Archives mensuelles : février 2014

Trésor caché: L’orgue de la cathédrale d’Oran

Le facteur d’orgue :

L’orgue de la cathédrale d’Oran est signé Charles Mutin (1861-1931) de la célèbre manufacture Cavaillé-Coll. Effectivement Charles Mutin et après avoir travaillé a Caen, prend la direction de la manufacture Cavaillé-Coll en 1898 juste avant la mort d’Aristide Cavaillès Coll  en 1899.

480px-Charles_Mutin_-_Le_Monde_Musical_1895

Le nouveau directeur reste dans la tradition de ces illustres prédécesseurs en construisant des orgues de grande qualité dont plusieurs aujourd’hui sont protégés au titre des monuments historiques.

Pendant la période troublée de la première guerre mondiale, Mutin installa de nombreux instruments à l’étranger  (en Argentine notamment), et dans cette période il  construit l’orgue de la cathédrale d’Oran ; il sera inauguré le 3 Février 1918. En Algérie, il construira aussi l’orgue du temple d’Alger, et celui de Tunis. Ce sont encore des instruments sur lesquels la plaque de signature porte encore le nom de « Cavaillé-Coll » associé à celui de Mutin, instruments construits certainement en série, la composition étant quasiment identique à quelques jeux près, lorsqu’on les compare.

Comparaison entre quatre instruments similaires

Cathédrale

 d’Oran 1918

Sacré-Cœur Buenos-Aires 1906

Sacré-Cœur Montmartre 1914

Saint-Martin Marseille 1919

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buenos_aires_scj2

red_orgue_choeur_montmartre

saint-martin_buffet

grand-orgue

grand-orgue

grand-orgue

grand-orgue

montre 16

 

 

 

bourdon 16

bourdon 16

bourdon 16

bourdon 16

bourdon 8

bourdon 8

bourdon 8

bourdon 8

montre 8

montre 8

montre 8

montre 8

flûte harmonique 8

flûte harmonique 8

flûte harmonique 8

flûte 8

violoncelle 8

violoncelle 8

salicional 8

salicional 8

prestant 4

prestant 4

prestant 4

prestant 4

quinte 2 2/3

quinte 2 2/3

nazard 2 2/3

 

plein-jeu

plein jeu harm. IV 2

 

 

basson 16

tuba magna 16

 

 

trompette 8

tuba mirabilis 8

 

 

clairon 4

 

 

 

 

 

 

récit expressif

positif expressif

récit expressif

récit expressif

diapason 8

diapason 8

flûte traversière 8

diapason 8

cor de nuit 8

cor de nuit 8

cor de nuit 8

cor de nuit 8

viole de gambe 8

gambe 8

viole de gambe 8

viole de gambe 8

voix céleste 8

unda maris 8

voix céleste 8

voix céleste 8

flûte octaviante 4

flûte octaviante 4

flûte octaviante 4

flûte octaviante 4

octavin 2

octavin 2

plein-jeu IV

plein-jeu III

 

 

basson 16

basson 16

basson-hautbois 8

basson/hautbois 8

basson-hautbois 8

basson-hautbois 8

trompette harmonique 8

trompette harmonique 8

trompette 8

trompette 8

soprano harmonique 4

soprano harmonique 4

soprano harmonique 4

soprano harmonique 4

voix humaine 8

 

 

voix humaine 8

 

 

 

 

pédale

pédale

pédale

pédale

soubasse 16 (GO)

Soubasse 16

soubasse 16

soubasse 16 (GO)

basse 8 (GO)

Bourdon 8

 

bourdon 8 (GO)

violonbasse8 (GO)

Violon 8

 

grosse flûte 16

 

flûte 16

contrebasse 16

flûte 8

Flûte ouverte 8

flûte 8

flûte 8 (GO)

principal 4

 

flûte 4

 

bombarde 16

 

 

 

trompette 8

 

 

 

 

 

 

 

combinaisons

combinaisons

combinaisons

combinaisons

tirasse GO

tirasse GO

tirasse GO

tirasse GO

tirasse RE

tirasse PO

tirasse RE

tirasse RE

anches GO

anches GO

anches RE

anches PO

appel comb. RE

appel anches RE

anches PE

expression ( à bascule)

expression

expression

expression

acc. GO/GO (Barker/GO)

unison GO (Barker)

Barker/GO

appel GO (Barker)

acc. RE/GO oct.grave

pos/GO oct gross

acc. RE/GO 16

acc. RE/GO

pos/GO

acc. RE/GO

acc. RE/GO 8

trémolo (RE?)

tremulant PO

trémolo RE

tremolo RE

 

 

 

 

Tableau tiré du site de Robert Ramackers sur l’orgue Mutin-Cavaillé-Coll d’Oran:  http://rmcks.pagesperso-orange.fr/orgue_cath_oran/historique.htm

Joseph Pougnet (1829-1892), architecte de la cathédrale de Carthage

       I.            Origine et formation    

Joseph Pougnet, connu aussi par l’abbé Redon, est né le 6 mars 1829, à Avignon. Il a fait ses études primaires à l’école des frères de la Doctrine chrétienne de la rue des Ortolans. Entre 1838 et 1843, il étudie au petit séminaire d’Avignon, établi dans le petit palais. De 1843 à 1847, il quitte Avignon pour poursuivre des études à Aix. Le 18 juin 1859, à l’âge de trente ans, il sera ordonné prêtre. Lors d’ordination, il construit déjà depuis trois ans et a deux chantiers en cours. Il est donc architecte avant que d’être un prêtre.  

Dans le domaine de l’architecture, l’originalité de son parcours a bien commencé, grâce au vicaire général d’Avignon Mer Jean-Baptiste Martin qui lui fait connaissance à l’abbé Redon, lors d’une visite de notre Dame de Doms. Ce dernier a bien apprécié le savoir architectural de Pougnet. En 1856-1857, il lui demande son avis sur les plans, tracer par l’entrepreneur Ponge, de la reconstruction de la chapelle des sœurs de Saint-Charles d’Avignon, endommagé par l’inondation de 1856. Pougnet a proposé une série de modifications, puis un nouveau plan que l’entrepreneur même l’approuva. Dé lors, Pougnet va rencontrer plusieurs architectes tel que Violet le Duc, à Avignon et que ce dernier l’avait jugé très fort.

 

Pougnet est il un autodidacte ?

 

L’abbé Pougnet a-t-il suivi une formation théorique ou pratique dans le domaine d’architecture? Selon l’abbé Redon, « Mer  Pougnet eut l’attrait et le courage d’apprendre tout seul l’art de construire et d’orner des édifices sacrés« . Joseph pougnet pouvait bien s’intituler architecte sans avoir un diplôme d’architecture. A cette époque la profession n’est fortement liée à des exigences de diplômes, puisqu’ il était crée en 1867 à l’école de beaux arts de Paris, et qu’il ne deviendra nécessaire qu’à prés la guerre d e1914-1918, bien après  la mort de Pougnet. 

 

     II.Un architecte marseillais aux nombreuses commandes (1862-1881) :

 

Pougnet va s’installer à Marseille dés 1862, suite à la demande de l’abbé Vidal qui lui aurait demandé, sur le conseil du vicaire général Martin, de reprendre le chantier de la reconstruction de son église, dont l’architecte-entrepreneur Reybaud s’est retiré. Ce chantier est situé au cœur de la ville. Il construit, aussi, l’église Sainte- Trophime de la Cabucelle qui fut bénite le 9 février 1879.

Marseille présente, à ce temps, un champ pour les architectes dont ils approuvent leurs compétences dans des réalisations néogothiques. Elle est la troisième ville de France par sa population et une des plus dynamiques à ces temps. Elle est devenue la ville pionnier en France au terme de l’esthétique romano-byzantine d’essence méditerranéenne. Outre le néogothique, on trouve aussi, le néoroman qui n’est pas absent de la ville: les églises de Sainte-Marguerite (1850-185), Sainte-Anne (1859), Saint-Pierre (1859-1861).

 Les années 1860 marquent pour Pougnet « la période la plus laborieuse et la plus féconde de sa vie« . Sa création architecturale est conçu, pour lui une façon personnelle de servir dieu et son église. A la différence des autres architectes, il ne construit que des édifices de cultes ou des bâtiments destinés à abriter des membres du clergé ou des religieux, presbytères ou couvents. Il ne voulait pas construire des maisons, des usines et des magasins. Il doit cependant  affronter la concurrence des autres architectes locaux et en particuliers des architectes diocésains qui semblent forte pour les commandes publiques.      

  III.   Séjours Hors de la France et dernières années (1881-1892) :

 

Joseph pougnet va passer  hors de la France, l’essentiel de la décennie 1880. Il réalise en Afrique du nord deux de ses œuvres majors: la Basilique Saint -Augustin d’Hippone et la Cathédral Saint louis de Carthage (aujourd’hui centre culturel Acropolium). Il réalise aussi la maison mère des pères blancs à Maison-Carré, pour le cardinal Lavigerie. 

 

Les premiers voyages de J. Pougnet en Afrique du Nord

 

En janvier 1868, Joseph pougnet va accompagner le père Edmond Boulbon, à Alger. Au cours de ce voyage, J. Pougnet s’occupa des autels de l’église provisoire Notre Dame d’Afrique. Il trace, aussi, les plans d’agrandissement de la maison ou étaient hébergés les pères de prémontré, avant de retourner à Marseille ou il rencontre par la suite le cardinale Lavigerie. Ce dernier,  devenu archevêque d’Alger et de Carthage en 1867, va lui confier par la suite,  la majorité des projets de constructions en Afrique du Nord. En 1873, Pougnet va effectuer  un second voyage en Algérie à la demande de Mgr. Lavigerie pour construire à Maison-Carrée, à douze Kilomètre de d’Alger, le cloitre et l’église de la maison des mères des pères Blancs. Il dessine aussi, les stalles de la chapelle, et les jardins. Il s »agit du seul cas ou le projet fut signalé  par l’architecte même. 

 

En 1881, Pougnet quitte la France pour l’Algérie, dans le but de tracer à Hippone (Annaba) les plans de la basilique Saint-Augustin et d’un petit séminaire. « La première pierre est posée le 9 octobre 1881, mais la consécration n’aura lieu que le 29 mars 1899, après la mort de Pougnet ».

 

Le premier souci, qui a confronté Pougnet, était comment réaliser sur un site de hauteur assez important, un édifice religieux qui doit être à la fois identifié comme une église catholique et adapté à l’architecture locale. Ses monuments caractéristiques de l’art islamique étaient pour la majorité, plus au proche d’orient, en Egypte, au Maroc qu’en Algérie. Or l’architecte n’avait jamais voyagés dans ses régions, non plus que d’autres qui conservaient des monuments byzantins. Pour cela, Pougnet va s’inspirer d’une information livresque ainsi que des travaux de architectes qui construisent des édifices romano-byzantins à Marseille.

 

Au cours de ce même séjour, Pougnet va faire une visite pour le site de Byrsa à Carthage, en Tunisie, ou Mgr Lavigerie ambitionne déjà d’édifier une basilique qui va devenir par la suite la Cathédrale de Saint-Louis de Carthage.

 

Séjours et travaux au proche d’orient

 

En 1881, Lavigerie semble avoir proposé à Pougnet d’aller à Jérusalem pur approprier l’église Sainte-Anne. Mais pougnet, ne pouvait pas à cette date quitter l’Algérie ou il traçait les plans de la cathédrale Saint-Louis de Carthage. C’est en 1883, que pougnet pourra aller à Terre Sainte pour dessiner le Ciborium de cette église et qui sera exécuté par la suite par le sculpteur-marbrier Jules Cantini (1826-1916) de Marseille et inauguré en 1897, après la mort de Pougnet. Il y trace aussi, les plans d’un hospice d’un presbytère et d’une église, pour les Arméniens catholiques. Tout au long de ce voyage, Pougnet n’a cessé d’observer l’architecture, la liturgie et l’ethnologie de la région.

 

  IV.   Pougnet, un créateur complet

En matière d’art religieux, Pougnet intervient, non seulement dans l’architecture du Bâti, mais aussi dans l’iconographie peinte et sculptée, les cartons des vitraux. Il a aussi laissé des études des chants religieux.

Pouget et le mobilier de l’église

Outre les projets de constructions, on lui observe aussi des réalisations qui relèvent d’arts décoratifs. Il travaille dans la mesure de l’unité d’ensemble et de création globale. L’abbé Redon l’a observé: « Il ne se contentait pas d’élever de beaux édifices sacrés dans le style du XIIIe siècle: aimant passionnément la beauté de la maison de Dieu, il voulait l’orner de statues, de peintures, de verrières, y dresser de superbes autels et s’occuper de tout ce qui concerne son ornementation et son ameublement ». Aussi, il intervient directement dans le mobilier, les décors peints et sculptés des églises et les vitraux ainsi que dans le choix des thèmes iconographiques. Dans l’église de Frigolet et celle de Saint-Vincent-de-Paul, il conçoit à la fois l’architecture et leurs mobiliers. Mais, dans certains cas, on lui commande seulement un projet d’autel, de chaire, de confessionnal de buffet d’orgues.

    V.   Quelques œuvres de Joseph Pougnet :

 

·         La chapelle des sœurs de Saint-Charles d’Avignon, construite en 1856-1857 et détruite en 1980 pour accueillir un lycée professionnel.

·         La chapelle des sœurs de Saint-François d’Avignon, construite en 1857.

·         La chapelle des sœurs du Bon-Pasteur d’Avignon, construite en 1866-1868 et détruite en 1988 pour construire à la place des petites maisons pour accueillir des personnes âgés.

·         L’église abbatiale de Saint-Michel de Frigolet

·         L’église de Saint-Vincent-de -Paul-les Réformes (1855-1888).

·         La cathédrale de Carthage (1884-1890).

·         La basilique d’Hippone (1881-1899).

 

Albert BALLU (1849-1939), architecte de la cathédrale d’Oran

BALLU Albert 01

Portrait d’Albert BALLU, archives privées

Albert BALLU, né en 1849 à Paris, est le fils de l’architecte Théodore BALLU, auteur de la l’église de la trinité à Paris et de la reconstruction avec  Edouard DEPERTHES  de l’hôtel de ville de Paris après être incendier lors des événements de la commune, puis son élève et celui d’Auguste MAGNE à l’école des beaux-arts, rapporteur au comité des inspecteur généraux à partir de 1876.

Il sera nommé architecte des Monuments historiques en Algérie en 1889, Albert BALLU dirige les fouilles de Timgad commencées en 1880, qui constituent l’une des plus ancienne fouilles de l’école archéologique française, il est l’auteur d’un guide touristique sur Timgad et co-auteur d’un ouvrage sur la cathédrale d’Alger. L’Algérie ou plusieurs projets sont signés BALLU : Médersa de Constantine (1909), Casino de Biskra, et la cathédrale sacré cœur d’Oran (1906-1912), réalisée en béton armé avec l’entreprise Perret frères (Auguste Perret). En France il s’occupe de restaurations tout en construisant de nouveaux édifices, Il intervient particulièrement  dans le val d’Oise  avec la restauration de l’église  de Jouy-le-Moutier, en Charente-Maritime ou il restaure à la Rochelle les églises d’Esnandes et Chadenc , Tour Saint-Nicolas et Tour de la Chaîne et en Corse( oratoire de Saint-Michel à Murato et l’église de Corbini), et travail également en Bretagne. Il prend sa retraite en 1921 et décède à Paris en 1939.