Petit billet pour faire un point sur l’évolution régionale et départementale de l’épidémie, à partir des chiffres de Santé publique France datés du 26 avril 2020. Je commence par deux graphiques à l’échelle des régions, sur le nombre de personnes hospitalisées et le nombre de décès.
On observe, comme je l’ai indiqué à de multiples reprises, une forte concentration géographique de l’épidémie : l’Ile-de-France, où réside 19% de la population, concentre 38% des hospitalisations et 39% des décès. Le taux de mortalité y est de 460 décès par million d’habitants. Seul Grand Est a un taux de mortalité plus élevé (507), cette région, où réside 8% de la population, concentre 16% des hospitalisations et 19% des décès. A elles deux, ces régions concentrent 54% des hospitalisations et 59% des décès. Deux autres régions présentent des taux de mortalité proches ou supérieurs à la moyenne (221) : la Bourgogne Franche-Comté (taux de mortalité de 287) et les Hauts-de-France (220). A elles quatre, ces régions concentrent 67% des hospitalisations et 74% des décès (alors qu’elles ne représentent que 41% de la population).
L’autre constat important est que l’évolution des hospitalisations comme des décès semble suivre une courbe en cloche : après un accroissement des indicateurs jusque début avril, la tendance, fort heureusement, est à la baisse. Pour le confirmer, j’ai procédé à un peu d’économétrie, qui montrent que la tendance s’est inversée le 29 mars pour les hospitalisations dans le Grand Est et le 4 avril pour les décès ; les dates sont respectivement le 4 avril et le 9 avril pour l’Ile-de-France.
J’ai reproduit les deux séries de graphique précédents pour les départements des deux régions les plus touchées (le Grand Est et l’Ile-de-France).
On constate là encore une forte concentration spatiale, à une échelle plus fine, de l’épidémie. Les taux de mortalité varient pour ce sous-ensemble de départements de 166 pour les Ardennes à 922 pour le Haut-Rhin.
Si l’on raisonne sur l’ensemble des départements de France métropolitaine, on constate que le Territoire de Belfort reste le plus touché, avec un taux de mortalité de 1 042 décès par million d’habitants. On constate également que les 10 départements comptant le plus grand nombre de décès (Paris, Val-de-Marne, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Haut-Rhin, Moselle, Val-d’Oise, Bas-Rhin, Rhône, Seine-et-Marne – tous sauf un dans les deux régions les plus touchées), concentrent 50% de l’ensemble des décès, pour seulement 21% de la population.
Compte-tenu de ces résultats, l’hypothèse d’un déconfinement par région ne m’aurait pas semblé totalement farfelue…
Je vous rejoins. Je tente depuis plus de 20 ans de défendre des approches par territoire.
Je dirais même plus : un confinement par région n’aurait pas semblé totalement farfelu…