Jusqu’au 30 avril une exposition est consacrée aux papiers dorés dans le cadre des « Petites vitrines du livre ancien ». À travers cinq vitrines, quatre installées dans ses locaux, une au-dessous dans le hall de la BU Droit-lettres, le Service du livre ancien de l’Université de Poitiers présente dix-neuf de ces papiers décorés.
Ces papiers sont une spécialité allemande. Fabriqués à Augsbourg dès la fin du XVIIe siècle, ils sont de deux sortes, vernis ou gaufrés. Les premiers présentent une surface lisse, les seconds un léger relief. Les deux cependant sont réalisés grâce à la taille d’épargne : on laisse intact ce que l’on souhaite dorer.
Pour les papiers vernis (Bronzefirnispapiere), les parties épargnées d’une planche de bois sont enduites avec une pâte ou solution de gomme laque mêlée à de la poudre de bronze, de cuivre, d’argent, d’étain ou/et de laiton. Le papier est alors posé et passé sous presse. Les papiers vernis sont plus rares et généralement plus anciens que les papiers gaufrés, qui les supplantent vers 1720-1730.
Ces papiers gaufrés (Brokatpapiere) sont réalisés avec une plaque de cuivre ou de laiton. Elle est chauffée avant d’être introduite dans la presse à cylindres, exerçant une pression beaucoup plus forte que sa consœur utilisée pour le bois. L’alliage métallique en feuille, qui a été appliqué sur le papier avec un apprêt, est ainsi fixé au niveau des parties épargnées, qui apparaissent en creux. Les résidus de métal sont alors époussetés.
Il existe de multiples variantes. Les papiers gaufrés ou vernis se déclinent en dorés ou argentés (beaucoup moins répandus). Le métal correspond au fond ou/et aux motifs. Le plus souvent, il est associé au blanc du papier ou à de la couleur. Les papiers monochromes sont préalablement peints au pinceau ou à la brosse. Les papiers polychromes résultent ordinairement de l’emploi de pochoirs avant impression. Exceptionnellement, les couleurs sont posées directement l’une après l’autre sur la plaque de cuivre avec un petit tampon (« poupée »). Ces papiers gaufrés sont connus sous le nom de « drap d’or » ou « drap d’argent ». Il existe néanmoins des papiers gaufrés entièrement dorés ou argentés (la plaque est superficiellement gravée, permettant l’adhésion de la totalité de la feuille métallique) et des papiers entièrement dorés à surface plane (la plaque de cuivre n’est pas gravée, simplement chauffée).
Les décors des papiers vernis et gaufrés s’inspirent des tissus, des fameux brocarts qu’ils cherchent à imiter. Le végétal domine. Fleurs, fruits, feuillages accueillent parfois des personnages, des animaux ou des éléments plus architecturaux structurant la composition. Spécificité française, le goût pour les petits motifs géométriques (étoiles, points, cercles, croix, carrés, losanges), sur fond blanc, parfois sur fond monochrome.
Quelques références
Ouvrages
Doizy (Marie-Ange), De la dominoterie à la marbrure, Paris, Art et métiers du livre, 1996
Haemmerle (Albert), Buntpapier : Herkommen, Geschichte, Techniken, Beziehungen zur Kunst, Munich, Georg D.W. Callwey, 1961, 2e éd. 1977
Kopylov (Christiane F. ), Papiers dorés d’Allemagne au siècle des Lumières : suivis de quelques autres papiers décorés (Bilderbogen, Kattunpapiere & Herrnhutpapiere) 1680-1830, Paris, Éditions des cendres, 2012
Sites internet
Portal:Buntpapier sur le site ProvenienzWiki de GBV, groupement de bibliothèques de référence du nord de l’Allemagne, http://provenienz.gbv.de/index.php?title=Portal:Buntpapier&oldid=3806
Toulet (Emmanuelle) (réd.), « Papiers de garde dorés de la bibliothèque du château de Chantilly », exposition présentée dans le Cabinet des livres en 2005, sur le site de la bibliothèque et des archives du château de Chantilly, http://www.bibliotheque-conde.fr/expo/expo_re_papiers.htm
Retrouvez l’exposition sur les papiers dorés en BU Droit-Lettres, sur le campus, du 24/03 au 30/04.