Microsoft licencie : interview pour Libé

Vittorio de Filippis de Libération m’a appelé hier soir au sujet du plan de licenciement de Microsoft. En m’indiquant que
Microsoft avait expliqué que ce plan n’était pas une remise en cause de son modèle industriel, mais une réponse à la demande des marchés financiers. Que penser de ce licenciement boursier? Mon
interview figure page 13 de l’édition papier, pas vue encore sur le net.

Pas beaucoup d’éléments pour répondre. Je lui ai quand même expliqué que l’argument de Microsoft était pour le moins surprenant, et ressemblait plutôt à une stratégie d’externalisation de la
faute : je licencie, mais c’est à cause des méchants marchés financiers… Les discours sur les licenciements boursiers sont tellement à la mode, que les dirigeants d’entreprise y recourrent
assez souvent pour se dédouaner de toute responsabilité.

J’ai ajouté qu’en ce moment, on pouvait redouter quelque chose comme des prophéties auto-réalisatrices : les entreprises se disent “c’est la crise partout, on va être touché”, elles réduisent la
voilure, accentuant donc le problème de base et participent à la réalisation de ce qu’elles redoutaient. Je ne dis pas que la récession actuelle relève entièrement de cela, mais disons qu’on a
accentuation du problème sous l’effet de ce type de comportement.

On peut bien sûr aussi recourir à des explications plus classiques, développées même page par Olivier Bomsel : Microsoft est assise sur une rente depuis plusieurs années, elle se repose sur ses
lauriers, peine à innover, et se fait doubler par des entreprises mieux différenciées. D’où le début de difficultés, baisse du bénéfice, baisse du cours de l’action, et annonce de réduction
d’effectifs pour “signaler” qu’on a compris et qu’on va réagir.

6 commentaires sur “Microsoft licencie : interview pour Libé

  1. Concernant les licenciements de Microsoft, je partage globalement l’interprêtation d’Olivier Bomsel.Sur les prophéties auto-réalisatrices, qui sont à la mode cette semaine, j’ai quand même un bémol. Ce matin sur Inter, Bernard Maris expliquait lui aussi qu’il fallait faire attention car à force de dire que tout va mal, ça allait arriver. Il expliquait qu’on n’était pas dans un crise telle que celle de 1929 parce que la chute de la production d’alors avait atteint 20% et qu’aujourd’hui, on n’en est pas là.Je ne sais plus quel chiffre il a donné, mais les dernières statistiques que j’ai reçues montrent une baisse de 7,7% en novembre 2008 par rapport à novembre 2007. La source, c’est Eurostat: http://epp.eurostat.ec.europa.eu/pls/portal/docs/PAGE/PGP_PRD_CAT_PREREL/PGE_CAT_PREREL_YEAR_2009/PGE_CAT_PREREL_YEAR_2009_MONTH_01/4-14012009-FR-AP.PDFSi on ajoute à cela, les statistiques sur les commandes dans l’industrie, pour lesquelles la chute atteint 25% sur la même période. (source : http://epp.eurostat.ec.europa.eu/pls/portal/docs/PAGE/PGP_PRD_CAT_PREREL/PGE_CAT_PREREL_YEAR_2009/PGE_CAT_PREREL_YEAR_2009_MONTH_01/4-22012009-FR-AP.PDF)Pour moi, on a dépassé le stade de la prophétie.Alros sans doute que les médias, blogs et autres ont renforcé le sentiment de crise et la frilosité des investisseurs et des entrepreneurs mais si on regarde les statistiques mensuels d’Eurostat (dans les documents que j’ai mis en lien), on voit que la production et les commandes ont marqué un coup d’arrêt ou accentué leur chute en septembre. Le mois où la crise financière a touché directement l’Europe avec le sauvetage en catastrophe de banques dans plusieurs pays et ces banques qui rognent sur la trésorerie et les prêts aux entreprises. Et ça, ne n’est pas une prophétie.

  2. Je ne sais pas ou le journaliste a entendu que Microsoft justifiait les licenciements par la pression des marches . L’appel conference du CFO portait sur la necessite de reduire la voilure mais que des embauches allaient etre effectuees dans des domaines plus porteurs et que la totalite des coupures pourrait etre  inferieure au 5000 personnes annoncees. A preciser que ces coupes etaient inferieures aux attentes du marche.Le risque des anticipations auto-realisatrice est vrai dans la contraction  comme dans l’expansion .Personne ne s’offusque vraiment lorsque les entreprises embauchent, construisent des usines… sur la base de previsions erronees pour ensuite faire marche arriere. 

  3. ça peut aussi sembler bassement pragmatique, mais les embauches des années précédentes n’ont pas été généralement faites sans promesses de profits supplémentaires.On l’oublie souvent, mais l’employeur envisage généralement d’augmenter son profit à chaque embauche.Les actionnaires constatent que les promesses de nouveaux revenus liées aux embauches demandées les années passées ne sont pas là : ils demandent donc l’arrêt du plan et la fermeture des unités de production correspondantes. Et ça, ce n’est pas un problème “boursier”, mais juste un échec de management, dont les salariés paient les pots cassés comme d’habitude (mais encore auraient-ils du s’interroger au cours de leur formation sur la capacité des techniques qu’il apprenaient à générer du profit, ceci dit…)

  4. Microsoft n’a jamais innové   mais a su realiser une geniale pompe a fric .Cetta année (2008) deux choses : l’echec partiel de Vista et le cirque autour de la certification forcée de son format XML . Seule la vente forcée a aidé a maintenir des ventes dans un marché deja malade .Linux arrive en force pas pour son prix mais pour sa qualité avec des outils de plus en plus performants . Le licenciement est evidemment boursier et revoltant mais avec Steve Ballmer on ne doit pas s’etonner .”I love this compagnie ” disait ce grand homme avec le matelas de dollars qu’il a sous les fesses il a encore de beaux jours devant lui …

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