La construction sociale du genre

Le jeu du dictateur est un jeu très simple en économie expérimentale, qui consiste à allouer une certaine somme à un
premier joueur qui est chargé de réallouer cette somme entre lui-même et le deuxième joueur, qui n’a rien d’autre à faire que de récupérer la somme laissée par le premier, qu’on peut logiquement
qualifier de dictateur. Résultat récurrent et surprenant du jeu : alors que le dictateur pourrait tout garder pour lui, la plupart du temps, il réalloue une certaine somme au deuxième joueur.
Mais ce n’est pas tout, on observe également des effets de genre : les femmes sont généralement moins égoïstes que les hommes…

Via Stumbling et Mumbling, je découvre une expérience faite en Suède
qui permet d’approfondir la réflexion. Les chercheurs proposent le jeu à différents groupes de joueurs : i) des groupes homogènes (seulement des femmes ou seulement des hommes) vs. des groupes
mixtes, ii) dans certains groupes, le joueur doit indiquer son genre avec de commencer à jouer, dans d’autres groupes, il l’indique après avoir joué.

Résultat : quand ils sont dans des groupes homogènes, femmes et hommes donnent approximativement la même chose (autour de 28% de la somme). En revanche, quand les joueurs sont dans des groupes
mixtes et qu’ils indiquent leur genre avant de jouer, les choses changent : les femmes donnent 24,9%, les hommes 13,2%…

Preuve intéressante que le genre est un construit social, comme le rappelle les auteurs en introduction, en se référant aux propos de Simone de Beauvoir. On ne naît pas femme, on le devient…
Quoique, à la vue des résultats (les femmes modifient peu leur comportement, les hommes bien davantage), c’est plutôt la proposition suivante qui s’applique : on ne naît pas homme, on le
devient…


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