Déchaînement médiatique autour des propos de Zemmour : « La majorité des trafiquants de drogue sont eux-mêmes
noirs ou maghrébins, c’est un fait ».
Soutien de poids de Philippe Bilger sur son blog. Maître Eolas contre-attaque en rappelant l’évidence : ce n’est pas parce qu’ils sont noirs ou maghrébins qu’ils sont trafiquants de
drogue. C’est parce qu’ils sont pauvres et vivent dans des quartiers où sont concentrés des populations pauvres. Le déterminant majeur qui pousse à la délinquance n’est pas l’origine ethnique,
mais l’origine sociale.
Je complète un peu, car le problème est plus complexe qu’il n’y paraît : il présente un caractère cumulatif. Les
personnes issues de l’immigration sont reléguées dans des quartiers pauvres (ségrégation spatiale), où le chômage est significativement supérieur à la moyenne. Se concentrent dans ces quartiers
tout un ensemble de problèmes, notamment dans le lieu essentiel de socialisation et d’accumulation du capital humain : l’école. Ces personnes sont donc victimes des dysfonctionnements sur
les « marchés » du travail, du logement et de l’éducation.
L’intégration consciente ou inconsciente de cet état de fait par les policiers, employeurs, formateurs, etc. conduit à
des phénomènes évidents de discrimination (sans qu’il soit besoin de supposer que ces personnes sont racistes), ce qui ne fait qu’accentuer le problème. En retour, l’intégration de ces phénomènes
de discrimination par les personnes qui en sont victimes, d’une part, et l’accumulation des problèmes vécus dans ces quartiers dit difficiles toujours par ces mêmes personnes, d’autre part,
entame sérieusement leur capacité à s’en sortir.
De ce fait, je ne peux que souscrire à la conclusion de Maître Eolas :
La France n’a pas échoué à intégrer les populations qu’elle a fait venir d’Afrique ces cinquante dernières années.
Elle n’a même pas essayé. C’est cela que la couleur des prévenus nous rappelle à chaque audience. C’est que pas un seul d’entre eux, bien que né en France, n’a pensé une seule seconde qu’il avait
une chance de devenir lui aussi médecin, avocat, juge, journaliste au Figaro ou avocat général. La honte est sur nous et pas sur eux.
Je ne vois pas d’autre solution que de soutenir des politiques de mixité sociale. Mais les tentatives en la matière me
semblent particulièrement timides.
Oublions Zemmour et gardons la phrase: le fait est statistiquement incontestable.
L’analyse Eolas est juste et incontestable également.
Ces deux énnoncés auraient pu constituer une même phrase .Ou est le problème?
Certainement celui du langage “Politiquement correct” nourriture de base de nos médias…Ainsi que de nos politiques peu soucieux de pédagogisme “politique”
Lorsqu’un peuple élit comme président de la république le maire de Neuilly-sur-Seine, il ne vote pas franchement pour une plus grande mixité sociale. De toute évidence l’exécutif l’a bien
compris.
Ou alors l’exécutif n’a rien compris et ne fait rien, mais en cette matière ne rien faire suffit à perpétuer le désastre.
Et si on rajoute que les populations issues de l’immigration sont releguées (“bannies”) dans des quartiers pauvres précisément parce qu’elles ne sont pas blanches, on boucle la boucle.
J’avoue ne pas comprendre ce genre de réponse à Zemmour : cela ne constitue en rien une critique de ses propos.
Zemmour ne fait que dire que 1. les policiers contrôlent statistiquement plus souvent les maghrébins et les noirs 2. non pas par racisme ou discrimination, mais par recherche de l’efficacité
policière : puisque ceux-ci constituent la majorité des délinquants.
Son propos n’est pas de dire que les maghrébins sont naturellement des délinquants, ni de s’interroger sur les causes de la prévalence de la déliquance parmi tel ou tel groupe, mais bien d’objecter
à l’idée que les policiers discriminent dans leur activité, et notamment dans leurs contrôles d’identité, le fait qu’il n’en est rien, car ils ne visent que l’efficacité : ils concentrent leur
action là où le risque est statistiquement le plus probable.
Votre réponse, tout comme celle d’Eolas, est donc complétement à côté. Il faut bien plutôt objecter, à mon sens 1. qu’il est faux que les noirs et les arabes constituent la majorité des
délinquants. Mais cela on n’en sait rien de manière sûre, faute de statitstique. 2. qu’il y a un effet de biais, ou de prophétie autoréalisatrice : le préjugé devient vérité : en contrôlant
majoritairement une population, il est logique que celle-ci soit plus souvent poursuivie judiciairement. Ce biais n’est pas mesurable, mais il ne fait pas de doute qu’il existe. 3. d’autant plus
que cette logique de contrôle systématique au faciès conduit à des problèmes de relations entre population et police, qui rendent l’action de la police impossible, ou difficile, faute de
coopération, et multiplie les délits pour outrage, qui sont un autre biais.
Autrement dit, la réponse aux propos de Zemmour ne se trouve pas dans une sociologie de la délinquance, mais dans une sociologie du travail policier.
Ecrire que la France n’a même pas essayé de les intégrer depuis cinquante ans me semble faux. Les enfants des immigrés ont eu accès à l’école, aux soins, aux allocations, etc. et certains ont
tout à fait réussi à s’intégrer en devenant ingénieurs, enseignants, etc. Sans doute pas assez, mais de là à écrire ça, je ne comprends pas bien.
Concernant l’affirmation originale de Zemmour sur la justification du profiling, il me parait important de souligner qu’elle est tout simplement fausse, independemment du fait qu’il ait raison ou
non sur la proportion de maghrebins ou noirs dans les personnes commettant des delits. Cette proportion nous renseigne sur la probabilite qu’une personnes soit noire/maghrebine sachant qu’elle ait
commis un crime, alors que le profiling sert a savoir quelle est la probabilite qu’une personne ait commis un crime/delit sachant qu’elle est noire/magrebine. Ces deux probabilities sont
completement differentes a priori.
La meme evidence est proferee pour defendre le “ethnic screening” dans les aeroports, et l’erreur de raisonement la meme:
http://wmbriggs.com/blog/?p=400
Ca devient pathetique parce que ce type de raisonement est repete en boucle par un grand nombre “d’intellectuels” se reclamant politiquement incorrect, se gargarisant de reflechir au dela des
apparences et du convenu. C’est peut etre l’erreur de raisonement la plus crasse en statistique, ce qui montre le niveau intellectuel particulierement faible des personnes la proferant.
Tout à fait en phase avec le dernier commentaire d’Olivier !
Pourquoi plus d’indulgence face à Zemmour que face à Dieudonné ou Frêche ?! Pourquoi ?
Zemmour se bornait à souligner une corrélation et n’établissait pas un lien de causalité entre origine et criminalité. Le problème vient peut être des effets de quartiers, cependant les gens
n’ont pas leur code postal tatoué sur le front, d’où le recours de la police à un proxy, l’origine ethnique. On peut considérer que l’origine ethnique ne joue pas de rôle dans la détermination
des comportements criminels et penser que la discrimination statistique menée par la police trouve en partie son origine dans des considérations d’efficacité, dans la mesure où l’ethnie est
corrélée avec des variables causales en matière de criminalité.
et indépendamment du critère pauvreté si on disait seulement que si les trafiquants condamnés sont majoritairement noirs et arabes c’est surtout parce qu’ils sont plus contrôlés
? Si les flics cherchaient des trafiquants de shit dans les lycées chics de Paris cela se saurait et pourtant…..