Dès l’Antiquité les phénomènes d’électricité statique étaient connus au travers des propriétés d’attraction de l’ambre jaune. C’est à partir de la dénomination grecque de cette résine, « êlektron », que le mot « électricité » fut créé au XVIe siècle. L’électricité ne devint réellement un sujet d’étude scientifique qu’à la Renaissance.

Leçons de physique expérimentale. Tome sixième / Jean-Antoine Nollet. Sixième édition. – Paris : Hippolyte-Louis Guerin, Louis-François Delatour, 1764 (Poitiers, Bibliothèque universitaire, Fonds ancien, 31167-06)
L’invention vers 1660 par Otto von Guericke du premier générateur électrostatique permit au siècle suivant la multiplication des expérimentations dans toute l’Europe. Les machines électrostatiques produisaient de l’électricité statique par frottement d’une sphère de verre mise en rotation. Un plateau de verre circulaire vint, dans les années 1760, remplacer le globe dans la machine de Ramsden, inventée en Angleterre.
Au milieu du XVIIIe siècle, l’emploi des machines électrostatiques était très répandu. Associées éventuellement à une bouteille de Leyde, elles donnaient lieu à des expériences aux allures de spectacles de curiosités, où étincelles, lueurs et décharges semblaient relever autant de la magie que de la science. La bouteille de Leyde, premier condensateur électrique mis au point en 1745, générait en effet de puissantes étincelles et provoquait de fortes commotions.

Essai sur l’électricité des corps / par M. l’Abbé Nollet. – Paris : Guerin, 1746 (ETH-Bibliothek Zürich, e-rara)
Durant le XVIIIIe siècle, l’électricité fut ainsi le domaine de la physique expérimentale qui connut le plus de succès auprès d’un large public. Les expériences se pratiquaient en public, aussi bien dans les salons et cabinets scientifiques, où se pressait la société aristocratique, que sur les boulevards, dans les foires, auprès d’un public populaire.
L’abbé Nollet, maître de physique des enfants de Louis XV, était considéré en son temps comme l’un des plus grands spécialistes de l’électricité en Europe. Par ses nombreuses et spectaculaires expériences, par son enseignement très prisé, notamment au collège de Navarre, il contribua au développement du goût pour la physique expérimentale en général et pour l’électricité en particulier.
Par-delà leur aspect spectaculaire, les expériences permirent surtout aux physiciens d’élaborer les premières théories sur la nature et les propriétés de l’électricité.

Leçons de physique expérimentale / Jean-Antoine Nollet. Sixième édition. – Paris : Hippolyte-Louis Guerin, Louis-François Delatour, 1764 (Poitiers, Bibliothèque universitaire, Fonds ancien, 31167-06)
La conduction électrique fut ainsi découverte en 1729 par Stephen Gray qui distingua les corps conducteurs (métaux, corps humain) des corps isolants (verre, résine, soie).
Charles François de Cisternay Du Fay démontra le premier, en 1733, l’existence de deux sortes d’électricités qu’il qualifia de « vitrée » et « résineuse ». Il établit les lois d’attraction et de répulsion électriques qui furent expliquées par la théorie de Benjamin Franklin des électricités positive et négative et par le rééquilibrage qui s’opère naturellement entre les deux charges.
Franklin imagina les expériences du cerf-volant électrique et du paratonnerre, qui apportèrent la preuve de la nature électrique de la foudre, question qui préoccupait vivement, au milieu du XVIIIe siècle, les scientifiques de toute l’Europe.
Enfin le siècle s’acheva avec une invention qui allait révolutionner la physique, la chimie et l’industrie, la pile de Volta. L’instrument permettait de produire un courant électrique au flux continu et stable.
Pour en savoir plus sur l’histoire de l’électricité au XVIIIe siècle, venez voir au Fonds ancien les « Petites vitrines du Livre ancien » qui ont pour thème, jusqu’au 24 avril 2015, « L’électricité au siècle des Lumières : de la magie à la théorie »