60 millions de Consommateurs a mené l’enquête : certains produits livrés en grand conditionnement et marqués “format familial”, “format éco” ou “format économique” sont plus chers au kilo que ceux livrés en conditionnement classique. Témoignage à l’appui : «Dans mon hypermarché Auchan, je constate qu’il est moins cher d’acheter deux paquets de céréales Special K de 375 g (5,73 € le kilo) qu’un paquet de 600 g (6,50 € le kilo)». Le Monde reprend l’information ici.
Vilcoyote s’énerve sur le blog Optimum, en expliquant qu’il s’agit d’une pratique classique de discrimination tarifaire, consistant à isoler les consommateurs prêts à payer plus que d’autres un certain produit, et à leur faire payer ce supplément d’une façon ou d’une autre (voir chez les mêmes pour un exemple sur les yaourts, et chez les Econoclastes pour d’autres exemples amusants).
Pratique pas forcément condamnable nous expliquent les Econoclastes dans leur (excellent) ouvrage : soit un bien X dont le coût de production est de 20€. Supposons qu’Alexandre soit prêt à payer 25€ pour ce produit, et Stéphane seulement 19€. Si l’entreprise vend le bien X à 20€, seul Alexandre l’achète, il réalise un gain de 5€ (25€ – 20€). Si l’entreprise discrimine en vendant 18€ à Stéphane et 24€ à Alexandre, les deux gagnent 1€. De plus, en augmentant le nombre de produits vendus, l’entreprise peut bénéficier d’économies d’échelle, permettant d’abaisser le coût unitaire de production, ce qui peut bénéficier à l’ensemble des consommateurs. On pourrait objecter que ce n’est pas normal que le petit Alexandre paye beaucoup plus cher que le petit Stéphane, sauf si l’on suppose qu’Alexandre a des revenus plus importants que Stéphane (ce qui peut expliquer qu’il est prêt à payer plus au départ) : la discrimination apparaît alors comme un
moyen de prendre aux riches pour donner aux pauvres…
Bref, on en viendrait presque à considérer que vendre les formats éco plus chers que les formats classiques, ma foi, ça n’a rien d’embêtant.
Sauf qu’on peut analyser les choses un peu différemment…
Supposons qu’Alexandre souhaite acheter un paquet de Céréales dans son hypermarché, au prix le plus bas possible. Dans un monde idéal d’information parfaite, il connaît tous les prix pratiqués, il pourra tranquillement se diriger dans le magasin proposant le meilleur prix et acheter le produit au prix le plus bas. Dans le monde réel, Alexandre ne connaît pas parfaitement tous les prix, il doit collecter l’ensemble de l’information pertinente avant de faire son achat. Or, cette collecte d’information est coûteuse, elle correspond à ce que l’on appelle des coûts de transaction. Alexandre a donc intérêt à les intégrer dans son calcul, il doit minimiser non pas le prix du paquet de céréales, mais l’ensemble de ses coûts.
Lorsqu’on prend en compte ces coûts de transaction, on comprend mieux que les hypermarchés situés en périphérie puissent perdre face à des supermarchés plus proches des lieux d’habitation : même s’ils proposent des produits à un coût unitaire plus faible, ils font supporter aux consommateurs des coûts de transport plus élevés, les consommateurs passeront également plus de temps pour faire leurs achats, le temps de s’y retrouver dans le dédale des rayons et de trouver les produits qu’ils cherchent (L’Insee montre ainsi que la part de marché des Hypers est passée de 35,4% à 33% entre 1999 et 2007, pendant que celle des supermarchés est passée de 30,8% à 33,1%. Il y a bien sûr d’autres éléments explicatifs).
Sachant cela, les hypermarchés proposent des services permettant de signaler aux consommateurs des produits aux prix plus bas : marques repères, étiquettes “produit le moins cher”, produit étiquetés “forma éco”, etc. Services qui permettent de réduire les coûts de transaction des consommateurs.
Les résultats de l’enquête de 60 millions de Consommateurs peuvent alors être interprétés autrement : les hypermarchés délivrent des informations mensongères aux consommateurs, en leur faisant croire qu’ils minimisent prix des produits et coûts de transaction, alors qu’en fait, si les coûts de transaction sont bien minimisés (ils n’ont pas à comparer les prix des produits), les prix des produits ne le sont pas. Pratique peu défendable, on en conviendra…
Il est vrai que présenter comme “produit le moins cher” un produit qui ne l’est pas est limite frauduleux. Mais si les grandes surfaces éliminent les coûts de transaction en informant parfaitement le consommateur, il n’y a plus d’intérêt à pratiquer une discrimination tarifaire (du moins sur le modèle qui nous intéresse ici). Mais bon, je reconnais qu’entre “ne pas informer” et “désinformer”, il y a une marge. Quant au “format éco”, qui vous dit que ça veut dire “économique” ? Ca veut sûrement dire “écologique”, parce qu’on utilise moins d’emballage ! 😉
ça leur arrive de regarder les prix au kilos? perso je ne regarde qu’eux ça évite les mauvaise surprises.Quand à considirer comme nouveauté que les commerçants cherchent à anarquer les consommateurs franchement soit ils débarquent de la planête mars soit ils nous prennent pour des idiots.Bref encore un gros racolage de la part de millions de consommateurs qui avec le temps qui passe adoptent de plus en plus les méthodes de la presse traditionnels.
C’est vrai qu’acheter au mieux est difficile et prend du temps.Il faut estimer la qualité/prix entre les marques éco, distributeur et parfois de marques.Il faut ensuite comparer le prix au kilo, et parfois il y a des erreurs d’étiquetage. Ces différences selon le format peuvent varier d’une semaine sur l’autre.Comparer les prix des produits avec et sans promotion.Pour les produits frais, ne pas oublier de vérifier la date, et enfin, faire attention aux erreurs en caisse.C’est tout un boulot, apprenez à vos enfants à le faire, ça ira plus vite.Quand début 2008, après la polémique sur l’augmentation des prix, on voyait une ministre (MAM il me semble) au 20h conseiller de faire jouer la concurrence entre supermarchés, on sentait que ce n’était pas elle qui se chargeait des courses habituellement.Travailler plus pour gagner autant, oui, mais ça ne laisse pas le temps de passer par 4 enseignes différentes !
On pourrait aussi ajouter que la marque, en l’occurence K, peut consentir des efforts différents selon le produit vendu: elle “met le paquet” (excusez le jeu de mots) sur les formats normaux, plutôt que sur les gros formats.Ou bien: le coût de production du “gros” format est légèrement supérieur à celui du “petit” format, parce que le petit format est produit à de très, très grosses échelles, tandis que le gros format ne l’est pas. Créer un packaging spécifique pour le “gros” format a donc un coût incrémental.En bref, donc: ne pas faire confiance au méchant distributeur. Et remercier Olivier pour cet excellent blog.
“Dans le monde réel, Alexandre ne connaît pas parfaitement tous les prix, il doit collecter l’ensemble de l’information pertinente avant de faire son achat. Or, cette collecte d’information est coûteuse, elle correspond à ce que l’on appelle des coûts de transaction.”Tout a fait exact, et c’est pour cela qu’un véritable moyen de faire gagner du pouvoir d’achat effectif aux consommateurs, comme décrit sur mon blog.Et en plus cela sera probablement un gain budgétaire pour l’état : suppression de doublon et de sites web paniers inutiles.Bref, que du gagnant. Il suffit de passer outre le corporatisme d’une profession que je ne nommerai pas :).
aux consommateurs … est de publier de détail des prix relevés par l’INSEE ainsi que son évaluation de la qualité, …
Cette technique est clairement une arnaque.Parce que les grands formats correspondent à un achat qui comporte moins d’emballage par poids de produit vendu. L’emballage ayant un cout, le grand format coute donc moins cher à produire et aussi à vendre.Ce qui veut dire que pour obtenir une marge constante, une entreprise doit vendre son produit grand format moins cher que le produit format normal.Dans le cas de notre entreprise K, elle a donc à l’inverse fait exploser ses marges “normales” sur son produit grand format, en comptant sur le fait que le client croira naturellement sans forcément vérifier, que le fait de faire économiser de l’emballage à K est plus intéressant pour lui.Si c’est pas une arnaque ça, c’est à dire une tentative de tromper son client, je ne vois pas ce que c’est !!
Permettez moi d’approuver votre iniatitive de nous informer. Je fais la meme chose,mais sur la situation financiere du Gard et du Languedoc-Roussillon sur le site:http://lescontribuablesdesommieres.over-blog.com
J’ai travaillé chez Auchan, j’ai fait un questionnaire pour connaitre la satisfaction de la clientèle. Et en effet il est ressorti, que les produits à l’unité sont bien moins cher que par format ou lot économique. hé bien sachez que c’est n’est pas la faute du magasin proprement dit. C4est la tête de réseau qui organise toutes ces promotions. Evidemment, la tête de réseau ne va pas aller s’amuser à comparer dans les 121 hypermarché en France, les différences de prix. Tous les hypermarchés ont des prix différents, parfois sur des produits identiques, régionaux….La tête de réseau établit une moyenne des 121 magasins et fixe alors son prix. Parfois dans certains hypers, les lots peuvent être plus ou moins cher par rapport à ceux vendus à l’unité. Dans aucun cas, il ne chercher à arnaquer les clients!
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