De la difficulté de devenir enseignant-chercheur

Article
intéressant
d’Olivier Martin sur les thésards qualifiés de la section 19 (Sociologie, démographie), trouvé via Baptiste Coulmont. Extrait :

En dix ans (1998-2007), 1581 individus différents ont obtenu leur qualification au poste de maître de conférences
en « sociologie (et démographie) ». Environ un tiers d’entre eux (34,6 %) ont été recrutés comme maîtres de conférences et, durant la même période, environ cinq autres pourcents ont
été recrutés au CNRS comme chargés de recherche. Rapporté au nombre de docteurs en sociologie, le taux de recrutement chute à 16 %, soit un docteur sur six. Le parcours qui conduit de la thèse
à un poste de maître de conférences laisse sur le chemin cinq sixièmes des docteurs et deux tiers des qualifiés. Ces résultats ne tiennent cependant pas compte des recrutements ayant pu
intervenir depuis 2008 ou qui pourraient avoir lieu dans les prochaines années.

Une analyse « toutes choses étant égales par ailleurs » (par régression logistique) permet d’identifier
les facteurs influençant les probabilités de recrutement : celles-ci augmentent de manière significative si le candidat possède une agrégation du secondaire en sciences sociales (dans un
rapport de 3 contre 1). A l’opposé, ces chances dimunent significativement si le doctorat a été soutenu à Paris (rapport 0,7 contre 1) ou si le doctorat ne rélève pas des disciplines
sociologiques ou démographiques. En revanche, de manière peut-être plus surprenante, les chances d’être recrutés ne varient pas selon le sexe, l’âge du candidat et le type de cursus (cursus
universitaire, grande école, école normale, instituts d’études politiques…).

Devenir maître de conférences des universités en sociologie est difficile. Et cette difficulté croît dans le temps,
à la fois en raison d’un effet génération et d’un effet vieillissement. L’effet génération fait que les docteurs des années 1998-1999 avaient globalement plus de 60 % de chance d’être recrutés
alors que les docteurs des générations plus récentes ont environ 30 % de chances de l’être. Et l’effet vieillissement fait que les chances d’être récrutés diminuent rapidement
(exponentiellement) lorsque l’anciennété de la thèse augmente.

Sur le même sujet, voir cet
article
de Liliane Bonnal et Jean-François Giret intitulé “La stabilisation des jeunes docteurs sur le marché de l’emploi académique”. Résumé :


Le recrutement sur le marché de l’emploi académique des jeunes docteurs est généralement associé à une forte
incertitude concernant leur productivité future d’enseignement et de recherche. Les publications scientifiques, le mode de financement de la thèse, sa durée ou les différentes expériences
professionnelles peuvent donner aux employeurs des informations sur la productivité potentielle des candidats. Notre recherche s’interroge plus particulièrement sur les déterminants de la durée
d’accès à un premier emploi permanent de chercheurs ou d’enseignants-chercheurs en France. Nous avons utilisé une enquête du Céreq permettant de retracer les parcours professionnel des jeunes
docteurs de 2001 durant les trois années qui suivent l’obtention de la thèse. Pour mieux tenir compte de la temporalité des différentes échéances qui rythment les possibilités d’accès à
l’emploi académique, nous avons développé un modèle de durée en temps discret. Nos résultats montrent que le nombre de publications scientifiques et le post-doc augmentent les chances d’accès à
l’emploi académique, que l’on considère l’ensemble des emplois de chercheurs et d’enseignants chercheurs ou seulement les enseignants-chercheurs. Cependant, d’autres variables liées aux
caractéristiques individuelles du jeune docteur ou à son université vont également influencer sa probabilité d’accès à l’emploi académique.


Détail des résultats page 23 et suivantes.

6 commentaires sur “De la difficulté de devenir enseignant-chercheur

  1. je ne vois qu’une seule raison : les docteurs parisiens sont moins bons 😉

    non, plus sérieusement, ca doit s’expliquer par un ratio docteurs/postes plus faibles en IDF, associé à une tendance au localisme académique qui les pénalisent hors IDF? Je suis preneur d’autres
    hypothèses!

    pour info, j’ai contacté Olivier Martin pour avoir des détails de l’étude, c’est en cours de rédaction, à venir dans quelques semaines m’a-t-il dit, peut-être aura-t-il des éléments
    d’explication.

  2. Que deviennent ceux qui n’obtiennent pas de poste ? Comment expliquer qu’il y ait tant de doctorants avec des débouchés aussi incertains et des perspectives de carrières aussi déprimantes ? La
    diminution du nombre d’inscrits en sociologie va-t-elle faire tendre la probabilité d’embauche vers zéro ?

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