C’est le titre d’un article du Monde, pour lequel j’ai été contacté par David Larousserie et Hervé Morin. J’ai brassé avec Bastien Bernela les données issues des enquêtes générations du Cereq (2001, 2004, 2007). Conclusion : la réponse est non. Conclusion conforme aux études mobilisant d’autres sources de données et d’autres indicateurs, par exemple celles menées par Frédéric Docquier.
Je vous laisse lire l’article, vous pouvez commenter ici ou là-bas.
C’est en fait la lecture des commentaires dans Le Monde, qui est “réjouissante”. Indépendamment des chiffres et de l’étude, les gens restent dans leurs idées préconçues, opposant une étude statistique sur 3 générations à des cas isolés “je connais 15 thésards qui.., donc tous les thésards….”, ou rejetant la responsabilité de quelque chose dont l’article et l’étude montre l’inexistence, sur l’Etat, ou des organismes étatiques.
J’imagine que c’est le lot de la plupart des commentaires, parfaitement inutiles, y compris celui-là.
Cette vision faussée de la réalité, outre sa dimension décliniste, n’est-elle pas le témoin d’un fantasme orgueilleux “nous formons les meilleurs ingénieurs du monde, tout le monde se les arrache” ce qui en réalité, est bien loin d’être le cas, aux exceptions prêt…
Je suis plutôt étonné par le nombre de jeunes docteurs que j’ai rencontrés qui préfèrent vivoter en France – entre précarité et sous-qualification – plutôt que de chercher un meilleur sort à l’Étranger.
Ce qui me gêne dans votre conclusion “Parler de fuite des cerveaux est donc plutôt abusif…”, c’est qu’il n’est défini nulle part ce qu’on entend par “fuite des cerveaux”. Cf le commentaire de Germain J sur LeMonde.fr : “on se doute bien que les grandes universités étrangères ne vont pas recruter nos chercheurs les moins performants… La fuite des cerveaux, elle est là : l’élite de la recherche française s’expatrie.”
Définissons “fuite des cerveaux” par “départ à l’étranger des 2% de nos meilleurs thésards” et votre conclusion devient… abusive, à mon avis.
Quid de la recherche du secteur privé, la R&D des entreprises ? Vous n’abordez que la recherche publique.
Quelques infos sur l’émigration diplômée :
La France est également concernée. Actuellement, 1,6 million de Français vivent à l’étranger. Si leur niveau de qualification n’a pas été répertorié, on estime qu’il s’agit généralement de personnes âgées de moins de quarante ans, et diplômées d’un bac + 5. En 2012, selon une étude publiée par le cabinet de conseil et d’audit Deloitte, 27 % des jeunes diplômés français souhaitaient partir travailler à l’étranger.
http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2013/08/23/exode-la-grande-bretagne-confrontee-a-une-fuite-des-cerveaux/#xtor=RSS-3208