à 14 heures et 17 minutes, une bombe d’un nouveau type est lâchée sur la région du Kantô, Japon. Exactement neuf heures plus tard, la troisième guerre mondiale éclate […] Néo-Tokyo, 38 ans après (An 2019). »

Couverture BD Akira ; Tome 1 / Otomo K. : Ed. Glénat (source : Decitre.fr)

Couverture BD Akira ; Tome 1 / Otomo K. : Ed. Glénat (source : Decitre.fr)

Voici les lignes introductives de cette saga futuriste qu’est Akira. Le décor étant dressé, suivront 2200 planches pour illustrer ce manga débuté en 1982 au Japon et dont l’ultime volume relié sortira en 1993.

Les premières cases illustrent une bande de jeunes motards conduite par Kanéda et Tetsuo, les deux fortes têtes de la troupe. Alors qu’ils roulent à toute vitesse dans la « vieille ville », surgit de nulle part une espèce de mutant, provocant une violente collision entre Tetsuo et celui qu’on appellera numéro 26.

Cet accident sera déterminant pour chaque protagoniste. Leur destin étant scellé à ce moment précis.

Nourrie par de nombreux personnages charismatiques, cette œuvre se démarque par des scènes spectaculaires, où la jeunesse nippone, quelque peu marginale, va s’avérer être l’héroïne d’une guerre sanglante, psychologique et cruelle.

C’est au début des années 90, grâce aux Editions Glénat, que l’art du manga va donner une belle claque visuelle aux lecteurs français.

A cette époque, une célèbre émission télévisée ciblée pour la jeunesse lance une petite révolution en diffusant de nombreuses animations japonaises vite qualifiées par la critique presse (voire politique) hexagonale de « japoniaiseries ». Ce qui n’évitera pas un succès retentissant et mènera le téléspectateur vers un regard moins infantile du dessin-animé.

Il serait bien trop simpliste d’associer le succès du manga Akira à toutes ces nouveautés animées sur le petit écran, mais on ne peut éluder le fait que ces dernières ont conditionné un terrain favorable pour savourer à sa juste valeur la qualité de cette œuvre devenue culte.

Outre l’intérêt des nombreux sujets traités pour s’imprégner d’une société nippone traumatisée (séquelles morales d’Hiroshima, pression militaire américaine, télékinésie, drogue, l’éclosion des Yankees…), la force d’Akira réside dans le dessin phénoménal de son auteur, Katsuhiro Otomo.

Couverture BD Akira ; Tome 14, Consécration (Artbook) / Otomo K. : Ed. Glénat (source : Decitre.fr)

Couverture BD Akira ; Tome 14, Consécration (Artbook)
/ Otomo K. : Ed. Glénat (source : Decitre.fr)

Expert du « speed line », cette technique de dessin qui consiste à crédibiliser la vitesse en insérant des lignes serrées (derrière une moto, par exemple), mais aussi pour intensifier une perspective, K. Otomo l’utilise à volonté et toujours à bon escient.

Sa précision du trait offre des décors incroyables de régularité et des séquences d’une puissance inégalable. Autant de prouesses qui font d’Akira une série intemporelle.

Ce génie visionnaire (rappelons que l’histoire se déroule à Néo-Tokyo, ville qui se prépare à accueillir les Jeux Olympiques de… 2020 !), récent détenteur du Grand Prix au Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême (depuis sa création en 1974, jamais telle récompense n’avait été attribuée à un auteur japonais), ouvre ainsi grand les portes du monde occidental à de nombreux Maîtres du genre tels que Jiro TaniguchiNaoki Urasawa, Akira Toriyama et bien d’autres.

Depuis vingt-cinq ans, le manga a fait son chemin en France pour devenir à ce jour, malgré un faible déclin sur le marché, une lecture estimée. Si tant est qu’on veuille découvrir l’univers du seinen, il suffit alors de commencer par la lettre A…

D’abord publiée en version colorisée par Glénat (faisant écho à la version américaine), la Bibliothèque de Lettres et Sciences Humaines a choisi de mettre à votre disposition l’édition en noir et blanc, qui respecte au plus près l’originale (seul bémol, le sens de lecture, conservé à l’occidental).

Les talents d’auteur et dessinateur de K. Otomo entendus, une corde à son arc supplémentaire, celle de réalisateur de films d’animation, a permis à Akira de prendre vie sur grand écran (1991, en France), de manière plus condensée et simplifiée, certes, mais qui vaut assurément le coup d’œil ne serait-ce que pour l’esthétisme des images.

Disponible dans votre rayon DVD :

2 réflexions au sujet de « Akira : le manga qui a conquis la France »

  1. Je dirais que le succès d’Akira vient aussi du caractère violent du manga et du sentiment de révolte qui s’en dégage.
    La version animée y est pour beaucoup, c’est pour moi le premier film qui a fait prendre conscience à l’Europe et l’Amérique que les « dessins animés » ne sont pas réservés aux enfants.
    Ce manga est un « must » !

  2. Comme le dit maxime, le caractère violent de ce manga y est probablement pour beaucoup dans le succès de cette œuvre. Cela dit, il serait très réducteur de s’en tenir à cet aspect, les thèmes abordés sont universels, actuels et excitants, le dessin est léché et électrisant! Un bonheur que vous prendrez plaisir à relire régulièrement à coup sûr!

Répondre à alxgomz Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *