Howard Barker, In a High Room. Poèmes choisis, éd. bilingue, trad. P. Drouet, Paris, Les Compagnons d’humanité, coll. « Quelque part, nulle part ».
Archives pour la catégorie Howard Barker
Nouvelle traduction et lecture à venir
Vient de paraître: théâtre et peinture
Howard Barker, Marcella de Ulloa, ou la Dernière Toile de Vélasquez, trad. Pascale Drouet, Montreuil, Éditions Théâtrales, 2020, p. 45-106.
L’Espagne du Siècle d’Or, château de l’Alcazar. Évoluent à la cour de Philippe IV les personnages des Méninesde Vélasquez. Mais tout ne tourne plus autour de la ravissante Infante. Barker crée un personnage central qui est le sien, celui que le tableau dans le tableau n’a jamais révélé : Marcella de Ulloa, une femme de lettres, admirable érudite, à l’orée de sa soixante-dixième année, qui exerce à la cour une fascination certaine par son intelligence et sa beauté, toutes deux remarquables. Ne cessent de converger tour à tour vers elle, et de se confier à elle, chacun des membres de la famille royale – l’Infante, la jeune reine Mariana, le roi d’Espagne – mais aussi la naine Tandy et Joe, le libertin avec qui elle a une étrange liaison. Seul Vélasquez fait exception : il n’apprécie pas Marcella et garde ses distances… jusqu’au jour où Philippe IV le met au défi de faire le portrait de l’érudite, un portrait qui n’est autre qu’un nu. « Au terme de sa vie », comme il se plait à le répéter, le peintre se trouve contraint d’explorer un paysage inconnu, celui du corps d’une femme mûre. Or ce corps l’inspire, et son talent de peintre est tel qu’il pourrait bien modifier radicalement le canon de la beauté. Mais qui sera véritablement en mesure d’en supporter l’intimité ?
La pièce de Barker nous confronte au mystère et à la violence du désir – qu’un homme jeune peut avoir pour une femme plus âgée dont le corps magnifique porte néanmoins la marque du temps –, aux enjeux de représentation, aux jeux de domination, aux débordements douloureux, aux efforts de sublimation qu’il entraîne, questionnant notre rapport aux conventions sociales, à notre propre vérité et à notre finitude.
Pour acheter à l’éditeur: https://www.editionstheatrales.fr/livres/loth-et-son-dieu-marcella-de-ulloa-ou-la-derniere-toile-de-velasquez-1559.html
Autour de Barker: rencontre avec A. Delume et É. Le Borgne
Vient de paraître: nouvelle pièce de Barker en traduction
I SAW MYSELF, pièce du dramaturge britannique Howard Barker écrite en 2008, vient de paraître en traduction française sous le titre Je me suis vue. De quoi s’agit-il?
Dans l’Europe du XIIIe siècle, une suzeraine, Sleev, et ses servantes sont à l’œuvre sur une tapisserie. Mais Sleev n’est pas Pénélope attendant sagement le retour d’un Ulysse, qui d’ailleurs, en son cas, mourra à la guerre. Ne repoussant pas les avances de ses prétendants, elle les sollicite sans réserve ni pudeur. D’une intelligence vive et d’un caractère affirmé, sa déloyauté maritale lui est l’occasion de s’interroger sur sa condition, comme sur celle d’Ève à l’égard d’Adam.
Aussi, d’une représentation traditionnelle censée louer le valeureux guerrier, la tapisserie en vient à raconter la vie dissolue de Sleev, sa découverte hors mariage de l’extase sexuelle. Sa trame tisse désormais les liens d’une vie, davantage que ceux des exploits héroïques ; à l’historiographie, vécue comme égarante et fallacieuse, elle substitue un tout autre motif, plus intime, plus sensuel aussi : celui d’une existence nue, livrée à elle-même autant qu’à elle seule, soustraite à l’Histoire.
Image troublante, voire choquante, de l’âme humaine, sa réalisation devient pour Sleev l’occasion de se confronter à ce qu’elle est, de se voir sans fard, de descendre en elle, mais aussi de s’affirmer et finalement d’expier… à en perdre la vue. Entraînera-t-elle ses tapissières avec elle ? La guerre, qui n’en finit pas d’approcher, menacera-t-elle la postérité de l’œuvre d’art ? Et la tapisserie sera-t-elle finalement œuvre d’art ou simple tissu d’obscénités ? Tel est l’abîme de questions auquel cette pièce tragique en trois actes de Barker nous confronte.
Le texte original a paru dans Howard Barker, Plays Four (I Saw Myself. The Dying of Today. Found in the Ground. The Road, the House, the Road), London, Oberon Books, [2008] 2011. La traduction en français (2014) est disponible aux Éditions Théâtrales: http://www.editionstheatrales.fr/livres/innocence-je-me-suis-vue-1191.html
Pièce d’Howard Barker: Lecture publique au Conservatoire de Poitiers
L’argument de la pièce:
Dans l’Europe du XIIIe siècle, une suzeraine, Sleev, et ses servantes sont à l’œuvre sur une tapisserie. Mais Sleev n’est pas Pénélope attendant sagement le retour d’un Ulysse, qui d’ailleurs, en son cas, mourra à la guerre. Ne repoussant pas les avances de ses prétendants, elle les sollicite sans réserve ni pudeur. D’une intelligence vive et d’un caractère affirmé, sa déloyauté maritale lui est l’occasion de s’interroger sur sa condition, comme sur celle d’Ève à l’égard d’Adam.
Aussi, d’une représentation traditionnelle censée louer le valeureux guerrier, la tapisserie en vient à raconter la vie dissolue de Sleev, sa découverte hors mariage de l’extase sexuelle. Sa trame tisse désormais les liens d’une vie, davantage que ceux des exploits héroïques ; à l’historiographie, vécue comme égarante et fallacieuse, elle substitue un tout autre motif, plus intime, plus sensuel aussi : celui d’une existence nue, livrée à elle-même autant qu’à elle seule, soustraite à l’Histoire.
Image troublante, voire choquante, de l’âme humaine, sa réalisation devient pour Sleev l’occasion de se confronter à ce qu’elle est, de se voir sans fard, de descendre en elle, mais aussi de s’affirmer et finalement d’expier… à en perdre la vue. Entraînera-t-elle ses tapissières avec elle ? La guerre, qui n’en finit pas d’approcher, menacera-t-elle la postérité de l’œuvre d’art ? Et la tapisserie sera-t-elle finalement œuvre d’art ou simple tissu d’obscénités ? Tel est l’abîme de questions auquel cette pièce tragique en trois actes de Barker nous confronte.
Les lectrices et lecteurs:
Création radiophonique: Barker is back!
En octobre 2011, Fanny Mentré avait créé, avec les comédiens de la troupe du TNS (Théâtre National de Strasbourg), la pièce d’Howard Barker: Ce qui évolue, ce qui demeure (The Moving and the Still). Remarquable mise en scène qui relevait le défi de porter à la scène une création radiophonique à l’origine.
Dimanche 9 février 2014, à 21h sur les ondes de France Culture, nous pourrons découvrir la réalisation radiophonique inédite de Michel Sidoroff pour l’émission de Blandine Masson « Fictions: Théâtre et Cie ». A votre antenne!
http://www.franceculture.fr/emission-fictions-theatre-et-cie-ce-qui-evolue-ce-qui-demeure-2014-02-09